Une pause!

Je l’ai tellement repoussé, ce moment. Mais il est finalement arrivé.

Après plus de 400 jours à écrire chaque jour en public, après avoir inspiré des centaines de personnes à se lancer dans l’écriture, à créer leur blog, à partager une partie de leur savoir… Il est temps pour moi de prendre du recul.

Ces derniers mois n’ont pas été de tout repos. I was all-in, comme disent les Américains. Physiquement, émotionnellement, j’ai donné mon maximum.

Et comme ce combat pour une Afrique plus forte a besoin de soldats solides,
il est temps pour moi de me reposer un peu, pour revenir plus fort.

Pour une période indéfinie, je vais arrêter d’écrire en public. Mes écrits continueront, mais dans l’ombre, concentrés sur un nouveau projet que j’espère pouvoir te présenter très bientôt. En attendant, ils ne seront plus publiés avant un bon moment.

Si tu t’étais mis à écrire, je t’invite à continuer. Si tu faisais de la lecture de mes textes un rituel quotidien, c’est peut-être le moment de replonger dans mes anciens articles. Tu verras : ils résonnent souvent différemment à chaque relecture.

Et surtout, abonne-toi aux pages des personnes de ton entourage qui ont sauté le pas. Leurs textes méritent d’être lus et partagés. Certains d’entre eux se trouvent même dans mes archives, si tu veux les (re)découvrir.


À très bientôt 🇨🇲 

Tout ce qui t’arrive est de ta faute. Dur à entendre, mais vrai

La vie est imprévisible. Ça, on devrait tous le savoir. Elle nous le rappelle tout le temps. Mais paradoxalement, nous avons tendance à l’oublier. Et la manifestation la plus flagrante de cet oubli, c’est la colère.

On se met en colère, la plupart du temps, parce que la vie vient une fois de plus de nous rappeler son caractère imprévisible. Et cette fois-ci, de façon physique et un peu trop personnelle.

En général, cette colère est dirigée vers les autres. Vers un tel qui nous aurait volé de l’argent. Notre fils qui aurait cassé notre téléphone. Un agent qui nous aurait manqué de respect. Un chien qui nous aurait mordu. Un copain qui nous aurait trompé. Et j’en passe !

Mais… est-ce qu’on aurait ressenti la même colère si un seul élément avait changé dans l’histoire ?

L’année dernière, Ayélé a fait tomber mon téléphone. L’écran s’est fissuré. Ah je peux te dire qu’à l’intérieur, j’étais pas bien. J’avais 7 heures de route à faire et il ne fallait surtout pas que je m’énerve. J’ai voulu être en colère contre elle, mais le stoïcien en moi m’a posé quelques questions.

Pourquoi es-tu en colère, Ronel ? Parce que ton téléphone est cassé ? Ou parce qu’un téléphone qui se casse est encore un évènement marquant pour toi ?

En réalité, un téléphone peut tomber et se casser. C’est ça même, la nature de l’appareil. Ça fait partie du contrat implicite que je signe quand je décide d’en posséder un.

Pourquoi me mettre en colère s’il se casse ? Il s’est peut-être cassé des mains d’Ayélé, mais il aurait tout autant pu se casser de mes mains. N’existe-t-il pas des moyens de se prémunir contre ce type d’incidents ? Des assurances ? Des sauvegardes automatiques ? Des fonds d’urgence ? Oui. Tous ces mécanismes existent. Alors pourquoi être en colère si j’ai accepté un contrat dont je connaissais les risques et les solutions ? Ou bien c’est contre moi que je suis en colère ?

Un téléphone qui se casse, ça, c’est normal. Mais moi, qui n’ai pas d’assurance, qui ne fais pas de sauvegardes régulières ou qui n’ai pas les moyens d’en racheter un… ça, ce n’est pas normal.

La plupart du temps, ce qui nous arrive est ce qui doit arriver. Un chien, ça mord. Un ami, ça peut trahir. La vie, elle s’arrête. Un accident, ça arrive.

Nous n’avons aucun contrôle sur les personnes et les évènements. Le seul contrôle que nous avons, c’est celui que nous exerçons sur nous. Et sur notre réaction à ce qui se passe.

Pourquoi donc se mettre en colère quand la vie suit simplement son cours ?
À moins que cette colère ne soit, en fait, la manifestation de notre propre culpabilité.

Parce qu’au fond, tout ce qui t’arrive dans la vie est de ta faute. Chaque chose que tu décides de faire vient avec ses caractéristiques propres. C’est à toi d’en comprendre les risques, d’en assumer les conséquences. C’est le grand casino de la vie. Parfois on gagne. Parfois on perd. Mais à chaque fois, c’est toi qui as choisi de jouer.

Essaie de te rappeler la dernière fois que tu t’es mis en colère. Ne penses-tu pas que tu avais plusieurs moyens d’éviter cette situation ? Ne crois-tu pas que tu devrais porter seul la responsabilité de ce qui t’est arrivé ? Bon, il ne faut pas attendre grand-chose de toi si tu es africain. Tu es sûrement capable d’en faire porter le chapeau à la grand-mère du village…

Avec ces mots bancals, je voudrais juste te rappeler qu’il est possible que tout ce qui t’arrive dans la vie soit en réalité de ta faute. Des conséquences de tes choix. Des choses que tu as faites. Ou de celles que tu as décidé de ne pas faire. Par oubli ou par ignorance.

Mais tu en es l’unique responsable.

Peut-être qu’il serait temps que tu arrêtes d’en vouloir au monde entier. Et que tu commences à voir la vie sous un nouvel angle. Celui du capitaine. Car une fois que tu auras pris la pleine responsabilité de ta vie… Tout deviendra beaucoup plus simple.


Douala 🇨🇲 

La responsabilité, le problème des africains

Ces derniers temps, je parle beaucoup du sujet de la responsabilité. Personnellement, je pense que nous, les Noirs, sommes beaucoup plus irresponsables que les autres. Mais avant d’aller plus loin, il serait peut-être nécessaire qu’on définisse ensemble ce qu’est la responsabilité.

La responsabilité, c’est le fait d’être tenu de ses actes et d’en assumer les conséquences, que ce soit envers soi-même, envers les autres ou envers une institution. Elle a plusieurs déclinaisons : la responsabilité morale (assumer les conséquences de ses choix selon sa conscience ou ses valeurs), la responsabilité juridique, la responsabilité professionnelle ou encore la responsabilité personnelle — reconnaître que nos choix et nos actions influencent notre vie, au lieu de blâmer les autres. Pour n’en citer que celles-là.

Selon moi, nous sommes beaucoup plus irresponsables que les autres parce que tout ce qui nous arrive est toujours la faute de quelqu’un d’autre. Soit c’est l’esclavage, soit c’est la colonisation, soit c’est la néocolonisation, soit ce sont nos dirigeants. Jamais ce n’est de notre faute. Nous sommes tellement irresponsables qu’il est presque impossible d’entendre l’un d’entre nous dire : “j’ai eu tort”. Et pourtant, dans tout ce qui nous arrive — et ceci est vrai pour tous les êtres vivants — nous avons une part de responsabilité.

Il y a quelques jours, je discutais avec un pote qui me disait que le Cameroun est dans l’état où il est actuellement à cause d’un seul homme : le président de la République. C’est un sentiment partagé par beaucoup de Camerounais d’ailleurs. Au lieu de se demander ce qu’on peut faire pour améliorer les choses, au lieu de réfléchir à notre propre part de responsabilité, on se contente d’accuser le président et d’espérer que le prochain fera mieux.

Bien sûr, de meilleurs leaders peuvent inciter le peuple à agir différemment. Mais on oublie de se poser cette question essentielle : est-ce que d’autres peuples ont fait mieux que nous avec des dirigeants pires ? La réponse est oui.

Aujourd’hui, dès qu’une chose va mal, on remonte directement la faute jusqu’aux leaders, en épargnant au passage tous les intermédiaires qui auraient pu changer l’issue. Mais ce qui m’étonne le plus, c’est cette logique qui s’arrête au président. Pourquoi ne pas remonter jusqu’à ses parents, tant qu’on y est ?

Viktor Frankl disait :  “Tout peut être pris à un homme sauf une chose : la dernière des libertés humaines — la capacité de choisir son attitude dans n’importe quelles circonstances données, de choisir sa propre voie.” Il s’agit de notre ultime liberté : celle de choisir notre réaction face aux évènements. Une liberté que nul ne peut nous enlever.

Si tu as décidé de partir au Canada, vas-y. Mais ne viens pas nous dire que c’est le gouvernement qui t’a poussé à partir. Ce choix est le tien. Rien de ce que le gouvernement aurait fait n’aurait pu te forcer à partir si tu avais décidé de rester. Assume ta décision et libère-nous la ligne.

Si tu jettes tes ordures par terre, ce n’est pas la faute du gouvernement. C’est la tienne. Si tu choisis de céder à la corruption, c’est ton choix, pas celui de quelqu’un d’autre. Tu avais peut-être d’autres options — dont celle de perdre l’affaire — mais tu as choisi la corruption.

Nous en sommes là aujourd’hui à cause d’une multitude de choix que nous faisons chaque jour et que nous refusons d’assumer. Il y a quelques semaines encore, nous essayions de convaincre un maximum de personnes de s’inscrire sur les listes électorales. Mais non seulement certains n’étaient pas intéressés, ni à s’inscrire ni à relayer le message, mais en plus beaucoup préféraient continuer de partager des challenges de danse sur TikTok. Et demain, ce sont les mêmes qui diront que ce pays n’en vaut pas la peine.

Nous africains sommes peut-être le seul peuple au monde qui essaye activement de fuir sa terre pour aller s’installer chez les autres. Au point de créer des festivals du Haut-Nkam… au Canada ! Quel pathétisme. Pourquoi est-ce que nous aimons tant vivre chez les autres ? Parce que jusqu’à présent, nous avons refusé de prendre la responsabilité de notre propre terre, de l’entretenir et de la rendre vivable.

Nous fuyons la terre la plus hospitalière du monde pour aller squatter des terres hostiles que d’autres ont pris la responsabilité de plier à leur volonté. Et on s’étonne que personne ne nous respecte ?

Ce qui m’étonne le plus dans tout ça, c’est notre incohérence. Si tout est de la faute de nos dirigeants, alors pourquoi virer des employés, puisqu’ils ne sont pas responsables de leur médiocrité ? Pourquoi porter plainte, puisque personne n’est responsable ? Et surtout, pourquoi continuons-nous à punir nos enfants ? Puisque, dans cette logique, ils ne font que renvoyer l’éducation qu’on leur a donnée.

Je te laisse méditer sur cette autre citation de Viktor Frankl, qui parle de l’espace sacré, ce moment de pause entre ce qui nous arrive et notre réponse, cet espace dans lequel réside notre véritable pouvoir : “Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. Dans notre réponse réside notre croissance et notre liberté.”


Douala 🇨🇲 

Et si on célébrait nos startups locales ?

Cette semaine, nous (Agrifrika) avons rendu visite à une startup camerounaise qui a le vent en poupe : Ejara, fondée par Nelly Chatue-Diop.

Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une idée que j’ai eue : mettre en valeur les startups locales qui font un excellent travail et qui méritent d’être acclamées pour ce qu’elles accomplissent. Dans nos pays, on a trop souvent tendance à chercher des modèles à l’étranger alors qu’il existe des locaux qui font bien le job.

Avec ses 10M$ déjà levés, Ejara est sans aucun doute une startup que nous devrions féliciter pour le chemin parcouru. Et quoi de mieux que de leur demander une visite d’entreprise pour permettre à nos collaborateurs de toucher du doigt ce qui se fait déjà, et à leurs collaborateurs de se rendre compte qu’ils font partie de la crème de la crème — et que certains, là-dehors, aimeraient bien être à leur place.

Toi aussi, tu connais sûrement des acteurs de ton secteur qui montrent la voie. Et si tu décidais de leur envoyer un mail ? De leur dire tout le bien que tu penses de leur travail ? De les encourager à continuer ? C’est peut-être tout ce dont notre écosystème a besoin pour aller mieux.


Douala 🇨🇲 

Changer de stratégie : un pas de plus vers ton objectif

Quand on court après un objectif, notre plus grand obstacle est souvent le fait que nous tombons amoureux de notre stratégie. Nous en sommes tellement épris que nous oublions que ce n’était qu’une voie parmi d’autres pour atteindre notre objectif. Et si la stratégie ne marche pas, il faut la changer et essayer une autre.

N’aie pas peur de changer de stratégie, de méthode, si celle que tu utilises actuellement ne donne pas les résultats attendus. Ce n’est pas un abandon. Non, c’est simplement une reconsidération du problème pour l’aborder sous un nouvel angle. Il n’y a pas de mal à le faire.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi ton silence freine toute ta communauté

Il y a quelques jours, je te parlais du fait que le silence est le carburant du mal. C’est une réflexion que je continue de débattre autour de moi, et j’aimerais t’apporter aujourd’hui quelques précisions.

Beaucoup préfèrent garder le silence parce qu’en général, le silence profite à l’individu. C’est pour le collectif qu’il est souvent le plus néfaste. Une personne va garder secrète sa découverte pour en bénéficier seule, aussi longtemps que possible. Le problème, c’est que plus elle tarde à la partager, plus elle retarde le moment où la communauté peut s’en saisir, l’améliorer, et en faire profiter un maximum de personnes.

Comme je te l’expliquais dans mon précédent texte, le développement suit le rythme du partage d’information dans une société. Plus nous inventons des moyens de communication, plus il est facile de faire passer une information d’un cerveau à un autre, et plus vite la vie dans la communauté s’améliore.

C’est un concept sur lequel nous, Africains, sommes encore un peu à la traîne. Et je pense que le développement d’une société est intimement lié au niveau de partage des individus qui la composent. Les sociétés où les gens gardent tout pour eux, dans l’espoir de maximiser leurs gains personnels, sont souvent celles qui évoluent le plus lentement. Et paradoxalement, en voulant tout gagner tout seul à court terme, on finit par plomber nos potentiels gains à long terme.

Si tu détiens une information précieuse et que tu ne la partages pas avec ta communauté, quelle qu’en soit la raison, sache que tu participes à freiner l’évolution de cette communauté. Et c’est d’ailleurs l’un des arguments favoris de certains suprémacistes blancs : Les Noirs ne contribueraient pas assez à l’intelligentsia collective.

Un argument pas totalement faux, malheureusement, si l’on regarde bien ce qui se passe aujourd’hui.


Dschang 🇨🇲 

Tu veux devenir propriétaire ? Voici le levier que personne ne t’a dit !

Aujourd’hui, j’aimerais te parler d’une opportunité que tu ne connais peut-être pas — et qui pourrait bien t’intéresser. Si tu es encore Camerounais, bien sûr.

Il s’agit du Crédit Foncier Camerounais. Une banque d’État dont l’une des missions principales est d’accompagner les Camerounais à devenir propriétaires, en accordant des crédits à taux très avantageux, sur des durées assez longues.

C’est le secret bien gardé de beaucoup de mbenguistes qui viennent construire des immeubles au pays. L’un des directeurs de la banque nous a d’ailleurs révélé que près de 90 % des crédits étaient contractés par des membres de la diaspora. Ils ont même des bureaux à Paris, à Washington (je crois), et dans toutes les provinces du pays.

Pourquoi est-ce si avantageux pour les gars de la diaspora ? Parce que le taux de change et les salaires plus élevés qu’ils touchent en Occident leur permettent de prendre plus facilement des crédits importants. L’effet de levier est beaucoup plus intéressant pour eux.

Mais bon, si tu es dans la diaspora, je parie qu’aucun de tes amis qui a utilisé ce levier pour construire son immeuble ne t’en a parlé. Chacun garde le secret comme si on lui avait dit que cet argent allait bientôt finir. Moi-même, après toutes ces années passées en Occident, personne ne m’en avait jamais parlé avant que mon pote Raoul ne m’en touche un mot il y a deux ou trois ans.

Que tu sois au pays ou à l’étranger, je t’invite vivement à te rapprocher de l’agence la plus proche et à ouvrir ton compte. Même si tu n’as pas encore de projet immobilier. Tu peux déjà t’en servir pour ton épargne en vue d’un futur projet. Et qui sait ? Peut-être qu’ils lanceront bientôt une promo, comme ils le font parfois, et tu pourras en profiter.

Si tu as moins de 35 ans, c’est le moment ou jamais de créer ton compte et de lancer un projet. Les taux d’intérêt sont BEAUCOUP plus avantageux pour cette catégorie.
BEAUCOUP PLUS AVANTAGEUX !

On dit souvent que ce pays ne fait rien pour nous, alors qu’il existe plein d’initiatives utiles — mais dont une poignée seulement profite, en silence

Ne fais pas comme eux. Maintenant que tu as cette information, partage-la. Envoie ce texte à tes proches. Tu es peut-être le seul obstacle entre l’un d’eux… et l’immeuble qu’il inaugurera dans deux ans.


Dschang 🇨🇲 

Déconstruire l’homme, c’est détruire la société

“Inutile comme les oncles paternels.” Quand ce ne sont pas les oncles, ce sont les tantes, sinon toute la famille paternelle qui prend cher. Il devient presque impossible de passer une semaine — voire même une journée — sur les réseaux sociaux sans lire une phrase du genre. Et le pire, c’est que même les hommes se prêtent au jeu.

Dans une société qui semble vouloir à tout prix effacer la figure masculine, tu trouves encore des tocards qui contribuent à leur propre extinction. Comme si, en dénigrant la famille paternelle aujourd’hui, leurs enfants allaient faire différemment demain.

Oui, nos familles ont leurs dysfonctionnements. Mais je refuse de croire qu’ils ne se trouvent que du côté paternel. Oui, beaucoup de mamans se battent pour leurs enfants. Mais sans les papas, ce monde ne serait certainement pas là où il en est aujourd’hui.

Les hommes sont le socle d’une société solide. Et les fragiliser, les tourner en dérision, les mépriser, ne fera qu’ouvrir la porte à un effondrement encore plus rapide. C’est un jeu dangereux. Très dangereux. Et nous ne devrions pas y jouer.

Peut-être que c’est facile pour moi d’écrire ce texte en tant qu’homme. Mais je te le dis avec conviction : Une fois que nous aurons terminé de démolir la figure paternelle, il ne faudra pas s’étonner des ravages qui s’en suivront. Il y a peut-être des choses à améliorer dans nos familles, dans nos modèles. Mais de grâce, n’introduisons pas ce poison dans notre société.

Vive les papas, qui trop souvent se battent dans l’ombre pour maintenir l’équilibre.
Vive les familles, qui, malgré leurs défauts, font de leur mieux pour leurs enfants.
Vive les mamans.
Et vive la société africaine telle que nous la connaissons.
Elle n’est pas parfaite, mais elle fait le job.


Douala 🇨🇲 

Chaque choix compte. Et toi, tu choisis quoi ?

Hier, j'ai regardé une vidéo d'un youtubeur français qui parlait de la fulgurante ascension de la marque chinoise BYD dans le domaine de l'automobile et surtout de la concurrence féroce qu'elle mène à Tesla, ayant vendu l'année dernière, dans le monde, 4 fois plus de voitures électriques que le constructeur américain.

Mais un élément m’a particulièrement marqué à la fin de la vidéo. Le youtubeur posait cette question : "Est-ce qu’on va soutenir l’innovation et aller avec les marques chinoises comme BYD, ou accepter un peu de retard technologique pour soutenir les constructeurs occidentaux et donc nos économies locales ?"

Ce matin, en allant au bureau, une scène m'a fait repenser au questionnement du youtubeur de la veille. Dans un sens comme dans l'autre de la route, j'ai aperçu 2 motos qui transportaient des porcs abattus derrière. Certainement pour être transportés dans les boucheries où ils seront dépecés et vendus dans la journée. Les queues des porcs traînaient quasiment au sol. Et je ne te parle même pas de la chaîne du froid.

Cette scène a attiré mon attention parce que le porc c'est le produit star de notre marque Le Porc Braisé. Et tout le travail que nous faisons depuis 5 ans que nous avons lancé ce projet a pour finalité de pouvoir offrir aux consommateurs une viande de meilleure qualité. Nous avons commencé par les conditions d'hygiène dans la livraison. Ensuite nous sommes remontés à la préparation. Et le but ultime est de remonter jusqu'à la ferme où nous pourrons organiser la chaîne et imposer de meilleures pratiques dans l'industrie. Telles que des abattoirs professionnels, des véhicules frigorifiques pour transporter la viande d'un point à un autre. Le respect de la chaîne du froid de bout en bout. La garantie que la viande que vous mangerez aura été cuite dans les 10 minutes précédant sa consommation.

Mais tout ceci a un prix. Un prix qui ne s'exprime pas toujours en argent. Car il est possible de faire toutes ces améliorations et avoir un coût de revient inférieur à celui actuellement pratiqué sur le marché. Souvent le prix à payer c'est le soutien, de supporter les entreprises qui ont le courage de vouloir changer les choses. D'accepter qu'elles pourraient être légèrement plus chères pour commencer. D'accepter qu'on devra faire un peu plus d'efforts pour avoir leurs produits. D'accepter que quelques erreurs seront faites sur le parcours. Parce qu'on s'est posé la question comme ce youtubeur de savoir quel est le choix qu'on va faire. Rester dans le statu quo actuel, avec les intoxications alimentaires à répétition, des secteurs d'activité pas du tout structurés et donc l'impossibilité d'exporter notre savoir-faire, ou bien nous allons décider d'aller vers le progrès, vers de meilleures perspectives dans le futur.

Nous sommes à 3 mois de l'élection présidentielle et ceux qui le pourront iront choisir le futur dirigeant pour notre pays. Mais ce n'est pas le seul choix qui pourra amener le changement que nous voulons voir dans ce pays. 

Chaque jour, nous avons le pouvoir de voter à travers des micro-choix :

  • dire merci quand un service est rendu
  • laisser un pourboire à une serveuse ou un chauffeur qui se démarque
  • acheter un produit local au lieu d’un produit importé
  • inscrire ses enfants à l’école ici plutôt qu’à l’étranger
  • soutenir les entreprises locales ambitieuses
  • manger du porc chez Le Porc Braisé plutôt que chez les vendeurs sans hygiène
  • partager ce texte au lieu d’une vidéo de danse virale

C'est l’addition de tous ces choix quotidiens qui dessine le pays que nous aurons demain. Rien ne se fait par magie. Tout est conséquence.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi les arnaques de type Ponzi marchent aussi bien chez nous ?

Hier, à la boutique du quartier, j’ai entendu le boutiquier discuter avec une cliente à propos d’un extrait vidéo d’un journal. Il s’agissait d’une société ayant organisé une escroquerie de type pyramide de Ponzi. Elle promettait à ses victimes des gains hebdomadaires substantiels et aurait réussi, en l’espace d’un mois, à subtiliser plus de 20 milliards de FCFA.

Tout cela m’a immédiatement fait penser à un de mes oncles, qui me parlait il y a quelques mois d’une société similaire. Elle invitait à souscrire à une technologie d’électricité par panneaux solaires avec des promesses mirobolantes. Le siège social ? En Russie, soi-disant. Je lui ai dit qu’une entreprise sérieuse dans l’énergie n’avait pas besoin de collecter des fonds auprès de petits souscripteurs africains qui peinent à manger trois fois par jour. Et même si c’était le cas, elle ne passerait certainement pas par WhatsApp pour le faire. Encore moins avec des admins utilisant des numéros congolais.

J’ai tout essayé, mais je voyais bien qu’il n’était pas convaincu. Exactement comme une dizaine d’années plus tôt, quand je le mettais en garde contre les dangers du Midas dans lequel il avait investi… et qu’il me recommandait aussi.

Chaque année, une nouvelle arnaque du genre secoue le Cameroun — et d’autres pays africains. Et chaque fois, je me demande comment ça peut encore marcher, alors que les cicatrices de la dernière ne sont même pas refermées.

J’ai commencé à développer une théorie.

Bien sûr, le niveau d’éducation bas est un facteur clé. La pauvreté et le désespoir, des accélérateurs. Mais quand on regarde bien les victimes, il y a de tout : des diplômés, des gens pas du tout pauvres, comme mon oncle.

Mais un trait commun se dégage : la croyance. La plupart de ces pyramides se propagent dans les milieux religieux. De fidèle en fidèle. Avec, parfois, le pasteu comme ambassadeur.

La religion pousse à croire sans comprendre, sans se poser de questions. Elle enseigne que tout est la volonté de Dieu et que seule la prière sauve. Elle nous déresponsabilise et nous rend crédules. Incapables de discernement.

Et quand tout s’écroule, au lieu d’analyser, de réfléchir, d’apprendre, on dit que c’était la volonté de Dieu. Qu’il nous restituera au centuple. Même si personne ne connaît quelqu’un à qui c’est réellement arrivé.

La religion a ses bienfaits. Mais comme tout, le poison est dans la dose. Et je pense qu’il est temps de réduire la dose, chez nous. Sinon, nous allons continuer à subir la vie comme des animaux sans défense.


Douala 🇨🇲