La quantité pour améliorer la qualité

Il y a quelques jours, je discutais avec Flavien et je lui disais qu’il fallait que lui aussi se mette à faire un texte par jour comme moi. Surtout qu’il écrit très bien. Et il me disait qu’il aimait écrire de longs articles bien élaborés et qu’il était justement en train de travailler sur un depuis quelques semaines déjà.

Je lui ai fait comprendre que c’est exactement ce qui fait la différence entre ceux qui écrivent bien et les autres. Les meilleurs auteurs sont souvent les plus prolifiques. C’est parce qu’ils écrivent beaucoup plus qu’à la longue, ils affinent de plus en plus leurs plumes.

Dans “Art & Fear”, les auteurs expliquent justement une expérience qui avait été faite sur des étudiants dans un cours de poterie. Le professeur avait divisé la classe en deux groupes et leur a donné à chacun un devoir différent. Au premier groupe, il leur a dit qu’ils seraient notés sur la quantité de pots qu’ils allaient sculpter. Plus ils sculpteraient de pots, plus grande serait leur note. Au deuxième groupe, il leur a dit qu’ils seraient notés sur la qualité de leur pot. Ils devaient faire un pot magnifique. Et plus le pot serait beau, plus grande serait leur note. À la fin du devoir, paradoxalement, ce sont les étudiants du premier groupe qui avaient fait les pots les plus beaux. Vu qu’ils étaient notés sur la quantité, ils ont fait un maximum de pots et à chaque itération, ils s’amélioraient au point de réaliser tous les plus beaux pots. Les étudiants du deuxième groupe étaient tellement obnubilés par l’idée de faire le plus beau pot possible qu’ils ont fini par rendre un piètre résultat.

Cette erreur est très commune dans la vie. Surtout parmi les personnes les plus intelligentes. Elles sont tellement persuadées qu’elles peuvent faire mieux que ce qu’elles ont en tête qu’elles manquent l’occasion de s’entraîner en faisant plusieurs itérations pas toujours satisfaisantes. Si tu te demandes pourquoi ce ne sont pas toujours les personnes les plus intelligentes qui sont les plus riches, tu as un début de réponse.

Moi aussi, je suis plusieurs fois tombé dans ce piège dans ma vie. Peut-être même qu’à l’heure où je fais ce texte, je suis encore en train de faire la même erreur dans un autre segment de ma vie. J’espère que tu pourras me le pointer du doigt si tu t’en rends compte. Par contre, j’ai décidé que je ne ferais plus cette erreur avec l’écriture. Ça fait plus de 10 ans aujourd’hui que j’ai commencé à écrire mes premiers textes sur mon blog. Mais à cette époque, j’avais exactement la même idée que Flavien. Il fallait que mes textes soient les plus fins possibles. Du coup, je suis resté paralysé et j’ai fini par abandonner. Je n’ose pas imaginer ce que ça aurait été si à cette époque déjà j’avais décidé d’écrire un texte par jour comme aujourd’hui. Qu’ils fussent bons ou pas. J’en serais à près de 4000 textes. Avec autant de répétitions, je serais certainement passé maître dans l’art. Et qui sait, j’aurais déjà publié mes premiers livres.

Si toi aussi, tu te fais souvent cette réflexion, celle de vouloir parfaire ton art avant de l’exposer au public, je t’invite à changer d’approche. Opte pour la quantité. Et si tu es sérieux dans ce que tu fais, la qualité suivra.

Deux de mes auteurs préférés sont des auteurs extrêmement prolifiques. Et contrairement aux autres auteurs prolifiques, eux, ils ne font pas dans la fiction. Il s’agit de Seth Godin et de Ryan Holiday. Et la chose qu’ils ont en commun est qu’ils écrivent tous les jours. Seth Godin a un blog sur lequel il publie au moins un texte par jour depuis plus de 20 ans. Ça en fait des mots publiés. Et à date, il a publié plus de 24 livres dont 20 bestsellers. Ryan Holiday a commencé à écrire tous les jours quand il a décidé de prendre son art au sérieux. Lui aussi tient un blog et a deux newsletters quotidiennes qu’il envoie à des centaines de milliers de personnes à travers le monde. Et à seulement 37 ans, il a déjà publié plus de 12 livres. C’est te dire!

Si tu veux t’améliorer, mise sur la quantité. Je ne saurais mieux te le dire. En attendant, je te laisse avec un texte que j’ai écrit il y a exactement 10 ans aujourd’hui. Un texte long et assez soigné comme je les voulais à l’époque. Un texte que peut-être tu trouveras moins bon que mes textes actuels. À toi de me dire!

Bien dans sa peau


Douala 🇨🇲