“Honte à celui qui ne fera pas mieux que son père.” Disait le plus célèbre des soldats africains, le capitaine Thomas Sankara.
Pour ma part, j’ai grandi sans mon père mais avec une mère qui jouait les deux rôles. Ma mère est quelqu'un doté d’une grande intelligence émotionnelle et d’une sagesse qui ne cessera jamais de m’étonner. Mais si elle nous a envoyés à l’école, mes frères et moi, c’était pour que nous fassions mieux qu’elle. Que nous puissions pousser la réflexion beaucoup plus loin qu’elle. Et c’est ce que je m’évertue de faire depuis tout petit. Essayer de faire mieux que maman.
Au départ, elle n’était pas très d’accord avec ma décision de revenir contribuer au développement de mon pays. Mais c’est justement parce que je suis censé en savoir plus sur ce sujet qu’elle, que je ne l’ai pas écoutée. Je lui ai expliqué qu’il était de mon devoir de me battre pour laisser un meilleur Cameroun aux générations futures. Que même si ça n’y paraissait pas, c’était mon devoir de m’assurer que le pays continue d’avancer dans la bonne direction. Que je n’étais pas seulement le gardien de nos traditions, mais aussi de notre culture. Que si ma génération coupait le lien, la survie du pays tel que nous le connaissons en serait menacée.
Mais au-delà de ça, je lui ai expliqué qu’il était préférable que je sois au plus près possible d’elle à son âge. De pouvoir aujourd’hui lui porter toute l’attention qu’elle nous portait quand nous étions jeunes. Et que je ne pouvais pas le faire à distance. En lui rappelant que ça faisait partie du contrat social africain. Les parents s’occupent des enfants et ensuite les enfants s’occupent des parents. Et que j’étais bien déterminé à remplir ma part de contrat.
Aujourd’hui, elle comprend exactement de quoi je parlais et notre relation nous procure à tous les deux une joie qu’aucun mbenguiste ne pourra jamais imaginer.
J’ai un bon ami à moi qui n’a jamais quitté le pays pour une longue période et dont certains frères sont à l’étranger. Pendant que cet ami se bat pour que ses frères rentrent au pays afin de contribuer à leur tour, son père refuse catégoriquement qu’aucun d’eux ne revienne. Il leur dit d’y rester et de se retirer de la tête un quelconque retour au bercail. Ce matin, il m’a envoyé une capture d’écran d’un message de son père qui lui demandait de passer de temps en temps le voir comme il est au pays. Exactement ce qu'on se disait avec mon ami il y a quelques jours. Si tout le monde était parti, qui allait venir lui rendre visite comme tu le fais souvent?
Je sais que beaucoup de personnes dans la diaspora diront qu’ils ne peuvent pas rentrer parce que leurs parents ont dit ci ou ont dit ça. Si avec toutes les études qu’ils t’ont payées, tu n’arrives pas à réfléchir plus haut que tes parents, honte à toi!
En attendant, je te laisse méditer avec le genre de message que ma mère n’aura plus jamais l’occasion de m’envoyer. Ni sous cette forme, ni sous aucune autre forme similaire.
Douala 🇨🇲