Aujourd’hui, je suis allé aider une amie à mettre sur pied un programme de vente en DTC (Direct-To-Consumer) pour son produit. Le but étant que ce programme permette d’ici la fin d’année à lui seul de remplacer tous les objectifs de vente fixés pour tous ces autres canaux de distribution actuels.
Et à la fin, il a fallu que je briefe un peu la personne qui allait s’en occuper dans son entreprise. Et comme pour la plupart des personnes que je rencontre au Cameroun, c’était une jeune, 24 ans. Il n’y a vraiment que des enfants dans ce pays. Quand je pense que leurs grands-frères les ont abandonnés à leur sort ici pour aller jouer aux beaux en Occident, j’en ai les larmes aux yeux. Mais bon, ce n’est pas le sujet du jour.
Pendant que je lui expliquais le programme, la stratégie que j’avais mise en place pour booster les ventes et attirer naturellement de nouveaux prospects, j’ai vu une lueur dans ses yeux. Pas à cause de mes beaux yeux, mais parce que là, elle était en train d’apprendre quelque chose de vraiment intéressant. Quelque chose qu’elle n’avait certainement jamais entendu ailleurs.
À la fin de mon speech, j’en ai profité pour lui donner quelques conseils. Toi-même tu sais que je ne rate jamais une occasion. Surtout quand il s’agit des jeunes du pays. Je lui ai dit une chose que je dis de plus en plus aux jeunes depuis un certain temps. Un conseil que je me suis appliqué à moi-même depuis des décennies.
À tout le monde, je ne conseille jamais de choisir un travail pour le salaire, la quantité d’argent que ça paie. Mais d’abord pour la quantité de choses que tu pourrais y apprendre. Pour toutes les choses intangibles que tu pourrais y gagner, les connaissances, les relations, la reconnaissance. L’argent ne devrait venir qu’en dernière position.
Tu peux avoir un travail qui paie 1 million de FCFA par mois et chaque mois après ta paie, tout cet argent est dépensé en 2 jours. Soit parce qu’on t’aurait agressé, soit parce que tu l’aurais perdu, soit parce que tu l’aurais investi dans l’alcool, soit parce qu’un membre de ta famille aurait eu un accident ou pour toute autre raison. Si la seule raison pour laquelle tu avais accepté ce travail c’était ton salaire, à la fin du mois il ne te resterait plus rien.
Si par contre, chaque mois tu apprends quelque chose d’important, qui a de la valeur. Si chaque mois, tu te fais une nouvelle relation importante. Même si l’argent n’y est pas, tu auras gagné quelque chose qu’on ne pourra jamais t’enlever. Quelque chose qui sera à toi pour toujours et sur lequel tu pourras capitaliser indéfiniment.
On se demande souvent pourquoi les gars de la diaspora ne rentrent pas. Et moi, je dis qu’une des raisons, c’est leur incompétence. Beaucoup ne savent rien faire. Ils ont passé leur temps à courir derrière les salaires “minables” en Occident. Que s’ils reviennent ici, sans argent ils ne sont rien, ils sont vides. Si au lieu de vouloir travailler chez Google dans l’état actuel et toucher un gros chèque sans rien faire de particulier, ils avaient plutôt travaillé dans le futur Google pour un salaire moins important, ils auraient appris tellement plus de choses qui auraient eu de la valeur ici. Mais à part organiser des réunions sur Zoom et faire des Powerpoint et fichiers Excel, ils ne savent plus rien faire.
Ils te diront que le gouvernement nous empêche de faire ci ou ça, ils te diront que l’écosystème est défectueux. Mais est-ce qu’Henry Ford ou Thomas Edison en ont eu besoin pour créer les empires que sont devenus Ford Motors ou General Electric ? Ils avaient juste de la compétence, de l’expérience, de l’expertise et zéro diplômes. Ils savaient que la vraie valeur se trouve dans les choses qui ne perdent jamais de valeur. Non dans de l’argent que quelqu’un d’autre peut dévaluer pendant que c’est dans tes mains.
Aujourd’hui, en une heure, Audrey a appris quelque chose qui avait certainement plus de valeur que tout ce qu’elle a pu apprendre en une année d’université. Avec un peu d’ouverture d’esprit, elle peut énormément capitaliser uniquement sur cette nouvelle connaissance. J’espère qu’elle en saura faire bon usage et surtout en demander plus.
Ça fait partie des raisons pour lesquelles je suis ici. Transmettre mon savoir, former la prochaine génération, entretenir la chaîne de l’espoir. Je n’ai peut-être pas d’argent, ne roule peut-être pas dans une grosse voiture, mais je n’ai aucun doute quant à ma valeur et à tout ce que je pourrais en faire.
Douala 🇨🇲