Opportunités cachées au Cameroun : Pourquoi fuir quand tout reste à bâtir ?

Tout à l’heure, en marchant, je suis passé devant les immeubles SIC de Kotto. Comme chaque fois que je traverse cette zone, je suis frappé par la vétusté de ces immeubles.

J’ai remarqué cependant qu’ils avaient refait la peinture d’un des bâtiments. J’ai demandé à mon ami avec qui j’étais pourquoi ils n’avaient repeint qu’un seul immeuble. Il m’a dit que chaque année ou tous les deux ans, ils choisissent un immeuble et refont la peinture.

J’ai regardé les autres immeubles et me suis demandé : “Donc parmi ceux que je vois là, certains ont été repeints récemment ?” Car franchement, on n’aurait pas du tout dit.

Cela m’a rappelé un problème récurrent ici au Cameroun. J’ai l’impression que parmi toutes les peintures sur le marché, aucune n’est vraiment adaptée à notre environnement. C’est tellement flagrant qu’à un moment donné, tout le monde a commencé à recouvrir les bâtiments de carreaux au lieu de les peindre. Aujourd’hui, la mode est à l’Alucobond pour les façades. Et aucune de ces solutions ne semble vraiment durable.

À peine quelques années après la construction, un bâtiment paraît si délabré qu’on pourrait penser qu’il a été construit il y a plus de cinquante ans. La question que je me pose sans cesse est : où sont nos ingénieurs dans tout ça ?

N’y a-t-il pas un jeune chimiste qui pourrait s’attaquer à ce problème et formuler une peinture mieux adaptée à notre climat ? Pourquoi tout le monde pense-t-il qu’il suffit de finir ses études et d’aller travailler pour une grande multinationale ? Qui prendra en charge nos problèmes si ce n’est nous ? Les Italiens n’ont aucun intérêt à développer une peinture pour notre climat tropical, surtout si nous achetons sans broncher tout ce qu’ils nous vendent, adéquat ou non.

Ce phénomène est présent dans tous les domaines ici au Cameroun. Il y a tellement de problèmes spécifiques à notre environnement que je ne passe pas une journée sans avoir une idée de produit ou de solution. Mais en parallèle, beaucoup de gens n’arrêtent pas de répéter qu’il n’y a rien à faire ici et qu’il faut partir. Ça me dépasse !

Parmi les pays que j’ai visités, les pays africains sont ceux où j’ai vu le plus d’opportunités. Des opportunités pour résoudre des problèmes locaux – et nous en avons par milliers. Des opportunités pour ouvrir la voie dans des domaines encore inexplorés. Mais beaucoup d’Africains préfèrent aller travailler comme infirmiers au Canada.

Quand je parle d’intelligence, certains disent que je suis arrogant. Mais comment respecter un ingénieur ou un chimiste qui remplit des fiches Excel en Occident, alors que tout est à construire dans son propre pays ? Pour moi, ce type de personne ne représente pas l’intelligence. Ailleurs, leurs homologues travaillent à rendre possible la vie sur Mars, à produire assez d’énergie pour soutenir l’intelligence artificielle, à éradiquer des maladies et à doubler l’espérance de vie. Leur seule préoccupation à nos ingénieurs, c’est de savoir ce qu’ils vont manger ce soir. Franchement, qu’est-ce qui les différencie d’une souris ?


Douala 🇨🇲 (Terre d’opportunités)