La vie est imprévisible. Ça, on devrait tous le savoir. Elle nous le rappelle tout le temps. Mais paradoxalement, nous avons tendance à l’oublier. Et la manifestation la plus flagrante de cet oubli, c’est la colère.
On se met en colère, la plupart du temps, parce que la vie vient une fois de plus de nous rappeler son caractère imprévisible. Et cette fois-ci, de façon physique et un peu trop personnelle.
En général, cette colère est dirigée vers les autres. Vers un tel qui nous aurait volé de l’argent. Notre fils qui aurait cassé notre téléphone. Un agent qui nous aurait manqué de respect. Un chien qui nous aurait mordu. Un copain qui nous aurait trompé. Et j’en passe !
Mais… est-ce qu’on aurait ressenti la même colère si un seul élément avait changé dans l’histoire ?
L’année dernière, Ayélé a fait tomber mon téléphone. L’écran s’est fissuré. Ah je peux te dire qu’à l’intérieur, j’étais pas bien. J’avais 7 heures de route à faire et il ne fallait surtout pas que je m’énerve. J’ai voulu être en colère contre elle, mais le stoïcien en moi m’a posé quelques questions.
Pourquoi es-tu en colère, Ronel ? Parce que ton téléphone est cassé ? Ou parce qu’un téléphone qui se casse est encore un évènement marquant pour toi ?
En réalité, un téléphone peut tomber et se casser. C’est ça même, la nature de l’appareil. Ça fait partie du contrat implicite que je signe quand je décide d’en posséder un.
Pourquoi me mettre en colère s’il se casse ? Il s’est peut-être cassé des mains d’Ayélé, mais il aurait tout autant pu se casser de mes mains. N’existe-t-il pas des moyens de se prémunir contre ce type d’incidents ? Des assurances ? Des sauvegardes automatiques ? Des fonds d’urgence ? Oui. Tous ces mécanismes existent. Alors pourquoi être en colère si j’ai accepté un contrat dont je connaissais les risques et les solutions ? Ou bien c’est contre moi que je suis en colère ?
Un téléphone qui se casse, ça, c’est normal. Mais moi, qui n’ai pas d’assurance, qui ne fais pas de sauvegardes régulières ou qui n’ai pas les moyens d’en racheter un… ça, ce n’est pas normal.
La plupart du temps, ce qui nous arrive est ce qui doit arriver. Un chien, ça mord. Un ami, ça peut trahir. La vie, elle s’arrête. Un accident, ça arrive.
Nous n’avons aucun contrôle sur les personnes et les évènements. Le seul contrôle que nous avons, c’est celui que nous exerçons sur nous. Et sur notre réaction à ce qui se passe.
Pourquoi donc se mettre en colère quand la vie suit simplement son cours ?
À moins que cette colère ne soit, en fait, la manifestation de notre propre culpabilité.
Parce qu’au fond, tout ce qui t’arrive dans la vie est de ta faute. Chaque chose que tu décides de faire vient avec ses caractéristiques propres. C’est à toi d’en comprendre les risques, d’en assumer les conséquences. C’est le grand casino de la vie. Parfois on gagne. Parfois on perd. Mais à chaque fois, c’est toi qui as choisi de jouer.
Essaie de te rappeler la dernière fois que tu t’es mis en colère. Ne penses-tu pas que tu avais plusieurs moyens d’éviter cette situation ? Ne crois-tu pas que tu devrais porter seul la responsabilité de ce qui t’est arrivé ? Bon, il ne faut pas attendre grand-chose de toi si tu es africain. Tu es sûrement capable d’en faire porter le chapeau à la grand-mère du village…
Avec ces mots bancals, je voudrais juste te rappeler qu’il est possible que tout ce qui t’arrive dans la vie soit en réalité de ta faute. Des conséquences de tes choix. Des choses que tu as faites. Ou de celles que tu as décidé de ne pas faire. Par oubli ou par ignorance.
Mais tu en es l’unique responsable.
Peut-être qu’il serait temps que tu arrêtes d’en vouloir au monde entier. Et que tu commences à voir la vie sous un nouvel angle. Celui du capitaine. Car une fois que tu auras pris la pleine responsabilité de ta vie… Tout deviendra beaucoup plus simple.
Douala 🇨🇲