Faut-il abandonner le manioc pour sauver nos cerveaux

Depuis quelques semaines, j’ai une question qui me taraude l’esprit : “Est-ce que je devrais arrêter de manger du manioc ?

Au début du mois d’avril, lors d’une de ses interventions à Paris, le Pr Jean Paul Pougala, l’un de mes mentors virtuels, affirmait que “le manioc rendait bête.” Parmi ses sources, il pointait du doigt des rapports de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé.

Dans sa prose légendaire, il demandait d’ailleurs à l’audience de se poser la question de savoir pourquoi, de la banane, de la pomme de terre et du manioc — toutes découvertes en Amérique du Sud — c’est le manioc que les colons nous avaient légué et presque obligés à cultiver pour la consommation.

Il faisait remarquer que même en Amérique du Sud, d’où la plante est originaire, elle n’était pas consommée par les humains. Et encore moins en Occident. Et justement, je me suis rappelé que de tous les pays du monde que j’ai pu visiter, et de toute ma connaissance culinaire, il n’y avait qu’en Afrique qu’on consommait du manioc. Les autres l’utilisent principalement pour l’industrie.

Pour un fan de bâtons de manioc comme moi, tu peux comprendre que ce fut un énorme choc. La science aurait parlé et si je ne voulais pas finir bête, je devrais arrêter de consommer du manioc. De plus, tu sais que je suis aussi un entrepreneur de la bouche. Et avec Katering, nous travaillons sur notre prochaine marque après Le Porc Braisé, dont le produit phare serait le manioc. Donc en plus d’éviter de finir bête, il fallait peut-être aussi que je renonce à un potentiel futur business. Le dilemme devenait de plus en plus grand.

J’ai fait mes recherches, et effectivement, la consommation de manioc serait associée à des risques de crétinisme. Je n’ai vu aucune recherche qui montrait une causalité directe, mais des recherches qui expliquaient clairement que, dans certaines conditions, consommé d’une certaine manière, le manioc pouvait être dangereux pour la santé.

Normal que les Occidentaux n’en consomment pas. Car contrairement à nous qui réglons les problèmes au niveau individuel, eux ont une approche systémique. Au lieu d’apprendre à toute la population comment bien choisir la variété de manioc et bien le cuire, ils préfèrent juste orienter la politique alimentaire vers une autre direction. Ainsi, on élimine quasiment tous risques.

Cette approche de résolution globale des problèmes est l’une des choses que j’apprécie beaucoup chez les Occidentaux et que j’essaie moi aussi de mettre en place ici dans la résolution de nos problèmes. Raison pour laquelle tu auras l’impression que je m’acharne sur la diaspora et l’immigration. Alors qu’en réalité, j’essaie juste de corriger le problème à la source afin d’éviter qu’on ait à les résoudre au cas par cas. Mais bon, je t’en parlerai plus en détail un autre jour.

J’ai continué mes recherches sur le manioc, en cherchant à entendre des voix contraires à celles du Pr Pougala. Je n’en ai pas trouvé beaucoup, ce qui n’est pas étonnant, car nous n’avons pas l’habitude de partager nos connaissances avec les autres, quand bien même nous avons pris la peine de chercher. Néanmoins, je suis tombé sur la vidéo d’un entrepreneur agricole béninois qui aurait fait du manioc l’un de ses chevaux de bataille. Et dans son discours, il y a des choses que j’ai appréciées.
Comme le fait qu’il ait fait écouter la vidéo entière du Pr Pougala et qu’il relevait certaines fausses affirmations comme le rendement à l’hectare du manioc, qui avait largement été sous-estimé par le professeur. Il a lui aussi détaillé les rapports de l’OMS qui datent de 1996 et qui expliquaient clairement quel type de manioc est vraiment dangereux.

Mais le point qui m’a le plus frappé dans sa vidéo, et un point sur lequel lui-même ne s’est pas beaucoup attardé, c’est la notion de “psychose”.

Car en effet, le manioc occupant une grande place dans l’alimentation des peuples d’Afrique subsaharienne, dire qu’il rend bête sans proposer d’alternative viable, c’est créer une vraie psychose dans la population. Le manioc, en plus d’être un produit très consommé chez nous et ce sous plusieurs formes, représente une grosse source de revenus pour une grande partie de la population. Souvent la partie la plus pauvre. Et je pense que c’est un peu maladroit de juste dire qu’on devrait arrêter sa consommation sans proposer d’alternatives.

Le manioc n’est pas l’aliment le plus dangereux que nous consommons. Sur nos côtes par exemple, nous avons des poissons globes (le tétraodon), un poisson qui contient une toxine super dangereuse. Une toxine qui était d’ailleurs utilisée dans le vaudou pour créer des morts-vivants, tellement son effet était puissant sur l’organisme. Ce n’est pas ce qui empêche les hommes de le manger. C’est d’ailleurs un poisson très prisé au Japon où il faut faire des années d’apprentissage pour apprendre à bien le cuisiner.

Mais même si on sort du cadre des toxines comme le cyanure que contiendrait le manioc en petite quantité, d’autres aliments sont beaucoup plus dangereux pour le corps humain que le manioc. Je prends l’exemple du sucre raffiné, qui à lui seul cause beaucoup plus de dégâts que la plupart des aliments réunis.

Faut-il aussi arrêter de manger du sucre ? Certainement ! Mais peut-on se permettre de vilipender ce sucre dans l’alimentation des plus pauvres tant que nous n’avons rien d’autre pour le remplacer ? Je ne pense pas !

Il y a quelques mois, je faisais un article sur le bâton de manioc où j’expliquais que normalement on devrait déjà avoir des grandes marques locales sur ce produit, tellement ça fait longtemps que nous le préparons de cette manière et vu sa popularité dans le pays. Et comme je te l’ai dit au début de ce texte, j’aimerais lancer une nouvelle marque qui tournerait autour du manioc. Donc je suis forcément très biaisé dans mes propos. Mais la vérité est que nous le sommes un peu tous. Chacun prendra la position qui défendra le mieux ses intérêts.

Par contre, cette polémique soulève de vrais problèmes.
Pourquoi ne pouvons-nous pas faire nos propres recherches en local pour déterminer quel est le réel niveau de dangerosité du manioc pour nos populations ?
Quelles sont les alternatives locales que nous avons pour nous nourrir en toute sécurité ?
Si le manioc aussi est une plante importée par les colons, quelles sont au final les plantes originaires de chez nous ?
Pourquoi ne pouvons-nous pas faire un travail anthropologique afin de rendre l’information disponible à tous ?
Pourquoi ne pouvons-nous pas, pour une fois, être totalement indépendants des autres quand il s’agit de notre ventre ?

J’ai vu certaines personnes suggérer qu’on retourne aux sources, qu’on apprenne à manger cru et qu’on se contente des aliments qui poussent naturellement dans la nature. Mais je pense que beaucoup de personnes ne comprennent toujours pas pourquoi l’agriculture est l’une des technologies les plus puissantes que les hommes ont développée jusqu’ici et pourquoi elle est à la base de toutes les autres technologies.

Nous sommes bien contents de tous les progrès que nous avons pu faire avec le temps, nous sommes ravis de voir de moins en moins de femmes mourir en couche, nous sommes heureux de voir tous les progrès que la médecine et toutes les autres sciences ont pu faire avec le temps. Mais ce que nous ne savons souvent pas, c’est que tout cela n’a été possible que parce que nous sommes sortis de la culture vivrière pour l’agriculture. Un mode de vie dans lequel une grande partie de notre temps était consacrée à trouver ce que nous allions manger.

Ce retour aux sources que certains prônent, c’est justement nous renvoyer des décennies en arrière. C’est nous pousser à consacrer tout notre temps à notre ventre et aucun à la recherche, au développement scientifique. Ce serait peut-être l’idéal dans un monde où tout le monde ferait pareil. Mais certainement pas dans le nôtre, où du jour au lendemain ton voisin, qui consacre ses journées à la recherche, peut te déclarer une guerre ou te lancer un virus extrêmement mortel.

Le manioc est peut-être dangereux pour notre santé. Il nous rendrait peut-être bêtes.
Mais je ne pense pas que le problème se trouve au niveau du manioc. Mais dans comment nous-mêmes nous nous voyons dans le monde. Et ce n’est pas en voulant adopter des solutions ponctuelles et individuelles que nous allons nous en sortir.

Je préfère encore perdre quelques neurones en consommant du manioc que de devoir consacrer 12h par jour à trouver ce que je vais manger. Car oui, si nous voulons sortir de cette précarité dans laquelle nous sommes plongés, nous aurons besoin de temps pour réfléchir, même si c’est avec quelques neurones en moins.


Douala 🇨🇲 

Chuter n’est pas échouer, abandonner oui

Il te sera très difficile d’être parfait dans la vie. De réussir du premier coup. De tenir toutes les résolutions que tu t’es fixées. D’avoir cette discipline que tu admires chez les meilleurs d’entre nous. Et ce n’est que normal. Tu n’es qu’un être humain comme nous tous. Et en tant que tel, tu n’es pas exempt d’échecs et de chutes.

Cependant, la chose la plus importante devra être ta capacité à te remettre en selle. À recommencer. À ne pas perdre espoir. À te dire qu’aucun échec, aucune chute, aussi fracassante soit-elle, ne saurait te définir.

Lève-toi et continue le combat de plus belle.


Douala 🇨🇲

Tu changes plus de vies que tu ne le crois

Hier, je lisais un texte de mon cousin Georges. Je ne sais même pas pourquoi je l’appelle toujours "mon cousin" alors que c’est mon frère. Certainement l’une des séquelles de la déformation occidentale (quand on te dit que l’immigration n’est pas bonne). Le texte s’intitulait Le silence des autres ne signifie pas qu’ils ne t’observent pas.”

Tu vois comment la vie est merveilleuse ? Hier, c’était lui qui lisait mes textes pour se motiver, et aujourd’hui, c’est moi qui cite les siens pour étayer mon propos (quand on te dit de commencer à partager tes idées).

Bref, dans ce petit et puissant texte que je t’invite à lire, Georges parle de tous ces effets que tes actions ont autour de toi. Toutes ces personnes que tu changes en silence. Dans un monde où nous sommes tous un peu accros aux likes, on a souvent l’impression d’être inutile quand on n’en reçoit pas. Et je plaide totalement coupable sur ce point.

Néanmoins, quel que soit ce que tu fais, si tu y mets de la conviction – toute ta conviction – comme moi quand je tire sur la diaspora, sache qu’il y a des gens qui te regardent, qui te lisent, qui t’écoutent et qui passent à l’action. Ne t’arrête pas parce que personne n’applaudit, comme disait Georges. Ne te demande même pas si tu devrais continuer, comme je l’ai fait plusieurs fois. Continue juste de mettre du cœur dans ce que tu fais. Et tôt ou tard, tu sauras l’impact que tu as eu sur les vies des personnes qui t’entourent.

J’ai souvent eu l’habitude de dire que j’étais un malchanceux. J’avais divisé le monde entre les talentueux et les chanceux. Et j’ai toujours considéré qu’on ne pouvait être que d’un côté, et que je faisais partie des talentueux. De ceux qui devaient se battre comme des beaux diables pour réussir. Mais en fait, je suis un chanceux. Je n’ai peut-être pas tout ce que je veux, mais j’ai quelque chose que très peu de personnes auront dans leur vie : voir des personnes changer grâce à ce que tu dis ou fais. Des personnes comme ça, j’en ai vu des centaines dans ma vie :
• Des personnes qui se sont mises au sport grâce à moi.
• Des personnes qui se sont mises à courir grâce à moi.
• Des personnes qui se sont mises à l’entrepreneuriat grâce à moi.
• Des personnes qui ont pris un hobby au sérieux grâce à moi.
• Des personnes qui ont changé leur perception du monde grâce à moi.
• Des personnes qui se sont mises à lire grâce à moi.
• Des personnes qui se sont mises à écrire grâce à moi.
• Des personnes qui ont commencé à espérer plus de la vie grâce à moi.
• Des personnes qui ont décidé de rentrer s’installer au pays grâce à moi.
• Et aujourd’hui, des personnes qui comprennent enfin quel est le combat que nous devrions mener pour nous en sortir.

Si ce n’est pas de la chance, je ne sais pas ce que c’est. Même Jésus n’a pas pu voir l’église qu’il a aidé à créer avant de mourir. J’espère que je ne vais pas mourir demain. Mais si c’est le cas, je suis content d’avoir pu inspirer autant de personnes de mon vivant.

Et crois-moi, je n’ai rien d’exceptionnel. Juste une conviction d’acier et un désir de partager avec mon entourage.

Si toi aussi tu as de belles choses à partager, et que tu as l’impression que personne ne t’écoute, je voudrais t’inviter à ne pas te décourager. Concentre-toi sur ton message. Renforce tes convictions. Et laisse la nature faire le reste. Mais crois-moi : même s’ils n’applaudissent pas, ton message résonne très fort dans leurs esprits.

C’est de cette façon que toutes les communautés solides se sont construites : à coups de convictions fortes, portées par quelques individus assez courageux pour prêcher dans le désert.


Douala 🇨🇲 

“International” ne veut pas dire meilleur : et si on rééduquait notre fierté ?

Ce matin, j’ai décidé de marcher pour aller au bureau. C’était mon exercice de privation du jour : aller au bureau à pied. Histoire de m’entraîner à ne pas être prisonnier du confort. Si demain je n’ai pas les moyens de prendre la moto, ou s’il n’y a tout simplement plus de transport en ville, je ne serai pas pris au dépourvu.

J’ai donc marché un peu plus d’1h30. Et quand tu marches autant dans une ville comme Douala — et je pense que c’est pareil dans la plupart des grandes villes du Cameroun — ce qui te saute aux yeux, c’est le nombre d’écoles. Il y en a partout. Comme me disait un agent immobilier la semaine dernière : “Les écoles à Douala, c’est comme les églises et les bars. Il y en a à tous les coins de rue.”

Sauf que, contrairement aux bars, la prolifération des écoles est plutôt logique : on est dans un pays de 30 millions d’habitants, avec une moyenne d’âge de 18 ans. Un pays d’enfants, en d’autres termes.

Mon bureau et ma maison (mon petit appartement hein, je te vois venir) se trouvent à Douala 5e. Et d’après certains experts, Douala 5e est la zone avec le plus fort pouvoir d’achat en Afrique centrale, en termes de nombre d’habitants et de revenus. En gros, j’ai marché dans une zone habitée par une classe moyenne supérieure. Une classe censée donner l’exemple dans un pays.

Et pourtant, quasiment toutes les écoles que j’ai croisées portaient le mot “international” dans leur nom. Comme si, pour qu’une école soit “potable” et digne d’enseigner les enfants de cette élite locale, elle devait absolument avoir un label étranger, proposer un programme venu d’ailleurs, ou simplement coller le mot “international” pour faire chic.

Pour beaucoup, c’est banal. Pas pour moi. Ce sont exactement ces petits détails qui me parlent.

On dirait que, même après avoir “réussi” nos vies ici au pays, nous restons profondément complexés. Complexés par ce qui vient de l’extérieur. Il faut absolument que quelque chose d’étranger entre dans l’éducation de nos enfants : programme français, britannique, russe, turc… tout sauf camerounais.

Mais dis-moi, comment peut-on construire notre propre avenir si on laisse les autres — et leurs agendas — éduquer nos enfants ? À quel moment allons-nous réaliser que nous n’avons aucune obligation à continuer de former la main-d’œuvre des autres, à notre propre détriment ?

J’espère sincèrement que ce sujet prendra plus de place dans nos discussions. Parce qu’à force d’être banalisé, il est en train de devenir aussi “normal” que de jeter ses ordures en pleine rue.

On ne peut peut-être pas empêcher quelqu’un d’ouvrir une école ici, mais on peut choisir celle où on envoie nos enfants. Et surtout, on peut justifier ce choix. Car oui, nos enfants sont notre plus grand trésor. Et les éduquer avec les programmes des autres, ce n’est pas différent de laisser accoster des bateaux négriers dans nos ports.


Douala 🇨🇲 

L’épisode que tu attendais sur la diaspora est enfin là !

Ce week-end, on a enfin lâché la bombe.
Un nouvel épisode de Yes We Kam est en ligne. Celui-là, tu l’attendais. On le sait.

Un épisode tourné il y a plusieurs mois déjà… mais que nous avions gardé bien au chaud. Parce qu’il fallait ficeler les contours d’un projet important qu’on y annonce. Le projet n’est pas encore complètement live, mais on a décidé de ne plus attendre.

Spoiler alert : on y parle de la diaspora. Sérieusement. Sans filtre.

Tu vas rire. Tu vas réfléchir. Tu vas sûrement être piqué. Mais tu vas surtout comprendre.

L’épisode est dispo dès maintenant sur YouTube.
Va le regarder. Et surtout, partage-le à fond dans ton entourage. Que la vérité circule.



Douala 🇨🇲 

Et sans le savoir, il a fabriqué son propre concurrent

Il y a quelques jours lors de nos marches avec Madelle, nous avons pris un Yango et après la course lui avons demandé s'il faisait des courses privées. Il nous a répondu que oui et que ça coûtait 3500 F l'heure. Nous avons décidé de le prendre en course pour le reste de la journée afin d'avoir un chauffeur à disposition pour les différents tours que nous avions à faire.

À la fin de la journée, ça s'est tellement bien passé qu'il nous a donné son numéro, nous disant de le contacter si nous avions d'autres courses pareilles à faire. Il nous a expliqué que c'est sur ce genre de marché qu'ils gagnent bien, vu qu'ils ne doivent pas payer les 22% de frais de Yango.

Samedi passé, j'étais resté tard au bureau et j'avais rendez-vous juste après avec une pote en ville. J'avais besoin qu'il vienne me chercher au bureau, attende à la maison que je me prépare et ensuite me dépose à mon lieu de rendez-vous. Je l'ai appelé et son téléphone ne passait pas. Finalement, j'ai dû appeler un Yango pour me déposer à la maison et un autre pour m'accompagner à mon rendez-vous.

Hier encore, avec Madelle, nous avions tout un tas de courses à faire et j'ai décidé de l'appeler de nouveau pour lui proposer le job. Une fois de plus, son numéro ne passait pas. J'ai dû appeler un Yango. Et en cours de chemin, j'ai demandé au chauffeur s'il faisait des courses privées, à quoi il a répondu que oui. Au même tarif de 3500 F. Il nous a accompagnés toute l'après-midi dans nos courses. 7 heures de temps exactement. Comme la dernière fois avec le premier chauffeur.

En fin de journée, nous nous sommes échangé nos numéros et le chauffeur m'a lancé qu'il est disponible même pour les voyages. Et qu'en plus de la Yaris avec laquelle nous avons circulé en journée, il a aussi une Rav4.

Pourquoi je t'en parle ce matin ? Parce que le chauffeur numéro un m'a écrit ce matin. M'expliquant que son téléphone avait un problème et qu'il n'était pas joignable. Ça m'a fait penser à tout ce que j'entends souvent des collaborateurs ou techniciens dire ici au Cameroun : "monsieur, je n'avais pas les unités pour appeler", "monsieur, je n'avais pas les data pour aller sur internet." Et moi de leur dire tout le temps à quel point il est important de toujours avoir des unités pour appeler et un forfait internet actif. Surtout si tout ou une partie de ton travail en dépend.

Aujourd'hui, à cause d'un téléphone défectueux, le premier chauffeur a perdu 2 marchés. Et le pire, c'est que sans s'en rendre compte, il a créé son propre concurrent. Je n'aurais peut-être jamais eu le contact du deuxième chauffeur si j'avais pu l'avoir hier. Et même si je l'avais eu et qu'il était occupé, je n'aurais peut-être pas eu besoin de prendre un deuxième numéro.

Dans la vie, des situations pareilles, il y en a tous les jours. Parce que nous ne sommes pas disponibles quand il le faut, parce que nous lançons le mauvais mot sous la colère, nous donnons la possibilité à nos clients d'aller tester un autre produit, nous donnons la possibilité à nos conjoints et conjointes d'écouter avec un peu plus d'attention les fleurettes qu'ils ou elles se font conter dehors.

Tu ne seras pas disponible tout le temps, ça ce n'est quasiment pas possible. Tu ne peux pas être de bonne humeur tous les jours. Mais n'oublie jamais que chaque moment d'indisponibilité ou de faiblesse est une occasion que tu donnes à tes concurrents de prendre du terrain. Et souvent ce terrain que tu perds, tu ne pourras jamais le récupérer. Surtout si tu as affaire à des concurrents qui maîtrisent ce principe à la perfection.



Douala 🇨🇲 

Tu sais que tu es Camerounais quand tu dis "le Pater" au lieu de "ton père"

Tout à l’heure, j’étais avec ma bonne amie Madelle. On mangeait les fameuses brochettes tapioca accompagnées de plantain braisé, avec de l’huile rouge et du sel. Elle en a profité pour me raconter comment le plantain préparé de cette manière était le petit déjeuner préféré de son papa. Le plantain braisé ou le macabo braisé. Si tu es de l’Ouest du Cameroun, tu sais de quoi je parle.

Elle me racontait comment, certains matins, son père appelait une de ses sœurs ou elle pour lui préparer ce petit-déjeuner dont il raffolait. C’était un moment assez émouvant, parce que je sais que son pater nous a quittés il y a quelques années. Et malheureusement, je n’ai pas eu la chance de le rencontrer.

Mais ce qui m’a le plus marqué dans cette discussion, c’est qu’à un moment, j’ai dit :
“Il faut au moins qu’on finisse ce plantain en l’honneur du Pater.” Une phrase banale, même pour toi. Mais relis-la bien. Tu ne trouveras rien d’anormal.
Et pourtant, en y repensant, je me suis souvenu qu’au Cameroun, quand il s’agit de parler des parents des autres, on ne dit jamais “ton Pater” ou “ta Mater”.
Non. On dit simplement “le Pater” ou “la Mater”.

Si tu n’es pas complètement déraciné comme certains mbenguistes, tu te rendras compte que c’est exactement comme ça que tu parles des parents des autres.
Et je pense que c’est une marque de respect très profonde.
Chez nous, les parents sont nos parents à nous tous. C’est une manière de dire qu’ils sont sacrés. Qu’ils appartiennent à la communauté. C’est pour ça qu’on n’ajoute pas de pronom possessif devant.

Et c’est là où j’ai remarqué qu’on était à l’opposé total de la culture occidentale, ou même de certaines familles riches ici, qui veulent être plus blancs que les blancs.
Eux sont persuadés que la vérité est de l’autre côté de la Méditerranée. Leur société repose sur un individualisme aigu, où chacun est en compétition avec l’autre. Et aujourd’hui, on peut déjà voir les dérives que cela entraîne.

Mais chez nous, au Cameroun, on a toujours su vivre ensemble. Le respect des anciens est une règle d’or. Les enfants sont élevés par le quartier. Les douleurs se partagent. Les repas aussi.

Alors peut-être que nos problèmes aujourd’hui viennent du fait qu’on veut s’éloigner de notre nature. Comme un poisson qui essaie de survivre dans la jungle : on suffoque.
Parce qu’on est trop loin de notre élément.

Si toi aussi tu te rappelles que tu dis toujours “le Pater” et “la Mater” — même pour parler des parents des autres — c’est que tu es encore plus africain que tu ne le penses.

Et peut-être qu’il est temps de retourner à cette Afrique qui est en nous. De chercher dans ton quotidien tous ces petits réflexes, ces mots, ces façons de vivre qui sont typiquement nôtres. Car ce n’est qu’en étant pleinement nous-mêmes qu’on pourra apporter quelque chose de nouveau à ce monde. Et ce monde, crois-moi, en a cruellement besoin.


Douala 🇨🇲 

J’ai parlé. Un mbenguiste a exécuté. Résultat ? Une solution pour tous les Camerounais

Quand je parle souvent, certains me disent que je perds mon temps. Que je ferais mieux de me concentrer sur ma vie au lieu de casser les tympans des gens. Que je ne pourrai jamais rien changer et que "c’est comme ça".

Mais moi, je suis convaincu du contraire. Je sais qu’on n’a pas besoin de 1000 personnes pour insuffler le changement. Il suffit d’une poignée. Un peu comme cette poignée d’hommes qui ont façonné les États-Unis et le rêve américain qu’on admire tant.

Quand je parle comme je parle là, c’est parce que je cherche ces personnes qui, avec moi, vont constituer cette poignée pour le Cameroun. Et si je continue de le faire depuis toutes ces années, c’est parce que ça marche. J’en ai déjà trouvé quelques-uns. Et les choses se mettent en place. Doucement. Mais sûrement.

Donc si tu n’es pas la cible, ne crois pas que la cible n’existe pas. La meilleure chose que tu puisses faire, c’est de partager dans ton entourage.

Aujourd’hui, je suis extrêmement fier de te présenter un autre résultat concret de ce que certains appellent mon bavardage… ou mes insultes, selon l’humeur.

Il y a 5 jours, je t’ai partagé un texte dans lequel je disais que je m’étais enfin inscrit sur les listes électorales. Et à la fin, j’écrivais :

PS : Normalement, si nos gars de la diaspora étaient sérieux, l’un d’eux aurait déjà repris cette base de données WhatsApp, créé une base interactive et mis en ligne un mini-site. Un truc simple : tu te géolocalises, ou tu réponds à trois questions (région, département, arrondissement), et on te montre le centre d’inscription le plus proche. Mais bon… ils savent seulement dire qu’ils sont informaticiens avec la bouche.”

Eh bien, un mbenguiste sérieux m’a pris au mot. Un vrai hein. Pas les mbenguistes de décembre là qui savent seulement chercher les femmes sur les lives Facebook.

Mon cousin Georges.

En silence, il a accepté le challenge. Et en moins de 48h, il a mis sur pied une solution. Nous avons passé le week-end à l’améliorer légèrement, à lui trouver un nom de domaine… et aujourd’hui, le site est live.

Tu peux le consulter, et surtout : le partager massivement. Plus personne ne doit avoir une excuse pour ne pas s’inscrire sur les listes électorales.

👉 https://elections237.com


Douala 🇨🇲 

Tu ne combats pas l’obscurité. Tu allumes une lumière

Ce matin, j’ai eu une discussion avec Lionel et il m’a partagé un bout de sagesse qu’il a appris en regardant les vidéos d’Irène Grosjean, la célèbre naturopathe française. Elle disait à propos de la résolution des problèmes :

On ne combat pas l’obscurité, on ramène de la lumière. On ne combat pas la maladie, on ramène de la vitalité.

Cette citation m’a profondément parlé. Elle m’a immédiatement rappelé une autre leçon, tout aussi puissante, du Dr Martin Luther King :

L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l'amour le peut.

On passe notre temps à nous plaindre : de nos familles, de nos communautés, de notre pays, de nos vies. Mais combien parmi nous prennent réellement le temps d’apporter une alternative, une solution, une lumière… au lieu de simplement souligner ce qui ne va pas ?

Tu trouves que le système éducatif de ton pays est défaillant ? Il ne sert à rien de le crier sur tous les toits tous les jours. Propose un système meilleur. Et progressivement, il remplacera l’ancien. Ta partenaire n’est pas assez attentionnée ? Au lieu de te plaindre, sois plus attentionné toi-même.

C’est une leçon que la diaspora gagnerait à apprendre. Cette diaspora éduquée dans les plus grandes écoles du monde, mais qui, au lieu de proposer des solutions concrètes, passe son temps à pleurnicher sur internet ou à casser les ambassades. Comme si cela allait changer quoi que ce soit.

Il y a quelques jours, je te disais que je ne croyais pas vraiment au vote en Afrique. C’est aussi parce que l’institution même du vote — ce système qui nous fait croire que notre salut viendra simplement du fait de choisir un homme ou un groupe d’hommes — est selon moi une forme de déresponsabilisation. On ne cherche plus de solutions, on cherche des sauveurs. Et élection après élection, la déception. Mais on recommence. Encore et encore.

Imagine ce que ce serait si chacun des 30 millions de Camerounais décidait d’apporter ne serait-ce qu’un petit éclat de lumière. Une idée, un geste, une solution, une alternative. Imagine l’impact que cela aurait. Plutôt que d’attendre qu’un président, un député, un ministre, ou même Dieu vienne allumer une ampoule au bout de notre tunnel, on pourrait tous sortir une bougie.

Parce qu’au fond, ce n’est pas la lumière qu’on attend. C’est nous qui devons l’apporter.


Douala 🇨🇲 

Le stoïcisme a changé ma vie. Et peut-être qu’il sauvera la tienne

Je t’ai dit hier que je venais de commencer un nouveau programme qui va me conduire jusqu’à mon anniversaire, le 28 mai (note bien la date 😏) norh. Dans ce programme, j’ai quelques livres à lire ou relire. Et le premier sur la liste est un ouvrage d’un de mes auteurs préférés, Ryan Holiday. Le livre s’intitule The Obstacle Is the Way, en français L’obstacle est le chemin.

C’est un livre que j’ai personnellement offert à plusieurs personnes et recommandé à des dizaines d’autres. Une magnifique introduction au stoïcisme, cette philosophie que j’ai découverte il y a quelques années… et que j’ai adoptée d’un coup. Une philosophie partagée par certaines des personnes les plus brillantes de l’histoire : de Marc Aurèle, l’empereur philosophe, à Steve Jobs, le génie de la tech.

Le stoïcisme, c’est une philosophie comme tant d’autres. Une façon de voir la vie. Un peu comme les religions que tu connais, sauf qu’ici il n’y a pas de leader qui veut contrôler les masses pour un agenda que lui seul connaît. Le stoïcisme t’enseigne à être un homme bon, courageux, discipliné et juste. Pas pour espérer une quelconque récompense dans un paradis lointain, mais simplement parce que c’est la bonne chose à faire.

En lisant quelques passages ce matin, une question m’est venue à l’esprit. Une question que je me pose souvent quand je plonge dans les enseignements de cette magnifique philosophie : pourquoi, en venant en Afrique, les colons nous ont apporté la Bible au lieu d’un livre comme “Pensées pour moi-même” de Marc Aurèle ? L’un des livres les plus puissants jamais écrits.

Si, à la place de la Bible, on avait reçu Marc Aurèle, je pense sincèrement que l’esclavage et la colonisation n’auraient pas duré aussi longtemps. Si nos enfants de la diaspora, au lieu de remplir les églises vides d’Occident, lisaient du Sénèque, de l’Épictète ou du Marc Aurèle, ils auraient depuis compris quelle est leur véritable mission, et ce que cela signifie d’être vraiment libre.

Peut-être que ma rencontre avec le stoïcisme a été l’élément déclencheur qui m’a sauvé de la ruine vers laquelle beaucoup d’enfants de la diaspora foncent à toute vitesse. Ou peut-être que j’étais juste prédestiné à me battre pour mon peuple. On ne le saura peut-être jamais. Mais une chose est sûre : on ne lit pas du stoïcisme sans en ressortir transformé.

Je t’invite vraiment à t’y plonger. Et si tu ne sais pas par où commencer, je te recommande The Daily Stoic (en français, Une année avec les Stoïciens), du même Ryan Holiday. Un court chapitre par jour pour méditer sur la sagesse, la persévérance et l’art de vivre. Commence avec la date du jour, lis chaque matin… et avance ainsi jusqu’à la fin. Ça ne te prendra pas plus de 10 minutes par jour, mais crois-moi, ce seront probablement les minutes les mieux investies de ton année.


Douala 🇨🇲