Nous aimons souvent parler de risques mais très peu d’entre nous ont une véritable notion de ce que c’est réellement qu'un risque. Depuis tout petit c’est un sujet qui me fascine. D’ailleurs quand j’étais plus jeune ma deuxième option au cas où je ne réussirais pas à être footballeur c’était de devenir actuaire. À l’époque quand j’en parlais autour de moi les gens ne comprenaient pas trop ce que ça voulait dire. Et ce n’est que normal, moi-même je ne voyais pas trop quelle université proposait un cursus pour le devenir au Cameroun.
Si toi aussi tu ne sais pas ce que c’est, l’actuariat, en gros, c’est une science mathématique qui calcule les risques. Probabilités, statistiques, prévisions et tout un tas de choses. Mais tu peux en savoir plus sur Wikipedia.
Le calcul de risque est quelque chose que nous faisons tous les jours. Il ne faut pas être un actuaire pour ça. À moins que l’on ne veuille travailler dans le secteur des assurances. Cependant j’ai remarqué que malgré que ce soit une activité à laquelle nous nous donnons quasiment tous les jours, beaucoup de personnes ont encore du mal à distinguer les types de risques.
La plupart des gens ont peur de ce qu’ils ne devraient pas avoir peur et ne se méfient pas de ce dont ils devraient.
J’ai l’habitude de dire qu’il y a des risques qu’on ne prend pas quelque soit le gain possible et des risques qu’on devrait prendre tous les jours s’il le fallait.
La première règle pour moi c’est d’éviter tout risque qui peut te faire sortir de la partie de façon irréversible. Je ne jouerai par exemple pas à la roulette russe pour tout l’or du monde. J’ai certes 5 chances sur 6 de gagner et seulement 1 chance sur 6 de perdre. Mais la conséquence si je perds est irréversible. C’est la mort directe. Le risque est beaucoup trop grand.
J’ai beaucoup d’amis en Occident qui ont peur de se lancer en Afrique dans leurs pays d’origine parce qu’ils ont peur des risques. C’est quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Ils sont diplômés, ont de l’expérience (souvent dans de grande entreprises), ont des passeports qui leurs ouvrent presque le monde entier et ont une expérience du Monde que la plupart des gens de leurs pays d’origine n’ont pas. De quoi ont-ils vraiment peur? D’échouer? Ils ont tout pour recommencer là où ils ont laissé si ça arrivait. Par contre, le risque de rester sur place, dans une entreprise qui a une espérance de vie plus courte que la leur et une expertise avec une espérance de vie encore plus courte, ils ne le voient pas. Je n’arrive juste pas à comprendre.
Jeff Bezos dans une de ces lettres aux actionnaires avait dit quelque chose de très intéressant:
“Certaines décisions sont conséquentes et irréversibles ou presque irréversibles – des portes à sens unique – et ces décisions doivent être prises méthodiquement, soigneusement, lentement, avec beaucoup de délibérations et de consultations. Si vous passez par là et n’aimez pas ce que vous voyez de l’autre côté, vous ne pourrez pas revenir là où vous étiez avant. Nous pouvons appeler ces décisions des décisions de type 1. Mais la plupart des décisions ne sont pas ainsi – elles sont modifiables, réversibles – ce sont des portes à double sens. Si vous avez pris une décision sous-optimale de type 2, vous n’avez pas à vivre avec les conséquences aussi longtemps. Vous pouvez rouvrir la porte et repasser. Les décisions de type 2 peuvent et doivent être prises rapidement par des individus ou de petits groupes faisant preuve de jugement.”
Dans la vie, une grande partie des décisions que nous prenons sont justement celles de type 2. Si tu lances ton business et qu’il ne réussit pas comme tu l’avais espéré, tu pourras toujours reprendre un boulot plus tard. Si tu te maries au mauvais homme ce n’est pas si grave, tu pourras toujours divorcer si ça ne se passe pas bien. Charlie Munger a bien divorcé de sa première épouse et 3 ans plus tard s’est remarié et ce mariage là a duré plus de 50 ans.
Par contre, ne pas se protéger pendant un rapport sexuel, acte qui semble anodin est beaucoup plus risqué que se lancer dans l’entreprenariat. Tu pourrais te choper une maladie incurable ou de cette acte pourrait naître un enfant indésirable. Et dans les 2 cas, ils n’y a pas de marche arrière possible. Mais c’est un risque qui parce qu’il est faible est souvent sous-estimé par les gens.
Il y a quelques jours, je lisais l’Autoroute du Millionnaie de MJ DeMarco, il a abordé le sujet d’une façon magistrale. Il a su mettre les bons mots sur ce concept que j’essayais d’expliquer en vain aux gens. Il parle de risques intelligents et de risques débiles.
“Les risques intelligents ont des avantages illimités à long terme et des inconvénients limités à courts terme. Les risques débiles ont des inconvénients illimités à long terme et des avantages limités à court terme.”
Imagine-toi si ton entreprise réussit. Jusqu’où tu pourrais aller. Et si ça échoue. Ce n’est pas bien grave. Au pire tu auras perdu beaucoup d’argent et de temps. Mais tu pourras rapidement passer à autre chose. Un exemple parfait, c’est Dj Arafat qui fait du dépassement de vitesse sur sa moto en zone urbaine. Tout ça pour quoi? Un rush d’adrénaline qui n’aurait duré que quelques minutes? Repenses-y la prochaine fois que tu seras dans un véhicule et que tu te prendras pour Michael Schumacher. Certes tu pourrais gagner 30 minutes sur ton rendez-vous. Mais si tu perds, tu risques de te retrouver dans l’état actuel de Schumacher pour le reste de ta vie ou pire tu n’auras même pas l’occasion de regretter d’avoir pris un risque aussi débile, comme DJ Arafat.
Je pars un peu dans tous les sens. Mais ce que j’aimerais passer comme message, c’est que nous devrions réévaluer nos risques et prendre les bonnes décisions. Rester en Europe c’est courir le risque de faire disparaître ma culture pour de bon. Tout ça pour quoi? Quelques années de fast-food, de froid et de plafonds de verre? Alors que mes chances de faire mieux sont plus grandes chez moi sans prendre le risque de faire disparaître les Bana?
Je vais finir avec ce passage de Jim Koch qui a laissé son poste de consultant au fameux "Boston Consulting Group" pour devenir milliardaire en lançant sa brasserie artisanale "Boston Beer Company qui brasse la fameuse "Samuel Adams”, l’une des bières artisanales les plus célèbres des Etats-unis.
“Il y a une différence entre effrayant et dangereux. Il y a des choses dans la vie qui font peur, mais ne sont pas dangereuses, mais nous en avons peur. Et puis il y a des choses qui sont dangereuses, mais qui ne font pas peur. Et c’est là le vrai problème. C'est là le problème.
Quitter mon bon travail chez (Boston Consulting Group), ce joli bureau, voler en première classe, séjourner dans de bons hôtels, gagner un très bon revenu, les gens pensent que c'était vraiment risqué, que cela devait être vraiment effrayant. Eh bien, c'était effrayant, mais ce n'était pas dangereux. Ce n'était donc pas vraiment risqué. Ce qui était en fait dangereux, mais pas effrayant, c'était de rester et de continuer à faire un travail que je n'étais plus content de faire. Ce n'était pas ma passion. Continuer à faire cela pendant encore 30 ans, arriver à la fin de ma carrière et dire : ‘Oh mon Dieu. J’ai gâché ma vie’, c’est dangereux. C'est très dangereux. Pas effrayant. Mais vraiment dangereux."
J’espère que la prochaine fois que tu devras analyser un risque tu penseras à tout ça. À ce qui est fatal, débile et dangereux. Et que tu ne te laisseras pas détourner des risques intelligents bien qu’effrayants.
Douala 🇨🇲