Sans terres, pas de peuple

Tout à l’heure, avec mon pote Raoul, je lui parlais de la guerre de territoire.
Du fait que les terres sont une ressource limitée, et que le meilleur moyen pour un peuple — ou toute espèce d’ailleurs — d’assurer sa pérennité, c’est d’occuper et de conserver le maximum de terres possibles. Des terres pour accueillir plus d’individus, pour nourrir l’espèce, pour l’épanouir.

Quand je dis que nous, Africains, risquons de disparaître si nous ne faisons pas attention, je prends aussi en compte cette notion de territoire. Pendant que la plupart des peuples défendent leur espace, leur coin du monde, bec et ongles, on a l’impression que l’Afrique est larguée.

Non seulement nous fuyons nos terres pour aller nous réfugier chez les autres, dans l’espoir d’un lendemain meilleur, mais en plus ceux qui restent n’occupent pas assez ce territoire.

Quand je voyage à travers les campagnes de France, je suis toujours fasciné par le degré d’occupation du territoire. Au milieu de nulle part — une montagne, une vallée, le fond d’une forêt — tu tomberas sur un village où les habitants n’ont rien à envier à leurs homologues de la ville, en termes d’équipements.Tu sens que chaque centimètre carré du pays a été pensé. Il n’y a pas de zones à conquérir, tout est déjà maîtrisé.

À l’inverse, dans certains villages du Cameroun, j’ai parfois l’impression d’être dans une zone où l’homme n’a jamais mis les pieds. Un territoire qui, sur le papier, appartient au pays, mais qui, en réalité, reste sous le contrôle de la forêt équatoriale.

On aime répéter, comme un slogan venu d’ailleurs, que bientôt nous serons 2 milliards en Afrique. Mais moi, je me demande : on va les mettre où ? Si même aujourd’hui, on n’a toujours pas compris l’importance stratégique de notre territoire. On ne pourra pas tous vivre dans des villes bancales, mal conçues, déjà dépassées.

Notre salut viendra aussi de la manière dont nous occupons nos terres. Et ça commence par nos campagnes.


Barberaz 🇫🇷