60 ans à l’étranger… pour ne rien ramener ?

Aujourd'hui c'était la journée Papa. Oui oui, je sais aussi être un papa.

Le matin, j'accompagnais Ayité et sa classe au festival Lafi Bala. Un festival organisé depuis des années entre la ville de Chambéry et celle de Ouahigouya au Burkina Faso. Les enfants ont assisté à 2 ateliers tenus par des artistes venus tout droit du Burkina Faso. Le premier atelier, les enfants ont vu une démonstration de Batik, cette technique millénaire de teinture sur tissu. Et dans le deuxième, ils ont eu droit à une introduction au djembé. Tu pouvais voir la joie sur leurs visages.

Le soir, c'était la fête de fin de saison au club de foot de Zowa. L'occasion pour les parents de faire des parties avec leurs enfants. S'en est suivie l'assemblée générale du club où le bureau a présenté toutes les informations importantes concernant le club. La vie du club et tout. Nous avons eu droit à une intervention de l'adjoint au maire qui nous a parlé des investissements que la mairie avait récemment faits pour le foot dans la commune, dont la rénovation d'une superbe pelouse et l'installation de l'éclairage. Une pelouse tellement bonne que les clubs des Girondins de Bordeaux ou même de l'AS Saint-Étienne l'ont adoubée à plusieurs reprises comme étant la meilleure pelouse de Savoie. Rien que ça !

Mais pourquoi je te parle de tout ça ? Parce que je ne suis pas le seul papa africain en Occident, ni le premier, loin de là. Dans son intervention, l'adjoint au maire nous disait qu'il y a soixante ans, il était à la place de ces jeunes. C'est te dire que ce ne sont pas des choses qui datent d'hier. Toutes nos générations de mbenguistes qui pour peu ont eu des enfants ici en Occident sont forcément passées par tous ces moments.

Ils auraient pu instaurer des choses similaires au pays. Militer pour que les sorties scolaires soient systématiques dans les écoles. Pas seulement dans les écoles des ultra riches. Créer des associations sportives dans les communes afin de permettre à nos enfants de pouvoir s'épanouir d'une manière constructive. Et non traîner dans les rues, comme nous le rappelait justement l'adjoint au maire.

Comme j'ai l'habitude de le dire, ce n'est pas pour le sport que ces enfants sont inscrits en clubs. C'est d'abord pour la discipline. Les grands sportifs qui en sortent après, ce n'est que la cerise sur le gâteau.

Et il n'y a pas meilleur moyen de créer l'amour du territoire chez un enfant que de lui faire découvrir les perles de ce territoire pendant qu'il est encore très jeune et facilement influençable. Nous là, c'est une fois sortis du pays qu'on s'est même rendu compte à quel point notre pays était beau. Après on s'étonne que nos enfants n'aient aucune envie de rester chez nous.

Ces sorties scolaires systématisées, ces associations sportives, ce sont des initiatives des populations. Des populations conscientes. D'ailleurs dans le bilan financier du club de foot, ils nous ont bien rappelé qu'une grande partie des 138 000€ de recettes de cette saison provenait comme d'habitude des donations des entreprises de la commune et de quelques particuliers. Ils préfèrent financer le club de foot de leur commune et donner une meilleure chance à leurs enfants que de casser des champagnes en boîte de nuit en se snappant comme c'est souvent l'habitude chez nous.

Quand je dis souvent que notre problème n'a rien à voir avec nos dirigeants, certains me traitent de sardinard. Mais je crois que la prochaine personne qui va encore me dire que le gouvernement a fait ci ou ça pour justifier notre médiocrité générale, elle va me sentir.

Si nous n'arrivons même pas à émuler des choses aussi simples. Des choses qui n'ont besoin de l'approbation d'aucun gouvernement. Des choses qui peuvent se faire par nous-mêmes. Qu'est-ce que nous sommes vraiment capables de faire ? Qu'est-ce que nous avons appris du monde depuis plus de 60 ans que nous y allons étudier, travailler et vivre par vagues ? À part l'art de quémander des passeports et de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas ?


Barberaz 🇫🇷 

Et si la vraie force était dans la souplesse ?

Souple et faible est la voie du vivant…

L’homme à sa naissance est tendre et souple,
À sa mort, il est dur et rigide.

Les plantes, quand elles vivent, sont tendres et flexibles,
À leur mort, elles sont sèches et cassantes.

Ainsi, ce qui est rigide et dur est le disciple de la mort,
Ce qui est souple et faible est le disciple de la vie.

Une armée trop puissante sera vaincue.
Un arbre trop rigide se brisera.

La souplesse triomphe de la dureté,
La faiblesse l’emporte sur la force.

Ce texte est issu du Tao Te Ching du philosophe chinois Lao Tseu. Un texte que j’ai beaucoup aimé dès la première fois que je l’ai lu, et que je voulais te partager depuis le 21 février 2024 très exactement.

Il me revient en mémoire ces derniers jours, où je me dis qu’il est peut-être temps que j’apprenne à lâcher prise. Ces derniers jours où j’ai l’impression que ce combat pour mon pays me consume de plus en plus. Peut-être qu’il est temps que je sois plus souple et faible, et non dur et rigide.


Barberaz 🇫🇷  

Sans terres, pas de peuple

Tout à l’heure, avec mon pote Raoul, je lui parlais de la guerre de territoire.
Du fait que les terres sont une ressource limitée, et que le meilleur moyen pour un peuple — ou toute espèce d’ailleurs — d’assurer sa pérennité, c’est d’occuper et de conserver le maximum de terres possibles. Des terres pour accueillir plus d’individus, pour nourrir l’espèce, pour l’épanouir.

Quand je dis que nous, Africains, risquons de disparaître si nous ne faisons pas attention, je prends aussi en compte cette notion de territoire. Pendant que la plupart des peuples défendent leur espace, leur coin du monde, bec et ongles, on a l’impression que l’Afrique est larguée.

Non seulement nous fuyons nos terres pour aller nous réfugier chez les autres, dans l’espoir d’un lendemain meilleur, mais en plus ceux qui restent n’occupent pas assez ce territoire.

Quand je voyage à travers les campagnes de France, je suis toujours fasciné par le degré d’occupation du territoire. Au milieu de nulle part — une montagne, une vallée, le fond d’une forêt — tu tomberas sur un village où les habitants n’ont rien à envier à leurs homologues de la ville, en termes d’équipements.Tu sens que chaque centimètre carré du pays a été pensé. Il n’y a pas de zones à conquérir, tout est déjà maîtrisé.

À l’inverse, dans certains villages du Cameroun, j’ai parfois l’impression d’être dans une zone où l’homme n’a jamais mis les pieds. Un territoire qui, sur le papier, appartient au pays, mais qui, en réalité, reste sous le contrôle de la forêt équatoriale.

On aime répéter, comme un slogan venu d’ailleurs, que bientôt nous serons 2 milliards en Afrique. Mais moi, je me demande : on va les mettre où ? Si même aujourd’hui, on n’a toujours pas compris l’importance stratégique de notre territoire. On ne pourra pas tous vivre dans des villes bancales, mal conçues, déjà dépassées.

Notre salut viendra aussi de la manière dont nous occupons nos terres. Et ça commence par nos campagnes.


Barberaz 🇫🇷 

Et si notre avenir commençait dans les campagnes ?

Longue journée aujourd’hui. Longue journée de conduite à travers les campagnes de France. Et comme d’habitude, je suis toujours impressionné par la quantité de terres utilisées pour l’agriculture. Par le nombre de petits villages agricoles.

Quand je vois ça, je me demande si nous ne sommes pas en train de faire une grande erreur dans nos pays africains. Ne serait-il pas préférable de faire un retour vers les campagnes, et de commencer le développement à partir de là-bas ? Parce qu’aujourd’hui, en Afrique, nous n’arrivons pas à nous nourrir à notre faim, et nous ne maîtrisons quasiment aucune de nos matières premières.

Les campagnes ne seraient-elles pas le terrain de jeu naturel pour développer ces activités de base, qui en réalité sont le socle de toute émancipation ?

Mais bon… On va laisser la fête avec qui en ville ?


Lyon 🇫🇷 

Entre buzz et bulletins : il va falloir choisir

Je sais que certains diront que je dérange, mais il faut bien quelqu’un pour pointer du doigt certains de nos raisonnements bancals.

Il paraît que le professeur Maurice Kamto et son clan ont eu quelques échauffourées ce week-end avec les forces de maintien de l’ordre. C’est ce que j’ai pu voir sur les statuts de certains de mes contacts.

Mais moi, la question que je continue de me poser, c’est : Pourquoi est-ce plus facile de partager des photos de l’altercation des partisans du MRC avec la police, comme s’ils annonçaient l’arrivée du messie, que de simplement partager le lien du petit site que nous avons conçu pour faciliter les inscriptions sur les listes électorales ?

👉 https://elections237.com

Quand allons-nous enfin sortir des émotions pour entrer dans le concret ?
Quand allons-nous troquer nos buzz contre des actions ?

Mais bon… Vu que c’est moi qui parle… 🙃


Lorentzweiler 🇱🇺 

La vraie définition de la paresse. Et pourquoi elle nous concerne tous

Ce matin, je discutais avec un mbenguiste qui a un business au pays, et il a dit une phrase qui m’a envoyé dans tous mes états : "Les gars sont paresseux au pays."

Une phrase que, j’avoue, j’avais aussi souvent l’habitude de dire. Avant de me rendre compte qu’au pays, nous ne sommes pas forcément plus paresseux que ceux de la diaspora.

Les gars de la diaspora ont juste quelque chose en plus grâce à leur environnement. Ce quelque chose qui fait toute la différence. Et chaque fois que quelqu’un quitte du pays pour l’Occident, il ne lui faut pas longtemps pour rattraper le petit décalage.
Ce qui prouve que le problème n’est pas dans l’individu. Il est ailleurs.

Moi, ce que je dis, c’est que nous sommes tous des paresseux, en général. Que ce soit au pays ou dans la diaspora. Car être paresseux, ce n’est pas ne pas se lever tôt. Ce n’est pas traîner au lit. Être paresseux, c’est fuir ses responsabilités. C’est refuser de faire ce qu’il faut pour sortir d’une impasse. C’est passer son temps à se plaindre en espérant que la solution vienne d’ailleurs. Au pire, c’est fuir pour aller se cacher chez les autres… et continuer de pointer les autres du doigt.

Il est vraiment temps qu’on se bouge le cul. Temps qu’on sorte de cette léthargie qui nous caractérise. On pourra enlever cette étiquette de paresseux le jour où on aura construit quelque chose de solide en tant que peuple.

Et ça, seuls les bosseurs le font.


Emsdetten 🇩🇪 

Le design sauve des vies. Littéralement

J’ai passé la moitié de cette journée au volant. Et près du tiers de la journée précédente.

En réalité, un peu après minuit, je me suis arrêté pour dormir. Parce que par trois fois, j’ai eu des absences. Des moments où, pendant une ou deux secondes, je n’arrivais pas à me rappeler de la seconde précédente. Exactement le même type d’absence qui a causé mon accident de voiture en 2016.

Pourquoi je t’en parle aujourd’hui ? Parce que la décision de m’arrêter pour dormir n’a pas été prise de façon totalement rationnelle, comme tu pourrais le penser. L’élément le plus important dans ma décision, ça a été le fait qu’il y avait beaucoup d’aires de repos sur la route. D’ailleurs, vu que la prochaine ville était à 15 km, j’avais déjà décidé que je m’y arrêterais pour me reposer.

Et étant donné que j’avais déjà eu trois absences sur les trois derniers kilomètres… si ça se trouve, je n’aurais pas survécu aux 15 prochains. Et je n’aurais pas été là pour t’écrire ce texte ce soir.

Ce que je veux te dire c’est que la plupart de nos problèmes peuvent se résoudre avec du design.

Changer les mentalités directement est une tâche incroyablement ardue. Mais designer un nouveau schéma, un nouveau cadre qui pousse les gens à agir d’une certaine manière, peut avoir des résultats spectaculaires.

C’est la grande différence entre les pays développés et les nôtres : le design. Comme je disais à Madelle tout à l’heure, si tu veux que les gens jettent moins de choses par terre, au lieu de te casser la tête à essayer de convaincre ou d’insulter, arrange-toi juste à installer plus de poubelles.

Une fois de plus, je te recommande de lire Alchemy de Rory Sutherland. Pour avoir un aperçu de cette science du design comportemental, les behavioral economics.


Münster 🇩🇪 

Être un homme ne s’improvise pas : un livre qui bouscule

Il y a quelques jours, Madelle a remarqué que je ne publiais plus mes notes de lecture. Au moins elle. Les autres là, je peux même disparaître et c’est après un an qu’ils s’en rendront compte — s’ils s’en rendent même compte.

Bref, la discipline ne laisse personne. Même pas moi. Cette année, je n’ai lu que quelques livres pour le moment. Et je n’ai fait aucune note de lecture. Shame on me!

Mais la remarque de Madelle est arrivée à un moment où j’étais en pleine lecture (enfin, écoute) d’un livre dont j’aurais tellement aimé te partager les notes. Mais comme tu le sais déjà, ça ne me laisse pas cette année.

Néanmoins, laisse-moi te recommander vivement de le lire, si tu es un homme. Et si tu es une femme, tu pourrais le partager avec ton compagnon, tes frères ou même tes fils. C’est un livre que je pense que tous les hommes devraient lire, tellement il est important. Enfin, je trouve.

Il s’agit de The Way of the Superior Man de David Deida. Un guide pour être un homme. Un vrai.

Je sais que tu es en train de te dire que tu es déjà un homme. Peut-être parce que tu en as une entre les jambes. Mais si c’est ça qui faisait de quelqu’un un homme, ça se saurait. Et tu le sais.

Comme je le dis souvent, je crois en l’apprentissage. Pour conduire, on prend des leçons. Pour lire et écrire, on l’a appris. Même pour exercer ton métier, tu as fait des années d’étude. Mais pour les choses les plus importantes de notre vie, c’est souvent du freestyle : cuisiner, prendre soin de sa santé, être parent… ou même être un homme.

Et on s’étonne que ce sont justement les domaines dans lesquels nous sommes souvent les plus mauvais.

Arrête-toi un moment et prends quelques leçons. Tu m’en diras des nouvelles. Pour ma part, je pense que c’est un livre sur lequel je reviendrai plus souvent. Surtout qu’il est disponible gratuitement sur Spotify.


Barberaz 🇫🇷 

L’arme secrète des meilleurs leaders : la psychologie

Aujourd’hui, j’ai eu deux grandes discussions qui faisaient appel à un peu de psychologie appliquée à la vie réelle. À un moment, j’ai même eu droit à la fameuse phrase : « Les sciences humaines ne sont pas des sciences. »

Je ne le dirai jamais assez : tant que nous continuerons à sous-estimer la psychologie et le caractère totalement irrationnel des êtres humains, nous passerons à côté de beaucoup de choses.

Si toi aussi, tu fais encore partie de ceux qui négligent l’importance de la psychologie, j’aimerais t’inviter à faire deux choses :

  • demander à ChatGPT de te faire une liste des biais cognitifs, avec une définition et un exemple pour chacun ;
  • et si tu es lecteur, à plonger dans le livre de Rory Sutherland : Alchemy.


Chambéry 🇫🇷

Le peuple attend, mais où sont ses leaders ?

Il y a quelques années, quand Steve Jobs décida que les téléphones ne devaient plus avoir de boutons et qu’ils se transformeraient peu à peu en de petits centres multimédia, il n’a pas demandé l’avis des consommateurs.
Quand Elon Musk s’est dit que le futur de l’automobile passerait par l’électrique, il n’a demandé la permission de personne.
Et des exemples comme ça, il en existe des milliers.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde façonné par des leaders — les vrais — qui ont pris la décision d'agir, souvent sans notre avis, parfois même contre nos protestations.
Et pourtant, nous sommes heureux de bénéficier de toutes ces innovations. Au point où, dans certains cas, nous ne pourrions plus nous en passer.

Si toi aussi tu fais partie de cette catégorie de leaders, il est peut-être temps d’arrêter de te plaindre, ou de chercher l’approbation.
Le temps est venu de te mettre au travail et de remplir ta mission : accompagner ton peuple vers la Terre promise.

Si ça se trouve, la faute ne revient pas au peuple qui semble perdu… mais à tous leurs leaders, qui étaient censés leur montrer la voie.


Barberaz 🇫🇷