"Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.”
C’est un extrait du passage de la déclaration d’indépendance des États-Unis rédigé principalement par Thomas Jefferson et approuvé le 4 juillet 1776. Il y a presque 250 ans aujourd’hui.
Pendant que le Congrès américain votait leur indépendance de la Grande-Bretagne en pleine guerre d’indépendance et qu’il ratifiait ce texte, presque tous ses membres possédaient des esclaves noirs. Si tu ne vois pas l’incongruité, je te laisse aller relire le passage. Ou bien, peut-être que c’est mieux que je le mette dans sa version originale en anglais.
"We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness.”
Ils réclamaient leur liberté, estimant qu’ils étaient les égaux des Anglais devant le Créateur. Entre-temps, les Noirs… Bref!
Mais bon, il y avait certainement déjà quelques-uns parmi eux qui voyaient des incohérences dans ce texte, puisque 85 ans plus tard, en 1860, l’élection à la présidence d’Abraham Lincoln (un vrai héros), anti-esclavagiste, a déclenché la guerre de Sécession dont l’esclavage était la cause fondamentale. Le pays qui venait de se battre moins d’un siècle plus tôt pour réclamer sa liberté se battait parce qu’une partie de sa population ne voulait pas rendre sa liberté à une catégorie de citoyens.
Tu pourrais te dire qu’ils avaient enfin compris leur leçon. Mais non, une autre catégorie de personnes a ouvertement été marginalisée jusqu’en 1969 avec les émeutes de Stonewall à New York, date à laquelle la communauté LGBTQ a décidé que trop c’était trop. Qu’eux aussi avaient été dotés par le Créateur de droits inaliénables, dont la recherche du bonheur.
J’ai pris l’exemple des Etats-Unis, mais en réalité, c’est l’histoire du Monde. On passe notre temps à réclamer aux plus forts ce que nous n’arrivons pas à offrir aux plus faibles que nous. On dit des choses sans en comprendre la profondeur. On agit sans réfléchir. On se plaint des injustices du passé pendant que nous faisons les mêmes erreurs à notre époque. On fuit son pays en se plaignant que la génération précédente ne nous a pas facilité la tâche, oubliant que c’est à nous de faciliter la tâche à la suivante.
Et si nous avions tout autant tort? Et si, comme les pères de l’indépendance américaine, nous n’arrivions pas à voir l’incohérence dans nos actes? Et si, comme l’Union, nous n’allions pas plus loin dans notre réflexion? Et si priver son pays de la ressource que le Créateur lui avait apportée en notre personne était le geste de trahison ultime?
Bref…
Douala 🇨🇲