Pourquoi je dérange (et pourquoi je ne vais pas m’arrêter)

Hier, j’ai sorti de mon chapeau un de ces textes que je fais quand je suis en forme et que j’ai un peu de temps devant moi pour t’expliquer ma perspective des choses. Et d’ailleurs, je n’ai pas tout dit sur le sujet car il commençait à se faire tard et que j’étais attendu à d’autres occupations.

Ce texte a suscité beaucoup d’émotions. Il a rallongé un peu plus ma liste d’ennemis, la liste de ces personnes qui, depuis un moment, ont plié le petit doigt sur moi. Il a été super bien accueilli par un groupe de personnes qui pensent que mes analyses sont assez pertinentes et qui ne manquent jamais de m’encourager à en faire plus souvent. Il a rajouté une couche de conviction à certaines personnes qui étaient mes grands détracteurs au début et qui, depuis un moment, commencent à me lire de façon objective. Mais surtout, il a rassuré un peu plus toutes ces personnes qui vivent ici au pays, toutes ces personnes qui ont fait le choix de rester et toutes ces autres qui ne pourraient pas partir même si elles le voulaient, faute de moyens. Il les a un peu plus réconfortées dans le fait qu’ils ne sont pas forcément du mauvais côté, tout au contraire.

Mais en réalité, il n’avait aucun de ces objectifs. Ce texte, comme tous mes textes, est juste le résultat d’une réflexion mûrie pendant des années. Il n’était que la partie émergée de l’iceberg qu’est tout ce que je pense du sujet abordé. Son seul objectif était d’exposer ce que je pense être le piège dans lequel nous, Africains, sommes tombés sans nous en rendre compte.

Comme d’habitude, certains sont venus me poser des questions comme si j’avais un jour dit que j’étais parfait. Comme si j’avais un jour dit que je n’avais jamais fait d’erreurs. Peut-être qu’il est temps que je sois un peu plus clair sur le sujet. Des erreurs, j’en ai faites. La plupart des pièges que je dénonce aujourd’hui ont eu ma peau à un moment ou un autre de ma vie. Je n’en suis pas fier. Mais ce n’est pas parce que j’ai fait l’erreur un jour de boire de l’eau sale que je vais m’interdire de mettre en garde tous ceux qui continuent de faire la même bêtise.

Des erreurs, je continue certainement à en faire. Mais une chose est sûre : je suis bien décidé à aller à la rencontre de la meilleure version de moi-même. En utilisant mon cerveau et mon bon sens. Ce que beaucoup d’entre nous, les Noirs, refusons encore de faire.

Des textes comme celui d’hier, j’en ai encore des centaines dans les cartons. Ils sont le résultat de plusieurs années d’analyse, plusieurs années de réflexion, plusieurs années à chercher à trouver des solutions aux fléaux qui minent la communauté noire et l’Afrique en général. Si tu as l’esprit ouvert et que tu es prêt à entendre des choses qui ne te feront pas forcément plaisir, je te souhaite une fois de plus la bienvenue sur mon blog et de t’abonner à ma chaîne WhatsApp pour ne rien rater de tout ce qui arrive. Car l’aventure ne fait que commencer. Si, par contre, tu n’as pas le cœur de supporter de lire toutes les découvertes que je vais exposer ici, aussi crues qu’elles puissent l’être, je te conseille de retourner sur Facebook lire les pages de Kongossa tranquillement. C’est sans rancune !


Douala 🇨🇲 

Tu élèves tes enfants pour qui, au juste ?

Quand j’étais plus jeune, je voulais être footballeur. Mes premiers vrais souvenirs avec le football doivent remonter à mes 7 ans. J’étais plutôt bon avec une balle au pied. Assez bon pour caresser le rêve d’en faire mon métier plus tard. Surtout que mon enfance, je l’ai passée à une ère magique du football. Quelques années après que le Cameroun ait fait vibrer le monde avec sa prestation à la Coupe du Monde 1990 en Italie. Une ère où nous voyions jouer El Fenomeno, Ronaldo. L’ère du maestro Zidane. Des joueurs aussi talentueux les uns que les autres. Influencé par tout ça, mon choix était vite fait : j’allais devenir un footballeur. Le futur Roger Milla.

Ma maman, elle, ne l’entendait pas de cette oreille. J’étais beaucoup trop brillant à l’école pour qu’elle me laisse envisager une carrière de footballeur. Mais moi, à part ça, je ne savais pas vraiment quoi d’autre je pouvais faire. Elle non plus d’ailleurs. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il fallait que j’aille le plus loin possible dans mes études. Elle caressait peut-être le rêve que je devienne un docteur, un grand ingénieur ou un grand directeur dans une grande entreprise plus tard. Je ne sais pas. Mais je pense que, comme la plupart des parents de sa génération, elle savait que ce rêve devait passer par une case études à l’étranger. Comme si ce n’était qu’à l’étranger qu’on pouvait acquérir le bagage nécessaire pour espérer à un avenir radieux.

Comme maman, la plupart des parents africains sont dans le même paradigme. Nous élevons nos enfants du mieux que nous pouvons jusqu’à ce qu’ils aient le bac, et ensuite on se bat pour qu’ils aillent ailleurs trouver la voie parfaite pour eux. Certains, un peu plus zélés, se disent que leurs enfants doivent devenir avocats ou médecins à tout prix. Et ça passe là aussi par la case expatriation.

Dans ma famille, j’ai des parents qui, après avoir vécu à l’étranger, ont décidé de retourner au pays. Soit pour les opportunités qui s’y trouvent, soit parce qu’ils avaient jugé que c’était le meilleur endroit pour élever leurs enfants. Mais tous, sans exception, ont fait des pieds et des mains pour renvoyer ces mêmes enfants en Occident une fois le bac en poche. Et beaucoup de ces enfants ne reviendront jamais au pays. Et pour ceux qui reviendront, ils referont le même schéma : renvoyer leurs enfants en Occident une fois le bac en poche.

Nous n’arrêtons pas de nous plaindre du sous-développement en Afrique comme si c’était la responsabilité d’une seule personne. Pour qu’un pays se développe, ça demande beaucoup de travail. Et surtout beaucoup de personnes à des postes spécifiques. Mais combien d’entre nous élevons nos enfants pour aller occuper ces postes ? Une bonne partie de tous mes amis en Occident ont étudié l’informatique, les télécoms ou tout autre métier lié aux nouvelles technologies. Pendant que leurs parents dorment dans le noir ici au Cameroun. Pendant que notre pays manque d’eau potable, que nos populations n’arrivent pas à maîtriser l’agriculture, et que nous ne sommes même pas capables d’organiser le moindre business. À quoi nous servent tous ces informaticiens ? À rien ! Mais ils sont bien utiles pour accélérer la digitalisation des pays occidentaux dans lesquels ils vivent. Creusant encore un peu plus le fossé entre ces pays et nous. Nous laissant à leur merci.

On a réussi à nous faire croire que c’était mal d’avoir beaucoup d’enfants. Et personne d’entre nous n’a jamais essayé de faire la corrélation entre la puissance d’un pays et sa population. Le premier capital d’une nation, c’est sa ressource humaine. C’est d’ailleurs le premier capital d’une famille. Et ce capital, au niveau de la famille ou de la nation, doit être utilisé sagement. À l’époque, on ne devenait pas un grand agriculteur parce qu’on avait beaucoup de terres, mais parce qu’on avait assez de mains pour labourer cette terre. Et souvent, les mains les plus fiables étaient celles de nos enfants. Personne ne portera ton projet mieux que toi ou tes enfants.

Nous, Africains, nous sommes devenus les spécialistes à produire la main-d’œuvre pour d’autres peuples. Nos frères et sœurs meurent de paludisme et de typhoïde dans la trentaine pendant que nos enfants sont occupés à sauver des octogénaires en Occident. À accompagner des centenaires dans leurs fins de vie. Et même nos plus grands intellectuels n’arrivent pas à voir l’ironie de la situation. Aveuglés par un argent qu’ils ne pourront jamais utiliser.

Beaucoup de bougres dans la diaspora sont convaincus que parce qu’ils ont été "sélectionnés" pour vivre en Occident, ils sont des chanceux. Aucun n’est assez malin pour comprendre le jeu qui est en place. Laisse-moi te raconter une petite histoire. Au Cameroun, comme dans la plupart des pays africains, tous les poulets de chair que nous élevons sont d’une race brevetée appartenant à des industriels en Occident. Ils nous louent la technologie pour créer les œufs dont ces poulets seront issus. Les œufs qui produiront les fameux poussins d’un jour. S’ils arrêtent de nous fournir la technologie, nous arrêtons aussitôt de produire les poulets. Aussi simple que ça. Autrement dit, bien qu’élevés sur place, la plupart des poulets que nous mangeons dans nos pays sont importés. Avec ce mécanisme, ils nous contrôlent et s’assurent que nous soyons toujours dépendants d’eux.

Les personnes qui ont mis ce système en place savent très bien comment ça marche pour éviter de se retrouver dans la même position de dépendance pour une autre ressource dont ils ont besoin venant de nous : la ressource humaine. Venir chaque fois nous demander la main-d’œuvre nécessaire pour avancer leurs économies serait se mettre en position de dépendance. Ils ont donc concocté un plan génial : importer la technologie de fabrication de main-d’œuvre afin que cette dernière la produise sur place. Si tu crois que c’est toi qui intéresses l’Occident parce que tu as eu la chance d’être parmi les heureux sélectionnés, c’est que le plan marche très bien sur toi. Ce qui l’intéresse, ce sont tes enfants, les enfants de tes enfants, et les enfants de ces enfants. Que tu le veuilles ou pas, toute ta lignée deviendra de la main-d’œuvre bon marché pour eux. Et le pire, c’est qu’ils seront convaincus qu’ils n’ont pas le choix. Pourquoi aller kidnapper les poussins chaque année quand on peut convaincre la poule de venir s’installer chez nous et nous produire ces poussins sur place ? C’est exactement ce qui se passe.

Si tu es dans cette situation et que tu n’y avais jamais pensé, je suis navré de te l’apprendre. Mais c’est toi le négrier 2.0, et les esclaves que tu transportes, ce sont ces enfants dans tes bourses ou tes ovules. Vu que tu ne connais pas l’importance de cette progéniture que tu portes en toi, quelqu’un est en train de te l’échanger pour une photo à la Tour Eiffel. Tu es Bac+ combien déjà ? Bref…

Si comme moi tu as déjà vécu en Occident, tu sais qu’on n’y rit pas avec les enfants. Les enfants ne sont pas les tiens. Ils sont d’abord ceux de l’État. Et on est prêt à te donner autant d’argent que nécessaire pour les élever. Et nous, profiteurs de notre état, on se dit "Wow, free lunch." Non, mon ami, ça s’appelle protéger son investissement. Ils ont bien compris que la force d’une nation, c’est sa ressource humaine. Et vu qu’il est pour le moment impossible d’aller la creuser dans une mine quelque part, il faut bien trouver un bon moyen de l’acquérir.

Si tu as lu quelques livres sur les guerres barbares d’antan, ou même juste regardé quelques films, tu sais qu’après la conquête d’un village on tuait les hommes et emportait femmes et enfants. Tu ne t’es jamais demandé pourquoi ? Bref, je parle même à qui ? Si tes parents t’élevaient sans mission autre que tu aies un "bon travail" demain, comment ton cerveau pouvait arriver là-bas ?

Ta ressource la plus précieuse après ton temps, ce sont tes enfants. Ce sont eux qui sont les plus à même de continuer ton œuvre. Ce sont eux qui feront vivre ta culture à travers eux et leurs enfants à eux. Tu ne devrais pas les vendre pour un bout de papier, fût-il un passeport bordeaux ou je ne sais quoi.

Garder tes enfants auprès de toi et les orienter vers la résolution des problèmes de ta communauté est ton meilleur moyen de sortir de la pauvreté.

Si tu penses que tu vas les envoyer voler un peu des connaissances d’un peuple 100 fois plus malin que toi et t’envoyer un peu d’argent pour te développer, c’est que tu es d’une naïveté qui fait peur. Et pourtant, c’est ce que nous passons notre temps à faire en Afrique. Et on s’étonne que depuis des années ça ne marche pas. Nous sommes persuadés que le problème ce sont nos dirigeants ? Qu’en changeant de président, nous allons résoudre le problème ? En mettant un président qui lui-même a envoyé ses propres enfants en esclavage en Occident ?

Mes enfants à moi, j’aimerais qu’ils continuent mon œuvre. Qu’ils continuent d’écrire ces textes qui te retourneront les méninges, et qui sait, pourront pousser tes enfants à se révolter de l’esclavage dans lequel tu les auras poussés. Je n’attends pas d’eux qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Sinon, ils seront comme moi, persuadés qu’ils doivent être footballeurs alors que leurs frères et sœurs ont besoin de médecins pour les soigner, que leurs pays ont besoin d’intellectuels pour repenser un nouveau contrat social, que nous avons besoin de scientifiques qui pourront nous aider à enfin exploiter à notre avantage toutes les ressources dont la nature nous a gratifiés.

Non, je ne suis pas dans le camp de "mes enfants deviendront ce qu’ils ont envie de devenir". C’est le camp de tous ceux qui ont laissé la télé, les jouets, la société et je ne sais quoi d’autre influencer leurs enfants pour leurs propres intérêts. Mes enfants à moi, ils devront travailler aux côtés de leur père à créer de la richesse et des solutions pour améliorer la vie de nos semblables. Et c’est la raison pour laquelle je les fais voyager au maximum. Qu’ils aient une grande ouverture d’esprit. Pour cette raison, je leur parle de ce que je fais, d’où nous venons, et du devoir qui est le nôtre.

Ce texte, il pourrait encore s’étaler sur plusieurs paragraphes, mais je préfère m’arrêter là pour le moment et te donner quelques conseils :

  • Si tu es en Occident, demande pardon à tes enfants de les avoir trahis pour un bout de pain (ou de papier), et si tu es assez courageux, travaille à les ramener sur leur Terre d’où tu les as arrachés pour aller les vendre en esclavage.
  • Si tu es en Afrique, commence dès maintenant à tracer la voie de tes enfants. Oriente-les dès maintenant vers les problèmes de ta communauté et retire de ta tête le projet des études en Occident. Si tu ne le fais pas, quelqu’un d’autre disposera de leurs énergies. Et crois-moi, ce ne sera jamais un deal en ta faveur si ça arrive.
  • Et si tu n’as pas encore d’enfants, sache qu’entre tes jambes repose ton plus gros trésor. Ce trésor est une partie de la solution à tous tes problèmes, à condition que tu t’y prennes bien et que tu évites les motos sur les pavés.


Douala 🇨🇲 

Tu veux changer le Cameroun ? Commence par y rester

Ce week-end, j’ai eu une discussion avec une amie qui m’a raconté une anecdote entendue de l’animateur et producteur radio camerounais, Cyrille Bojiko. Ce dernier disait qu’à l’un de ses voyages récents aux USA, il était tombé sur un policier des frontières d’origine haïtienne. Ce dernier, ayant constaté qu’il était camerounais, lui aurait dit qu’il s’inquiétait beaucoup pour le Cameroun. Qu’il voyait passer beaucoup trop de passeports camerounais à l’entrée des USA, et très peu qui en sortaient.

Il lui a raconté que c’est exactement la situation par laquelle est passée Haïti quelques années avant de sombrer dans le chaos total qu’on connaît aujourd’hui. Qu’il y a quelques années, quand la situation commençait à se dégrader en Haïti, les intellectuels et les personnes intelligentes ont fui le pays en masse. Laissant derrière eux des personnes pas assez intelligentes. Et ces personnes laissées derrière, une fois le pouvoir en main, ont juste détérioré la situation plus qu’elle ne l’était déjà. Précipitant le pays dans un tourbillon de violence, sans qu’il n’y ait assez de personnes sensées sur place pour leur barrer la route ou, du moins, tenir un autre discours. Et il disait qu’il avait peur que ce soit la même chose qui se produise au Cameroun.

Cette histoire m’a beaucoup fait sourire parce que c’est justement l’une des raisons pour lesquelles je pense que ma place est ici, au Cameroun. L’une des raisons pour lesquelles j’invite tous ceux qui réfléchissent à rentrer. Seulement ceux qui réfléchissent hein. Pas ceux dont les parents ont fait des "ways bizarres" pour les faire aller en Europe. Ceux-là peuvent rester là-bas.

C’est l’une des raisons pour lesquelles je passe mon temps à dire que la balance de la diaspora est négative par rapport au pays. Et l’une des raisons pour lesquelles, quand cette diaspora se plaint souvent des choses qui vont mal au pays, je leur rappelle toujours qu’on ne peut pas enlever les enfants les plus ordonnés d’une maison et s’attendre à ce que la maison soit propre. Il faut être stupide pour s’attendre à ça.

La meilleure action que nous pouvons faire pour sauver notre pays est de rester sur place pour lui donner la direction que nous voulons. Il ne sert à rien d’aller se réfugier en Occident et nous donner des consignes de vote ici. Ce ne sont pas nos votes qui iront travailler. C’est nous qui devons le faire. Du moins, les meilleurs d’entre nous. Mais si ces meilleurs décident de fuir le combat, il faudrait qu’ils sachent qu’ils nous condamnent à un échec certain.

Je ne sais pas ce que cette diaspora passe son temps à raconter là-bas en Occident. De conférence en conférence, de concert en concert, d’anniversaire de bébé d’un an à anniversaire de bébé d’un an. Je ne sais pas ce qu’elle pense pouvoir accomplir à distance quand elle laisse un vide pareil au pays. Mais bon, le temps nous le dira.


Douala 🇨🇲 

Le 7 avril 1994, l’humanité a failli

Le 7 avril 1994, il y a exactement 31 ans aujourd’hui, débutait au Rwanda l’un des génocides les plus sanglants des temps modernes. En l’espace de 100 jours, à peu près un million de personnes ont trouvé la mort. Principalement des Tutsis. En l’espace de 100 jours. Je te laisse faire le calcul. Sachant que la grande majorité fut tuée à l’arme blanche.

On sait quand et comment allumer un feu. Mais on ne sait pas toujours comment l’éteindre. En cette triste date marquant le mémorial du génocide des Tutsis au Rwanda, j’aimerais t’inviter à te poser un moment et à réfléchir. À réfléchir à toutes ces paroles, tous ces actes de division que tu poses aujourd’hui, qui pourraient être la graine d’un futur sombre demain.

En cette triste date du 7 avril, et pour les 100 jours à venir, j’aimerais t’inviter à envoyer avec moi une pensée à toutes ces personnes mortes des mains des hommes, toutes ces victimes de la bêtise humaine, et à tous les autres qui continuent de se battre jour et nuit pour qu’il n’y ait plus jamais de telles atrocités sur Terre.

Plus jamais ça !


Douala 🇨🇲 

Pourquoi l’Afrique stagne (et ce que les enterrements y révèlent)

Hier, après la grande messe autour de laquelle s’articulait la dernière cérémonie d’hommage à mon frère, nous avons appris que nous ne pouvions pas l’enterrer juste après comme prévu. Apparemment, c’était un jour sacré à Bana, et il fallait attendre le coucher du soleil avant de le mettre en terre. C’est la tradition pour les jours sacrés selon la coutume de notre village.

C’était amusant de voir comment des personnes qui, quelques heures plus tôt, faisaient toutes les plus belles prières pour accompagner son âme, se pliaient aux lois ancestrales, qui elles aussi sont censées aider à faciliter la transition vers son repos éternel.

Devant un spectacle pareil, qui n’est pas le premier dans son genre chez nous en Afrique, je n’arrête pas de me demander si nous ne sommes pas des clowns en réalité. Tu me diras peut-être que l’un n’empêche pas l’autre. Mais je ne pense pas qu’avant l’arrivée des colons, nous faisions des prières chrétiennes pour accompagner nos morts. Et je suis persuadé qu’en Occident, ils n’appliquent pas nos règles ancestrales pour accompagner leurs morts.

Comment sommes-nous donc arrivés à devenir des hybrides ? Ne pouvons-nous pas tout simplement nous contenter d’une seule voie ? Même si je crains que, s’il fallait choisir, beaucoup d’entre nous préfèreraient choisir la voie venue d’ailleurs.

Ça a l’air anodin, mais ce sont des petits détails comme celui-ci qui expliquent pourquoi il est aussi difficile pour nous de nous développer, malgré toutes les technologies à notre disposition. Nous avons le cul assis sur deux chaises. Et parfois même trois. Et quand on connaît l’importance du focus dans la réussite, il n’est pas étonnant que nous continuions à faire du surplace.


Douala 🇨🇲 

Deuils africains : que nous reste-t-il vraiment ?

Il y a quelques jours, j’ai lancé un nouveau concept. Il s’agit de mini-vidéos où je pose une question, et j’invite celui qui la regarde à se poser la même question. Le but étant de nous emmener tous à réfléchir sur des sujets qui, souvent, n’attirent pas notre attention. Des sujets qui pourtant sont d’une importance capitale.

Avant de la poser en vidéo, j’aimerais partager avec toi une des futures questions que j’y aborderai. Une question qui a encore attiré mon attention ici à Bana, pendant que nous faisons le deuil de mon frère. Une question qui nous concerne, nous Africains — surtout les Camerounais.

La question que j’aimerais te poser aujourd’hui est : à quoi ressembleraient nos veillées, nos cérémonies de deuil, si l’Église n’existait plus ?

Car que ce soit les veillées ou les derniers hommages avant enterrement, j’ai l’impression que tout chez nous est articulé autour de la cérémonie religieuse. On s’entasse à la veillée, certains passent voir le corps exposé dans la salle mortuaire, mais pour la plupart, la veillée n’a pas commencé tant que le prêtre ou le pasteur n’a pas encore fait la messe. Et elle est finie aussitôt que la messe est finie.

Le jour de l’enterrement, la partie la plus importante est la cérémonie religieuse. C’est autour d’elle que s’articule toute cette journée, des témoignages jusqu’à la mise en terre du corps qui se passe sous la supervision et les bénédictions de cet homme de Dieu.

C’est à se demander : avant que les étrangers n’arrivent dans nos contrées et nous imposent avec une violence inouïe leurs religions, nous n’avions aucun rituel pour célébrer les fins de vie des nôtres ? Que nous reste-t-il encore d’africain dans nos enterrements ? Jusqu’où ira notre aliénation ?

Bref, c’est juste une question que je me pose. Qui sait, peut-être que tu m’y apporteras une réponse.


Bana 🇨🇲 

Et si tu te concentrais sur un secteur… juste un ?

Ce matin, je prenais les transports en commun de Douala pour Bafang. Une célèbre compagnie de la place qui existe depuis au moins 30 ans. Pour partir à une heure fixe, j’ai choisi le VIP.

Dès mon arrivée à l’agence de voyages, je ne pouvais m’empêcher de repenser à mon texte d’hier. L’agence ne ressemble en rien à une agence leader du secteur qui fait des millions de FCFA de chiffre d’affaires par jour. On dirait qu’elle est restée figée dans le temps. Je parie même qu’elle était plus belle et mieux organisée à son ouverture, il y a des dizaines d’années, qu’aujourd’hui.

Le départ était à 8h, mais à 7h30 nous étions entassés en salle d’attente, essayant chacun de valider des billets que nous avions dû acheter des jours plus tôt dans la même agence. Car pour des jours comme celui-ci, il est presque impossible d’avoir une place le jour J. Nous avons donc dû, chacun autant que nous étions, nous déplacer en semaine pour aller acheter ces mêmes billets.

La question que je me pose, c’est : comment est-ce qu’on peut encore en être là ? À enregistrer des voyageurs sur un bordereau et non un logiciel, à obliger des voyageurs à se déplacer pour payer des billets quand il existe déjà des solutions de paiement à distance. À ne pas pouvoir s’organiser correctement pour faire un embarquement. À avoir des agences aussi sales et bordéliques que des porcheries. Comment est-ce possible, si ce n’est que nous n’avons toujours pas compris l’essence du mot travail ?

Durant tout le trajet, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander ce que serait le secteur des transports interurbains vers l’Ouest du Cameroun si l’un d’entre nous avait vraiment décidé de s’y concentrer. De travailler à l’améliorer. De vraiment travailler. Et cette question, je pourrais me la poser sur tous les secteurs au Cameroun. Tous, sans exception.

Il est vraiment temps qu’on se mette au travail.


Bana 🇨🇲 

Pourquoi ton business ne décolle pas (et pourquoi ce n’est pas la faute du gouvernement, ni de personne d’autre d’ailleurs)

Cet après-midi, avec Flavien, nous avions une réunion avec une grande sœur par rapport à la restructuration de son business. Un cabinet vétérinaire à Bonapriso, au cas où tu aurais des clients à lui envoyer.

Je me suis rendu compte, une fois de plus, à quel point nous ne travaillons pas assez dans ce pays — et je crois, en Afrique en général. Nous sommes sur un continent où tout, ou presque, est à faire, et nous n’arrivons pas à sortir la tête de l’eau. Nous avons même l’avantage de pouvoir copier ce qui a déjà été fait ailleurs et éviter de reproduire les mêmes erreurs… mais nous préférons fuir et aller directement vivre chez les autres.

Quand je regarde nos différentes activités et ce qu’on y fait, je me rends compte que nous avons substitué le travail à la présence. Pour beaucoup d’entre nous, le travail se résume à aller sur son lieu de service. Nous ne nous demandons pas, en fin de journée : quel est le résultat de cette journée de travail ? Qu’avons-nous vraiment produit ? Si nous nous posions ces questions, nous n’accepterions pas de passer 12 heures sur un point de vente pour servir une vingtaine de clients. Nous n’accepterions pas de passer autant de temps à scroller sur nos téléphones pendant nos heures de service. Nous ferions quelque chose, même s’il fallait juste décortiquer du pistache pour justifier notre journée de travail.

Le pire dans tout ça, c’est que même quand nous allons étudier à l’étranger, nous tombons dans le piège de la présence une fois nos diplômes obtenus. Nous voulons rester au chaud dans un bureau, manipuler des fichiers Excel toute la journée ou aller de réunion en réunion sans pouvoir dire ce qui en a été produit. Nous nous comportons comme les héritiers de peuples qui ont travaillé dur pour être là, alors que nous, nous avons encore tout à faire.

Nous cherchons la source de nos problèmes partout sauf là où elle se trouve vraiment. Nous accusons le gouvernement, l’esclavage, la colonisation, la néo-colonisation, la conjoncture, et j’en passe. Alors que tout ce que nous avons à faire, c’est nous mettre au travail. Nous mettre au travail, comme la plupart des peuples l’ont fait pour en arriver là où ils en sont aujourd’hui.

Ça fait plus d’un siècle que nous avons découvert les richesses que contiennent nos sols et sous-sols. Et plus d’un siècle plus tard, nous avons toujours besoin des autres pour nous aider à les extraire et les transformer.

Tu te plains que ton business ne décolle pas, que tu ne fais pas assez de chiffre d’affaires, et pourtant si on regarde ta communication, c’est à peine si tu fais une publication par jour.

Nous avons abandonné nos villages pour les villes coloniales, puis les métropoles occidentales, parce que nous sommes incapables de travailler à développer ces villages. Même dans l’opposition, nous sommes des fainéants. Nous nous plaignons d’un régime qui nous opprime, mais nous sommes même incapables de faire un, deux, trois, plusieurs textes par jour pour en dénoncer les dérives.

Aucun pays ne s’est développé sans un travail acharné de son peuple. Si nous refusons de nous mettre au travail — le vrai — acceptons en silence d’être les esclaves des autres. Car oui, pour le peu de force de travail que nous possédons, nous ne méritons pas un salaire.

Et le vrai salaire, ce n’est pas l’argent comme nous le pensons souvent à tort. Non. Le vrai salaire, c’est le respect. Ce respect que tu as pour la Chine, même si tu ne l’aimes pas. Ce respect que tu as pour les pays développés, même s’ils ne t’aiment pas. Ce respect que tu as pour des athlètes comme Cristiano Ronaldo, LeBron James ou Samuel Eto’o. Ce respect que tu leur accordes pour l’intensité qu’ils mettent et ont toujours mise dans leur travail.

Bref, j’y retourne. Comme dit souvent Alain Ekambi, le courageux fondateur de Dikalo :
“See you at work.”


Douala 🇨🇲 

Fatigué, affamé, mais j’ai quand même écrit ce texte

Je ne pense pas que Seth Godin pourra me sauver aujourd’hui. Il est 22h passées et je suis encore au bureau. Je dois écrire mon texte avant de rentrer et je suis fatigué comme jamais. Comme tu le sais déjà, à cette heure, je ne peux pas me lancer dans la rédaction d’un texte profond qui me prendrait beaucoup trop de temps. Et pourtant, j’avais une folle envie de parler de la diaspora aujourd’hui. Car un pote m’a envoyé ce matin une vidéo de la rencontre de dimanche avec le Pr Maurice Kamto. Il ne savait pas que j’y étais allé. Encore un pote qui préfère lire tout ce qui se dit sur internet sauf mon blog. Mais on va faire comment, nul n’est prophète chez soi.

Bref, je voulais te parler de la diaspora parce qu’il m’a dit qu’il ne comprenait pas le problème que j’avais avec la diaspora. Pourquoi je faisais une fixation sur eux. Je lui ai fait une petite — bon, une moyenne — réponse. Et je me suis dit qu’il fallait que je fasse un article sur le sujet. Parce que je parie que toi aussi tu te poses cette question. Et que toi aussi tu ne connais sûrement pas l’origine du mot diaspora.

Mais comme je te disais plus haut, il est déjà 22h10 et je vais garder ce sujet au chaud pour un autre jour. Je vais le rajouter aux 90 autres déjà présents dans ma base de données. Aujourd’hui, je vais te parler de quelque chose qui occupe pleinement mon esprit depuis ce matin — enfin, mon estomac. Ou les deux ? Je suis confus.

Parmi mes routines mises en place pour travailler un peu plus ma discipline, j’ai ajouté depuis l’année passée une routine de jeûne. J’essaie de pratiquer des exercices de privation délibérée recommandés par Sénèque, qui disait :

“Réserve-toi un certain nombre de jours pendant lesquels tu te contenteras de la nourriture la plus frugale et la moins chère, d'un vêtement grossier et rude, tout en te disant : ‘Est-ce donc cela que je redoutais ?’ ... C'est précisément dans les moments d'insouciance que l'âme doit se renforcer à l'avance pour les occasions de plus grande difficulté, et c'est lorsque la Fortune se montre favorable qu'elle doit se fortifier contre sa violence.”

J’ai donc décidé, entre autres exercices de privation, de jeûner pendant les trois premiers jours de chaque mois. Un jeûne à sec où je ne consomme que de l’eau et des boissons non caloriques.

Je dois t’avouer que je ne l’avais pas respecté les deux mois précédents. Du coup, je suis au deuxième jour ce mois-ci et on dirait que ça fait un mois que je n’ai pas mangé. Je voulais t’en parler ce soir parce que je pense que ce sont des exercices que nous devrions tous faire au moins une fois par an. Pas forcément avec la nourriture.

Si c’est un sujet qui t’intéresse et que tu aimerais me voir développer… Et si tu es arrivé sur ce texte par le post sur ma chaîne WhatsApp, retourne-y et laisse un cœur vert 💚. Et je rajouterai le sujet en numéro 92 dans ma base de données.

C’est comme de la poésie. La beauté n’est pas toujours dans le fond, souvent elle est dans la forme.


Douala 🇨🇲 

Écrire tous les jours, même sans idée

Il est 20 h passées. Je suis encore au bureau, alors que je suis en train de travailler à être à la maison au plus tard à 17h30 pour pouvoir passer les soirées avec mes enfants. Une routine que j’aimerais mettre en place avant qu’ils ne reviennent vivre avec moi. Mais bon, je n’ai pas encore écrit mon texte du jour, et ce serait pas mal si je pouvais le faire avant de rentrer. Le problème, c’est que je n’ai pas d’inspiration, et que si je dois me pencher sur l’un des 90 sujets présents dans ma base de données, j’en aurais au moins pour deux heures avant de finir. Et comme je te l’ai dit, il est déjà 20h10 passées.

J’ai repensé à cette personne qui m’a inspiré, il y a plusieurs années déjà, à me lancer dans cette aventure qui consiste à écrire un texte chaque jour. Une personne qui le fait chaque jour depuis au moins 20 ans : Seth Godin. Je suis allé sur son blog pour lire les derniers textes publiés. Et comme par miracle, le texte de ce jour, 1er avril 2025, était juste magnifique. Un texte que j’aurais pu écrire moi-même.

J’ai pensé à le traduire en français pour le partager avec toi, en donnant à Seth tout le crédit bien sûr. Mais ensuite, je me suis dit que je pouvais faire mieux. Que je pouvais peut-être te mettre en contact avec lui. Pas un contact direct, bien que nous ayons eu un échange par mail il y a quelques années, dans lequel je lui faisais une remarque sur son dernier livre et où il me répondait avec toute la bienveillance qui est la sienne. Non, pas ce genre de mise en contact. J’aimerais juste te passer le lien de son blog : seth.blog.

Si tu aimes ce que je fais, tu vas adorer ce qu’il fait lui. Tu te rappelles dans le texte d’hier, je te parlais de la répétition dans la quête d’excellence ? Imagine ce que plus de 20 ans à écrire tous les jours, et plus d’une vingtaine de livres publiés — dont plus d’une dizaine de best-sellers — peuvent faire à une plume. Tout ce dont tu auras besoin, ce seront tes skills d’anglais. J’espère qu’il pourra devenir pour toi aussi une source d’inspiration si réfléchir est quelque chose qui t’intéresse.


Douala 🇨🇲