Le vote n’est pas une solution. C’est un message

J’ai beaucoup hésité avant d’écrire ce texte. Et franchement, même maintenant, à 20 heures passées, encore au bureau, je me demande s’il est judicieux de m’y attaquer. Mais bon, c’est comme s’il y avait un mauvais esprit qui ne veut vraiment pas que je le fasse. Donc je m’y colle.

Je voulais te parler des listes électorales. Plus précisément de l’inscription sur les listes électorales. J’ai un peu honte d’en parler maintenant, mais je ne pouvais pas le faire plus tôt… parce que moi-même, je n’étais pas encore inscrit.

J’ai couru après les caravanes mobiles d’inscription pendant des mois, en vain. Un coup on me dit qu’ils sont à Zachman. Quand j’y vais, ils sont déjà partis. Un autre jour, je les vois à l’entrée de l’IUT. Mais comme j’étais pressé par un rendez-vous, je me dis que je vais y aller le lendemain. Et bien sûr, le lendemain… plus rien. Une fois, j’entends qu’ils seront à l’école publique de Ndogbong à une date précise. J’y vais… ils sont déjà partis. Et le fait qu’il y avait un délai limité pour s’inscrire n’a pas arrangé les choses.

Pourquoi je courais après les caravanes mobiles à Ndogbong ? Parce que c’est là-bas que je vis, et c’est là-bas que je voulais voter. Je ne voulais pas me retrouver à traverser la ville le jour du scrutin pour aller faire compter ma voix. Trop de friction. Et sûrement fait exprès pour que seuls les plus motivés aillent voter.

J’en ai parlé à Flavien qui m’a informé qu’il y avait des centres fixes. Et celui de Douala 5e est à Bonamoussadi. Juste sur ma route pour aller au bureau.

La semaine dernière, j’y suis allé et je me suis enfin inscrit. Oui oui, je me sens comme un jeune adulte qui vient d’avoir sa première barbichette. Et en octobre, j’aurai les favoris et la moustache. Je serai un adulte complet.

Tu l’auras compris : c’est la première fois de ma vie que je m’inscris sur les listes électorales. Et ce sera la première fois que je vais voter. À mon vieil âge. Mais bon, mieux vaut tard que jamais.

Puisqu’on en parle, je ne sais vraiment pas encore pour qui je vais voter en octobre.
D’ailleurs, je ne pense pas que tous les candidats se soient encore prononcés. Et pour être honnête, si je devais suivre le système que j’ai imaginé il y a quelques mois, je mettrais Eto’o et Flavien sur ma liste.

Ce sont les deux personnes que je connais qui, selon moi, ont un amour profond pour ce pays et qui se démarquent dans leurs actions. Il en existe sûrement des milliers d’autres, mais je ne les connais pas. Quant aux candidats de la précédente élection, je leur reproche à tous au moins une chose grave, donc difficile de leur redonner ma confiance.

Mais bon, s’il faut choisir entre la peste et le choléra, je ferai mon devoir de citoyen. Je mettrai mon bulletin dans l’urne.

En vérité, même si tu penses que les élections seront truquées, je t’invite quand même à faire ce geste. Parce qu’au-delà du résultat final, ce geste envoie un message :

  • Un message aux candidats.
  • Un message à la nation.
  • Un message au monde entier.
  • Et surtout, un message à toi-même, comme quoi tu es capable d’agir.

Mais je vais être honnête : je ne crois pas vraiment aux élections en Afrique. Parce que j’ai l’impression que beaucoup trop d’entre nous attendent un homme providentiel pour changer leur situation. Beaucoup pensent que les dirigeants sont la source exclusive de nos problèmes, et ne lèvent plus le petit doigt pour faire avancer les choses eux-mêmes.

C’est bien d’avoir un leader. Mais ça n’annule pas ta propre capacité d’agir.

J’aimerais tellement qu’on fasse fi des leaders et qu’on se retrousse les manches, chacun à son niveau. Qu’on avance, qu’on redresse ce pays. Et c’est pour cette raison que je me fous un peu de qui gagnera les prochaines élections. Il sera mon président, c’est ce que je sais. Et je travaillerai avec lui, comme je peux, pour faire avancer la cause de mon pays, le Cameroun.

Parce que ce pays, qu’on le veuille ou non, nous survivra tous. Nous serons tous morts, et le Cameroun existera encore (enfin… s’il n’a pas été entièrement vidé au profit du Canada d’ici là).

Mais pour l’instant, l’heure est aux inscriptions. Si, comme moi, tu galères à trouver les caravanes mobiles, sache qu’il existe un centre permanent dans chaque arrondissement du pays. Et il y a un jeune (je ne connais pas son nom) qui a lancé une association pour t’accompagner dans ce processus. Il suffit d’enregistrer leur numéro : +237 698 36 45 32. Ensuite, tu les cherches sur WhatsApp. Ils ont un compte WhatsApp Business. Dans le catalogue, tu trouveras la liste complète des centres d’inscription permanents, par région.

Et si tu es à l’étranger, avec ton passeport Ndolè encore valide, Google te dira dans quelle ambassade ou consulat t’inscrire.

Rappelle-toi : le plus important, ce n’est pas le gagnant. C’est d’agir. De voter. D’envoyer un message.

PS : Normalement, si nos gars de la diaspora étaient sérieux, l’un d’eux aurait déjà repris cette base de données WhatsApp, créé une base interactive et mis en ligne un mini-site. Un truc simple : tu te géolocalises, ou tu réponds à trois questions (région, département, arrondissement), et on te montre le centre d’inscription le plus proche. Mais bon… ils savent seulement dire qu’ils sont informaticiens avec la bouche.


Douala 🇨🇲