“International” ne veut pas dire meilleur : et si on rééduquait notre fierté ?

Ce matin, j’ai décidé de marcher pour aller au bureau. C’était mon exercice de privation du jour : aller au bureau à pied. Histoire de m’entraîner à ne pas être prisonnier du confort. Si demain je n’ai pas les moyens de prendre la moto, ou s’il n’y a tout simplement plus de transport en ville, je ne serai pas pris au dépourvu.

J’ai donc marché un peu plus d’1h30. Et quand tu marches autant dans une ville comme Douala — et je pense que c’est pareil dans la plupart des grandes villes du Cameroun — ce qui te saute aux yeux, c’est le nombre d’écoles. Il y en a partout. Comme me disait un agent immobilier la semaine dernière : “Les écoles à Douala, c’est comme les églises et les bars. Il y en a à tous les coins de rue.”

Sauf que, contrairement aux bars, la prolifération des écoles est plutôt logique : on est dans un pays de 30 millions d’habitants, avec une moyenne d’âge de 18 ans. Un pays d’enfants, en d’autres termes.

Mon bureau et ma maison (mon petit appartement hein, je te vois venir) se trouvent à Douala 5e. Et d’après certains experts, Douala 5e est la zone avec le plus fort pouvoir d’achat en Afrique centrale, en termes de nombre d’habitants et de revenus. En gros, j’ai marché dans une zone habitée par une classe moyenne supérieure. Une classe censée donner l’exemple dans un pays.

Et pourtant, quasiment toutes les écoles que j’ai croisées portaient le mot “international” dans leur nom. Comme si, pour qu’une école soit “potable” et digne d’enseigner les enfants de cette élite locale, elle devait absolument avoir un label étranger, proposer un programme venu d’ailleurs, ou simplement coller le mot “international” pour faire chic.

Pour beaucoup, c’est banal. Pas pour moi. Ce sont exactement ces petits détails qui me parlent.

On dirait que, même après avoir “réussi” nos vies ici au pays, nous restons profondément complexés. Complexés par ce qui vient de l’extérieur. Il faut absolument que quelque chose d’étranger entre dans l’éducation de nos enfants : programme français, britannique, russe, turc… tout sauf camerounais.

Mais dis-moi, comment peut-on construire notre propre avenir si on laisse les autres — et leurs agendas — éduquer nos enfants ? À quel moment allons-nous réaliser que nous n’avons aucune obligation à continuer de former la main-d’œuvre des autres, à notre propre détriment ?

J’espère sincèrement que ce sujet prendra plus de place dans nos discussions. Parce qu’à force d’être banalisé, il est en train de devenir aussi “normal” que de jeter ses ordures en pleine rue.

On ne peut peut-être pas empêcher quelqu’un d’ouvrir une école ici, mais on peut choisir celle où on envoie nos enfants. Et surtout, on peut justifier ce choix. Car oui, nos enfants sont notre plus grand trésor. Et les éduquer avec les programmes des autres, ce n’est pas différent de laisser accoster des bateaux négriers dans nos ports.


Douala 🇨🇲 

L’épisode que tu attendais sur la diaspora est enfin là !

Ce week-end, on a enfin lâché la bombe.
Un nouvel épisode de Yes We Kam est en ligne. Celui-là, tu l’attendais. On le sait.

Un épisode tourné il y a plusieurs mois déjà… mais que nous avions gardé bien au chaud. Parce qu’il fallait ficeler les contours d’un projet important qu’on y annonce. Le projet n’est pas encore complètement live, mais on a décidé de ne plus attendre.

Spoiler alert : on y parle de la diaspora. Sérieusement. Sans filtre.

Tu vas rire. Tu vas réfléchir. Tu vas sûrement être piqué. Mais tu vas surtout comprendre.

L’épisode est dispo dès maintenant sur YouTube.
Va le regarder. Et surtout, partage-le à fond dans ton entourage. Que la vérité circule.



Douala 🇨🇲 

Et sans le savoir, il a fabriqué son propre concurrent

Il y a quelques jours lors de nos marches avec Madelle, nous avons pris un Yango et après la course lui avons demandé s'il faisait des courses privées. Il nous a répondu que oui et que ça coûtait 3500 F l'heure. Nous avons décidé de le prendre en course pour le reste de la journée afin d'avoir un chauffeur à disposition pour les différents tours que nous avions à faire.

À la fin de la journée, ça s'est tellement bien passé qu'il nous a donné son numéro, nous disant de le contacter si nous avions d'autres courses pareilles à faire. Il nous a expliqué que c'est sur ce genre de marché qu'ils gagnent bien, vu qu'ils ne doivent pas payer les 22% de frais de Yango.

Samedi passé, j'étais resté tard au bureau et j'avais rendez-vous juste après avec une pote en ville. J'avais besoin qu'il vienne me chercher au bureau, attende à la maison que je me prépare et ensuite me dépose à mon lieu de rendez-vous. Je l'ai appelé et son téléphone ne passait pas. Finalement, j'ai dû appeler un Yango pour me déposer à la maison et un autre pour m'accompagner à mon rendez-vous.

Hier encore, avec Madelle, nous avions tout un tas de courses à faire et j'ai décidé de l'appeler de nouveau pour lui proposer le job. Une fois de plus, son numéro ne passait pas. J'ai dû appeler un Yango. Et en cours de chemin, j'ai demandé au chauffeur s'il faisait des courses privées, à quoi il a répondu que oui. Au même tarif de 3500 F. Il nous a accompagnés toute l'après-midi dans nos courses. 7 heures de temps exactement. Comme la dernière fois avec le premier chauffeur.

En fin de journée, nous nous sommes échangé nos numéros et le chauffeur m'a lancé qu'il est disponible même pour les voyages. Et qu'en plus de la Yaris avec laquelle nous avons circulé en journée, il a aussi une Rav4.

Pourquoi je t'en parle ce matin ? Parce que le chauffeur numéro un m'a écrit ce matin. M'expliquant que son téléphone avait un problème et qu'il n'était pas joignable. Ça m'a fait penser à tout ce que j'entends souvent des collaborateurs ou techniciens dire ici au Cameroun : "monsieur, je n'avais pas les unités pour appeler", "monsieur, je n'avais pas les data pour aller sur internet." Et moi de leur dire tout le temps à quel point il est important de toujours avoir des unités pour appeler et un forfait internet actif. Surtout si tout ou une partie de ton travail en dépend.

Aujourd'hui, à cause d'un téléphone défectueux, le premier chauffeur a perdu 2 marchés. Et le pire, c'est que sans s'en rendre compte, il a créé son propre concurrent. Je n'aurais peut-être jamais eu le contact du deuxième chauffeur si j'avais pu l'avoir hier. Et même si je l'avais eu et qu'il était occupé, je n'aurais peut-être pas eu besoin de prendre un deuxième numéro.

Dans la vie, des situations pareilles, il y en a tous les jours. Parce que nous ne sommes pas disponibles quand il le faut, parce que nous lançons le mauvais mot sous la colère, nous donnons la possibilité à nos clients d'aller tester un autre produit, nous donnons la possibilité à nos conjoints et conjointes d'écouter avec un peu plus d'attention les fleurettes qu'ils ou elles se font conter dehors.

Tu ne seras pas disponible tout le temps, ça ce n'est quasiment pas possible. Tu ne peux pas être de bonne humeur tous les jours. Mais n'oublie jamais que chaque moment d'indisponibilité ou de faiblesse est une occasion que tu donnes à tes concurrents de prendre du terrain. Et souvent ce terrain que tu perds, tu ne pourras jamais le récupérer. Surtout si tu as affaire à des concurrents qui maîtrisent ce principe à la perfection.



Douala 🇨🇲 

Tu sais que tu es Camerounais quand tu dis "le Pater" au lieu de "ton père"

Tout à l’heure, j’étais avec ma bonne amie Madelle. On mangeait les fameuses brochettes tapioca accompagnées de plantain braisé, avec de l’huile rouge et du sel. Elle en a profité pour me raconter comment le plantain préparé de cette manière était le petit déjeuner préféré de son papa. Le plantain braisé ou le macabo braisé. Si tu es de l’Ouest du Cameroun, tu sais de quoi je parle.

Elle me racontait comment, certains matins, son père appelait une de ses sœurs ou elle pour lui préparer ce petit-déjeuner dont il raffolait. C’était un moment assez émouvant, parce que je sais que son pater nous a quittés il y a quelques années. Et malheureusement, je n’ai pas eu la chance de le rencontrer.

Mais ce qui m’a le plus marqué dans cette discussion, c’est qu’à un moment, j’ai dit :
“Il faut au moins qu’on finisse ce plantain en l’honneur du Pater.” Une phrase banale, même pour toi. Mais relis-la bien. Tu ne trouveras rien d’anormal.
Et pourtant, en y repensant, je me suis souvenu qu’au Cameroun, quand il s’agit de parler des parents des autres, on ne dit jamais “ton Pater” ou “ta Mater”.
Non. On dit simplement “le Pater” ou “la Mater”.

Si tu n’es pas complètement déraciné comme certains mbenguistes, tu te rendras compte que c’est exactement comme ça que tu parles des parents des autres.
Et je pense que c’est une marque de respect très profonde.
Chez nous, les parents sont nos parents à nous tous. C’est une manière de dire qu’ils sont sacrés. Qu’ils appartiennent à la communauté. C’est pour ça qu’on n’ajoute pas de pronom possessif devant.

Et c’est là où j’ai remarqué qu’on était à l’opposé total de la culture occidentale, ou même de certaines familles riches ici, qui veulent être plus blancs que les blancs.
Eux sont persuadés que la vérité est de l’autre côté de la Méditerranée. Leur société repose sur un individualisme aigu, où chacun est en compétition avec l’autre. Et aujourd’hui, on peut déjà voir les dérives que cela entraîne.

Mais chez nous, au Cameroun, on a toujours su vivre ensemble. Le respect des anciens est une règle d’or. Les enfants sont élevés par le quartier. Les douleurs se partagent. Les repas aussi.

Alors peut-être que nos problèmes aujourd’hui viennent du fait qu’on veut s’éloigner de notre nature. Comme un poisson qui essaie de survivre dans la jungle : on suffoque.
Parce qu’on est trop loin de notre élément.

Si toi aussi tu te rappelles que tu dis toujours “le Pater” et “la Mater” — même pour parler des parents des autres — c’est que tu es encore plus africain que tu ne le penses.

Et peut-être qu’il est temps de retourner à cette Afrique qui est en nous. De chercher dans ton quotidien tous ces petits réflexes, ces mots, ces façons de vivre qui sont typiquement nôtres. Car ce n’est qu’en étant pleinement nous-mêmes qu’on pourra apporter quelque chose de nouveau à ce monde. Et ce monde, crois-moi, en a cruellement besoin.


Douala 🇨🇲 

J’ai parlé. Un mbenguiste a exécuté. Résultat ? Une solution pour tous les Camerounais

Quand je parle souvent, certains me disent que je perds mon temps. Que je ferais mieux de me concentrer sur ma vie au lieu de casser les tympans des gens. Que je ne pourrai jamais rien changer et que "c’est comme ça".

Mais moi, je suis convaincu du contraire. Je sais qu’on n’a pas besoin de 1000 personnes pour insuffler le changement. Il suffit d’une poignée. Un peu comme cette poignée d’hommes qui ont façonné les États-Unis et le rêve américain qu’on admire tant.

Quand je parle comme je parle là, c’est parce que je cherche ces personnes qui, avec moi, vont constituer cette poignée pour le Cameroun. Et si je continue de le faire depuis toutes ces années, c’est parce que ça marche. J’en ai déjà trouvé quelques-uns. Et les choses se mettent en place. Doucement. Mais sûrement.

Donc si tu n’es pas la cible, ne crois pas que la cible n’existe pas. La meilleure chose que tu puisses faire, c’est de partager dans ton entourage.

Aujourd’hui, je suis extrêmement fier de te présenter un autre résultat concret de ce que certains appellent mon bavardage… ou mes insultes, selon l’humeur.

Il y a 5 jours, je t’ai partagé un texte dans lequel je disais que je m’étais enfin inscrit sur les listes électorales. Et à la fin, j’écrivais :

PS : Normalement, si nos gars de la diaspora étaient sérieux, l’un d’eux aurait déjà repris cette base de données WhatsApp, créé une base interactive et mis en ligne un mini-site. Un truc simple : tu te géolocalises, ou tu réponds à trois questions (région, département, arrondissement), et on te montre le centre d’inscription le plus proche. Mais bon… ils savent seulement dire qu’ils sont informaticiens avec la bouche.”

Eh bien, un mbenguiste sérieux m’a pris au mot. Un vrai hein. Pas les mbenguistes de décembre là qui savent seulement chercher les femmes sur les lives Facebook.

Mon cousin Georges.

En silence, il a accepté le challenge. Et en moins de 48h, il a mis sur pied une solution. Nous avons passé le week-end à l’améliorer légèrement, à lui trouver un nom de domaine… et aujourd’hui, le site est live.

Tu peux le consulter, et surtout : le partager massivement. Plus personne ne doit avoir une excuse pour ne pas s’inscrire sur les listes électorales.

👉 https://elections237.com


Douala 🇨🇲 

Tu ne combats pas l’obscurité. Tu allumes une lumière

Ce matin, j’ai eu une discussion avec Lionel et il m’a partagé un bout de sagesse qu’il a appris en regardant les vidéos d’Irène Grosjean, la célèbre naturopathe française. Elle disait à propos de la résolution des problèmes :

On ne combat pas l’obscurité, on ramène de la lumière. On ne combat pas la maladie, on ramène de la vitalité.

Cette citation m’a profondément parlé. Elle m’a immédiatement rappelé une autre leçon, tout aussi puissante, du Dr Martin Luther King :

L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l'amour le peut.

On passe notre temps à nous plaindre : de nos familles, de nos communautés, de notre pays, de nos vies. Mais combien parmi nous prennent réellement le temps d’apporter une alternative, une solution, une lumière… au lieu de simplement souligner ce qui ne va pas ?

Tu trouves que le système éducatif de ton pays est défaillant ? Il ne sert à rien de le crier sur tous les toits tous les jours. Propose un système meilleur. Et progressivement, il remplacera l’ancien. Ta partenaire n’est pas assez attentionnée ? Au lieu de te plaindre, sois plus attentionné toi-même.

C’est une leçon que la diaspora gagnerait à apprendre. Cette diaspora éduquée dans les plus grandes écoles du monde, mais qui, au lieu de proposer des solutions concrètes, passe son temps à pleurnicher sur internet ou à casser les ambassades. Comme si cela allait changer quoi que ce soit.

Il y a quelques jours, je te disais que je ne croyais pas vraiment au vote en Afrique. C’est aussi parce que l’institution même du vote — ce système qui nous fait croire que notre salut viendra simplement du fait de choisir un homme ou un groupe d’hommes — est selon moi une forme de déresponsabilisation. On ne cherche plus de solutions, on cherche des sauveurs. Et élection après élection, la déception. Mais on recommence. Encore et encore.

Imagine ce que ce serait si chacun des 30 millions de Camerounais décidait d’apporter ne serait-ce qu’un petit éclat de lumière. Une idée, un geste, une solution, une alternative. Imagine l’impact que cela aurait. Plutôt que d’attendre qu’un président, un député, un ministre, ou même Dieu vienne allumer une ampoule au bout de notre tunnel, on pourrait tous sortir une bougie.

Parce qu’au fond, ce n’est pas la lumière qu’on attend. C’est nous qui devons l’apporter.


Douala 🇨🇲 

Le stoïcisme a changé ma vie. Et peut-être qu’il sauvera la tienne

Je t’ai dit hier que je venais de commencer un nouveau programme qui va me conduire jusqu’à mon anniversaire, le 28 mai (note bien la date 😏) norh. Dans ce programme, j’ai quelques livres à lire ou relire. Et le premier sur la liste est un ouvrage d’un de mes auteurs préférés, Ryan Holiday. Le livre s’intitule The Obstacle Is the Way, en français L’obstacle est le chemin.

C’est un livre que j’ai personnellement offert à plusieurs personnes et recommandé à des dizaines d’autres. Une magnifique introduction au stoïcisme, cette philosophie que j’ai découverte il y a quelques années… et que j’ai adoptée d’un coup. Une philosophie partagée par certaines des personnes les plus brillantes de l’histoire : de Marc Aurèle, l’empereur philosophe, à Steve Jobs, le génie de la tech.

Le stoïcisme, c’est une philosophie comme tant d’autres. Une façon de voir la vie. Un peu comme les religions que tu connais, sauf qu’ici il n’y a pas de leader qui veut contrôler les masses pour un agenda que lui seul connaît. Le stoïcisme t’enseigne à être un homme bon, courageux, discipliné et juste. Pas pour espérer une quelconque récompense dans un paradis lointain, mais simplement parce que c’est la bonne chose à faire.

En lisant quelques passages ce matin, une question m’est venue à l’esprit. Une question que je me pose souvent quand je plonge dans les enseignements de cette magnifique philosophie : pourquoi, en venant en Afrique, les colons nous ont apporté la Bible au lieu d’un livre comme “Pensées pour moi-même” de Marc Aurèle ? L’un des livres les plus puissants jamais écrits.

Si, à la place de la Bible, on avait reçu Marc Aurèle, je pense sincèrement que l’esclavage et la colonisation n’auraient pas duré aussi longtemps. Si nos enfants de la diaspora, au lieu de remplir les églises vides d’Occident, lisaient du Sénèque, de l’Épictète ou du Marc Aurèle, ils auraient depuis compris quelle est leur véritable mission, et ce que cela signifie d’être vraiment libre.

Peut-être que ma rencontre avec le stoïcisme a été l’élément déclencheur qui m’a sauvé de la ruine vers laquelle beaucoup d’enfants de la diaspora foncent à toute vitesse. Ou peut-être que j’étais juste prédestiné à me battre pour mon peuple. On ne le saura peut-être jamais. Mais une chose est sûre : on ne lit pas du stoïcisme sans en ressortir transformé.

Je t’invite vraiment à t’y plonger. Et si tu ne sais pas par où commencer, je te recommande The Daily Stoic (en français, Une année avec les Stoïciens), du même Ryan Holiday. Un court chapitre par jour pour méditer sur la sagesse, la persévérance et l’art de vivre. Commence avec la date du jour, lis chaque matin… et avance ainsi jusqu’à la fin. Ça ne te prendra pas plus de 10 minutes par jour, mais crois-moi, ce seront probablement les minutes les mieux investies de ton année.


Douala 🇨🇲 

Et si ton confort était la vraie prison ?

“Réserve-toi un certain nombre de jours pendant lesquels tu te contenteras de la nourriture la plus frugale et la moins chère, d’un vêtement grossier et rude, tout en te disant : ‘Est-ce donc cela que je redoutais ?’ (...) C’est précisément dans les moments d’insouciance que l’âme doit se renforcer à l’avance pour les occasions de plus grande difficulté. Et c’est lorsque la Fortune se montre favorable qu’elle doit se fortifier contre sa violence.”

Si tu as l’impression d’avoir déjà lu ça quelque part, c’est sûrement parce que tu as lu mon texte Fatigué, affamé, mais j’ai quand même écrit ce texte. Le texte dans lequel je te promettais de revenir plus tard te parler des exercices de privation inspirés des stoïciens.

L’occasion est toute trouvée aujourd’hui : je commence un programme spécial de 40 jours qui me mènera à mon anniversaire, le 28 mai (note la date 😏). Ce programme inclut plusieurs exercices de privation volontaire.

Dans le stoïcisme, la discipline est un pilier. Ces exercices d’autodiscipline visent à renforcer la résilience, la liberté (la vraie, la liberté intérieure) et la maîtrise de soi.

En s’exposant volontairement à des situations inconfortables ou à des manques temporaires, on apprend à :

  • préparer son esprit aux coups du sort,
  • distinguer le besoin du superflu,
  • renforcer sa gratitude,
  • briser la dépendance au confort.

On devient plus fort. Plus ancré. Moins dépendant. Plus vivant. Comme disait Épictète : “J’ai couché sur le sol, mangé peu, porté un manteau rugueux. Rien ne m’a tué.”

Quand tu as vécu certaines situations, tu sais que la peur qu’elles inspirent à d’autres n’est souvent qu’un tigre en papier. Et le meilleur moyen de t’en rendre compte, c’est de t’infliger toi-même ces situations. Régulièrement.

Depuis que j’étudie le stoïcisme, je me demande parfois si je ne suis pas né à la mauvaise époque. Car des exercices de privation, j’en ai fait toute ma vie. Et c’est sûrement pour ça que je ne trouve pas que ça demande autant de courage que ça de revenir vivre au pays. Voire même dans son village.

Quand je parle souvent de la diaspora comme inutile et parfois néfaste pour l’Afrique, c’est parce que beaucoup n’ont jamais développé cette auto-discipline. Ils ont troqué leur liberté contre un semblant de confort. Et tant qu’ils ne s’élèvent pas au-dessus de ce confort, même revenus en Afrique, ils ne feront que contribuer à nous enfoncer davantage.

Parmi les exercices de privation recommandés par les stoïciens :

  • dormir par terre ou sur un sol dur,
  • porter des habits simples ou usés pour briser la peur du regard des autres,
  • s’imposer un jeûne,
  • renoncer à certains plaisirs ou habitudes de confort,
  • ou encore se répéter : “ce n’est pas un mal”, à chaque inconfort ressenti.

Tu veux travailler tes muscles ? Va à la salle. Tu veux prendre du poids ? Mange plus. Tu veux devenir plus intelligent ? Lis. Apprends. Tu veux être fort aux fesses ? Prends ton poutoulou. 😄 Mais si tu veux forger ta résilience, ton courage, ta liberté intérieure, commence par te priver volontairement.

Ces vertus essentielles ne s’apprennent ni dans les livres ni à l’université. Elles s’éprouvent. Et les exercices de privation sont ton meilleur entraînement. Ne te limite pas au carême ou aux traditions religieuses. Tu peux te discipliner à tout moment, sur tout ce que tu veux.

J’ai demandé à ChatGPT de me sortir une cinquantaine d’exemples concrets pour t’inspirer. Je te les ai rassemblés dans un document que tu peux télécharger ici 👇

📄 50 exercices de privation – Le guide PDF

Bonne chance sur ce nouveau chemin vers :

  • plus de force mentale,
  • moins de peur de la perte,
  • une plus grande autonomie émotionnelle,
  • et une meilleure appréciation des plaisirs simples de la vie.


Douala 🇨🇲 

Tu es la personne la plus importante de ta vie. Oui, même avant tes enfants.

Il y a une chose que je répète souvent aux gens de mon entourage — et qui, la plupart du temps, les choque. Surtout ceux qui sont déjà parents. Je leur dis : “La personne la plus importante dans ta vie, c’est toi.”

Et comme souvent chez les cordonniers mal chaussés, je me suis rendu compte aujourd’hui que je ne m’appliquais pas vraiment ce conseil. Je le disais à qui voulait l’entendre : que j’étais la personne la plus importante de ma vie. Même avant mes enfants. Mais en réalité, mes actes n’étaient pas du tout en accord avec mes paroles. Je pensais peut-être l’être… mais dans les faits, je faisais passer les besoins de presque tout le monde avant les miens.

Je t’en parle aujourd’hui, parce que je n’aimerais pas que tu commettes la même erreur. Personne ne sera jamais aussi reconnaissant de ce que tu lui donnes que toi-même.

Sois altruiste. Sois généreux. Aide les autres. Mais n’oublie jamais que tu dois rester ta priorité, en tout temps. Parce que la bonne charité — la charité ordonnée — commence par soi-même.


Douala 🇨🇲 

Le vote n’est pas une solution. C’est un message

J’ai beaucoup hésité avant d’écrire ce texte. Et franchement, même maintenant, à 20 heures passées, encore au bureau, je me demande s’il est judicieux de m’y attaquer. Mais bon, c’est comme s’il y avait un mauvais esprit qui ne veut vraiment pas que je le fasse. Donc je m’y colle.

Je voulais te parler des listes électorales. Plus précisément de l’inscription sur les listes électorales. J’ai un peu honte d’en parler maintenant, mais je ne pouvais pas le faire plus tôt… parce que moi-même, je n’étais pas encore inscrit.

J’ai couru après les caravanes mobiles d’inscription pendant des mois, en vain. Un coup on me dit qu’ils sont à Zachman. Quand j’y vais, ils sont déjà partis. Un autre jour, je les vois à l’entrée de l’IUT. Mais comme j’étais pressé par un rendez-vous, je me dis que je vais y aller le lendemain. Et bien sûr, le lendemain… plus rien. Une fois, j’entends qu’ils seront à l’école publique de Ndogbong à une date précise. J’y vais… ils sont déjà partis. Et le fait qu’il y avait un délai limité pour s’inscrire n’a pas arrangé les choses.

Pourquoi je courais après les caravanes mobiles à Ndogbong ? Parce que c’est là-bas que je vis, et c’est là-bas que je voulais voter. Je ne voulais pas me retrouver à traverser la ville le jour du scrutin pour aller faire compter ma voix. Trop de friction. Et sûrement fait exprès pour que seuls les plus motivés aillent voter.

J’en ai parlé à Flavien qui m’a informé qu’il y avait des centres fixes. Et celui de Douala 5e est à Bonamoussadi. Juste sur ma route pour aller au bureau.

La semaine dernière, j’y suis allé et je me suis enfin inscrit. Oui oui, je me sens comme un jeune adulte qui vient d’avoir sa première barbichette. Et en octobre, j’aurai les favoris et la moustache. Je serai un adulte complet.

Tu l’auras compris : c’est la première fois de ma vie que je m’inscris sur les listes électorales. Et ce sera la première fois que je vais voter. À mon vieil âge. Mais bon, mieux vaut tard que jamais.

Puisqu’on en parle, je ne sais vraiment pas encore pour qui je vais voter en octobre.
D’ailleurs, je ne pense pas que tous les candidats se soient encore prononcés. Et pour être honnête, si je devais suivre le système que j’ai imaginé il y a quelques mois, je mettrais Eto’o et Flavien sur ma liste.

Ce sont les deux personnes que je connais qui, selon moi, ont un amour profond pour ce pays et qui se démarquent dans leurs actions. Il en existe sûrement des milliers d’autres, mais je ne les connais pas. Quant aux candidats de la précédente élection, je leur reproche à tous au moins une chose grave, donc difficile de leur redonner ma confiance.

Mais bon, s’il faut choisir entre la peste et le choléra, je ferai mon devoir de citoyen. Je mettrai mon bulletin dans l’urne.

En vérité, même si tu penses que les élections seront truquées, je t’invite quand même à faire ce geste. Parce qu’au-delà du résultat final, ce geste envoie un message :

  • Un message aux candidats.
  • Un message à la nation.
  • Un message au monde entier.
  • Et surtout, un message à toi-même, comme quoi tu es capable d’agir.

Mais je vais être honnête : je ne crois pas vraiment aux élections en Afrique. Parce que j’ai l’impression que beaucoup trop d’entre nous attendent un homme providentiel pour changer leur situation. Beaucoup pensent que les dirigeants sont la source exclusive de nos problèmes, et ne lèvent plus le petit doigt pour faire avancer les choses eux-mêmes.

C’est bien d’avoir un leader. Mais ça n’annule pas ta propre capacité d’agir.

J’aimerais tellement qu’on fasse fi des leaders et qu’on se retrousse les manches, chacun à son niveau. Qu’on avance, qu’on redresse ce pays. Et c’est pour cette raison que je me fous un peu de qui gagnera les prochaines élections. Il sera mon président, c’est ce que je sais. Et je travaillerai avec lui, comme je peux, pour faire avancer la cause de mon pays, le Cameroun.

Parce que ce pays, qu’on le veuille ou non, nous survivra tous. Nous serons tous morts, et le Cameroun existera encore (enfin… s’il n’a pas été entièrement vidé au profit du Canada d’ici là).

Mais pour l’instant, l’heure est aux inscriptions. Si, comme moi, tu galères à trouver les caravanes mobiles, sache qu’il existe un centre permanent dans chaque arrondissement du pays. Et il y a un jeune (je ne connais pas son nom) qui a lancé une association pour t’accompagner dans ce processus. Il suffit d’enregistrer leur numéro : +237 698 36 45 32. Ensuite, tu les cherches sur WhatsApp. Ils ont un compte WhatsApp Business. Dans le catalogue, tu trouveras la liste complète des centres d’inscription permanents, par région.

Et si tu es à l’étranger, avec ton passeport Ndolè encore valide, Google te dira dans quelle ambassade ou consulat t’inscrire.

Rappelle-toi : le plus important, ce n’est pas le gagnant. C’est d’agir. De voter. D’envoyer un message.

PS : Normalement, si nos gars de la diaspora étaient sérieux, l’un d’eux aurait déjà repris cette base de données WhatsApp, créé une base interactive et mis en ligne un mini-site. Un truc simple : tu te géolocalises, ou tu réponds à trois questions (région, département, arrondissement), et on te montre le centre d’inscription le plus proche. Mais bon… ils savent seulement dire qu’ils sont informaticiens avec la bouche.


Douala 🇨🇲