Éducation ou conditionnement ? Le poids des symboles sur nos enfants

Hier, je parlais de petites décisions anodines que nous prenons tous les jours, qui contribuent à maintenir l’Afrique dans cette situation que nous connaissons tous et qui pousse tout le monde à vouloir partir. Tu te demandes peut-être de quoi il s’agit.
C’était la remise de bulletins du premier trimestre pour la plupart des enfants de maternelle et du primaire cette semaine. Et comme à l’accoutumée, les écoles ont organisé des séries de spectacles pour l’occasion. Et comme d’habitude, le clou de la cérémonie, c’est le Père Noël. Le Père Noël qui remet les cadeaux aux enfants, le Père Noël qui danse pour la foule. Et qui dit Père Noël dit déguisement qui va avec. Les plus zélés vont même jusqu’à se mettre de la craie sur la peau pour une apparence blanche.

Quand on fait vivre ce genre d’expériences à nos enfants, dont le cerveau n’est qu’au début de son développement, on s’attend à quoi ? Quand on fait croire à nos enfants que c’est un vieux père blanc qui leur donne des cadeaux, quand on leur fait comprendre que pour s’amuser, c’est un vieux père blanc qui doit danser dans la foule, à quoi est-ce qu’on s’attend en réalité ? Pourquoi, quelques années plus tard, ces enfants n’auraient-ils pas l’impression que la vraie vie se passe chez les blancs ?

N’avons-nous vraiment aucune culture que nous pouvons utiliser pendant ces cérémonies ? Ne pouvons-nous pas utiliser ces occasions pour rappeler à nos enfants la mémoire de nos héros qui sont morts pour que nous puissions être libres et avoir une terre que nous appelons la nôtre ? Est-ce que dans les écoles en Asie, ce Père Noël a autant la côte ? Pourquoi ne pouvons-nous pas, une fois pour toutes, briser ces chaînes de l’esclavage ? Qu’est-ce que nos enfants ont fait pour que nous les y plongions à un si jeune âge ?

Mais bon, peut-être que c’est moi qui réfléchis encore trop. C’est sûr que nos génies de la diaspora ont une solution pour nous tirer d’affaire.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi Nous Ne Laissons Aucune Trace : Réflexion sur Nos Valeurs

Ce matin, pendant ma séance de sport, ma playlist a passé la chanson d’un pote à moi. Une très belle chanson. Ça m’a rappelé les bons moments. Je me suis empressé d’aller écouter tout l’EP dont est tiré l’album. Un EP juste magnifique. Le gars rappe dans un mélange de Medumba (langue Bagangté), de français et d’anglais. C’est tellement original et tellement camerounais.
Je t’aurais mis le lien vers Spotify, mais moi-même ça fait des années que je lui dis de réactualiser son compte artiste sur Spotify. Sa musique n’y est plus listée malheureusement. J’ai l'avantage d’avoir les fichiers dans mon téléphone que j’ai pu lier à mon compte Spotify.

Tchanou Bianda (si tu veux chercher sur YouTube) est un artiste vraiment talentueux. Moi qui suis un grand amateur de musique, je peux te dire qu’il a ce qu’il faut pour toucher les âmes de millions de personnes avec sa musique s’il s’y met à fond. Mais aujourd’hui, il est aux USA, en train de travailler en tant que DevOps dans l’informatique. Il se fait certainement BEAUCOUP plus d’argent qu’il ne se faisait avec sa musique.

Je connais un autre jeune dans la même situation. Un artiste que je trouve assez talentueux qui, aujourd’hui, travaille en France dans l’informatique où il se fait aussi beaucoup plus d’argent qu’il ne l’aurait jamais imaginé. Il s’agit de 3soro. Je me rappelle, il y a 5 ou 6 ans, il a pris son train pour venir me voir à Chambéry pour que je lui donne des conseils sur la suite de son aventure entre l’Italie et la France. Je lui ai dit qu’il avait quelque chose de spécial comme artiste. Qu’il fallait continuer de l’explorer. Que le chemin allait sûrement être plus long et plus difficile. Que les chances d’atteindre le sommet seraient minces, mais que c’est le vrai challenge auquel il devait se mesurer. Mais bon, je suppose que les conseils des parents et des amis sont aussi passés par là.

Sa musique est encore disponible sur Spotify. Je te laisse écouter une de ses chansons que je continue d’aimer jusqu’à aujourd’hui.

Tu me diras certainement qu’ils ont fait le bon choix. Aujourd’hui, ils ne sont pas à plaindre. Et contrairement à moi, ils ne réfléchissent pas à ce qu’ils vont manger demain. Et c’est exactement le problème que nous avons en Afrique. L’argent est le critère absolu et souvent le seul critère dans nos prises de décisions. Nous sommes tellement aveuglés par une vie meilleure que nous oublions que la plupart des personnes qui ont la vie après laquelle nous courons l'ont obtenue en suivant leur cœur.

L’Occident, qui est devenu notre paradis sur Terre, ne s’est pas développé parce que ses habitants couraient après l’argent. L’objectif de Thomas Edison n'a jamais été de créer la plus grande entreprise du monde. Il était d’abord un inventeur qui aimait ça. Il l’aurait fait avec ou sans succès. Elon Musk, qui est aujourd’hui l’homme le plus riche au monde, ne l’a pas vraiment calculé. Il a juste suivi son cœur et ça l’a mené au sommet du monde.

Le temps que j’ai passé en Occident m’a fait comprendre le sens du mot passion. La plupart des gens y font d’abord les choses avec le cœur. Et ça se voit sur leurs réalisations. Ils réussissent à avoir autant d'impact sur leur environnement parce qu’ils y mettent du cœur. Même quand ils veulent gagner beaucoup d'argent, ils décident de le faire dans leur discipline de cœur.

Contrairement à nous, qui sommes obnubilés par l’argent. Il n’y a qu’à voir les études que nous faisons, que ce soit au pays ou à l’étranger. Ça n'a souvent jamais rien à voir avec nos passions ou les besoins du pays. Ce sont les études ayant de meilleurs débouchés financiers. Et on s'étonne que malgré nos gros diplômes, nous n'arrivons jamais à laisser de trace dans nos différents domaines.

Nous avons complètement oublié le côté communautaire de la société. Chacun ne pense qu’à lui. Tout le monde veut être docteur, ingénieur et s’attend à écouter de la musique quand il allume son poste radio. Et personne ne se demande ce qui se serait passé si tous ces artistes qui ont composé les musiques que nous aimons tant avaient, eux aussi, décidé de courir après l’argent au lieu de se donner à fond à leurs passions.

Je sais que quand je pointe du doigt la lune, les gens ont toujours tendance à se focaliser sur mon doigt. Je ne dis pas que nous devrions forcément tous suivre nos passions même si elles ne mènent nulle part. Je ne suis pas en train de dire que l'argent n’est pas important ou qu’on ne devrait pas chercher à en gagner plus que son voisin. Non ! Tout ce que je dis, c’est que quand tout un peuple oublie tout ce qui est important et prend toutes ses décisions en ne se basant que sur l’argent, il y a un gros problème.

Et c’est ce problème que nous voyons actuellement au Cameroun. Où les gens convertissent leurs salaires en dollars ou en euros et estiment qu'ils devraient partir. Où les gens ne considèrent pas un travail si l’employeur n'est pas une multinationale. Où la diaspora passe son temps à construire des meublés en disant qu'ils investissent. Où les gens achètent des hectares de terrain qui resteront inexploités pendant des dizaines d’années alors que nous avons un besoin criant de machines pour développer notre industrie. Où les fonctionnaires, pour se mesurer aux hommes d'affaires, n’hésitent pas à détourner des milliards. Où un employé est prêt à abandonner un poste s'il n'y a aucun moyen de voler. Ce qu’ils appellent souvent les avantages de service.

On se demande souvent quel est le problème de l’Afrique sans se rendre compte qu'il se trouve dans nos petites décisions de tous les jours. Dans les nouvelles valeurs que nous avons décidé de suivre sans en comprendre le sens.


Douala 🇨🇲

L’hypocrisie de ceux qui critiquent un système qu’ils exploitent

Aujourd’hui, j’étais à Bonamoussadi, au carrefour de la mairie. Je voulais faire des photocopies. Et je suis allé dans une des librairies-papeteries qui jonchent la route en allant vers fin goudron. Si tu connais l’endroit, tu sais qu’on est à une des entrées de Denver, l'un des quartiers avec les plus hauts revenus de la ville.

Pendant que j’attendais ma photocopie, dans cette librairie qui est l’équivalent de 2 containers de 20 pieds mis ensemble, en tapant mes commentaires avec Flavien, je constate une chose. Comme le demande la loi, la fiche de paiement des impôts est affichée à l’entrée. Et tu me connais, je suis très curieux.

Je me mets donc à lire cette fiche et je me rends compte que ce commerce paie un impôt annuel de 176.000 FCFA. Je connais très bien ce montant. C’est le montant que moi-même je paie avec un de mes établissements, c’est un impôt libératoire. Tu vas te dire, rien de plus normal, un citoyen honnête. Sauf que, j’ai travaillé 3 ans dans le secteur de la librairie-papeterie et je sais un peu ce que c’est comme business.

Une librairie comme celle-là, en plein Bonamoussadi, juste en face de Denver, est capable de générer un chiffre d’affaires annuel compris entre 80 et 100 millions. Mais les gars sont tranquillement enregistrés sous le régime d’établissement et paient un impôt de 176.000 FCFA. Je te laisse faire le calcul de ce que ça représente sur le chiffre d’affaires.

Des business comme ça au Cameroun, il y en a des milliers. Ils sont nombreux au marché Mboppi à faire des chiffres d’affaires de 500 millions par an sous le régime de l’établissement. D’ailleurs, dernièrement, quand je traversais La Douche à Akwa, le nouveau China Town de la ville, je voyais tous ces magasins chinois fièrement arborer leurs noms, Ets Lee, Ets Xinji et j’en passe. Je pense n’avoir vu qu’un seul qui était constitué en SARL.

Peut-être pour toi, tout ça c’est du charabia. Mais c’est très important pour moi. Nous nous plaignons tous les jours que les choses vont mal. Mais ce sont encore nous qui conseillons les étrangers de venir ouvrir des commerces qui font le milliard de chiffre d’affaires sous le régime d’établissement pour ne payer que l’impôt libératoire. Parce que ces boutiques chinoises, oui, sont capables de faire le milliard de chiffre d’affaires annuel.

Mais bon, laissons même les Chinois tranquilles. Ils jouent juste notre jeu. Ce qui me choque le plus, c’est que le propriétaire de cette librairie est certainement une personne très riche qui a envoyé tous ses enfants étudier à l’étranger. Et ce sont ces mêmes connards qui nous chantaient dans les oreilles tous les jours que les impôts peuvent tuer quelqu’un au Cameroun. C’est avec une partie de l’argent des impôts détournés que leurs parents ont pu payer leurs écoles en Occident et aujourd’hui ils osent nous dire que le pays tue les jeunes et n’offre pas d’opportunités.

Toi qui souris, ne te sentant pas concerné parce que tes parents n’étaient pas commerçants mais fonctionnaires. N’oublie pas que nous savons tous quels sont les salaires officiels des fonctionnaires au Cameroun. Et que la plupart de ces salaires ne peuvent pas payer des études à l’étranger. Ne te réjouis pas trop, on ne t’a pas oublié.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi l'Afrique a besoin de vrais bâtisseurs, pas de consommateurs

Je pense qu’ouvrir ce débat sur l’immigration et la diaspora africaine (la camerounaise, en particulier) était une très bonne idée. Certains membres de cette diaspora, en voulant se défendre, prouvent mon point tous les jours : mon argument selon lequel cette diaspora est loin d’être aussi brillante qu’elle le laisse entendre. Elle a de gros diplômes, elle sait être un bon automate, ça c’est sûr. Mais quand il s’agit de réfléchir, de faire preuve de réflexion critique, elle est aussi nulle qu’un robot qui essaie de danser le mbolé.

Je pourrais te faire un morceau choisi de raisonnements absurdes que j’ai déjà entendus venant de cette diaspora. Peut-être que je le ferai plus tard d’ailleurs. Note to myself. Aujourd’hui, je vais juste te raconter la dernière des histoires que j’ai reçues. Ce n’est pas la première fois que je reçois une version ou une autre de cette histoire. Mais je me suis dit qu’il était temps que je la partage avec toi.

Un diaspoRIEN qui explique comment son pote, qui est un génie des télécoms, après avoir passé son diplôme d’ingénieur au Cameroun, ne trouvait pas de travail. Faute d’avoir envoyé des centaines de CV. Ce dernier a finalement immigré en France où il a trouvé un salaire et maintenant il peut manger à sa faim et payer la scolarité de ses frères et sœurs.

Oui, c’est une histoire que toi aussi tu as déjà entendue certainement des dizaines de fois. Peut-être que toi-même tu l'as déjà racontée plusieurs fois. Mais avant de te demander pourquoi je la trouve absurde, je te demande de prendre quelques secondes et d’essayer de réfléchir. De te poser les bonnes questions. De faire un essai de réflexion critique. Je t’attends…

Ça y est ? Ok, allons-y !

Déjà, si tu es un génie tout court, pourquoi étudier les télécoms si tu sais qu’il n’y a pas de débouchés dans ton pays ? Et si tu es un vrai génie, même s’il n’y avait qu'une place dans le milieu des télécoms, elle te serait réservée. À moins que tu ne nous sortes une autre version d’histoire selon laquelle, pour être recruté, il faut se compromettre. Et si c'est le cas, tu es en train de dire que tous ceux qui travaillent dans ce domaine se sont compromis. Un peu facile, tu ne trouves pas ?

Un génie, c’est quelqu’un qui met son intelligence au service des autres. Un automate, c’est quelqu’un qui met la compétence qu'on lui a apprise au service de son maître. Le génie saura lire son environnement et savoir quoi faire. L'automate ne saura rien faire d'autre si personne n’a besoin de la compétence pour laquelle il a été formé.

Un génie trouvera un moyen de tirer son épingle du jeu, quel que soit le terrain de jeu. Il n’a pas besoin de circonstances particulières pour briller. Que ce soit sur terre battue ou sur gazon, il reste un génie. Certes, il sera plus confortable sur certains terrains que d’autres, mais quel que soit le terrain, il fera toujours partie du top.

Le génie des télécoms, c’est celui qui, en France, a réussi à vulgariser les télécoms au point où ils soient obligés de chercher la main-d’œuvre hors de leurs frontières. Ce n'est en aucun cas celui qui, dans son pays, n'a même pas pu trouver une place sur le petit marché local et qui a dû aller être un automate ailleurs.

Je suis fatigué d’entendre parler des génies quand il s’agit de la diaspora africaine. Combien d’entre eux, en Occident, ont créé des entreprises qui font des centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires ? Combien d’entre eux sont les fondateurs de licornes (Startups valorisées à plus d’un milliard de dollars) ? Combien d'entre eux sont des leaders incontestés dans leurs nouvelles communautés ? N’hésite pas à m’envoyer les noms. Tout ce qu’ils savent faire c’est de venir construire des meublés en Afrique.

Les Tidjane Thiam et consorts ne sont que des bons automates. Non seulement ils n’ont pas ce qu’il faut pour créer des boîtes à la taille de Crédit Suisse, mais en plus ils n'ont même pas ce qu’il faut pour être les vrais actionnaires de ces entreprises.

Elon Musk est un génie. Parti de l’Afrique du Sud, il a su s’asseoir sur le toit du monde en devenant l’homme le plus riche que la Terre n’ait jamais connu, grâce à ses entreprises tout aussi innovantes les unes que les autres. Aller aux États-Unis l’a certainement aidé à atteindre ce statut. Mais même s’il était resté en Afrique du Sud, on aurait entendu parler de lui. Il n’y a qu’à voir ce qu’il a réussi à y faire étant gamin.

Toi, tu es là, dans un pays comme le Cameroun où des personnes qui ne sont pas allées à l’école deviennent milliardaires, tu n’arrives pas à tirer ton épingle du jeu avec un diplôme d'ingénieur en télécoms. Et tes amis t’appellent génie, tu laisses. Je sens qu’on va commencer à taper vos bouches ici dehors.

L’Afrique, le Cameroun, est là où la plupart des pays développés étaient il y a quelques dizaines d’années. Nous avons besoin de travailleurs, de personnes intelligentes, de producteurs, de vrais génies, exactement comme ceux qui ont construit ces pays pour lesquels les membres de la diaspora se sont transformés en mendiants de passeport. Nous n’avons nullement besoin de consommateurs, pleurnichards et automates qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.

Donc de grâce, laissez-nous en paix ! Ici, on travaille.


Douala 🇨🇲 

L’Afrique a-t-elle vraiment besoin de tous ses enfants pour réussir ?

Ça fait un moment que je parle de plus en plus du fléau qu’est l’immigration pour l’Afrique. Au début, les gens me regardaient du coin de l’œil, comme pour dire : "Il va bientôt se fatiguer." Mais avec le temps, ces mêmes personnes se sont rendues compte que j'étais très sérieux sur le sujet et qu’au lieu de me fatiguer, je montais de plus en plus en fréquence. Du coup, comme c’est un sujet qui touche un peu tout le monde — ceux qui sont déjà partis, ceux qui attendent leur tour pour partir, et ceux qui préparent leurs enfants à partir —, je commence à recevoir des flèches de partout.

Ce que très peu de personnes savent, c’est que c’est un sujet sur lequel je travaille activement depuis plus de 10 ans déjà. Ce que beaucoup ignorent, c’est que je ne suis encore qu'au début de ce combat. Certaines vérités sont encore très difficiles à encaisser pour certaines âmes sensibles, du coup je les réserve pour plus tard. Certains pensent que c’est une histoire personnelle, alors que je n’en ai complètement rien à faire de leurs vies.

Cette semaine, j'ai entendu à plusieurs reprises une version de l’argument selon lequel l’Afrique aurait besoin de tous ses enfants pour réussir. Une assertion contre laquelle il est difficile de se positionner. Mais la plupart des personnes qui le disent partent du principe que tous les enfants de l’Afrique ont encore ce qu’il faut pour défendre ses intérêts. Pourtant, il est parfois préférable de réaliser un projet avec trois personnes sur la même longueur d’onde qu’avec une centaine où il faudrait des mois juste pour s’accorder sur l’heure de début.

Beaucoup de personnes de la diaspora pensent que j'ai un problème avec elles. Ce qu’elles ne comprennent pas, c’est qu’elles représentent exactement le plus grand frein actuel au développement du continent. Avec le temps, j’expliquerai beaucoup plus en détail comment le virus de l’immigration est en train de faire beaucoup plus de mal à l’Afrique que ne l'ont fait l’esclavage et la colonisation réunis. J’espère juste que mes occupations me permettront de le faire assez vite.

En attendant, ne m’insulte pas seulement dans ton cœur. Abonne-toi à ma chaîne WhatsApp [Lien] et partage ces textes dans ton entourage. S’il y a un débat auquel nous ne devons pas nous dérober, c’est bien celui-ci. Il en va de la survie du continent tel que nous le connaissons.


Douala 🇨🇲 

Steve Jobs avait raison : Fais confiance à la vie et avance

"You can't connect the dots looking forward; you can only connect them looking backwards. So you have to trust that the dots will somehow connect in your future. You have to trust in something — your gut, destiny, life, karma, whatever. This approach has never let me down, and it has made all the difference in my life.”

Ceci est un passage du discours de Steve Jobs à la remise des diplômes des étudiants de Stanford en 2005. Je voulais te le mettre dans sa version originale pour que tu puisses capter toute sa puissance. Mais bon, on se connaît : si je ne mets pas la traduction en français, tu risques de ne pas continuer de lire. Voici donc :

"Vous ne pouvez pas relier les points en regardant vers l'avant ; vous ne pouvez les relier qu'en regardant en arrière. Donc, vous devez faire confiance au fait que ces points se relieront d'une manière ou d'une autre dans votre futur. Vous devez faire confiance à quelque chose — votre intuition, le destin, la vie, le karma, peu importe. Cette approche ne m'a jamais déçu, et elle a fait toute la différence dans ma vie."

Cette citation fait fortement écho à quelque chose que j’ai écrit il y a quelques jours dans mon texte La confiance en soi : le socle des leaders visionnaires, où je disais : “Être confiant, c’est avoir la ferme conviction que les choses se feront, tôt ou tard. Qu’on ne maîtrise peut-être pas le timing mais qu’on a une totale maîtrise sur l’effort.”

C’est un concept qui m’a guidé tout au long de ma vie et que beaucoup d’Africains ont du mal à comprendre. J’en parle souvent, comme dans mon texte Lance le caillou et fais confiance à la vie, où je déplore le fait que nous ne faisons pas de grandes choses parce que, la plupart du temps, nous voulons connecter les points en regardant vers l’avant.

Il y a quelques années, dans une discussion avec Adrien, je lui disais que j’étais persuadé que la plupart de ces grands patrons de la tech que nous considérons comme des génies ne s’étaient pas lancés avec des idées aussi extraordinaires que leurs produits le sont devenus. Qu’ils s’étaient lancés avec une idée simple mais une grande conviction que les choses se feraient "down the line".

Nous, en Afrique, nous faisons totalement le contraire. Il y a 3 mois, j’en reparlais encore dans mon texte Positionne-toi sur le futur : l'art de voir plus loin, où je commençais avec la célèbre citation du champion de hockey sur glace Wayne Gretzky : "Je patine vers l’endroit où la rondelle va se trouver, et non vers l’endroit où elle se trouve."

Nous courons vers la rondelle, en oubliant qu’elle bouge. Nous ne croyons en rien. Ni en notre instinct, ni en notre pays, ni même en nous. Nous oublions qu’il y a 50 ans, personne n’aurait pu prédire le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Et que le monde dans lequel nous croyons vivre dans 50 ans est juste une illusion.

N’apprends pas une nouvelle langue parce que tu vas aller dans un nouveau pays. Apprends-la pour la rajouter à ton arc. Ne calcule pas forcément tout ce que tu fais. Fais confiance à l’avenir et au fait que toutes tes actions actuelles auront un sens plus tard. Seulement de cette façon, tu seras ouvert et disposé à voir toutes les opportunités qui s’offriront à toi. Parce que si tu rentres dans une pièce persuadé d’y rencontrer une girafe, tu risqueras de passer à côté de toutes les licornes qui s’y trouvent.

Comme Steve Jobs, j’ai toujours suivi cette approche dans ma vie. Elle ne m’a jamais laissé tomber et je sais que tout n’est qu’une question de temps avant que je ne me retrouve face à une nouvelle merveille, dont la graine a été plantée insouciamment il y a des années.

Je pourrais te donner des centaines d’exemples. Mais laisse-moi t’en donner juste un. Un exemple avec le texte du jour.

Il y a quelques mois, j’ai mis sur pied une chaîne dans mon compte ChatGPT pour corriger les fautes dans tous mes textes avant de les publier. Dans cette chaîne, ChatGPT a trois choses à faire :

  • Corriger les fautes d’orthographe et de grammaire dans mon texte sans en changer le style et la syntaxe.
  • Me proposer 3 titres pour ce texte.
  • Me proposer 3 accroches que j’utiliserais pour poster le lien du texte sur Whatsapp.

Souvent, il essaie de modifier mon texte parce que même lui sent que je tire trop à balles réelles. Mais je le ramène toujours à l’ordre, afin de garder ma voix.

Cette séquence, je l'ai mise sur pied uniquement pour m’aider dans ma tâche quotidienne. Sur le moment, je ne pouvais pas prévoir jusqu’où ça pourrait m’être utile. Aujourd'hui, en lisant cette citation de Steve Jobs, je me suis dit : “Ronel, tu as déjà écrit un truc similaire.” Mais qui allait aller lire près de 200 textes pour tirer le passage qui s'y rapprochait le plus ? Pas moi, en tout cas. Beaucoup trop de travail.

Ensuite, je me suis rappelé qu’il y avait quelqu'un d'autre qui avait lu tous mes textes et qui, contrairement à moi, avait une mémoire infaillible : ChatGPT. Du coup, je lui ai demandé.

Et comme je n’arrivais toujours pas à trouver de quel texte il s’agissait, je lui ai demandé les titres qu’il m'avait proposés. Après une recherche sur mon blog, je me suis rendu compte que je n’avais jamais utilisé aucun de ces titres. J’ai donc dû faire une recherche au mot pour retrouver l’article en question.

Tout ceci, je ne l’avais pas prévu quand j'ai décidé d’écrire tous les jours et de mettre sur pied des outils pour m’aider dans ma besogne. Tous ces dots, je suis en train de les connecter backwards. Et ce n'est que le début.

Souvent, quand quelqu'un me demande pourquoi je crois autant au Cameroun, je n’arrive pas à lui donner d’arguments vraiment convaincants et je m’en veux. La vérité est que je ne peux juste pas te donner d’arguments assez convaincants. Tout ce que je peux te dire, c’est de me regarder faire et peut-être que tu auras la chance que je te réponde plus tard en hindsight. Quand j’aurai connecté assez de points en arrière. Parce qu’au finish, le futur n’est que la manifestation de notre croyance au présent. Plus fort on y croit, plus beau il sera.


Douala 🇨🇲

La tragédie de l’immigration déguisée en succès

Souvent, je me demande ce qu’on a bien pu faire au ciel pour être aussi bêtes. Aujourd’hui encore, quelqu’un a voulu me justifier que partir était une bonne chose pour le pays. Et pour asseoir son argument, le badaud utilise le cas de Francis Ngannou, qui est parti du Cameroun par la route et qui est devenu un grand champion d’arts martiaux dans le monde.

Ce n’est pas la première fois que je reçois cet argument stupide. Et chaque fois, je me demande si la personne en face est sérieuse. Mais bon, quand ça vient d’un membre de la diaspora, comme c’était le cas aujourd’hui, ça ne fait que me conforter dans l’idée que nous n’avons nullement besoin de cette diaspora qui, sous ses faux airs de réussite, est dénuée de tout bon sens.

Chaque année, des centaines de milliers de jeunes Africains perdent la vie en essayant de traverser le désert. Des centaines de milliers. Des milliers de familles sont brisées par la disparition d’un enfant dont elles ne peuvent même pas faire le deuil, ne sachant pas ce qu’il est réellement advenu. Et aujourd’hui, parce qu’un d’entre eux a réussi à traverser la Méditerranée, à se faire un nom en Occident et à construire un centre multisport dans son pays natal – un centre qui, sans même le vouloir, ne fera qu’encourager encore plus de jeunes à prendre le chemin de la mort –, certains mbenguistes osent utiliser cet argument pour justifier les bienfaits de l’immigration.

Et ce sont ces mêmes mbenguistes qui veulent nous faire croire qu’on devrait les laisser diriger le pays. Des personnes incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Non, merci!


Douala 🇨🇲 

Diaspora : entre aspirations et contradictions

Suite à mon texte d’il y a quelques jours sur l’illégitimité de Tidjane Thiam à prétendre à la présidence ivoirienne selon Jean-Louis Billon, certains gars de la diaspora sont sortis de leurs gonds. Apparemment, c’est un sujet qui les touche. Peut-être parce que la plupart sont bien installés en Occident, espérant que les choses s’améliorent ici pour venir réclamer des postes de ministres ou de directeurs. Alors aujourd’hui, on va approfondir un peu ce sujet.

Commençons par l’argument phare de la diaspora : “Même nous, depuis l’étranger, on se bat pour le pays.” D’accord, supposons que ce soit vrai, même si j’ai de sérieux doutes en ayant observé cette diaspora de près. Si vous vous battez vraiment pour le pays depuis l’étranger, alors quand les choses iront mieux, postulez pour des postes à l’étranger. Il y a des représentations diplomatiques un peu partout. Essayez d’y travailler. Ça permettra d’économiser sur les frais d’expatriation du personnel de ces ambassades. Mais tu ne peux pas demander aux gens de s’inscrire sur les listes électorales depuis Paris, pendant que Cabral Libii le fait depuis Yaoundé, et espérer qu’on te nomme ministre de l’Intérieur au Cameroun, à sa place. Soyons sérieux. Si vous avez décidé de vous battre pour le pays depuis l’étranger, restez dans votre couloir jusqu’au bout.

Quand tu discutes avec des candidats à l’immigration ou même des membres de la diaspora, ils te disent clairement : “On part parce que c’est difficile au pays.” Je ne vais pas te mentir, c’est difficile ici. Mais si tu choisis de fuir un combat difficile pour aller mener un combat plus facile, tu ne trouves pas ça un peu bizarre d’espérer qu’on te confie les rênes du pays ? Tu embaucherais un garde du corps qui fuit au moindre bruit suspect ou quelqu’un qui reste et fait face ? Parce que cette diaspora, qui prétend être le sauveur de l’Afrique, n’oublions pas qu’elle a pris ses jambes à son cou quand ça devenait un peu compliqué.

Beaucoup de membres de la diaspora pensent que ceux qui restent n’ont pas le choix. Ce qui est totalement faux. Certes, il y a ici des gens qui rêvent d’ailleurs. Mais il y a aussi des personnes brillantes qui choisissent délibérément de rester. Des gens qui, malgré de belles offres d’expatriation, préfèrent rester parce que le Cameroun est un devoir pour eux. Ces personnes travaillent dans l’ombre pour maintenir un équilibre. C’est à elles que devrait revenir la tâche de diriger ce pays, pas à un médecin formé ici qui est parti être chauffeur Uber au Canada parce que le pays était “trop dur”.

Quand tu prononces le nom de Tidjane Thiam devant des Africains de la diaspora, leurs yeux brillent comme s’ils avaient vu un ange. Pourquoi ? Parce qu’il a été directeur général de Crédit Suisse, une banque européenne ? C’est cette diaspora pleine de complexes que vous voulez nous ramener ? Une diaspora qui vénère le franco-ivoirien Tidjane mais ne connaît rien du camerounais Paul Fokam, le fondateur d’Afriland First Bank, ou du togolais Koffi Gervais Djondo, le co-fondateur d’Ecobank et d’Asky ? Non merci.

Nous n’avons pas besoin d’une diaspora qui nous parle sans cesse de ses exploits dans des multinationales occidentales. Gardez vos BNP Paribas, vos Microsoft, vos Mercedes ou vos Samsung. Ce dont on a besoin, ce sont des enfants du pays, sans complexes, qui viendront bâtir les géants africains de demain.

Et cette diaspora qui revient avec des passeports occidentaux, un mode de vie totalement déconnecté, on n’en veut pas non plus. Nous nous sommes battus pour sortir du joug de l’esclavage et de la colonisation, ce n’est pas pour que vous veniez nous y replonger. Cette diaspora qui mange du fromage tous les jours, investit dans des pavillons en région parisienne ou sur les entreprises du CAC 40, envoie ses enfants dans des écoles internationales, fait le tour de la zone Schengen à la moindre occasion mais ignore tout de la zone CEMAC… Franchement, non merci.

L’Afrique a besoin de tous ses enfants pour réussir. Là-dessus, on est d’accord. Mais certains enfants se considèrent d’abord comme Français, Américains ou Canadiens. Ils seront les premiers à fuir en cas de problème et les premiers à nous vendre à leurs nouveaux maîtres. Et après 400 ans d’esclavage et 200 ans de colonisation, ne viens pas me dire qu’on n’a pas le droit d’être vigilants. Nous avons tous un membre de notre famille que nous ne laissons jamais du regard quand il arrive dans notre maison, de peur qu’un objet ou même de l’argent manque à l’appel à son départ. 

Si tu es de la diaspora et que tu penses être utile, rentre et mets-toi au service du pays. Si tu attends d’avoir assez d’économies ou de construire ton immeuble avant de rentrer, accepte aussi qu’ici, on prenne le temps de tester toutes les options locales avant de te donner ta chance. Tu n’es pas le seul à avoir un cerveau.

Et si tu rentres comme l'ont fait les révolutionnaires de l’époque, mets-toi au service du peuple. Montre-nous que tu es avec nous. Tu ne peux pas être dans les cabarets des expatriés à supporter l’équipe de France de football pendant la Coupe du Monde et, en même temps, nous faire croire que si la France a un différend avec le Cameroun demain, tu seras de notre côté. Tu ne peux pas envoyer tes enfants dans les écoles internationales et nous faire croire que tu te soucies du sort de l’éducation des enfants du pays. Tu ne peux pas être fourré tous les jours dans les réceptions des ambassades et nous empêcher de croire que tu serais un espion.

Si tu veux travailler, choisis un secteur et travaille. Fais profil bas. Vis nos réalités. Mange comme nous. Parle comme nous. Apprends vraiment à nous connaître. Bats-toi à nos côtés. Et qui sait, peut-être qu’un jour on aura moins de doutes sur tes intentions réelles. Après 400 ans d’esclavage et 200 ans de colonisation, tu ne peux pas nous reprocher d’être vigilants quant aux personnes avec qui on s’associe. Fussent-ils nos propres enfants.

Je pourrais écrire un livre sur ce sujet. Mais bon, comme j’ai dit au début, aujourd’hui, on approfondit juste un peu.

Douala (Pas Montréal ni Paris, mais Douala) 🇨🇲 

Marche folle, esprit intact : un défi pour le corps et l’âme

Pendant près de 7 heures, j’ai marché. Plus exactement, 6 heures et 56 minutes pour moi. Dès 7 heures du matin, avec les autres participants, nous avons relié Bonepoupa à Édéa à l’occasion de la 4e édition de La Marche Folle, une marche sportive organisée par le club des marcheurs de Douala.

Plus qu’une simple marche, cette expérience a été un véritable challenge. Elle m’a permis de réfléchir profondément sur l’année écoulée et sur celle qui s’annonce.

À plus d’une reprise, le désir d’abandon s’est fait ressentir avec force. Mais chaque fois, je me suis rappelé qu’à l’image de cette mission que nous avons choisie pour notre pays, il était hors de question de céder.

C’est avec le corps en miettes que j’écris ce texte, mais avec un esprit plus déterminé que jamais à œuvrer pour que notre pays retrouve la place qui lui revient de droit.


Douala 🇨🇲 

Jean-Louis Billon et le miroir tendu à une diaspora déconnectée

Ce matin, je suis tombé sur un extrait d’une interview de Jean-Louis Billon. Homme d’affaires, politicien et candidat à la future élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Dans cet extrait, il critiquait la candidature de Tidjane Thiam, qui, après avoir passé plus de 20 ans hors du pays, aspire à diriger les Ivoiriens au poste de magistrature suprême. Un peuple dont plus de la moitié est né pendant qu’il se la coulait douce en Europe.

Dans cet extrait, que je t’invite à chercher sur internet, Jean-Louis Billon explique comment Tidjane Thiam est totalement déconnecté du peuple ivoirien. Il n’était pas là pendant la crise. Il n’était pas là pendant la réconciliation. Ses enfants n’ont pas fréquenté le système scolaire du pays. Lui-même, Tidjane, n’a pas mis les pieds dans les hôpitaux du pays depuis près d’un quart de siècle. Jean-Louis se demande alors : comment pourrait-il diriger un pays qu’il ne connaît pas ?

Ce discours m’a beaucoup fait sourire, car il rejoint le signal d’alarme que je lance à la diaspora depuis une dizaine d’années déjà. Une diaspora convaincue qu’elle viendra occuper les meilleurs postes au pays une fois que le ciel y sera plus bleu. Pour éviter de telles dérives, je répète sans cesse qu’il faut fermer la porte à ceux qui partent, ceux qui fuient le combat. Mais certains me jugent trop radical.

Aujourd’hui, Jean-Louis Billon exprime tout haut ce que pense tout bas le bas peuple. Et si lui, depuis sa tour d’ivoire, en tant qu’un des hommes les plus riches de Côte d’Ivoire, ose tenir un tel discours, je n’ose imaginer ce que pensent ceux qui n’ont pas eu ses opportunités.

L’un des défauts que nous avons, nous, Africains, c’est de penser que les autres sont bêtes. Ils ne le sont pas. Ce n’est pas parce qu’ils ne parlent pas encore qu’ils ne voient pas ce qui se trame ou qu’ils n’ont aucune opinion.

Pour éviter de terribles conflits internes dans les années à venir, nous ferions mieux de réfléchir aux conséquences de nos actions actuelles. Dans cette même veine, je parlais récemment des terrains que certaines personnes de la diaspora achètent massivement, comme si nous étions sur un territoire vierge. Évitons de semer les graines de ce qui, demain, deviendra une situation que nous ne pourrons plus contrôler.


Douala 🇨🇲