Positionne-toi sur le Futur : L'Art de Voir Plus Loin

“Je patine vers l'endroit où la rondelle va se trouver, et non vers l'endroit où elle se trouve.” Une citation du célèbre joueur de hockey canadien Wayne Gretzky.

En quelques mots, il nous passe un message puissant et l’un des secrets des grands leaders de ce monde. Ils analysent la situation, déterminent la forme de la courbe du succès et vont se positionner à son prochain passage afin de se faire emporter.

Ça a l’air tout simple, comme la plupart des merveilles de la vie d’ailleurs. Mais très peu de personnes arrivent à suivre cette stratégie. Nous sommes trop occupés dans le day-to-day, trop occupés à vouloir briller aujourd’hui, fascinés par la hype et les tendances, qu’on en oublie le plus important.

En 2012, Mark Zuckerberg, sur un coup de génie, a racheté Instagram au nez et à la barbe de tout le monde (en un week-end) pour la somme de 1 milliard de dollars. Une somme jamais proposée auparavant pour une startup de cette taille, et qui plus est, n’avait aucun revenu. Certaines personnes l’ont traité de fou et ont ri de lui. Mais ce que lui avait vu, et que les autres ne voyaient pas, c’est jusqu’où Instagram pourrait aller. De plus, il savait qu’arrivé à ce niveau, Instagram serait un sérieux concurrent pour Facebook. Donc au lieu de se battre pour améliorer Facebook et de s’engouffrer dans le day-to-day, il a fait ce qu’il fallait, il a racheté Instagram pour profiter de cette future croissance et éviter un combat mortel.

Il y a quelques années, le même Mark Zuckerberg a fait un autre gros pari sur le Metaverse, investissant des dizaines de milliards de dollars. Sa courbe lui indiquait que c’était peut-être la prochaine destination d’internet. Et au lieu d’attendre que ça arrive et de se battre comme le font la plupart, il a pris les devants et est allé se positionner.

Pour le moment, le pari n’est pas gagnant et il y a fort à parier que c’était un mauvais pari. Mais ce n’est pas grave. Pour une entreprise qui pèse plus de 1000 milliards de dollars, perdre 10 milliards sur un choix stratégique, ce n’est pas la fin du monde. Par contre, rater un virage pareil peut être fatal. Il n’y a qu’à voir le sort de Kodak ou Nokia.

Il y a quelques jours, je faisais un texte sur la nécessité de savoir reconnaître le potentiel avant qu’il ne soit trop tard. Et c’est exactement de ça qu’il s’agit encore aujourd’hui.

Si tu me connais et trouves mes choix bizarres, crois-moi, tu n’es pas seul. Moi-même je wanda souvent sur moi-même. J’ai appris très tôt à suivre mon intuition et, comme disait Soichiro Honda, "L'intuition est la somme de millions d’expériences." J’ai donc toujours fait un effort considérable pour suivre mon intuition et toujours me positionner là où la rondelle allait se trouver, et non me battre avec la foule pour être là où elle est actuellement.

En Afrique, tout est à faire. Les futurs Henry Ford, Steve Jobs, Soichiro Honda, Amancio Ortega, Ray Kroc sont encore à venir. Les futurs Ikea, IBM, Louis Vuitton, Hermès, Alibaba, H&M sont encore à créer. Et tout ça viendra tout doucement. Mais au lieu de se positionner pour être ces futurs barons de l’industrie, les Africains essayent d’aller se bousculer ailleurs. Quel paradoxe !

Je discutais encore avec une amie il y a quelques jours et je lui disais que si quelqu’un au Cameroun se décidait sur le ndolè, s’il en faisait son cheval de bataille, se spécialisait dessus, en devenait l’ambassadeur, et ouvrait un premier restaurant qui ne vendrait que ça, les 10 premières années seraient un calvaire pour lui. Mais d’ici 20 ans, il serait une superstar. Il serait devenu incontournable, avec la plus grande chaîne de restaurants spécialisés dans le ndolè du Cameroun et du monde. Il aurait certainement développé une myriade de produits dérivés autour, et serait probablement la personne qui fait la pluie et le beau temps dans la culture du ndolè au Cameroun. Il serait devenu très riche, et ma compagnie, Katering, lui proposerait des centaines de millions pour racheter la sienne. Ce qui lui donnerait de fait une place de choix dans la plus grande entreprise de restauration d’Afrique. Et c’est valable pour autre chose que le ndolè.

Ce week-end, je rappelais à Ayélé combien c’était dommage qu’elle continue de rester en France à vivoter et faire un travail qui ne lui procure pas plus de plaisir que ça. Je l’ai vue se lancer dans la confection de gâteaux devant moi. Je l’ai vue s’améliorer tous les jours. Je l’ai vue passer des heures à apprendre de nouvelles techniques, elle qui n’a jamais lu aucun des livres que je lui ai offerts. Je l’ai vue acheter des cours en ligne, des fiches digitales de recettes de gâteaux, elle qui est suspicieuse de tout achat en ligne et n’utilise jamais sa carte bancaire en ligne (uniquement PayPal). Je l’ai vue me faire commander sur Amazon une machine de plus de 150€ pour passer un cap avec sa nouvelle passion pour les glaces, elle qui réfléchit à deux fois pour se faire un cadeau à elle-même. Elle a plus de passion que la plupart des géants qui ont construit ces grandes chaînes de gâteaux et de desserts sucrés dans le monde. Certainement plus d’enthousiasme et de technique à ce point qu’avaient Ben Cohen et Jerry Greenfield, les cofondateurs de Ben & Jerry’s. Mais au lieu d’aller se positionner en Afrique pour être notre Pierre Hermé, le “Picasso de la pâtisserie”, elle va essayer de continuer de faire ses gâteaux dans l’ombre en Occident pour ses enfants jusqu’à ce qu’ils partent de la maison et qu’elle n’ait plus personne pour les déguster. Quel gâchis !

Aujourd’hui au Cameroun, je vois des Libanais se positionner en force. Ils ont compris que tous nos grands hommes d’affaires de l’époque sont en train de mourir, laissant tous leurs enfants en Occident. Ils ont compris que le terrain était en train de se libérer et ils sont passés à l’action. Ils investissent massivement dans l’industrie lourde, dans l’agro-industrie, dans les équipements, dans la distribution, dans la restauration. Pendant que nous essayons d’être ingénieur chez Amazon ou freelance informaticien en Europe.

Ce que beaucoup de personnes n’ont pas compris, c’est que la Terre est un ensemble fini (pour le moment). Nous n’en avons pas d’autre. Cependant, la croissance de la population est sur une courbe infinie. Si on ne fait pas quelque chose, il n’y aura plus d’espace pour vivre sur la Terre. Ça n’arrivera certainement pas avant des milliers d’années, mais ce n’est pas une raison pour ne pas se positionner. Aujourd’hui, ce qu’on appelle le Cameroun pourrait être occupé entièrement par un autre peuple venu d’ailleurs qui se serait installé progressivement pendant que nous disparaissons. Si ça te fait sourire, essaie de te demander à qui appartient véritablement Jérusalem. Qui étaient les premiers là-bas ?

La plupart des peuples au monde l’ont compris sauf les Africains. Nous ne protégeons pas notre terre, la seule que nous ayons. Nous ne faisons pas ce qu’il faut pour y instaurer nos cultures, nos géants, nos barons d’entreprises, nos marques locales. Nous fuyons chez les autres parce que la balle y est actuellement, en oubliant que la balle sera chez nous bientôt.

Il y a moins de 500 ans, l’Amérique était un continent très loin par rapport à l’Europe. Pareil pour l’Océanie. Mais aujourd’hui, ils sont presque plus développés que l’Europe. À la seule différence que ceux qui y vivent sont en majorité les descendants des Européens. La balle est en train de bouger. Où est-ce que tu crois qu’elle sera dans 500 ans ? Ou bien ça ne te concerne pas !

Suite à cette réflexion, j’ai pensé te partager un petit jeu que j’aimerais te proposer. Il s’agit de “L’exercice de la destinée”. Je t’invite à sélectionner quelques aspects de ta vie : amour, santé, travail, amis, autant que tu veux. Et pour chaque aspect, fais une liste de 2-3 personnes comme modèles. Des personnes célèbres ou pas, qui se rapprochent au maximum de ce que tu aimerais avoir dans ta vie (comme ami, épouse, partenaire d’affaires…). Là, je t’invite à faire une pause et à te dire que tu ne pourras pas les avoir. Ils ont déjà d’autres personnes à ces postes dans leurs vies. Maintenant, je veux que pour chaque poste, tu regardes dans ton entourage les personnes qui ont le plus de chances de devenir comme ces personnes que tu aurais aimé avoir. Tu aurais aimé avoir un mari riche ? Étudie la vie des riches que tu as mis dans ta liste et regarde autour de toi qui est sur la même trajectoire. Fais-le pour tous ces aspects de ta vie. Une fois que tu as identifié ces personnes dans ton entourage, accroche-toi à elles comme une sangsue. Ce sont les futurs Instagram ! Et si tu n’en vois pas dans ton entourage, alors étudie les personnes qui sont dans la vie de ces personnes célèbres que tu as mises dans ta liste. Et essaie de devenir comme elles pour attirer vers toi ce que tu recherches. Étudie Eleanor Roosevelt, apprends d’elle, deviens comme elle, et tu attireras vers toi le prochain Franklin Delano Roosevelt (FDR), le seul président américain à avoir été élu à quatre reprises à la tête du pays.

C’est un jeu que j’ai toujours pratiqué dans ma vie. Parce que je voyais le potentiel de certaines personnes, j’ai tout fait pour les garder auprès de moi. Mais certains d’entre eux ont fini par croire que j’étais un lèche-bottes désespéré. Ils n’ont jamais pris la peine de voir aussi le potentiel qui était en moi. La relation que j’admire le plus au monde est celle de Warren Buffet et Charlie Munger. Je me suis toujours considéré comme un Warren et j’ai passé mon temps à chercher mon Charlie, même à l’élever à ce rang. Car il n’est pas facile de ressembler à l’une des personnes les plus intelligentes de la Terre. J’ai fait ce qu’il fallait pour mériter ma place de Warren en vain. J’ai failli abandonner (quoique je ne pense pas que j’aurais abandonné). Et au final, j’ai trouvé sans plus chercher cette personne. Je l’ai sans soute attiré vers moi par la personne que je devenais pour le mériter. Et j’ai plus l’impression d’être un Charlie et lui mon Warren. Il a tout d’un futur Warren. Et quand on connaît la trajectoire de Warren Buffet, l’Oracle d’Omaha, considéré comme le plus grand investisseur de tous les temps, on ne peut pas blaguer avec sa position de Charlie. Et cette personne, je l’ai trouvée en Afrique, au Cameroun. Exactement là où la balle sera bientôt. Car l’Occident a déjà eu leur Warren et Charlie.

Il n’y aura plus d’autres Steve Jobs en Occident. Mais il n’y en a pas encore eu en Afrique. Il n’y aura pas d’autre Coca-Cola en Occident, mais il n’y en a pas encore en Afrique. Il n’y aura plus d’autre FDR, d’autre Churchill en Occident, mais il n’y en a pas encore eu en Afrique. Si tu ne veux pas être ces futurs leaders, quelqu’un d’autre le sera. Et ce quelqu’un ne sera peut-être pas un Africain. Rappelle-toi, la nature a horreur du vide.


Douala 🇨🇲