Quand ta générosité revient frapper à ta porte

J’ai vécu une expérience extraordinaire ce matin.
Une amie de longue date m’a écrit sur WhatsApp pour me saluer. Quand je dis "longue date", c’est vraiment long hein. On s’est rencontrés en 2010 en Italie. Nous étions dans la même résidence universitaire, Lungo Dora.

Elle a pris de mes nouvelles et j’ai pris des siennes. J’étais trop content de lui parler, car ça fait au moins 12 ans qu’on ne s’est pas vus. C’est vrai qu’on avait repris contact il y a quelques mois sur Facebook et qu’on s’était échangé les numéros. Mais plus rien. Toi-même tu sais que je ne suis pas très sociable (il faut que je travaille sur ça d’ailleurs).

Bref, ce matin, pendant nos échanges, elle me rappelle qu’elle me doit 50 €. Et que chaque fois, elle pense à ça, puis elle oublie. Je pense d’abord que c’est une blague, et je lui demande de me rembourser avec les intérêts. Et là, elle me dit que c’est ce qu’elle va faire. Et là je bug. Je lui rappelle que je ne sais pas de quoi elle parle et que si c’est le cas, c’est que j’ai complètement oublié. Ce que je fais tout le temps en fait. Je ne garde que les bonnes choses dans mon coeur, et les réclamations n’en font pas partie.

Et là, elle me raconte que quand elle partait de Turin pour Gênes, je l’avais dépannée avec 50 € et lui avais dit qu’elle me rembourserait quand elle le pourrait, mais qu’il n’y avait aucune pression. Elle m’avait certainement demandé de l’aide.

Wah Ronel ! Souvent moi-même j’oublie que ce n’est pas aujourd’hui que j’ai commencé à être un élément. Comment quelqu’un peut sortir une phrase comme ça aussi jeune ? Surtout que cette période-là norh, 50 €, c’était le wandafout. On parle quand même d’une époque où pendant des mois je mangeais des biscuits et du lait parce que la vie me montrait le voirâtre. Mais je constate que malgré tout ça, ma générosité n’a jamais souffert de rien.

Laure, c’est d’elle qu’il s’agit, m’a demandé mon compte Orange Money et m’a fait un virement de 75 € pour payer sa dette, comme elle l’a si bien dit. Elle est quelqu’un qui paie toujours ses dettes.

Cette histoire m’a réellement secoué. J’étais ravi de voir que, malgré nos périodes de galère, elle avait réussi à avoir une belle position dans la société. Car même en Mbeng, donner 75 € comme ça à quelqu’un, crois-moi, ce n’est pas facile. J’ai été ravi de voir qu’il existait encore des personnes aussi intègres ici dehors. Et surtout, j’ai pu expérimenter la puissance à long terme d’un bienfait rendu. Souvent, on ne fait pas certaines choses parce qu’on cherche à voir quelles seront les retombées immédiates, alors qu’en réalité, dans la vie, les vraies retombées — les plus pérennes — n’apparaissent qu’à long terme.

Des gestes comme celui-ci, j’en ai fait à plusieurs personnes dans ma vie. Mais des retours comme celui de Laure, je n’en ai reçu que très peu. Peut-être que les autres se concentrent pour venir sortir les longs discours à mon deuil. Peut-être que la maturité de leurs retombées à eux prendra plus de temps, je ne sais pas. Mais dans tous les cas, je ne peux que t’inviter, toi qui me lis, à faire partie de ces personnes qui apportent le bonheur aux autres sans chercher à savoir ce que tu y gagnes. Car dans un bienfait, quel qu’il soit, nous gagnons tous.


Douala 🇨🇲