Hier, j’ai lu un vieux texte de 2013 écrit par Jean-Paul Pougala, dans lequel il expliquait pourquoi Nelson Mandela n’était pas son héros. Sur les images accompagnant le texte, on voit Mandela en tenue de franc-maçon. On se demande alors : comment quelqu’un peut faire 27 ans de prison, puis aller siéger dans une confrérie créée par ses bourreaux ?
Mais ce n’est pas ça qui m’a le plus marqué. Ce qui m’a vraiment frappé, c’est la remarque qu’il faisait sur les héros des autres peuples comparés aux héros noirs.
En Occident, en Asie et partout ailleurs, les héros sont systématiquement des guerriers. Des hommes qui ont conquis ou libéré. Chez les Noirs, nos héros sont des pacifistes, des hommes d’église, des figures dociles. Il a cité quelques exemples… mais je te laisse faire le constat toi-même. Et s’il te plaît, ne me dis pas que Um Nyobè est ton héros si tu vis aujourd’hui dans le pays de ses assassins.
Ce point m’a fait longuement réfléchir. Je me suis demandé : quels sont les héros de notre génération ? Tu connais déjà certains des miens si tu me lis régulièrement :
- Ernest Ouandié, pour sa lutte acharnée contre l’oppresseur.
- Benjamin Franklin, pour sa sagesse politique et son rôle dans la création des États-Unis.
- Lee Kuan Yew, pour avoir transformé Singapour du tiers-monde en un paradis moderne.
- Charlie Munger & Warren Buffett, pour leur exemplarité dans un monde où le profit règne sans éthique.
Et bien sûr, toutes ces figures africaines assassinées pour avoir osé réclamer ce qu’on nous avait arraché : nos terres, nos vies, notre dignité.
Mais aujourd’hui ? Qui sont les figures d’identification de la jeunesse africaine ?
À en croire les statuts WhatsApp et les posts sur les réseaux sociaux, les héros de notre génération sont des prêtres. Des Castanou, Sanogo, Tunasi et consorts. Des hommes d’église devenus mentors virtuels d’un peuple qui s’effondre. Des églises qui nous enseignent que tout est la volonté de Dieu. Qui injectent à nos subconscients une paresse assumée et une irresponsabilité spirituelle. Tout est entre les mains du ciel… sauf rester vivre en Afrique, bien sûr. Ça, c’est forcément l’œuvre de Satan. Et c’est comme ça qu’on assiste à un exode massif vers le Canada et ses cousins occidentaux.
Et je continue de me poser cette question: Comment voulons-nous devenir des hommes forts si nous prenons pour modèles des hommes faibles ?
Douala 🇨🇲