Jean-Louis Billon et le miroir tendu à une diaspora déconnectée

Ce matin, je suis tombé sur un extrait d’une interview de Jean-Louis Billon. Homme d’affaires, politicien et candidat à la future élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Dans cet extrait, il critiquait la candidature de Tidjane Thiam, qui, après avoir passé plus de 20 ans hors du pays, aspire à diriger les Ivoiriens au poste de magistrature suprême. Un peuple dont plus de la moitié est né pendant qu’il se la coulait douce en Europe.

Dans cet extrait, que je t’invite à chercher sur internet, Jean-Louis Billon explique comment Tidjane Thiam est totalement déconnecté du peuple ivoirien. Il n’était pas là pendant la crise. Il n’était pas là pendant la réconciliation. Ses enfants n’ont pas fréquenté le système scolaire du pays. Lui-même, Tidjane, n’a pas mis les pieds dans les hôpitaux du pays depuis près d’un quart de siècle. Jean-Louis se demande alors : comment pourrait-il diriger un pays qu’il ne connaît pas ?

Ce discours m’a beaucoup fait sourire, car il rejoint le signal d’alarme que je lance à la diaspora depuis une dizaine d’années déjà. Une diaspora convaincue qu’elle viendra occuper les meilleurs postes au pays une fois que le ciel y sera plus bleu. Pour éviter de telles dérives, je répète sans cesse qu’il faut fermer la porte à ceux qui partent, ceux qui fuient le combat. Mais certains me jugent trop radical.

Aujourd’hui, Jean-Louis Billon exprime tout haut ce que pense tout bas le bas peuple. Et si lui, depuis sa tour d’ivoire, en tant qu’un des hommes les plus riches de Côte d’Ivoire, ose tenir un tel discours, je n’ose imaginer ce que pensent ceux qui n’ont pas eu ses opportunités.

L’un des défauts que nous avons, nous, Africains, c’est de penser que les autres sont bêtes. Ils ne le sont pas. Ce n’est pas parce qu’ils ne parlent pas encore qu’ils ne voient pas ce qui se trame ou qu’ils n’ont aucune opinion.

Pour éviter de terribles conflits internes dans les années à venir, nous ferions mieux de réfléchir aux conséquences de nos actions actuelles. Dans cette même veine, je parlais récemment des terrains que certaines personnes de la diaspora achètent massivement, comme si nous étions sur un territoire vierge. Évitons de semer les graines de ce qui, demain, deviendra une situation que nous ne pourrons plus contrôler.


Douala 🇨🇲