Hier encore, je lisais une superbe phrase de James Clear : “La communication concerne ce qui est reçu, pas ce qui est prévu. S'il y a un écart entre ce que vous dites et ce qu'ils entendent, vous devez trouver une nouvelle façon de le dire.”
Ça m’a rappelé une discussion que j’ai eue avec un ami la semaine dernière. Il s’agissait de cette manie qu'ont les gens maintenant de communiquer avec deux ou trois mots, pas plus. Tu fais un message à quelqu’un ou tu lui expliques quelque chose en essayant d’être le plus clair possible, en anticipant les ambiguïtés, et sa réponse est tellement ambiguë que tu te demandes si tu n’es pas en train de le déranger par hasard.
Je vois ça partout de nos jours. Tu envoies une information ou quelque chose à quelqu’un, et il ne te dit même pas s’il l’a bien reçue ou non. Plus personne ne fait de rapports par rapport aux missions qui leur ont été confiées. Tu expliques un problème avec toutes ses ramifications, et tu reçois un “OK” en retour.
C’est quelque chose que je n’arrivais vraiment pas à comprendre au début, surtout que ça m’arrivait avec des proches, des personnes pour qui j’avais beaucoup d’estime et à qui je consacrais une bonne partie de mon très précieux temps. À un moment, je suis tombé dans la réflexion facile et je me suis dit que je n’étais juste pas assez important pour ces personnes et qu’elles souhaitaient couper court et se débarrasser de moi. En même temps, je ne pense pas que si Elon Musk ou même Samuel Eto’o leur fait un message de cinq lignes, ils vont répondre avec un vague “OK”. Mais je me suis rappelé du Rasoir de Hanlon.
"Ne jamais attribuer à la malveillance ce qui peut s'expliquer par la bêtise.” C’est la maxime du rasoir de Hanlon. En fait, la plupart des gens qui communiquent de cette façon, aussi vague, ne le font pas toujours exprès. C’est juste de la pure bêtise. Ils ne comprennent pas ce qu’est vraiment la communication comme la décrit James Clear. Ils ne savent pas que ce qui compte, ce n’est pas ce que tu dis, mais ce que l’autre entend. Et dans une bonne communication, c’est à toi de t’arranger pour que ce que tu dis soit en phase avec ce que l’autre entend. Et dans ce que l’autre reçoit de ta communication, il n’y a pas que ce que tu dis, il y a aussi comment tu le dis et tout un autre tas de choses qu’on appelle des métadonnées.
Les métadonnées sont toutes les données qui fournissent des informations sur d’autres données. Elles décrivent les caractéristiques, le contenu, la qualité, la condition et d’autres propriétés des données. Quand tu prends une photo avec ton téléphone, par exemple, la photo est la donnée principale. Mais en plus de la photo, il y a la date et l’heure de la prise, les réglages de l’appareil, le type de fichier, la taille du fichier et souvent même la localisation GPS. Quand tu envoies cette photo par numérique, la plupart du temps, tu l’envoies avec toutes ces données.
Les métadonnées sont très importantes dans toute communication, car elles sont les plus difficiles à manipuler. Et avant que les êtres humains n’apprennent à communiquer en parole et en écrit, nous savions déjà lire les métadonnées. C’est cette capacité qui te permet de reconnaître dans la forêt si un animal est dangereux et prêt à attaquer ou pas, sans qu’il n’ait dit un mot. Sa posture, sa physionomie, son apparence sont autant de métadonnées qui te permettent de tirer une conclusion.
C’est cette capacité que les politiciens exploitent dans nos cerveaux pour nous convaincre de voter pour eux, même quand nous savons pertinemment qu’ils n’ont rien fait de ce qui était écrit dans leur précédent programme de campagne. Ils ont juste à envoyer les métadonnées qu’il faut à nos cerveaux pour nous convaincre.
Donc, quand tu communiques avec quelqu’un, surtout par écrit, il faut faire très attention aux métadonnées que tu envoies. Car que tu le veuilles ou non, tu enverras des métadonnées. Et dans un monde où nous sommes de plus en plus sceptiques de ce que les gens nous disent, les métadonnées jouent un plus grand rôle dans la réception des messages que nous envoyons.
C’est certainement la raison pour laquelle à l’école, on nous a appris à bien écrire, à bien former les lettres, à respecter les ponctuations et les différents styles en fonction de nos interlocuteurs. Ce sont des données qui donneront un sens ou non à ton message principal.
Si je te fais un message assez précis avec des points clairs pour que tu comprennes bien de quoi je parle, et que ta réponse est assez vague, tu m’as envoyé une métadonnée. Celle que soit je te fais chier avec mon message, soit tu n’es pas assez intelligent pour comprendre l’importance des métadonnées. Et dans les deux cas, ce n’est pas très malin de ta part. Mais bon, il ne faut jamais sous-estimer la bêtise humaine.
Comme disait Einstein, "Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.”
Douala 🇨🇲