Hier, à la boutique du quartier, j’ai entendu le boutiquier discuter avec une cliente à propos d’un extrait vidéo d’un journal. Il s’agissait d’une société ayant organisé une escroquerie de type pyramide de Ponzi. Elle promettait à ses victimes des gains hebdomadaires substantiels et aurait réussi, en l’espace d’un mois, à subtiliser plus de 20 milliards de FCFA.
Tout cela m’a immédiatement fait penser à un de mes oncles, qui me parlait il y a quelques mois d’une société similaire. Elle invitait à souscrire à une technologie d’électricité par panneaux solaires avec des promesses mirobolantes. Le siège social ? En Russie, soi-disant. Je lui ai dit qu’une entreprise sérieuse dans l’énergie n’avait pas besoin de collecter des fonds auprès de petits souscripteurs africains qui peinent à manger trois fois par jour. Et même si c’était le cas, elle ne passerait certainement pas par WhatsApp pour le faire. Encore moins avec des admins utilisant des numéros congolais.
J’ai tout essayé, mais je voyais bien qu’il n’était pas convaincu. Exactement comme une dizaine d’années plus tôt, quand je le mettais en garde contre les dangers du Midas dans lequel il avait investi… et qu’il me recommandait aussi.
Chaque année, une nouvelle arnaque du genre secoue le Cameroun — et d’autres pays africains. Et chaque fois, je me demande comment ça peut encore marcher, alors que les cicatrices de la dernière ne sont même pas refermées.
J’ai commencé à développer une théorie.
Bien sûr, le niveau d’éducation bas est un facteur clé. La pauvreté et le désespoir, des accélérateurs. Mais quand on regarde bien les victimes, il y a de tout : des diplômés, des gens pas du tout pauvres, comme mon oncle.
Mais un trait commun se dégage : la croyance. La plupart de ces pyramides se propagent dans les milieux religieux. De fidèle en fidèle. Avec, parfois, le pasteu comme ambassadeur.
La religion pousse à croire sans comprendre, sans se poser de questions. Elle enseigne que tout est la volonté de Dieu et que seule la prière sauve. Elle nous déresponsabilise et nous rend crédules. Incapables de discernement.
Et quand tout s’écroule, au lieu d’analyser, de réfléchir, d’apprendre, on dit que c’était la volonté de Dieu. Qu’il nous restituera au centuple. Même si personne ne connaît quelqu’un à qui c’est réellement arrivé.
La religion a ses bienfaits. Mais comme tout, le poison est dans la dose. Et je pense qu’il est temps de réduire la dose, chez nous. Sinon, nous allons continuer à subir la vie comme des animaux sans défense.
Douala 🇨🇲