Quand les mots et les actions se heurtent : Une réflexion sur l'incohérence humaine

"Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.”
C’est un extrait du passage de la déclaration d’indépendance des États-Unis rédigé principalement par Thomas Jefferson et approuvé le 4 juillet 1776. Il y a presque 250 ans aujourd’hui.

Pendant que le Congrès américain votait leur indépendance de la Grande-Bretagne en pleine guerre d’indépendance et qu’il ratifiait ce texte, presque tous ses membres possédaient des esclaves noirs. Si tu ne vois pas l’incongruité, je te laisse aller relire le passage. Ou bien, peut-être que c’est mieux que je le mette dans sa version originale en anglais.
"We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness.”

Ils réclamaient leur liberté, estimant qu’ils étaient les égaux des Anglais devant le Créateur. Entre-temps, les Noirs… Bref!

Mais bon, il y avait certainement déjà quelques-uns parmi eux qui voyaient des incohérences dans ce texte, puisque 85 ans plus tard, en 1860, l’élection à la présidence d’Abraham Lincoln (un vrai héros), anti-esclavagiste, a déclenché la guerre de Sécession dont l’esclavage était la cause fondamentale. Le pays qui venait de se battre moins d’un siècle plus tôt pour réclamer sa liberté se battait parce qu’une partie de sa population ne voulait pas rendre sa liberté à une catégorie de citoyens.

Tu pourrais te dire qu’ils avaient enfin compris leur leçon. Mais non, une autre catégorie de personnes a ouvertement été marginalisée jusqu’en 1969 avec les émeutes de Stonewall à New York, date à laquelle la communauté LGBTQ a décidé que trop c’était trop. Qu’eux aussi avaient été dotés par le Créateur de droits inaliénables, dont la recherche du bonheur.

J’ai pris l’exemple des Etats-Unis, mais en réalité, c’est l’histoire du Monde. On passe notre temps à réclamer aux plus forts ce que nous n’arrivons pas à offrir aux plus faibles que nous. On dit des choses sans en comprendre la profondeur. On agit sans réfléchir. On se plaint des injustices du passé pendant que nous faisons les mêmes erreurs à notre époque. On fuit son pays en se plaignant que la génération précédente ne nous a pas facilité la tâche, oubliant que c’est à nous de faciliter la tâche à la suivante.

Et si nous avions tout autant tort? Et si, comme les pères de l’indépendance américaine, nous n’arrivions pas à voir l’incohérence dans nos actes? Et si, comme l’Union, nous n’allions pas plus loin dans notre réflexion? Et si priver son pays de la ressource que le Créateur lui avait apportée en notre personne était le geste de trahison ultime?

Bref…


Douala 🇨🇲 

Claude, l'Alternative à ChatGPT

Je me rends compte qu’il y a de plus en plus de personnes qui écoutent mes conseils et essaient de se familiariser un peu plus avec l’IA, notamment avec ChatGPT. Comme quoi, je ne prêche pas complètement dans le désert.

Aujourd’hui, j’aimerais te parler d’un autre concurrent de ChatGPT. Il s’agit de Claude. C’est une IA dans le même genre que ChatGPT, mais je ne vais pas trop entrer dans les détails techniques.

Claude est l’IA d’Anthropic, une startup américaine fondée par d’anciens employés d’OpenAI, la même entreprise qui a créé ChatGPT. Ces experts n’étaient pas d’accord avec la direction que Sam Altman (PDG d’OpenAI) et l’entreprise prenaient, alors ils ont décidé de créer leur propre IA. Et crois-moi, ce sont des pointures dans le domaine.

Si je t’en parle aujourd’hui, c’est pour quelques raisons :

  1. Une alternative utile : La première raison est de te donner une alternative pour poser tes questions les jours où tu auras atteint ton quota sur ChatGPT. Je ne vais pas aller jusqu’à espérer que tu prennes un abonnement payant, on se connait.
  2. Découvrir le paysage de l’IA : La deuxième raison est de continuer à te faire découvrir le paysage de l’Intelligence artificielle. Je refuse de faire comme tous mes amis informaticiens qui ne le sont que pour le salaire. Si je ne peux pas susciter quelques passions, éveiller quelques consciences, je sers donc à quoi ?
  3. Un fait insolite : La troisième raison, et pas des moindres, est un événement récent. Un des cofondateurs d’OpenAI a quitté l’entreprise pour aller rejoindre Anthropic. Quand le cofondateur de l’une des plus grosses startups du monde quitte pour aller travailler chez un petit concurrent, il faut se poser des questions. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit ce genre de mouvement.

Peut-être que ChatGPT ne réussira finalement pas à dominer l’IA comme Google l’a fait avec les moteurs de recherche. Et ce n’est pas plus mal. Tous ces gros monopoles n’ont pas toujours été bénéfiques en termes d’innovation et de pouvoir d’achat. Si nous avons le pouvoir d’empêcher que cela n’arrive encore une fois, ne nous privons pas. Je t’invite donc, comme moi, à commencer à répartir tes recherches entre ChatGPT, Claude, et Meta AI en attendant.

Cela fait quelques mois déjà que j’utilise Claude et je le trouve assez pertinent. Tout aussi pertinent que ChatGPT. À vrai dire, c’est vers lui que je me tourne dorénavant quand je veux poser une question rapide, comme si je discutais avec mon pote le plus intelligent. Je trouve que dans ses réponses, il en fait toujours un peu plus. Le fameux extra-mile auquel je n’aurais pas forcément pensé.

Il est disponible sur Claude.ai et sur les différents stores.


Douala 🇨🇲 

Le Respect et la Loyauté : Une Leçon à Tirer de l'Affaire Joel Embiid

Hier, je t’ai parlé de l’affaire Jojo, ce gars qui pourrait bien demander la nationalité brésilienne s’il se convertit au foot après sa carrière de basket. Après tout, pourquoi miser sur les USA pour gagner la Coupe du Monde si tu peux être brésilien et jouer pour La Seleção ?

Ce que je ne t’ai pas dit, c’est l’accueil que Joël a reçu en France. Dès son arrivée, le comité d’accueil était là pour le siffler correctement. C’était à base de “Rends ton passeport Joël”. Et à tous les matchs de la Team USA, il prenait cher, avec des huées et des sifflets à gogo.

Bon, le gars s’en foutait un peu. Ce n’est pas à une professionnelle du Moulin Rouge qu’on va demander d’avoir honte. Être sans vergogne fait partie du métier. Et il faut croire qu’à ce jeu, Jojo est aussi bon qu’il ne l’est au basket.

Mais comme je disais hier, ici il ne s’agit pas du genre de sifflets qu’ont pu recevoir certains joueurs de foot qui ont signé plus tard chez l’ennemi juré. On parle ici d’un gars qui a écrit un courrier à un président de la République pour qu’on lui donne une partie du trésor national de tout un peuple, de plus de 60 millions de personnes. On parle d’un gars qui croit bêtement que parce qu’il a le passeport américain, il peut se foutre de la gueule de toute la France. Un gars qui ne lit certainement pas les livres de Robert Greene.

Ce week-end encore, je suis tombé sur une scène d’un dessin animé. Le fils d’une méchante a trahi sa mère au profit de son concurrent, le parrain de la mafia locale. Et quand la mère s’en est rendu compte, le fils est allé demander de l’aide au parrain de la mafia. Et ce dernier lui a dit qu’il ne pensait pas sérieusement qu’il allait prendre dans ses rangs une personne qui a trahi sa propre mère. Mince, c’est comme si c’est moi qui avais écrit cette partie du dessin animé, tellement j’ai passé mon temps à le répéter autour de moi depuis des années.

Quand je vois certaines personnes qui pensent que la confiance ou la protection se gagne en trahissant son camp pour avoir les faveurs de l’autre, je me demande toujours ce qui leur passe par la tête. Le respect se gagne. Les gens ne respectent que les personnes d’honneur. Les gens respectent plus les personnes d’honneur du camp adverse que les putes de leurs propres camps. Et ce n’est même pas quelque chose qu’on a besoin d’apprendre dans un livre. Il suffit juste de te poser la question à toi-même : "Pour qui est-ce que j’ai plus de respect, pour mon adversaire ou pour celui qui me vend ses secrets depuis son camp ?" Pose-toi juste la question et tu verras.

Il y a quelques mois déjà, j’ai fait un texte où j’expliquais que les gens qui se faisaient le plus arnaquer étaient en gros ceux qui avaient les gros yeux et se croyaient plus malins que les autres. Les gens qui ne veulent pas payer le juste prix de ce qu’ils désirent. Les gens qui pensent qu’ils pourront développer l’Afrique depuis l’étranger quoi. Pourquoi travailler dur si on peut éviter de travailler et espérer avoir ce qu’on veut?

Avant d’essayer de rouler dans la farine un pays qui a réussi à coloniser des dizaines d’autres, qui a la bombe nucléaire, qui a ses territoires sur tous les continents et tous les océans de la Terre, réfléchis par deux fois. On n’arrive pas là en étant dupe. Ça demande beaucoup de matière grise. Mais bon, comme disait Descartes, "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont."

Les plus stupides, ceux qui pensent qu’ils sont en train de bénéficier de ceux que les autres ont construit, ceux qui pensent qu’ils sont en train de tromper des peuples qui font des stratégies de guerre depuis plus de 2000 ans, ceux qui pensent qu’on ne les voit pas venir dans la Méditerranée alors qu’on est capable de distinguer la forme d’un caillou sur la Lune, ceux qui font croire qu’ils ont seize ans pour avoir le refuge en tant que mineur alors que leurs enfants au pays ont déjà dix ans, ceux qui changent de passeport plus vite qu’une prostituée ne change de partenaire un soir de carnaval, ceux qui avaient juré que si on leur donnait la nationalité française ils seraient reconnaissants toute leur vie, ces mêmes gens qui avaient confié leur dossier de nationalité à leurs dieux et qui aujourd’hui cherchent les nationalités canadienne, suisse ou américaine, sont en fait les vrais dindons de la farce. Au lieu de se demander qu’est-ce qu’un bout de fromage fait sur un morceau de bois bizarre par terre au milieu de la cuisine et non au frigo, comme la souris, ils se disent : “Les gens là sont bêtes hein, ils ont laissé un bout de fromage par terre sans surveillance. Je vais manger ça et ils n’auront que leurs yeux pour pleurer.” Quoique même les souris ne tombent plus dans ce genre de piège.


Douala 🇨🇲 

La Question de la Loyauté et des Choix : L’Affaire Joel Embiid

Je ne sais même pas comment je vais commencer ce texte. Je vais seulement donner 2-3 faits, et chacun va se faire son idée. Parce que quand je parle souvent, on dit que j’exagère.

Il s’agit de Joel Embiid ! Un gars qui est né au Cameroun et qui aurait été détecté par un ancien basketteur camerounais de NBA. Il a rejoint les USA et, plus tard, la NBA à son tour. Comme la plupart des Camerounais vivant en Occident, il s’est empressé de prendre la nationalité américaine.

Sauf que le basket aux USA, ce n’est pas le foot en Europe. Pour faire partie de l’équipe nationale, il faut se lever tôt le matin. Voyant les JO 2024 approcher, Joël écrit un courrier au président français Emmanuel Macron pour demander la nationalité française. Son argument ? Bien que n’ayant jamais résidé en France, il dit avoir de la famille qui y vit. Et dans son courrier, il jure ne pouvoir jouer pour aucune équipe nationale à part celle de France.

Joel obtient sa nationalité. Un document (ou diplôme) que j’ai vu des amis renier leurs propres enfants pour avoir. Ça fait un peu de bruit en France, car certains basketteurs voient une place qui vient d’être menacée en équipe nationale. Et qui plus est par une personne qui n’a rien à voir avec la France. Mais bon, petit Jojo est tranquille, il a son ticket pour les JO.

Sauf que la même année, Joel obtient le titre de MVP (meilleur joueur) de NBA. Et il commence à intéresser l’équipe nationale américaine dont il a aussi la nationalité. L’année suivante, à la veille des JO, la Team USA annonce l’arrivée d’un nouveau joueur dans son effectif : il s’agit de Jojo. Je ne te dis pas comment toute une nation l’a senti passer. La pauvre France !

Joel était effectivement aux JO 2024 avec la Team USA, et il a gagné sa médaille d’or devant l’équipe de France, histoire d’enfoncer le clou (ou autre chose).

La plupart des gens me diront, "Ah, il a bien joué son coup. Chacun devrait défendre ses intérêts. Il ne serait même pas allé aux JO s’il avait joué pour l’équipe du Cameroun. Et il n’aurait pas eu la médaille d’or s’il avait joué pour la France." Sauf que les gens sont tellement stupides qu’ils pensent qu’un affront comme celui-là peut rester impuni. Que certains actes n’ont pas de conséquences. Le pire, c’est que ce sont les personnes qui sont en train de le défendre aujourd’hui qui paieront les pots cassés de son acte demain.

J’aime à dire que les Camerounais (surtout ceux de la diaspora) sont très envieux et égoïstes. Qu’ils ne pensent qu’à leurs petites gueules, et que c’est l’une des raisons principales pour lesquelles nous n’arrivons pas à nous développer malgré tous nos talents. Joel ne pouvait pas me donner une meilleure illustration pour mon propos.

Même les putes ont un peu plus de respect que ça !


Douala 🇨🇲 

Note de lecture : A Technique for Producing Ideas

A Technique for Producing Ideas
James Webb Young

A. Contexte
La semaine passée, j’étais dans une de mes recherches après une lecture et je suis tombé sur une liste de livres dont ce livre de James Webb Young. Comme à mon habitude je suis allé regarder sur Amazon et je me suis rendu compte que c’était un tout petit livre, moins de 50 pages. J’ai fait quelques recherches dessus et là quelle ne fut pas ma surprise de me rendre compte que c’était un livre assez connu dans le milieu et qu’il avait été commenté par plusieurs personnes dont j’admire le travail. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre de l’acheter.
Quand un livre a passé le test du temps, et qu’il est toujours autant cité près de 100 ans après sa parution, c’est qu’il doit envoyer du lourd. Et ce petit livre ne déroge pas à la règle. Il se lit en un peu plus d’une heure et est tellement concis que tu te demandes pourquoi certains livres font plus de 100 pages.
J’ai beaucoup aimé le lire, surtout qu’il m’a rappelé tout un tas de choses que je faisais déjà inconsciemment. Il traite de comment avoir des idées, un problème que nous rencontrons tous d’une façon ou d’une autre dans notre vie. Un problème qui peut se résoudre avec une méthode très simple.

B. Leçons
En plus des 5 étapes pour produire des idées que l’auteur nous enseigne dans cet ouvrage, je retiens les leçons suivantes:

  1. Selon l’économiste italien Vilfredo Pareto, il existe 2 types e personnes, le spéculateur et le rentier. Tu fais partie du premier type si tu es constamment à la recherche de nouvelles idées. Si tu es un rentier, je ne sais même pas ce que tu fais encore sur cette note de lecture.
  2. En apprentissage les choses importantes à apprendre sont, en premier les principes et en second la méthode.
  3. Une idée n’est rien de plus ou moins qu’une nouvelle combinaison de vieux éléments. Comme j’aime à le penser, une idée c’est le fruit du mariage entre les différentes informations présentes dans ton cerveau.
  4. La capacité de faire de nouvelles combinaisons avec de vieux éléments dépend largement de l’aptitude à voir les relations.
  5. L’habitude de l’esprit qui tend à chercher des relations entre des faits est d’une grande importance dans la production d’idées.
  6. Les 5 étapes de la production d’idées:
    1. Recueillir les matières premières. À la fois des données relatives au problème immédiat et les idées provenant de ton enrichissement intellectuel constant (la partie où la plupart meurent faute de culture).
    2. Mastiquer ces matières dans ton esprit.
    3. La phase d’incubation - Oublier le sujet, laisser le subconscient faire son travail.
    4. La naissance de l’idée, le moment Eureka.
    5. La mise en forme finale et le développement de cette idée jusqu'à son utilité pratique.

Mais la chose la plus importante et à retenir ici est qu’il faut constamment être en train d’enrichir son expérience et ses connaissances pour pouvoir être capable de générer des idées. Car si les idées naissent de la fusion de vieux éléments, plus d’éléments tu auras dans ton catalogue plus grande sera ta capacité à générer des idées. Ce n’est pas un hasard si les personnes les plus créatives sont aussi des personnes avec les bibliothèques les plus grandes et les plus variées en terme de type de contenu.

C. Actions
S’il y a une action que j’ai décidé de prendre c’est de continuer de faire grandir ma bibliothèque. Au dernier inventaire ce weekend j’ai compté un peu plus de 250 livres physiques dans ma bibliothèque. Plus d’une centaine de livres audio et le double de des 2 catégories en ebook. Il va falloir accélérer le rythme d’acquisition et de lecture. Et surtout diversifier encore plus mes lectures pour encore plus de nouvelles combinaisons.

D. Idées
Je n’ai pas eu d’idée particulière pendant cette lecture.

E. Recommendation
Dans le livre l’auteur a mentionné le livre d’un économiste et sociologue américain, mon genre de personne, Thorstein Veblen. Un livre qui traite des comportements des riches et de leur influence sur les normes et valeurs de toute la société. Il s’agit de “Theory of The Leisure Class” et il me tarde de lire.

F. Note
Ce livre fait franchement partie de la catégorie “en avoir pour son argent”. Non seulement il ne coûte presque rien à l’achat, mais il ne coûte tout aussi rien au temps consacré à sa lecture. Mais en terme de retour sur investissement, il vaut son pesant d’or. À relire au moins une fois par an.
Je lui donne la note de 5/5


Douala 🇨🇲

Réussir en Occident ou Échouer au Cameroun ?

Hier encore, Flavien me parlait d’un des jeunes qui aurait envoyé une question pour l’épisode précédent de YesWeKam. Il lui aurait dit à propos de moi, je cite : “Grand, on peut me dire tout ce qu’on veut, mais Ronel a sûrement dû échouer en Europe pour revenir au Cameroun.”

C’est vrai que sur le coup, ça m’a fait un choc. Et pourtant, je devrais déjà être habitué. Ce n’est pas la première fois que je l’entends, et je sais qu’un nombre incalculable de personnes le pensent aussi. Ils n’ont juste pas les couilles de me le dire en face. Mais bon, il faut que je commence vraiment à m’y faire et laisser couler.

J’avais déjà fait un texte où je parlais du sujet et dans lequel j’indiquais que j’avais réussi ma vie. Je ne reviendrai pas dessus. Du moins, pas aujourd’hui. Je réserve la plupart des détails pour mon livre. Pour ceux qui savent lire. Parce qu’on se connaît. Pour ouvrir nos grandes gueules comme des toilettes turques, nous sommes des champions, mais quand il s’agit d’ouvrir un livre, nous répondons aux abonnés absents.

Aujourd’hui, je vais juste te laisser aller regarder le nouvel épisode de YesWeKam. Il s’agit de notre toute première interview. Nous avons reçu le Dr Inès Ngassam, enseignante à l’université de Buea. Elle pourra t’expliquer comment elle aussi a "raté sa vie" en Occident. En obtenant un doctorat en Génie des matériaux en France. En travaillant en France, en Afrique du Sud et en Allemagne. Et en laissant tout tomber pour venir enseigner à Buea au Cameroun.


Douala 🇨🇲 

Les Métadonnées de la Communication

Hier encore, je lisais une superbe phrase de James Clear : “La communication concerne ce qui est reçu, pas ce qui est prévu. S'il y a un écart entre ce que vous dites et ce qu'ils entendent, vous devez trouver une nouvelle façon de le dire.”

Ça m’a rappelé une discussion que j’ai eue avec un ami la semaine dernière. Il s’agissait de cette manie qu'ont les gens maintenant de communiquer avec deux ou trois mots, pas plus. Tu fais un message à quelqu’un ou tu lui expliques quelque chose en essayant d’être le plus clair possible, en anticipant les ambiguïtés, et sa réponse est tellement ambiguë que tu te demandes si tu n’es pas en train de le déranger par hasard.

Je vois ça partout de nos jours. Tu envoies une information ou quelque chose à quelqu’un, et il ne te dit même pas s’il l’a bien reçue ou non. Plus personne ne fait de rapports par rapport aux missions qui leur ont été confiées. Tu expliques un problème avec toutes ses ramifications, et tu reçois un “OK” en retour.

C’est quelque chose que je n’arrivais vraiment pas à comprendre au début, surtout que ça m’arrivait avec des proches, des personnes pour qui j’avais beaucoup d’estime et à qui je consacrais une bonne partie de mon très précieux temps. À un moment, je suis tombé dans la réflexion facile et je me suis dit que je n’étais juste pas assez important pour ces personnes et qu’elles souhaitaient couper court et se débarrasser de moi. En même temps, je ne pense pas que si Elon Musk ou même Samuel Eto’o leur fait un message de cinq lignes, ils vont répondre avec un vague “OK”. Mais je me suis rappelé du Rasoir de Hanlon.

"Ne jamais attribuer à la malveillance ce qui peut s'expliquer par la bêtise.” C’est la maxime du rasoir de Hanlon. En fait, la plupart des gens qui communiquent de cette façon, aussi vague, ne le font pas toujours exprès. C’est juste de la pure bêtise. Ils ne comprennent pas ce qu’est vraiment la communication comme la décrit James Clear. Ils ne savent pas que ce qui compte, ce n’est pas ce que tu dis, mais ce que l’autre entend. Et dans une bonne communication, c’est à toi de t’arranger pour que ce que tu dis soit en phase avec ce que l’autre entend. Et dans ce que l’autre reçoit de ta communication, il n’y a pas que ce que tu dis, il y a aussi comment tu le dis et tout un autre tas de choses qu’on appelle des métadonnées.

Les métadonnées sont toutes les données qui fournissent des informations sur d’autres données. Elles décrivent les caractéristiques, le contenu, la qualité, la condition et d’autres propriétés des données. Quand tu prends une photo avec ton téléphone, par exemple, la photo est la donnée principale. Mais en plus de la photo, il y a la date et l’heure de la prise, les réglages de l’appareil, le type de fichier, la taille du fichier et souvent même la localisation GPS. Quand tu envoies cette photo par numérique, la plupart du temps, tu l’envoies avec toutes ces données.

Les métadonnées sont très importantes dans toute communication, car elles sont les plus difficiles à manipuler. Et avant que les êtres humains n’apprennent à communiquer en parole et en écrit, nous savions déjà lire les métadonnées. C’est cette capacité qui te permet de reconnaître dans la forêt si un animal est dangereux et prêt à attaquer ou pas, sans qu’il n’ait dit un mot. Sa posture, sa physionomie, son apparence sont autant de métadonnées qui te permettent de tirer une conclusion.

C’est cette capacité que les politiciens exploitent dans nos cerveaux pour nous convaincre de voter pour eux, même quand nous savons pertinemment qu’ils n’ont rien fait de ce qui était écrit dans leur précédent programme de campagne. Ils ont juste à envoyer les métadonnées qu’il faut à nos cerveaux pour nous convaincre.

Donc, quand tu communiques avec quelqu’un, surtout par écrit, il faut faire très attention aux métadonnées que tu envoies. Car que tu le veuilles ou non, tu enverras des métadonnées. Et dans un monde où nous sommes de plus en plus sceptiques de ce que les gens nous disent, les métadonnées jouent un plus grand rôle dans la réception des messages que nous envoyons.

C’est certainement la raison pour laquelle à l’école, on nous a appris à bien écrire, à bien former les lettres, à respecter les ponctuations et les différents styles en fonction de nos interlocuteurs. Ce sont des données qui donneront un sens ou non à ton message principal.

Si je te fais un message assez précis avec des points clairs pour que tu comprennes bien de quoi je parle, et que ta réponse est assez vague, tu m’as envoyé une métadonnée. Celle que soit je te fais chier avec mon message, soit tu n’es pas assez intelligent pour comprendre l’importance des métadonnées. Et dans les deux cas, ce n’est pas très malin de ta part. Mais bon, il ne faut jamais sous-estimer la bêtise humaine. 

Comme disait Einstein, "Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.”


Douala 🇨🇲 

Le Capitaine de ton Âme

Où que tu sois, quelle que soit la situation dans laquelle tu es, j’aimerais que tu saches que tout n’est pas perdu. Il te reste ton esprit, ta volonté, la dernière frontière. La seule chose que personne ne viendra jamais te prendre. La seule que personne ne pourra jamais emprisonner ou embrigader.

Avec ton esprit, j’aimerais que tu continues le combat, que tu résistes, que tu entretiennes la chaîne de l’espoir. Exactement comme l’a fait Nelson Mandela pendant ses 27 années de captivité.

Comme Nelson Mandela le faisait à ses compagnons de cellule à Robben Island, j’aimerais te réciter ce célèbre poème de William Ernest Henley, Invictus.

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce à Dieu quel qu’il soit,
Pour mon âme invincible et fière.

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Sous les coups du hasard,
Ma tête saigne mais reste droite.

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et bien que les années menacent,
Je suis et je resterai sans peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

Sois le capitaine de ton âme et résiste. Résiste à cette envie d’abandonner, résiste à faire le mal, résiste à te défiler devant la difficulté. Reste droit!


Douala 🇨🇲 

Réflexions sous une Coupure de Courant

J’avais prévu de parler de tout autre chose aujourd’hui. Mais bon, on ne va pas trop prendre de risques. Je fais mon petit texte et je poste vite avant que ma batterie ne me lâche.

Tu l’auras compris, Eneo a encore fait fort. Mais bon, je pense que c’est plus une panne qu’autre chose. En sortant ce matin, j’ai pu constater qu’ils avaient des équipes sur le terrain en train de faire des travaux sur un poteau de notre ligne. Et bizarrement, je n’ai pas fait le lien avec le courant qui avait été coupé à la maison avant que je ne sorte.

D’ailleurs, je suis assez content de la façon dont j’ai réagi après la coupure de ce matin. Comme si de rien n’était, j’ai fait le switch de mon moniteur à l’écran de mon ordinateur, j’ai activé le partage de connexion depuis mon téléphone et j’ai continué mon travail comme si de rien n’était. On sent que le métier entre.

Je sais que certains coincés de la diaspora diront que nous sommes pathétiques et que nous nous habituons à tout en Afrique, même à ce qui n’est pas normal. Comme si c’étaient eux qui avaient mis l’électricité en Occident.

J’ai appris à ne plus me plaindre. Surtout depuis que je constate que nous ne sommes pas capables de fabriquer la moindre des choses ici. Donc si Eneo me donne le courant, je prends; s’ils ne me donnent pas, je la ferme et j’attends. Et quand je serais trop fâché, j’irais construire ma centrale ou quoique ce soit pour avoir de l’énergie que j’estime si facile à produire.

En attendant, j’essaie d’apprendre de chaque petite leçon. Et je peux te dire qu’en rentrant ce soir, quand je me suis rendu compte que le courant n’était pas encore revenu, j’ai eu franchement peur pour mon texte du jour. Je me demandais comment j’allais le faire si ma batterie était complètement à plat. Et là, je comprends tout le sens de l’expression de Brian Tracy, “Eat your frogs first thing in the morning”. En gros, de commencer sa journée par les tâches les plus difficiles et les plus importantes. On ne sait jamais ce que le reste de la journée nous réserve.

Et jusqu’à cet instant précis, l’idée de dormir sans courant, donc dans la chaleur, ne me passe pas encore dans la tête. Tout ce qui m’importe pour le moment, c’est de finir ce texte et de le publier.

Le manque à gagner sera assez important ce soir à cause du défaut de lumière. Et ce, dans plusieurs secteurs d’activité. Comme c’est le cas chaque jour, dans plusieurs zones du pays pas assez desservies en énergie. Entre temps, des milliers de Camerounais se baladent en Occident en criant sous tous les toits qu’ils sont des ingénieurs en énergie. Pour moi, ce sont les vrais coupables. Tu me diras qu’est-ce qu’ils auraient pu faire. Et je te dirais la même chose que leurs alter-ego ont fait là-bas. Je ne pense pas que ce soit l’ange Gabriel qui l’a fait ailleurs.

Bref, je dois encore poster le texte. Il ne faut pas que ma batterie me lâche entre temps. Je file!


Douala 🇨🇲 

La Véritable Assurance : Une Allocation Efficace des Ressources

Comme je l’expliquais hier, l’allocation des ressources est une question à laquelle je réfléchis énormément depuis des années. Il y a tellement d’exemples qui, selon moi, montrent à quel point nous avons du mal avec cette notion. Prenons le cas de l’épargne.

Dans le concept, l’épargne est une bonne chose. C’est une assurance pour les mauvais jours. Et ce n’est pas moi qui viendra dire qu’avoir une assurance c’est mal. Non, avoir une assurance contre les imprévus c’est une chose que chacun de nous devrait mettre en place.

Mais toutes les assurances ne se valent pas. Pour certaines personnes, avoir un CDI (contrat à durée indéterminée) ou un peu d’argent de côté est une assurance en cas de crise. Le problème c’est qu’un CDI ne te protègera pas si ton entreprise fait faillite. Et au cas où tu ne le saurais pas, l’espérance de vie d’une entreprise est comprise entre 10 et 15 ans. Et entre 40 et 50 ans pour les grandes entreprises. Donc en règle générale, tu vivras plus longtemps que l’entreprise dans laquelle tu as un CDI.

Avoir un peu d’argent de côté c’est bien, mais c’est sans compter sur l’inflation qui va se charger de faire perdre de la valeur à ton argent avec le temps. La meilleure assurance pour les temps de crise est d’avoir des aptitudes intemporelles. Des aptitudes qui te permettront de survivre pendant ces turbulences et qui ont réussi le test du temps. Il s’agit de choses aussi simples que pouvoir vivre sur un repas par jour, voire moins. Avoir des compétences de vente. Maîtriser l’art de l’apprentissage pour pouvoir apprendre rapidement n’importe quoi ou encore pouvoir se passer du regard des autres. Cette dernière aptitude te permettra de retourner vivre chez tes parents, de pouvoir t’inscrire à un cours pour les futurs métiers ou même de faire un petit métier en attendant de trouver mieux.

Ces petites choses, selon moi, sont des assurances plus efficaces que de l’argent ou un CDI. Mais je sais que tu me diras "et qu’est-ce qui se passe si je suis malade ?". Si tu es sérieux sur la question d’assurance, tu fais certainement tout ce qu’il faut pour être en bonne santé. On parle ici d’alimentation, d’activité physique, d’hygiène de sommeil, de gestion de stress et tout ce qui va avec. Et au cas où tu dirais, "je peux faire tout ça et avoir quand même la malchance", je te dirais que ce n’est pas avec tes maigres économies que tu pourras soigner une maladie très grave, type cancer. Donc ça revient au même.

Le problème avec ce type d’assurance est qu’elle nous déresponsabilise profondément, remet notre sort entre les mains d’autres personnes et enrichit ceux qui comprennent la notion de “Float”. Notion très importante dans l’allocation de ressources.

Je pense qu’au lieu de chercher à épargner, nous Africains devrions plutôt nous concentrer à nous améliorer afin de devenir le genre de personnes qui peuvent résister à tout type de choc. Pourquoi mettre 1.000.000 FCFA dans un compte épargne si tu peux l’utiliser pour une formation qui ferait de toi quelqu’un de plus performant et plus résistant aux chocs de la vie? Pourquoi mettre de l’argent de côté au détriment des expériences que tu pourrais vivre avec tes enfants pendant qu’ils sont encore dans leur enfance ?

Je sais que c’est un sujet assez controversé car partout on te dira d’épargner. Mais ce qu’on ne te dit pas c’est à partir de quand il faut épargner et surtout contre quoi ton épargne ne doit jamais faire le poids. Pour certaines personnes, il est juste évident qu’il n’est pas question d’épargne s’ils n’arrivent déjà pas à manger. Le problème c’est que beaucoup de personnes ne savent pas que l’épargne ne doit pas non plus entraver ton potentiel de croissance. Et souvent pour grandir, il faut prendre des risques.

J’ai grandi dans un quartier pauvre où la plupart des habitants étaient propriétaires de leurs maisons. En discutant avec eux, je me suis rendu compte que presque tous étaient de gros bosseurs quand ils étaient jeunes. Et dès qu’ils ont eu leurs premières grosses sommes d’argent, ils se sont tous précipités pour acheter un terrain et construire leur maison. Dans leurs esprits, être propriétaire était l’assurance ultime dans la vie. Ce que j’ai constaté c’est que ces personnes ont préféré allouer leurs premiers gros revenus sur l’assurance au lieu d’essayer de l’investir pour en avoir plus. Ils auraient peut-être tout perdu mais certains auraient certainement gagné beaucoup plus. Peut-être c’est ce qui s’est passé avec les habitants des quartiers huppés. Va savoir!

Ils ont suivi les sirènes de l’assurance et ont construit leurs maisons pour ne pas avoir à payer de loyers en cas de coup dur. Mais cette assurance qui était censée les protéger est, je crois, la cause de leur pauvreté aujourd’hui. Pourquoi auraient-ils cherché à gagner plus, à être plus résistants aux crises s’ils n’auraient plus de loyers à payer jusqu’à leur mort? L’assurance en poche, ils se sont ramollis et n’ont plus fait aucun effort pour aller de l’avant. Leurs compères qui, par contre, savaient qu’ils avaient un loyer à payer ont continué à s’améliorer afin d’être toujours d’actualité. Ils ont continué à chercher encore plus d’opportunités car chaque mois ils avaient un loyer à payer. Et c’est cette catégorie de personnes qui finit par devenir des millionnaires. Cette catégorie de personnes qui a compris qu’aucune assurance externe ne pourra les protéger mieux que la carapace qu’ils vont se construire afin de pouvoir résister à tous les chocs.

Elon Musk, après avoir vendu PayPal, s’est retrouvé avec plus d’une centaine de millions de dollars en poche. S’il avait suivi les voies conventionnelles, il aurait tout mis dans un compte épargne et se serait retiré sur une plage paradisiaque à siroter du champagne jusqu’à la fin de ses jours. Mais il ne serait jamais devenu milliardaire. Ce qu’il a fait, c’est qu’il a divisé son argent en trois parties et l’a complètement investi dans trois nouveaux projets. Et une dizaine d’années plus tard, il était l’homme le plus riche du monde.

C’est le biais du survivant, je sais. Mais à l’inverse, je pourrais te dire qu’on n’a jamais vu personne devenir milliardaire en ayant épargné tranquillement. Par contre, des histoires des personnes qui ont perdu toutes leurs économies parce qu’ils avaient fait confiance en un fonds de retraite ou même une banque sont légion. Ma maman peut t’en dire un tas sur le sujet.

La bonne allocation de ressources est une chose qu’il faut apprendre à faire. C’est ce que tu essaies de faire quand tu mets sur pied un emploi du temps. Tu essaies d’allouer efficacement ta ressource la plus précieuse, ton temps. Mais tu ne devrais pas t’arrêter là. Tu devrais y penser chaque fois que tu dépenses de l’argent, chaque fois que tu accordes ton attention à quelqu’un ou un réseau social, chaque fois que tu touches ton téléphone, chaque fois que tu essaies d’acheter une assurance. Chaque fois que tu voudras écrire un commentaire haineux sur internet. Je t’ai facilité la tâche ici en désactivant les commentaires sur mon blog. Ne me remercie pas!

PS: Il va falloir qu’on parle du “float” un de ces jours.


Douala 🇨🇲