Les êtres humains ont une tendance très prononcée à la cohérence. Il nous est très difficile d’entretenir deux idées contradictoires en même temps. C’est d’ailleurs le concept psychologique développé en 1957 par le psychologue américain Leon Festinger. Ça s’appelle “La dissonance cognitive”.
C’est un biais qui décrit l’inconfort mental ressenti par une personne qui détient simultanément des croyances, idées ou valeurs contradictoires, ou qui agit en contradiction avec ses croyances. C’est un biais qui fait référence à la tendance des individus à réduire cet inconfort en faisant tout un tas de choses comme modifier leurs croyances pour aligner avec leurs actions, justifier ou rationaliser leurs comportements contradictoires ou encore ignorer ou minimiser les informations qui contredisent leurs croyances.
C’est par exemple ce qui s’est passé avec notre DG l’autre jour. Défendre une position où on se bat pour le Cameroun en ayant un passeport français dans la poche n’est pas très cohérent. Du coup, il a essayé de justifier, rationaliser et même minimiser certaines choses.
La dissonance cognitive est l’un de mes biais cognitifs préférés. C’est tellement amusant de voir en action quelqu’un en proie à cette petite défaillance du cerveau. Ces jours, j’en vois partout. Des gens qui veulent te convaincre qu’il y a un avenir dans ce pays et quand tu leurs dis de ne donc plus envoyer leurs enfants en Occident, la gymnastique mentale commence.
Ce n’est pas une mauvaise chose que d’être en proie à la dissonance cognitive. Ce n’est que normal. Ça nous arrive à tous. C’est juste notre cerveau qui essaie de nous rappeler que nous voulons faire deux choses contradictoires en même temps. C’est l’occasion pour nous de s’arrêter et de réfléchir à la chose la plus importante et de partir sur celle-là.
Le problème c’est quand on essaie de vouloir concilier les deux en modifiant, rationalisant, justifiant, ignorant ou minimisant nos actes ou certaines informations. À ce stade, on commence à entrer dans la malhonnêteté intellectuelle. Et ça par contre c’est très mal.
Beaucoup de choses que je dis sont en contradiction avec ce que j’ai fait ou que je continue de faire. Mais si j’en parle c’est parce que je crois que ce que je dis est ce qui devrait être. Et si mes convictions sont emmenées à changer demain, je ferais toujours l’effort d’être aligné avec elles. Quand je dis par exemple que prendre une autre nationalité est un signe d’une personne qui ne fera plus grand chose pour le pays, je le pense. Et même si c’est ma femme, mon frère ou même mon fils qui le fait, ça ne changera rien à mon discours.
Le mal se propage quand les gens bons ne font rien. Mais il va encore plus vite quand les personnes intelligentes essaient de rationaliser des actes incohérents parce qu’ils ont été posés par leurs proches ou pire, eux-mêmes.
Douala 🇨🇲