Quand je parle souvent d’une diaspora inutile et nuisible, certains pensent que je suis seulement jaloux d’eux parce que je n’ai pas réussi comme eux en Occident. Ou bien ils appellent quoi réussir oh? Bref !
Aujourd’hui, j’aimerais soulever le sujet de ces personnes de la diaspora qui nous narguent tous les jours alors que ce sont leurs parents qui ont tué le pays. Toutes ces personnes dont les parents sont les détourneurs de fonds publics et abuseurs de biens sociaux. Parce que, comme on ne parle pas, vous pensez qu’on ne voit pas.
Je ne peux pas compter le nombre d’enfants de fonctionnaires, étudiants, que j’ai rencontrés en Europe. Et quand tu discutes avec eux, ils te parlent de leurs grandes demeures construites à Douala ou à Yaoundé et de la maison du village. Quand nous connaissons le salaire d’un fonctionnaire, on se demande comment ces derniers ont fait pour épargner autant d’argent pour réussir à construire ces luxueuses demeures et envoyer les enfants étudier en Occident quand on sait ce que ça coûte.
Aujourd’hui, le quartier Denver à Bonamoussadi est presque vide. La plupart des enfants étant allés étudier en Occident et jamais revenus. Mais je me rappelle que plus jeune, Denver était le quartier qui avait été pris d’assaut par les douaniers. De simples employés de la douane camerounaise, avec les petits salaires de fonctionnaire que nous leur connaissons, ont construit des grandes villas dans l’un des quartiers les plus chers de la ville. Et ce sont leurs enfants qui ont profité du vol sans vergogne de leurs parents qui aujourd’hui veulent nous donner des leçons et nous faire comprendre que le pays est pourri. Eh ah !
Il y a quelques semaines, un ami était invité à une fête d’anniversaire où se trouvait un mbenguiste fraîchement débarqué de Harvard pour les vacances. Quand mon ami lui a demandé s’il comptait rentrer s’installer au pays, le mbenguiste a dit que le pays est bancal et qu’il n’y a pas d’opportunités. Rappelons que c’est avec leurs salaires de fonctionnaire (père et mère) que ses parents ont pu lui payer une éducation dans la plus prestigieuse université des États-Unis. Arrêtez les gars !
Il y a quelques années, j’appelle ma mère pour avoir de ses nouvelles. À l’époque où moi-même j’étais encore un mbenguiste (juste pas aussi con que les autres). Elle me dit qu’elle revient du village pour un deuil. Je lui demande si tout s’est bien passé et elle me répond que oui. Que tout s’est très bien passé, juste une mauvaise nouvelle qu’ils ont apprise sur le chemin du retour. Tu me connais, je suis curieux. Je lui demande quelle mauvaise nouvelle, m’attendant à ce qu’elle me parle d’un nouveau deuil. Elle me dit que son beau-frère, qu’elles étaient allées soutenir pour le deuil de sa mère, avait été affecté. Un colonel de l’armée qui aurait apparemment été responsable d’un régiment sur le front venait d’être affecté dans les bureaux à Yaoundé. Et moi naïvement de lui dire : “Mais c’est une bonne nouvelle plutôt. Il quitte le front où il pouvait mourir à tout moment pour une zone un peu plus sûre. Pourquoi dites-vous que c’est une mauvaise nouvelle ?” Et elle de me dire que tu sais que quand il est commandant sur le front comme ça, c’est lui qui gère le budget du régiment. Je comprends alors qu’en fait ils sont tristes parce qu’on vient de le retirer de la mangeoire (comme on aime le dire au pays) ou plus précisément on vient de diminuer sa capacité de détournement de fonds (au profit d’un autre certainement).
J’ai d’abord vectorisé ma mère. Et je lui ai dit de ne plus jamais me raconter des bêtises comme ça. Comment toi, une personne aussi honnête et intègre, arrives à te mêler à des conneries pareilles ? Je lui ai rappelé que c’est à cause des comportements comme celui de son beau-frère et du fait qu’ils (les pauvres comme elles) cautionnent des bêtises pareilles que le pays n’avance pas, que nous faisons du surplace depuis des années. Et je te laisse deviner où sont les enfants de cet oncle à l’heure où je fais ce texte. Oui, oui, exactement là où tu penses. En train de dire comment ce pays tue les jeunes.
En parlant de colonel, ça me rappelle ce colonel à la retraite de l’armée de l’air camerounaise que j’ai croisé à Abidjan en début d’année pendant la CAN. Comme je ne peux pas m’en empêcher, je l’ai embarqué dans une discussion sur le Cameroun et sur le fait que nous devrions nous battre pour relever notre pays. Et le colonel de me dire qu’il ne comprend pas ce pays et qu’il ne conseillerait pas à sa fille qu’il a envoyée étudier au Canada de retourner au Cameroun. C’est sûr qu’elle a même déjà son passeport canadien au calme. Ça laisse qui ?
Un jour, il faudra qu’on m’explique comment des fonctionnaires et militaires de carrière réussissent à payer des études à leurs enfants à l’étranger. Quand même les fonctionnaires et les militaires de ces pays étrangers n’y arrivent pas. Et parallèlement il faudra aussi peut-être qu’on m’explique comment un militaire qui est censé défendre un pays avec sa vie, demande à ses enfants de prendre les nationalités de pays étrangers. Il faudra qu’on m’explique tout ça un jour.
Mais en attendant, sachez que si on ne parle pas, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas ou bien qu’on ne sait pas parler. Comme vous avez décidé de donner la décence aux chiens là !
Bafoussam 🇨🇲