Deuils africains : que nous reste-t-il vraiment ?

Il y a quelques jours, j’ai lancé un nouveau concept. Il s’agit de mini-vidéos où je pose une question, et j’invite celui qui la regarde à se poser la même question. Le but étant de nous emmener tous à réfléchir sur des sujets qui, souvent, n’attirent pas notre attention. Des sujets qui pourtant sont d’une importance capitale.

Avant de la poser en vidéo, j’aimerais partager avec toi une des futures questions que j’y aborderai. Une question qui a encore attiré mon attention ici à Bana, pendant que nous faisons le deuil de mon frère. Une question qui nous concerne, nous Africains — surtout les Camerounais.

La question que j’aimerais te poser aujourd’hui est : à quoi ressembleraient nos veillées, nos cérémonies de deuil, si l’Église n’existait plus ?

Car que ce soit les veillées ou les derniers hommages avant enterrement, j’ai l’impression que tout chez nous est articulé autour de la cérémonie religieuse. On s’entasse à la veillée, certains passent voir le corps exposé dans la salle mortuaire, mais pour la plupart, la veillée n’a pas commencé tant que le prêtre ou le pasteur n’a pas encore fait la messe. Et elle est finie aussitôt que la messe est finie.

Le jour de l’enterrement, la partie la plus importante est la cérémonie religieuse. C’est autour d’elle que s’articule toute cette journée, des témoignages jusqu’à la mise en terre du corps qui se passe sous la supervision et les bénédictions de cet homme de Dieu.

C’est à se demander : avant que les étrangers n’arrivent dans nos contrées et nous imposent avec une violence inouïe leurs religions, nous n’avions aucun rituel pour célébrer les fins de vie des nôtres ? Que nous reste-t-il encore d’africain dans nos enterrements ? Jusqu’où ira notre aliénation ?

Bref, c’est juste une question que je me pose. Qui sait, peut-être que tu m’y apporteras une réponse.


Bana 🇨🇲