En ce mois d’anniversaire (le 28 mai, si tu n’as pas encore noté), je voulais en profiter pour, chaque jour, faire un message de reconnaissance. Dire merci à toutes ces personnes extraordinaires qui partagent — de près ou de loin — une partie de ma vie et qui contribuent, ou ont contribué, à me rendre un homme meilleur. Mais bon… est-ce que les dossiers chauds veulent seulement me laisser tranquille ?
Aujourd’hui, je vais faire une entorse au programme pour te parler d’un sujet que j’ai déjà évoqué une ou deux fois avec Flavien, et dont je parlais encore cet après-midi avec Lionel.
Au Cameroun actuellement, l’un des plus gros problèmes — le plus important selon moi — c’est le problème de ressources humaines. D’un côté, nous avons une immigration qui ne veut pas nous lâcher, et de l’autre, des jeunes restés au pays qui refusent de travailler sous prétexte que "c’est mal payé".
Au début, je ne comprenais pas pourquoi on avait tant de mal à recruter pour certains postes. À des salaires que je trouvais pourtant assez convenables, au vu du contexte local. Mais c’est à force d’observer nos mœurs que j’ai compris : le problème, c’est nous-mêmes.
Imagine une fille que tu veux recruter comme serveuse dans un restaurant ou vendeuse dans une boutique. Pour un salaire entre 80.000 F et 150.000 F. Pourquoi, honnêtement, serait-elle concentrée sur son travail ? Pourquoi prendrait-elle ça au sérieux, quand chaque fois qu’elle passe la nuit chez un gars (souvent plus âgé), on lui remet entre 10.000 F et 30.000 F juste pour le transport ? Le calcul est vite fait. Elle sait qu’en dormant dix fois dans le mois chez un ou plusieurs gars, elle peut gagner le même salaire — sans travailler.
Et le pire ? C’est que ce sont souvent ces mêmes entrepreneurs, qui se plaignent de ne pas trouver de personnel, qui distribuent ces sommes faramineuses, ou qui achètent des téléphones dernier cri à des jeunes filles qu’ils croisent dehors.
Résultat : quand ces filles décident de sortir avec un gars de leur âge, elles s’attendent à recevoir au moins 5.000 F ou 10.000 F de taxi à chaque visite. Le jeune se retrouve donc avec un budget mensuel de 50.000 à 100.000 F juste pour “gérer sa go”. Comment veux-tu qu’il accepte un salaire de 150.000 F ? Il préfère rester au quartier, en attendant qu’une multinationale lui offre au moins 300.000 F.
C’est caricatural, mais ça résume bien le mal qui nous ronge.
On pense que la faute vient du gouvernement, ou d’un système lointain… alors qu’en fait, c’est nous-mêmes qui créons nos propres problèmes.
Quand on vit en société, chaque geste compte. Parce qu’un battement d’ailes aujourd’hui, c’est parfois un ouragan demain. Et ce que nous vivons actuellement avec la pénurie de ressources humaines, c’est notre propre ouragan. Entre les mbenguistes qui envoient des TapTap Send à leurs petits restés au quartier, et les Sugar Daddy qui ne peuvent pas croiser une paire de seins debout sans ouvrir le portefeuille, nous avons dévalorisé le travail. Nous avons fait croire à une génération entière que le salaire n’a plus de valeur.
Et c’est tout un pays qui en souffre.
Douala 🇨🇲