“La présence, le fait d'être là, est la clé de la parentalité.” - Ryan Holiday
Hier je te parlais de cette excellent livre de Ryan Holiday qui fait partie depuis un moment déjà de ma routine matinale, “The Daily Dad”. Cette citation a été tirée de ma lecture de ce matin du livre. Ce n’est pas la première fois que l’auteur aborde le sujet de la présence dans la parentalité. Cette fois-ci d’ailleurs il ne l’a pas abordée sous l’angle dont je vais t’en parler aujourd’hui. Mais pour une raison ou une autre ça a résonné fort en moi. Certainement parce que c’est un sujet sur lequel je me pose mille et une questions depuis un certain temps déjà.
Nos enfants ont besoin de nous. Ils ont besoin de notre présence. C’est le seul moyen qu’ils ont de mesurer l’amour que nous avons pour eux. Et plus il ont l’impression que cet amour est grand, plus ils ont confiance en eux et peuvent réaliser de grandes choses. C’est un processus automatique dont eux-mêmes n’ont pas conscience. Le meilleur moyen d’élever des enfants extraordinaires est de leur donner le maximum d’attention possible. Et pour ces petits êtres, l’attention se résume avec le temps que nous passons avec eux physiquement. Ça se résume à jouer avec eux, à répondre à leurs questions, à les emmener en aventure et surtout à être totalement présent quand nous sommes avec eux.
Le Monde dans lequel nous vivons a fait passer cette nécessité en second plan. Aujourd’hui après les divorces, les tribunaux donnent la garde des enfants à un parent en laissant le second avec un temps marginal. Certains parents se battent becs et ongles pour que l’autre parent ait le moins de temps possible à passer avec ses enfants. Personne ne pense vraiment au bien des enfants qui est celui d’avoir l’attention totale de leurs 2 parents. Pas un week-end sur deux. Les enfants ont besoin de parents qui sont totalement présents auprès d’eux et non de parents accrochés à leurs téléphones portables ou leurs ordinateurs. Les enfants ont besoin de se sentir la priorité de leurs parents, et non le travail, la famille, les amis ou Tiktok.
Comme je te l’expliquais hier, être papa était un de mes plus grands rêves d’enfance. Et aujourd’hui j’ai eu la grâce de voir se rêve se réaliser par 2 fois déjà. Mais à côté de ce rêve j’avais aussi celui de contribuer de façon majeure au développement de mon pays. Et ce rêve là aussi, je sui en train de le vivre. Cependant à un moment du parcours les 2 ont commencé à se marcher dessus. Je ne peux pas vivre mon second rêve si je ne suis pas au Cameroun et je ne peux pas être le meilleur papa possible si je ne peux pas faire rentrer mes enfants au Cameroun avec moi. Un vrai dilemme.
Pendant des mois, je me suis battu avec cette question. J’ai essayé de faire des petits gestes de part e d’autres, des concessions ici et là. Mais au final, j’avais toujours l’impression de trahir les deux. Je me suis résolu au fait que le deuxième aurait plus d’impact s’il était mené à bien. Que changer la vie de millions de personnes est nettement plus important que ma relation avec 2 personnes, fussent-ils été mes enfants. Mais aujourd’hui je sais que j’avais tort.
Comme je le rappelais à mon partenaire Flavien ce matin encore, nous ne pouvons pas prendre pour excuse le fait de se battre pour quelque chose de plus grand pour ne pas être les meilleurs parents possibles pour nos enfants. Ça s’appelle de l’auto-justification (ou encore la licence morale) en psychologie. C’est un biais cognitif. Celui qui poussent certaines personnes à commettre des actes néfastes (ou péchés) mineurs ponctuels avec l’excuse qu’ils font des actes bienveillants majeurs de façon habituelle. Comme les curés qui violent les enfants. Les ONG qui mentent et enfreignent les lois de certains pays en se disant que leurs bonnes actions sont largement au dessus de leur manquement d’éthique. Ou encore les africains de la diaspora qui privent le continent de leur expertise sous prétexte qu’ils envoient souvent de l’argent à leurs familles et amis restés au pays.
Nos enfants n'ont pas demandé à être nos enfants. Ils n'ont pas demandé à ce que nous ayons les combats que nous avons, ils n'ont pas demandé à ce qu'on se retrouve dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement. Ils ont juste besoin de notre présence dans leurs vies. Et ça c'est notre devoir, et même parmi les plus importants. Tant qu'ils sont encore mineurs.
On ne peut pas se défiler parce que nous avons déjà tellement de combats à mener. C'est justement parce que nous allons mener ce combat (celui d’être des meilleurs parents) en même temps que tous les autres que nous prouverons que nous sommes les leaders que nous pensons être. Tous les autres vont choisir un combat ou un autre, souvent le plus facile "à leurs yeux". Exactement ce que nous sommes en train de vouloir faire actuellement.
Nous ne devons pas le faire parce que ce sont nos enfants, mais parce que c'est notre devoir. Pas celui que nous avons choisi, comme se battre pour le Cameroun, mais celui que la nature nous a donné. Et nous n'avons pas le droit de nous défiler devant. Ils ne seront peut-être pas nos héritiers, mais ils ne pourront jamais dire que nous n'avons jamais été là pour eux. Et tous les autres enfants qui ne seront pas nos enfants biologiques sauront par cette dévotion, à quel point nous prenons au sérieux nos rôles de parents. C'est le meilleur gage de sécurité que nous pouvons donner aux jeunes à qui nous demandons de nous suivre. Et la meilleure façon de montrer la voie par l’exemple.
Si toi aussi tu es parent, je t’invite à méditer longuement sur ce texte. Les enfants sont notre avenir. Ils sont l’assurance que notre espèce, notre culture, notre tribu ne disparaitra pas. Et notre devoir est de les élever dans les meilleures conditions possibles. Ils n’ont pas besoin d’argent, ni de jouets, juste d’attention, de notre présence dans leurs vies. De la présence de leurs deux parents quand ceux-ci sont encore vivants. Et si possible de la présence du village entier pour les élever. Ne sois pas la personne qui restreint la présence de l’autre parent dans la vie de tes enfants. Mieux, si tu peux contribuer financièrement à ce que l’autre parent puisse être plus présent dans la vie de tes enfants, fais-le. Toutes les lois ne sont pas justes. Un week-end sur deux c’est très loin d’être suffisant pour les besoins d’attention d’un enfant.
Il y aura toujours un boulot qui t’attendra quelque part. Des amis tu en auras des nouveaux. Tes frères et soeurs ont leurs enfants à qui donner de l’attention. Il y aura toujours une nouvelle vidéo drôle sur Tiktok. Et après tiktok ce sera une nouvelle application qui sera à la mode. Des combats pour ton pays, il y en aura des tonnes. Les camerounais quittent le Cameroun pour la France parce qu’apparemment ce serait mieux là-bas, les français vont au Canada pour échapper à la France, les canadiens vont aux USA pour de meilleures opportunités, les américains délaissent leurs nationalité pour Singapour, la Suisse parce qu’ils trouvent que leur pays utilise leurs impôts pour financer des guerres. Bref, il y aura toujours un combat pour lequel tu pourras te battre. Mais tes enfants, ils n’ont qu’une seule enfance. Tu n’auras pas une seconde occasion d’être présent, d’être là pendant leur enfance. Ne la gâche pas! C’est le plus grand combat que la nature a pu t’offrir. C’est celui qui doit être ta contrainte première quand tu t’engages sur tous les autres combats. Tous les autres combats doivent pouvoir venir s’articuler autour de celui-là.
C’est en tout cas, la résolution que j’ai décidé de prendre pour mes enfants dorénavant. Avant d’être “Hustler & Thinker”, j’aimerais d’abord être “Father”, et ce du mieux que je puisse l’être.
Tu avais raison Madelle, il faut vraiment croire que je suis “le papa des enfants” comme tu l’as si bien dit.
Douala 🇨🇲