Hier, au Gabon, se sont tenues des élections présidentielles. Un peu plus d’un an après avoir commis un coup d’État, arraché la victoire à qui elle revenait de droit — le président sortant ou son challenger (on ne le saura jamais) —, le général putschiste, qui avait promis de redresser le pays, d’organiser des élections et de remettre le pouvoir aux civils, serait vainqueur dès le premier tour. Avec un score qui ferait rougir même les plus grands dictateurs de ce monde.
Si je parle trop, on me dira de commencer par me concentrer sur notre cas ici, au Cameroun. Néanmoins, je considère qu’aujourd’hui est un jour sombre pour notre génération d’Africains.
Nous sommes pour la plupart nés sous des régimes à la longévité exceptionnelle. Nous avions l’excuse de dire que ces régimes, nous les avions trouvés en place et que nous n’avions aucunement contribué à leur établissement. Nous pouvions même pointer du doigt nos parents, accusés d’avoir laissé faire tout ce bordel.
Mais aujourd’hui, notre tour est arrivé. Notre tour de choisir les régimes que nous voulons voir en place. Notre tour de nous défaire de ce néocolonialisme dont nous avons passé toute notre jeunesse à nous plaindre.
Et j’ai l’impression qu’aujourd’hui, au Gabon, nous sommes en train de commettre les mêmes erreurs que nos parents.
L’erreur de croire que nous n’avons pas d’autre choix.
L’erreur d’embrasser le premier venu simplement parce qu’on en a marre de l’ancien.
L’erreur de ne pas mettre ce nouveau venu en difficulté, de ne pas l’obliger à rendre des comptes, à se sentir surveillé.
L’erreur de ne pas se poser les bonnes questions, comme :
- À qui a réellement profité ce coup d’État ?
- Quelle est la manœuvre que nous ne voyons pas encore ?
- Pourquoi faire confiance à quelqu’un qui n’a jamais tenu sa parole ?
- Pourquoi confier notre avenir à quelqu’un “envoyé par Dieu” ? Le même Dieu qui a donné sa bénédiction pour massacrer nos ancêtres avant de nous plonger dans des siècles d’esclavage et de colonisation brutale ?
Bref, comme je dis souvent : personne ne viendra cogner à ta porte pour te signaler que tu es devenu adulte, ou que tu devrais commencer à réfléchir sérieusement.
C’est à toi de décider quand ce moment est venu. Mais j’ai l’impression que notre génération attend encore le signal.
Vivement que nos enfants, demain, n’aient pas à notre encontre les mêmes plaintes que nous avons eues envers nos parents, concernant nos choix politiques.
Douala 🇨🇲