Tu veux un vrai changement ? Commence par ça

Souvent, je me demande si, quand nous sommes allés à l’université ici, le programme que certains de mes amis noirs ont reçu était totalement différent du mien. Ou bien si c’est moi qui suis complètement dans le faux.

Je lisais un commentaire en ligne ce week-end où un internaute disait que nous avions franchi un record d’inscriptions sur les listes électorales : plus de 8 millions de Camerounais. Mais que 51 % de ces inscrits proviennent toujours du Grand Nord. Une région où, bien souvent, le vote se fait en suivant la consigne du chef religieux.

Avec Panjap, nous avons construit un site qui pourrait permettre aux citoyens de s’inscrire sur les listes électorales plus facilement. Le premier pas concret vers un changement. Nous en avons parlé autant que possible dans notre entourage. Mais je n’ai vu aucun partage de mes contacts — ceux qui trouvent plus efficace de brandir des drapeaux pendant un meeting, avec un passeport français en poche.

Je n’arrive pas à comprendre. Comment pensent-ils qu’un changement peut survenir, si eux-mêmes, qui ne peuvent plus voter, ne sont même pas capables d’inciter leurs proches à le faire ? Ou bien comptent-ils sur un changement par les armes, pendant qu’ils se gratteront les couilles dans leurs appartements parisiens, en suivant la scène sur France 24 ?

Bref… Si tu me lis et que toi aussi tu veux voir un vrai changement dans ton pays, commence par un acte concret : inscris-toi sur les listes électorales. Et si tu ne peux plus le faire parce que tu as succombé aux sirènes des passeports étrangers, invite tes proches à aller s’inscrire.

Nous avons simplifié la recherche des centres d’inscription avec la plateforme www.elections237.com. Et bientôt, nous allons y ajouter la liste des candidats et de leurs programmes, afin que tu disposes de toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé le jour J.

Bavarder, se plaindre ou agiter des drapeaux ne fera pas avancer la cause. Seules les actions concrètes le feront.


Barberaz 🇫🇷 

Pourquoi les faibles se justifient et les grands changent

Comme tu le sais déjà, l'un de mes biais cognitifs préférés c'est la dissonance cognitive. Ce malaise, cet inconfort mental que l'on ressent quand nos actions ne sont pas alignées avec nos croyances ou nos valeurs.

Pourquoi je l'aime tant ? Parce qu'il permet très facilement, selon moi, de mesurer la grandeur d'un homme. Car quand nous sommes pris dans un tourbillon de dissonance cognitive, le cerveau a tendance à déployer automatiquement (raison pour laquelle on l'appelle un biais cognitif) des mécanismes pour réduire la tension qui se crée entre nos croyances et nos actions. Ton cerveau va te pousser à justifier ton comportement, à changer de croyance ou à changer de comportement.

Et c'est dans le choix que tu vas faire que je pourrais juger de la qualité de personne que tu es. La plupart des gens choisissent la facilité : se justifier ou changer de croyances. Il n'y a que les plus courageux qui vont changer de comportement.

Laisse-moi te donner un exemple concret. Hier, je te parlais de double nationalité par exemple. Même si on réussissait à démontrer le côté néfaste de cette pratique pour les nations non développées, la plupart des personnes originaires de ces nations qui ont déjà des passeports occidentaux essaieront toujours de se justifier. Très peu d'entre elles pourraient voir la vérité en face et devenir des ambassadrices de cette nouvelle politique bien qu'ayant déjà commis l'erreur d'acquérir une autre nationalité.

C'est sur ce même principe de dissonance cognitive que les plus malins jouent pour transformer leurs victimes en ambassadrices de leurs causes. Parce qu'il sera très difficile pour les gens de changer de comportement, il suffit de leur faire commettre une seule erreur pour que pour le restant de leur vie, ils s'alignent avec cette erreur et deviennent les évangélistes d'une cause. C'est un système très bien rodé dans les sociétés secrètes et tous les cercles vicieux. C'est une faille du cerveau qui, quand elle n'est pas maîtrisée, fera d'un homme un esclave.

Et parce que la plupart des gens ont du mal à changer de comportement pour aligner leurs croyances avec leurs actions, tu as toujours quelqu'un qui me dira : "Ronel, si tu aimes tant l'Afrique, qu'est-ce que tu fais souvent en Europe ?" Quelqu'un d'autre pour me demander "pourquoi tu es allé étudier en Europe ?" Comme si j'allais essayer de me justifier comme le feraient la plupart des gens. Déjà ces questions me font toujours sourire, parce qu'elles m'en disent plus sur la personne qui les pose. Et à ça je réponds toujours que je vais en Europe, exactement comme je vais dans d'autres pays d'Afrique et bientôt d'Asie. Que je n'ai jamais découragé qui que ce soit de voyager mais que je dénonce cette sale pratique que nous avons d'aller nous installer chez les autres parce que nous n'avons pas pu construire le chez nous. Et si c'était à refaire, je ne serais jamais allé étudier en Occident. J'ai fait une erreur. Et je ne la laisserai pas définir mon avenir. Je ne suis pas de ceux qui vont laisser un acte souvent posé sans mûre réflexion définir le reste de ma vie.

Nous avons tous, chacun à notre niveau, posé des actes que nous n'aurions certainement pas dû poser. Mais seuls les plus forts d'entre nous les empêcheront de définir notre avenir. Et ça, ça fait partie des critères qui selon moi définissent la grandeur d'un homme.

La prochaine fois que tu te retrouveras en face d'une nouvelle idée, d'une question qui te sera posée, arrête-toi un moment et réfléchis. Ne te précipite pas pour choisir un camp juste parce qu'il serait aligné avec ta situation actuelle ou une action que tu aurais posée dans le passé. Ce sont les sirènes malveillantes de la dissonance cognitive qui essaient de t'empêcher de réfléchir de façon rationnelle et de succomber au défaut du cerveau qui est le plus utilisé par les personnes mal intentionnées.


Barberaz 🇫🇷 

Langues, passeports et pouvoir : la grande illusion de l’équité

Apparemment, le professeur Maurice Kamto était en meeting hier à Paris. Quelque chose que je n'arrive toujours pas à comprendre. Pourquoi aller faire un meeting en France si on veut être président du Cameroun ? Bref !

Comme le soulignait Lionel ce matin, on dirait qu'il a compris le message que je lui ai passé pendant notre entretien il y a quelques semaines à Douala. Il a annoncé à son public parisien, dont la grande majorité possède un passeport français, qu'il dévoilerait son programme en premier lieu à nous autres, les Camerounais qui résidons au pays.

Mais bon, comme un bon politicien qui se respecte, il a fait des promesses. Plein de promesses. Et il y en a une qui a attiré mon attention. Il a promis, s'il était élu, la double nationalité, voire la plurinationalité pour tous les Camerounais. Et s'il y a bien une ligne dans le programme d'un candidat qui m'empêcherait de le voter, c'est celle-là : promettre la double nationalité.

C'est un sujet qui divise, mais je pense que c'est un sujet qui est très mal compris par la plupart des gens. La plupart de ceux qui le défendent sont des personnes qui, une fois installées en Occident, se sont transformées en mendiantes de passeports. Et les autres, une catégorie qui comprend aussi souvent les membres de la première, ce sont des personnes qui n'arrivent juste pas à envisager que nous puissions travailler dur pour rattraper notre retard sur d'autres nations comme l'a fait Singapour qui a aujourd'hui le passeport le plus puissant du monde.

J'aimerais faire un article assez détaillé pour expliquer ma position contre cette double nationalité qui est considérée par la plupart comme étant le Saint-Graal qui sauverait notre nation, mais je n'ai pas vraiment de temps. Ni aujourd'hui, ni dans les jours à venir où je vais être très occupé.

Mais j'aimerais te laisser avec une petite analogie. Ce week-end, une de ces personnes qui voient l'Occident comme le paradis absolu m'a posé une question simple. Elle m'a dit : "Si tu aimes tant l'Afrique et vois l'Occident comme notre fléau, pourquoi tu me parles en français ? Pourquoi tu ne me parles pas dans une langue africaine ?" Sur le coup, je lui ai dit que si je lui parlais en Bana, elle ne comprendrait rien, vu qu'elle n'est pas de cette région. Mais ensuite je me suis posé la question de savoir si j'étais même capable de ne discuter qu'en Bana avec les personnes qui parlent cette langue. Avec ma mère par exemple, on essaie, mais au moins 50% de la conversation se fait quand même en français.

Et tu me connais, je ne me suis pas arrêté là, j'ai essayé de comprendre quelle en était la raison. Et j'ai compris qu'en fait c'était la même raison pour laquelle les nations puissantes, une fois ayant atteint ce statut, ont presque toutes autorisé la double nationalité. Quand plusieurs éléments se côtoient, les plus gros phagocytent les plus petits.

C'est ce qui se passe avec nos langues locales. Il a suffi que nous acceptions d'utiliser les langues des colons comme langues officielles pour que nos langues locales meurent à petit feu. Même les langues africaines comme le swahili ou le lingala qui sont parlées par des millions de personnes subissent le même sort. Elles perdent un peu plus de part de marché au profit du français et de l’anglais, chaque jour.

C'est exactement ce qui se passe avec la double nationalité. Les nationalités les plus fortes phagocytent les plus faibles. À la dernière coupe du monde par exemple, on a pu voir des Lions Indomptables avoir leurs passeports bordeaux en main dans le lobby de l'hôtel. C'est te dire. Même dans une guerre sportive où ils étaient censés représenter leur pays le Cameroun, ils ne pouvaient pas s'empêcher de mettre leur autre passeport en avant.

Dans chaque situation où nous avons le choix entre deux choses concurrentes, la plupart du temps, la plus grosse va avaler la plus petite. Et ça, les puissants le savent. Raison pour laquelle ils vous proposeront toujours cette initiative qui semble tellement juste mais qui au fond est totalement inéquitable. Ce qui me dépasse, c'est le fait que nos intellectuels n'ont pas encore compris un concept aussi simple. Ou bien ils font juste semblant.

Bref, je te le promets, je reviendrai plus en détail sur cette question de double nationalité. Pour le moment, je dois reprendre la route. J'en ai encore pour 4h.


Aire de repos de Sussey 🇫🇷 

L’Occident n’est pas un ticket magique vers la réussite

Hier, j’ai eu une discussion avec une personne qui semblait insinuer qu’en tant qu’Africain, pour avoir une meilleure éducation, pour réussir dans la vie, il fallait forcément passer par la case Occident. Et le pire, c’est que ce n’est pas la première fois que j’échange avec quelqu’un qui pense ainsi.

Je me demande souvent comment nous en sommes arrivés là. Peut-être que Kanye West avait raison, quelque part, en disant que 400 années d’esclavage étaient à un moment donné un choix. Car j’ai bien l’impression que, même aujourd’hui, beaucoup d’entre nous seraient prêts à travailler dans des plantations sans salaire, juste pour avoir le privilège de vivre chez les Blancs !

C’est à se demander comment les autres pourraient nous respecter avec de tels comportements.


Montrouge 🇫🇷 

Ce petit geste qui pourrait changer la donne pour tes proches

Hier, mon pote Raoul a mené une petite expérience. Il a demandé à ses contacts de partager le lien de sa chaîne WhatsApp en statut pour que plus de personnes la découvrent. Résultat des courses : plus de 50 nouveaux abonnés en 24h.

Ce matin, il a rédigé un texte pour parler de l’expérience et des résultats. Mais surtout, pour attirer notre attention sur un point important : nous avons souvent beaucoup de mal à soutenir nos proches dans leurs initiatives. Et c’est un vrai problème. On dirait qu’on nous a fait ça au village.

Si tu fais un tour sur nos statuts, tu verras qu’on partage tout type de contenus. Des blagues prises ici, des memes stupides pris par là, des vidéos entières qu’on s’est souvent donné la peine d’aller télécharger avant de publier. Mais s’il faut partager le texte d’une soeur, d’un ami, un texte qu’on trouve même pertinent, là, c’est la croix et la bannière. Et pourtant, un like, un compliment ou même un partage, ça ne nous coûte presque rien. Mais on dirait qu’on est en compétition.

Il y a quelques années, je me suis promis que j’encouragerais à ma manière chaque personne dans mon entourage qui se lancerait dans un nouveau projet. Parce que ça en demande du courage pour se lancer. Quel que soit le projet. La moindre des choses que je puisse faire, c’est de soutenir en encourageant à aller de l’avant. Cela peut passer par un partage, des félicitations ou même un achat. Tout ce qui pourrait donner plus de force pour avancer.

Si nous prenions la résolution de faire ce petit geste pour tous ceux qui se lancent autour de nous, peut-être aurions-nous plus de Steve Jobs ou d’Elon Musk dans nos communautés. Parce que souvent, cela ne joue qu’au nombre de personnes qui te montrent qu’elles croient en toi.

Et toi, comment apportes-tu ton soutien à tes proches quand ils se lancent dans un nouveau projet ? Ou bien, tu serres les fesses en espérant qu’ils ne décollent jamais ?


Vaires-Sur-Marne 🇫🇷 

Et si on ne méritait pas mieux ?

Hier, pour mon anniversaire, je suis allé au cinéma avec les enfants. Nous avons regardé le dernier Mission Impossible.

Je ne sais pas si tu as la même expérience que moi, mais à chaque fois que je regarde ce genre de film, je ne peux pas m’empêcher de constater à quel point nous sommes en retard en Afrique.

Le film parlait d’une puissance virtuelle, une intelligence artificielle — l'entité — qui avait pris le pouvoir et menaçait de détruire le monde. Et quoi de mieux pour le faire que de prendre le contrôle des armes nucléaires des grandes puissances ? On parle ici d’une dizaine de pays seulement, capables d’en posséder. Et dans la foulée, on découvre la puissance militaire des États-Unis et de la Russie : des porte-avions géants, des sous-marins invisibles, des machines sorties tout droit d’un cerveau digne d’Einstein.

Et moi, pendant ce temps, je ne pouvais pas m’empêcher de comparer ça avec tout ce que nous n’arrivons pas à faire chez nous. Je ne sais pas si tu réalises : des gens construisent des immeubles flottants qui servent de pistes de décollage en pleine mer, ou encore des monstres d’acier capables de rester sous l’eau plusieurs jours sans être détectés. Et nous ? Même un simple chauffe-eau, on a du mal à fabriquer.

Et pourtant, on ose se plaindre de nos gouvernements. On ose parler de souveraineté. Mais de quelle souveraineté on parle quand on ne maîtrise même pas ce qu’on met dans notre assiette ?

À quoi est-ce qu’on sert sur cette Terre si, même pour manger la nourriture qui pousse dans notre propre sol, on a besoin d’aide ?

Bref, peut-être qu’on ferait mieux d’aller quémander des passeports... et d’offrir nos enfants pour nettoyer les sols des autres. C’est peut-être tout ce qu’on mérite.


Mardié 🇫🇷

28 mai : et si chaque naissance devenait une dette d’honneur ?

Longue journée ! Le fameux 28 mai est enfin arrivé !

J’ai eu une idée ce matin en allant à l’hôpital. Oui oui, je suis ce genre de personne à prendre un rendez-vous médical le jour de mon anniversaire.

Je me suis dit : Et si, pour nos anniversaires respectifs, nous faisions des dons aux hôpitaux qui nous ont vus naître ?

Le principe serait simple. On créerait une plateforme sur laquelle chacun pourrait :

  • créer un compte,
  • renseigner sa date de naissance et son hôpital de naissance,
  • faire un don à cet hôpital le jour de son anniversaire.

Imagine ce que ça représenterait pour toutes ces maternités – souvent sous-équipées – si elles pouvaient recevoir, chaque jour, des dons des enfants qu’elles ont fait naître.

Imagine le message qu’on enverrait au pays si, au lieu d’acheter des bouteilles de champagne et de financer en parallèle les économies occidentales, on donnait cet argent aux hôpitaux qui nous ont vus venir au monde.

Bref, pour l’instant ce n’est qu’une idée. Mais qui sait ? Peut-être que quelqu’un parmi vous la développera.


Barberaz 🇫🇷 

Mathys, petit ange tombé dans un pays qui n’a pas su te protéger

Sur mon blog, j’ai décidé de parler de tout ce qui peut nous élever. De tout ce qui peut contribuer à faire de nous des personnes plus intelligentes. Tout ce qui peut nous libérer de ces chaînes invisibles qui nous empêchent de faire de notre pays, de notre continent, un espace que nous traiterions avec respect, comme c’est le cas dans la plupart des pays développés du monde.

S’il y a bien une chose dont j’évite de parler, ce sont les faits divers. Pas parce que j’ai peur de qui que ce soit. Mais parce qu’il y en a tellement chez nous que si tu commences, tu ne t’arrêteras jamais. Et franchement, j’espère que quelqu’un d’autre prendra ce créneau. Je ne peux pas tout faire, même si j’en ai la volonté.

C’est la raison pour laquelle tu me verras rarement, sur mon blog comme dans la vraie vie, commenter tous ces nouveaux dossiers qui défraient la chronique chez nous chaque jour. Je me dis que je ne dois pas me laisser distraire. Et je pense que si nous réussissons à régler certains problèmes de fond, une bonne partie de ces faits divers disparaîtront, ou du moins ils ne seront plus aussi rocambolesques.

Mais aujourd’hui, parce que nous sommes en année d’élection, et parce que le dernier fait divers qui nous touche est particulièrement grave, j’aimerais faire une petite exception.

Il y a 7 ans, quand les résultats de l’élection présidentielle étaient contestés, nous avons découvert au Cameroun que nous avions une pléthore d’avocats brillants. D’une éloquence à faire rougir Démosthène lui-même. Mais bon… il faut croire que ces avocats ne sortent de leur bois que lorsqu’il s’agit de l’élection présidentielle, et que chacun doit aller se produire à la télé.

Parce que quand nous subissons les injustices les plus graves, quand Eneo nous souffle le chaud et le froid, on ne les voit pas.

Aujourd’hui, nous avons le cas d’un petit enfant, le bébé Mathys, qui a été sauvagement assassiné de sang-froid par un homme. Et on ne les voit pas se bousculer au portillon pour s’assurer que justice soit faite. Peut-être qu’ils sont en train de le faire et que c’est moi qui ne suis pas bien informé. Mais je pense quand même que pour un cas aussi grave, qui donne des sueurs froides à tous les parents du pays, ces avocats devraient monter au créneau. Faire entendre leur voix pour rassurer la population que de tels actes ne resteront pas impunis. Au moins montrer qu’ils feront tout pour que ce ne soit pas le cas.

Mais bon, qu’est-ce qu’ils y gagnent ? Pas grand-chose. De toutes façons, leurs enfants finiront leurs jours au Canada ou en France. Alors, pourquoi se donner autant de mal ?

Nous vivons dans le pays que nous construisons jour après jour. Et pourtant, nous nous plaignons souvent comme si c’est quelqu’un d’autre qui nous l’avait légué. Alors que chaque nouveau jour est juste le résultat des jours précédents, de ce que nous y avons fait. Et il faut bien que l’on sache que notre lâcheté d’aujourd’hui contribuera à façonner le pays dans lequel nos enfants devront vivre demain.

Repose en paix, mon petit.
Nous n’avons pas su construire un pays digne de toi.
J’espère que ta mort pourra au moins nous servir de leçon.


Barberaz 🇫🇷 

Et si le courage était notre super-pouvoir oublié ?

Ce week-end, je suis allé accompagner Madelle pour la 3e édition de sa conférence immobilière, à Berlin.

Je me rappelle qu’il y a un peu plus de 5 ans, elle me parlait de son projet. De son envie de sortir du salariat et de se lancer dans l’immobilier. Je me rappelle de l’effort que ça a été pour elle de lancer sa chaîne YouTube. Du courage qu’il lui fallait pour parler devant une caméra, même s’il n’y avait personne à côté. Je me rappelle de ses hésitations avant d’écrire son premier livre. Du syndrome de l’imposteur qui ne voulait faire qu’une bouchée d’elle.

Je me rappelle de tout ça… et je vois où elle en est aujourd’hui. Ce qu’elle a pu accomplir avec ce petit projet, qui au départ était censé juste remplacer son salaire pour ne plus subir certaines contraintes et avoir plus de temps pour ses enfants. Je vois l’impact qu’elle est en train d’avoir dans sa communauté. Et je ne peux qu’être admiratif.

Peut-être que tout ce qui nous manque, en tant que Noirs, pour accomplir des choses exceptionnelles, c’est un peu plus de courage. Un peu plus de prise de risque, de persévérance et de générosité. Si ça se trouve, c’est tout ce dont nous avons réellement besoin pour enfin apporter notre contribution à ce monde qui semble se construire sans nous.


Genève 🇨🇭 

Focus sur l’action : Arrêter de convaincre et commencer à faire

Ce soir, j’ai eu une longue discussion avec le mari d’une amie. Le genre de conversation où je parle beaucoup, où je titille énormément, où je sors des mots qui peuvent choquer et où j’essaie de faire comprendre qu’en tant que Noir, nous devrions nous battre bec et ongle pour faire évoluer notre cause. Le genre de discussion où, après coup, je me dis que j’ai perdu mon temps et que je ne devrais plus me retrouver dans des situations pareilles.

Je pense que bien que nous prônions l’égalité entre les hommes, nous ne sommes pas tous égaux. Certaines vies ne valent peut-être pas mieux que d’autres, mais elles sont certainement plus importantes.

Si, comme moi, tu as l’impression d’être appelé à de grandes choses, si tu as décidé de porter sur tes épaules un combat que très peu de personnes ont le courage de porter, c’est peut-être parce que tu as quelque chose que la plupart n’ont pas et n’auront peut-être jamais. Au lieu de faire comme moi, à essayer de convaincre tout le monde de te rejoindre dans ce combat ou à expliquer même la pertinence de ce combat, tu ferais mieux de concentrer toute ton énergie à faire ce que tu as à faire.

Si nous n’arrivons toujours pas à sortir la tête de l’eau, c’est peut-être aussi parce que ceux qui ont la capacité de voir ce qui ne va pas et de faire bouger les lignes sont beaucoup trop occupés à essayer de convaincre les aveugles de voir quelque chose qu’ils n’ont tout simplement pas la capacité de voir. Si Elon Musk avait passé son temps à vouloir convaincre tout le monde que le futur de l’automobile pourrait se conjuguer avec l’électrique, il serait certainement encore en train d’essayer, frustré que personne ne l’écoute. Et je ne serais pas en train de t’écrire ce texte dans une voiture électrique à une borne de recharge pendant qu’elle fait le plein.

Watch me do!


Berlin 🇩🇪