Aujourd’hui, je suis passé voir maman pour notre séance de travail hebdomadaire. Une de mes tantes est passée lui faire un coucou, et nous avons eu l’occasion de discuter un peu.
Elle m’a fait savoir qu’il y avait actuellement une pénurie de boissons sur le marché. Elle gère un bar et m’a expliqué que sur les 70 casiers de bières qu’elle a commandés aux Brasseries du Cameroun, elle n’en a reçu que 30, et uniquement deux références. Apparemment, ce serait encore plus grave chez UCB, l’acteur local, numéro deux du marché.
Je lui ai demandé quelle pouvait en être la cause. Pénurie de matières premières ? Problèmes au port ? Et elle de me répondre qu’apparemment ces entreprises font face à de sérieux problèmes de personnel. Il n’y aurait plus assez de machinistes pour tourner à plein régime.
Ça semble surréaliste, mais ça ne m’étonnerait pas du tout. C’est déjà le problème que nous rencontrons dans les télécoms. La plupart des ingénieurs réseaux des opérateurs du pays ont pris la poudre d’escampette. Si tu es au Cameroun ces jours-ci, c’est certainement la chose qui va te frapper le plus : la mauvaise qualité du réseau téléphonique.
Mais bon, il y en a toujours qui disent que ce n’est pas grave. Que tout le monde ne peut pas partir. Il faut croire que tant que tout ceci ne se sera pas transformé en un drame personnel pour certains, ils ne pourront pas comprendre à quel point l’heure est grave.
Paradoxalement, toutes ces personnes qui fuient le pays pour aller au Canada y vont pour résoudre le problème qu’ils sont en train de créer ici : le problème d’une insuffisance de main-d'œuvre de base. La main-d’œuvre nécessaire pour faire fonctionner une économie.
Imagine que tu es derrière une personne avec qui tu es en concurrence à l'école et que tu as toujours voulu surpasser. Et un jour, il arrive à l’examen sans son stylo. Il te propose de te donner 100F pour utiliser ton stylo pendant l’examen. Toi, tu acceptes, sachant que tu n’as pas d’autre stylo. Tu viens juste, comme un con, de manquer une très belle occasion de passer devant lui. Sans stylo, il n’aurait pas pu composer. Et s’il n’avait pas composé, tes chances de le dépasser auraient été meilleures. Mais pour 100F, tu vas passer à côté de l’occasion de ta vie.
C’est exactement la situation dans laquelle beaucoup d’Africains se trouvent actuellement. Aveuglés par l’envie, on ne se rend pas compte de l’opportunité que l’Histoire nous offre.
Douala 🇨🇲