Et si l’enfer, c’était vraiment les autres, comme le disait Jean-Paul Sartre ? D’habitude, à Douala, je me déplace en moto tous les jours, mais depuis la semaine passée, j’ai fait quelques trajets en voiture, derrière le volant, ainsi que deux longs trajets interurbains.
À certains moments, je me suis demandé si c’était bien moi qui étais derrière le volant. Toute ma maîtrise de soi, mes heures de méditation et mon apprentissage du stoïcisme se sont envolés à plusieurs reprises. Je ne parle même pas de ces moments où j’étais plus que tenté de faire preuve d’incivisme, comme la plupart des autres usagers. Des idées qui ne me viendraient jamais à l’esprit en conduisant dans des pays occidentaux.
La preuve que l’environnement joue un rôle très important dans notre comportement. C’est certainement la raison pour laquelle je vois souvent des "mbenguistes" prendre des ronds-points à contre-sens dans la ville de Douala, alors qu’ils n’oseraient jamais faire cela dans leur pays de résidence.
Nous sommes donc tous un peu responsables du comportement des autres. Chaque fois que tu succombes à tes démons et que tu commets un acte d’incivisme – que ce soit au volant, à pied, ou à moto – rappelle-toi que ton geste contribue à tirer les autres vers le bas, les incitant par mimétisme à faire de même. Et aussi improbable que cela puisse paraître, chacun de tes gestes dans le bon sens non seulement te rendra meilleur, mais aura des effets bénéfiques sur les autres.
Pour faire évoluer les choses, tu n’as pas besoin de combattre le système ou de changer les mentalités des autres. Tu as juste besoin d’être le plus exemplaire possible. Si nous en sommes là, c’est parce que peu d’entre nous veulent jouer ce rôle exemplaire, et non à cause du gouvernement, de l’ancienne puissance coloniale, ou de toute autre excuse que nous aimons invoquer.
Yaoundé 🇨🇲