Si tu as vécu hors d’Afrique, tu as certainement déjà entendu cette phrase une fois. Ou au moins une autre variation de “J’aime pas les noirs, mais toi je t’aime bien.”
Tu dois savoir ce que ça veut dire de la part de celui qui l’a dite. Et si ton coeur est un peu comme le mien ci, tu dois avoir ressenti une certaine rage. Parce que non seulement c’est une phrase profondément raciste, mais en plus de ça elle essaie de façon sournoise de te monter contre les tiens. C’est du genre: “Ton peuple est bizarre, je ne vous aime pas. Mais toi, vu que tu fais des efforts pour me ressembler, je t’aime bien. Et j’espère que si demain je suis en conflit avec tes semblables, tu ne seras pas de leur côté mais du mien.” La personne le dit tout en sachant pertinemment qu’elle ne va jamais t’intégrer dans son peuple. Et ce n’est que normal. Vous n’avez tellement pas grand chose en commun.
Bien que cette phrase choque la plupart des gens quand elle est dite, beaucoup de noirs n’hésitent pas à se comporter exactement comme le voudraient les personnes qui disent ce genre de phrase. Ils font tout pour s’éloigner au maximum de leur culture pour plus qu’on les associe aux autres noirs. Ils veulent être des “noirs civilisés”. Des noirs qu’on pourrait aimer dans tout un ensemble qu’on détesterait. Tu n’as qu’à voir la vitesse avec laquelle ils essaient d’adopter les accents des pays occidentaux. La vitesse avec laquelle ils changent leur façon de manger dès qu’ils ont un peu réussi. La vitesse avec laquelle ils essaient de s’intégrer dans un monde qui n’en a rien à faire d’eux.
Tu dis peut-être que ce n’est pas ton cas. Mais c’est exactement le cas quand tu ne t’indignes pas du traitement réservé aux demandeurs de visa juste parce que toi tu n’as pas besoin de le faire. C’est exactement le cas quand tu dis que tu ne peux rentrer travailler dans ton pays que si tu as un contrat d’expatrié. C’est exactement le cas quand dans ton propre pays, tu ne fréquentes pas la street food locale mais les restaurants huppés occidentaux. C’est exactement le cas quand, toi, noir, né à Bafoussam, passe ton temps à te présenter fièrement comme un français. Tu sais, je ne suis pas noir comme eux. Je suis français comme toi. Le genre de noir que tu aimes bien même si tu n’aimes pas les noirs.
Chaque fois que tu regarderas ailleurs pendant que tes semblables seront maltraités, juste parce que tu as pu avoir une dérogation, un traitement de faveur, tu ne seras pas différent de ce raciste qui te dit souvent “J’aime pas les noirs, mais toi je t’aime bien.”
Douala 🇨🇲