En début de mois, je discutais avec un pote de la diaspora. Je lui proposais de racheter des parts dans mon entreprise au pays. Oui, oui, ce n’est pas facile et mon devoir est de faire rentrer le cash nécessaire pour nous permettre de continuer le combat.
Je lui ai partagé tout un tas de documents sur notre état d’avancement, sur ce que nous faisions déjà (comme les grands), sur les problèmes que nous rencontrons, et surtout sur notre vision. Il m’avait l’air assez impressionné par tout le travail abattu et était plus ou moins d’accord sur l’idée d’investir. Sauf qu’il me disait qu’il ne pouvait pas le faire avant le début d’année prochaine. Que malgré le fait qu’il gagnait très bien sa vie aux USA (salaire à 6 chiffres), il n’était pas assez liquide. Une bonne partie de son argent allant dans des placements bancaires, en actions en bourse et autres. Bref, en épargne, quoi !
Et c’est exactement le sujet de mon texte du jour. Il va être un peu (beaucoup) controversé, mais tu me connais, je dis ce que je pense. On va parler de l’épargne de la diaspora africaine.
J’ai l’impression vraiment qu’il faut qu’on nous donne, à nous Africains, des cours d’économie. Même à ceux qui ont étudié et travaillent dans le domaine. C’est peut-être quelque chose que je vais commencer à faire sur ma chaîne YouTube prochainement. Il y a tellement de concepts simples que nous ne comprenons pas.
Prenons le cas de l’épargne. À quoi sert-elle ? Quand nous gardons notre argent dans des institutions financières, il permet de financer les prêts bancaires et les investissements dans la société dans laquelle nous vivons. C’est avec notre argent qu’on va faire un prêt à l’entrepreneur local pour financer l’achat de sa nouvelle machine. C’est cet argent qui sera utilisé pour financer la nouvelle autoroute ou la nouvelle ligne de métro. En gros, notre argent est réinvesti dans le développement.
En somme, c’est une très bonne chose. Mais quand je vois la diaspora africaine crier sur tous les toits qu’ils sont une réelle chance pour l’Afrique et en même temps laisser leurs épargnes dans les économies occidentales, je me demande s’ils sont normaux. Le risque de le perdre est peut-être plus grand en Afrique, mais ne pas l’investir en Afrique, c’est tout simplement envoyer le message clair que tu ne veux pas que l’Afrique se développe. Et le pire, c’est que tu continues par ton épargne à financer les économies des pays en concurrence directe avec l’Afrique.
Je n’ai pas les statistiques, mais je parie que si on cumule les épargnes de la diaspora dans leurs comptes à l’étranger, on obtiendrait des sommes faramineuses. Assez pour construire tous les hôpitaux, toutes les autoroutes, tous les métros qu’ils aimeraient tellement voir en Afrique avant de revenir.
En même temps, je t’avoue que mutualiser ces épargnes ne serait pas une mince affaire. Un problème sur lequel je travaille aussi. Je t’en parlerai au moment opportun. Mais en attendant, chacun à son niveau peut faire quelque chose. Pas besoin d’attendre une politique commune pour commencer à agir. Moi, par exemple, ce que je faisais à mon époque, c’était de rediriger tout mon superflu vers l’Afrique, d’une manière ou d’une autre. Toi, à ton niveau, qu’est-ce que tu peux faire ? Tu peux décider d’investir des tickets de 1000€ à 10.000€ dans tous les projets que tu trouves intéressants en Afrique. Le but n’étant pas forcément de gagner de l’argent, mais de l’injecter dans l’économie du pays africain que tu auras choisi.
Il est fort probable que tu perdes 100% de tes 10 premiers investissements, mais c’est le prix à payer si nous voulons nous développer. Tu ne t’en rappelles peut-être plus, mais pour pouvoir marcher aussi bien que tu le fais aujourd’hui, tu t’es cassé la gueule plusieurs fois. Mais tu savais instinctivement que c’était le prix à payer pour y arriver, et tu l’as fait. C’est exactement pareil ici.
De plus, cet argent ne sera pas perdu. Il ne te donnera peut-être pas le retour sur investissement que tu souhaitais, mais il aura été injecté dans l’économie locale. Et d’une manière ou d’une autre, il améliorera un secteur. Il pourra, par exemple, payer les salaires d’un papa qui pourra, grâce à ce travail, financer la dernière année d’études de médecine de son enfant qui sera, dans quelques années, le médecin principal de ton village. Celui qui sauvera la vie de ton fils après une chute dans la piscine, quand tu auras enfin décidé de rentrer t’installer à l’Ouest du Cameroun comme moi. C’est la vraie puissance de l’argent.
Malheureusement, nous, Africains, sommes tellement concentrés sur nos nombrils, à penser à nous et rien qu’à nous, à vouloir être les plus riches du cimetière, sans se demander l’impact que notre argent a dans notre communauté, parmi nos proches.
Si tu te sens allemand, français, canadien ou américain désormais, je comprends. Continue d’investir ton épargne dans ton nouveau pays. Mais si tu parles de développer l’Afrique, de rentrer t’y installer un jour, la meilleure chose que tu puisses faire, c’est de commencer à investir tout ou une grande partie de ton épargne sur le continent. Et ici, je ne parle pas de construire des meublés ou de mettre des Yango dehors hein. On se connait ! Je parle de vrais business qui font tourner l’économie et qui ont le potentiel de développer des pans entiers de l’économie. Je parle d’innovation, d’agriculture, de technologie, de restauration, d’industrie. Tout ce qu’il te reste à faire, c'est de trouver les bons entrepreneurs sur qui miser. Pas ceux qui veulent faire comme toi et se retrouver en Mbeng.
Et pendant qu’on y est, laisse-moi te présenter une opportunité qui pourrait t’intéresser. Il s’agit du nouveau projet agritech, Agrifrika, sur lequel je travaille avec Flavien. Nous essayons de créer le plus grand comptoir unique d’agriculture d’Afrique. Afin de pouvoir donner les moyens à nos agriculteurs d’enfin entrer dans la cour des grands et de permettre aux grands acheteurs de pouvoir avoir une plateforme unique sur laquelle ils pourront trouver toutes les références qu’ils recherchent, dans les quantités qu’ils veulent et qui respectent leurs cahiers des charges.
Nous sommes dans notre première phase de levée de fonds. En Love Money. Réservée à la famille et aux amis. Raison pour laquelle je t’en parle. Nous cherchons 50.000$ pour cette première phase. Et nous avons déjà pu sécuriser 20.000$. Donc si tu veux faire partie de l’aventure, c’est maintenant ou jamais. À moins que tu préfères que ton argent soit encore utilisé pour financer la recherche sur le prochain pesticide qui sera utilisé sur les fruits que tu achèteras dans ton pays de résidence d’ici quelques années. Pesticide qui sera certainement à l’origine de ton cancer. Cancer sur lequel tu dépenseras entièrement les maigres gains que tu auras fait sur ton épargne.
Bref, je te laisse le lien du pitchdeck pour que tu jettes un coup d’œil, et l’adresse email pour signaler ton intérêt ou demander plus d’informations.
- Pitchdeck-LoveMoney
- founders@agrifrika.com
Douala 🇨🇲