Choisir le bon carburant : La clé pour un avenir africain prospère

Dans son texte Choose your fuel wisely, Seth Godin écrit :
“Si vous vous inquiétez du remboursement de votre prêt immobilier et que vous vous lancez dans un nouveau projet, ne soyez pas surpris si ce genre de peur surgit à chaque fois que vous avez du travail à faire. Si votre objectif est de donner une leçon aux sceptiques, rappelez-vous que vous devrez trouver des personnes que vous voudrez vaincre à chaque fois que vous devrez accomplir un travail important. Si vous mesurez un faux proxy, une mesure dont vous dites ne pas vous soucier, il est fort probable que vous commenciez à vous en soucier. Lorsque nous choisissons notre carburant, nous choisissons nos compagnons de route. Choisir de se soucier de ce qui importe aux autres, c’est renoncer à votre libre arbitre. Vous constaterez que le succès semble creux, car c’est leur succès, pas le vôtre. Et blâmer les faux indicateurs pour vous avoir égaré n’est pas aussi utile que de simplement les abandonner. Nous prospérons lorsque nous trouvons un objectif et un indicateur qui sont résilients et facilement reconstituables. Il s’avère que nous pouvons apporter notre contribution, encore et encore, et cela ne vieillit jamais.”

Quand je l’ai lu l’année dernière, j’ai esquissé un grand sourire. Cette réflexion reflète si bien l’une des raisons fondamentales pour lesquelles nous, Africains, avons du mal à nous développer : nous ne savons pas choisir notre “North Star”. Nous sommes perdus parce que nos motivations sont mal orientées. Nous courons après l’argent, la célébrité, ou encore le désir d’appartenir et d’imiter, au point d’avoir totalement perdu de vue ce qui est réellement important.

Le piège des fausses réussites

Au lieu de nous demander : “C’est quoi une vie réussie pour moi, en tant qu’Africain ?”, nous allumons nos téléviseurs sur Canal+ et observons ce que signifie “réussir” pour un Américain. Puis, nous nous lançons dans une quête effrénée de ce rêve importé. Et après, on s’étonne d’être malheureux. Parce que, même si tu atteins la définition américaine de la réussite, ce n’est pas ton succès à toi. C’est celui du “rêve américain”.

Je vois des personnes qui, par désir de prouver à leur entourage qu’elles ont “réussi”, abandonnent des salaires mensuels à 7 chiffres au Cameroun pour aller tout recommencer au Canada. Pourquoi ? Apparemment, la réussite, c’est pouvoir vivre en Occident.

Je vois des gens qui n’ont plus aucune intention de vivre au pays construire des immeubles ici, alors qu’ils ne pourront ni les rentabiliser ni les entretenir. Pourquoi ? Parce qu’apparemment, avoir un immeuble au pays serait un signe de réussite.

Je vois aussi des individus faire des pieds et des mains pour obtenir un passeport dont la seule véritable conséquence sera de les obliger à demander un visa pour revenir au Cameroun. Pourquoi ? Parce qu’apparemment, un passeport bordeaux est un symbole de réussite.

Comme des moutons, nous courons après des choses qui n’ont pas de sens pour nous et choisissons très mal nos carburants.

Ce qui fait tourner le monde

Dans un de mes textes précédents, je partageais une observation que j’ai faite en Occident : là-bas, les gens font les choses avec passion, avec le cœur. Ils sont rarement motivés par des mauvaises raisons, et cela se reflète dans leurs accomplissements.

Si nous voulons laisser une trace significative sur cette terre ou simplement sortir du sous-développement, il faudra que nous apprenions à fixer de vrais objectifs : des objectifs qui nous ressemblent, qui sont courageux et ambitieux. Cela commence par nos propres vies. Il est impératif d’arrêter de vivre pour prouver quelque chose à qui que ce soit. D’arrêter avec le proving!


Douala 🇨🇲