Il y a quelques jours, j’étais à la foire du Ngondo. Oui, le Ngondo, ce festival camerounais qui se tient chaque année depuis que tu es né. Pourtant, tu ne maîtrises toujours pas les dates alors que tu es capable de réciter par cœur toutes les fêtes des autres : Noël, Pâques, Toussaint, Thanksgiving, et je ne sais quel autre "saint machin".
Mais ce n’est pas le sujet du jour.
Avec Lionel, nous avons été sidérés par ce que nous avons vu. Le Ngondo est censé célébrer la culture Douala, un patrimoine précieux pour notre pays. Pourtant, à part quelques rares attractions culturelles comme la lutte et le tir à la corde, l’événement ressemble davantage à une gigantesque fête en l’honneur des Brasseries du Cameroun (désormais propriétaire de Guinness Cameroun).
Toute la foire est centrée sur des stands de débits de boissons où les uns et les autres descendent bouteille après bouteille. À quel moment une fête censée nous rassembler et dynamiser notre économie locale s’est-elle transformée en une machine à fric pour une multinationale étrangère ? Et surtout, pourquoi cela ne gêne-t-il personne ?
Le pire, comme Lionel me le faisait remarquer, c’est qu’il est presque impossible de trouver un stand où manger un bon plat de Ndolè, l’un des mets Douala les plus prisés. Comment peut-on célébrer une culture sans mettre à l’honneur ses plats emblématiques ?
Alors, qu’est-ce que nous sommes en train de faire du pays que nos parents nous ont légué ? Ce pays pour lequel Rudolf Douala Manga Bell a été pendu par l’oppresseur.
Peut-être qu’il est temps de nous poser la question, de manière sérieuse : sommes-nous encore fiers de notre patrimoine ou avons-nous simplement baissé les bras ?
Douala (Ja Jongwanele) 🇨🇲