Pourquoi l’Afrique stagne (et ce que les enterrements y révèlent)

Hier, après la grande messe autour de laquelle s’articulait la dernière cérémonie d’hommage à mon frère, nous avons appris que nous ne pouvions pas l’enterrer juste après comme prévu. Apparemment, c’était un jour sacré à Bana, et il fallait attendre le coucher du soleil avant de le mettre en terre. C’est la tradition pour les jours sacrés selon la coutume de notre village.

C’était amusant de voir comment des personnes qui, quelques heures plus tôt, faisaient toutes les plus belles prières pour accompagner son âme, se pliaient aux lois ancestrales, qui elles aussi sont censées aider à faciliter la transition vers son repos éternel.

Devant un spectacle pareil, qui n’est pas le premier dans son genre chez nous en Afrique, je n’arrête pas de me demander si nous ne sommes pas des clowns en réalité. Tu me diras peut-être que l’un n’empêche pas l’autre. Mais je ne pense pas qu’avant l’arrivée des colons, nous faisions des prières chrétiennes pour accompagner nos morts. Et je suis persuadé qu’en Occident, ils n’appliquent pas nos règles ancestrales pour accompagner leurs morts.

Comment sommes-nous donc arrivés à devenir des hybrides ? Ne pouvons-nous pas tout simplement nous contenter d’une seule voie ? Même si je crains que, s’il fallait choisir, beaucoup d’entre nous préfèreraient choisir la voie venue d’ailleurs.

Ça a l’air anodin, mais ce sont des petits détails comme celui-ci qui expliquent pourquoi il est aussi difficile pour nous de nous développer, malgré toutes les technologies à notre disposition. Nous avons le cul assis sur deux chaises. Et parfois même trois. Et quand on connaît l’importance du focus dans la réussite, il n’est pas étonnant que nous continuions à faire du surplace.


Douala 🇨🇲