Ce matin, je discutais avec une très bonne amie à moi, et je lui disais que je ne savais pas comment ils faisaient (les gens de la diaspora) pour ne pas avoir honte en restant en Occident. J’ai essayé, mais franchement, je n’y arrive plus. Il y a tellement à faire ici chez nous que le fait de me tourner les pouces en Occident est juste inconcevable pour moi. J’aurais beaucoup trop honte. Honte de ne pas être en train de travailler activement à changer les choses ici sur le terrain. Honte de me cacher à l’ombre quand mon peuple souffre sous le soleil.
Si tu es toi aussi dans ce cas, il faut que tu me dises comment tu fais. Comment tu arrives à te regarder dans la glace chaque matin. Qu’est-ce que tu te dis pour te convaincre que tu es dans le bon ? Parce que j’ai beau cherché, je ne trouve pas.
Je sais que certains diront, “Nous aussi, on est dans le combat, même si nous sommes loin.” Un peu comme ce que quelqu’un a dit à Flavien le mois passé : “Nous assurons vos arrières en étant ici en Occident.”
Vous assurez nos arrières avec vos passeports européens ? Avec vos maisons et appartements achetés en Occident ? Avec vos enfants qui parlent italien, néerlandais, allemand, et pas un seul mot d’un dialecte camerounais ? Avec vos enfants qui ne mangent pas de koki ? Qui préfèrent les pâtes bolognaises au Eru ?
Comment est-ce que vous participez au combat ? En allant manifester place Trocadéro ? En vociférant comme des jeunes pubères sur les réseaux sociaux ? Ou en racontant à qui veut l’entendre que nos pays sont des pays de merde ? Je cherche à comprendre !
Nous faisons tous des erreurs. Souvent attirés par les sirènes de l’envie, nous nous éloignons du droit chemin. Mais nous ne sommes pas obligés de mourir dans l’erreur. Chaque jour est une nouvelle occasion de rectifier le tir.
J’espère que ce texte pourra sonner comme une alarme pour toi. Et si ce n’est pas le cas, c’est que ce n’est certainement pas pour toi qu’il était destiné, mais pour cette personne juste à côté de toi. Cette personne plus courageuse que tu ne le seras sans doute jamais.
Douala 🇨🇲