Le monde que tu vis est le monde que tu construis

Nous vivons dans le monde que nous avons construit. La plupart des êtres vivants subissent leur habitat, subissent le monde qu’ils ont hérité de la nature. Et c’était d’ailleurs aussi le cas pour nous il y a quelques milliers d’années. Ensuite, nous avons évolué, nous sommes devenus intelligents et nous avons commencé à modifier notre habitat pour ne plus forcément le subir, mais vivre dans un monde que nous avions choisi.

Donc chaque fois que tu te plains des choses qui ne marchent pas comme tu l’aimerais, sache que tu as la possibilité de changer le monde dans lequel tu vis. Comme l’ont fait ceux qui sont passés avant toi. Et chaque fois que tu poses un acte, rappelle-toi que cet acte contribuera — en bien ou en mal — à façonner le monde dans lequel tu vivras demain.

Il ne sert à rien de fuir ton pays pour aller vivre chez les autres parce que les conditions y seraient meilleures. Tout ce que tu peux apprécier là-bas n’est en aucun cas le fruit de la nature ou du hasard. C’est une construction humaine. Une construction des personnes qui y ont vécu. Il te suffirait de connaître la recette pour la reproduire ici, chez toi.

De la même façon que nous, en tant qu’êtres humains, nous nous disons supérieurs aux autres êtres vivants qui, eux, continuent de subir la nature, c’est exactement de cette façon que tous ceux chez qui tu iras te réfugier pour profiter du monde qu’ils ont construit se diront supérieurs à toi. Et sur ce point, ils n’auront pas totalement tort.


Douala 🇨🇲 

Et si ton rôle, c’était juste d’éveiller ?

Aujourd'hui, j'ai vécu quelque chose de spécial. Je marchais dans une rue de Bonamoussadi et devant moi se trouvait un jeune garçon en tenue scolaire. Arrivé au niveau d'une voiture garée sur le côté, il a laissé tomber le verre en plastique qu'il tenait en main.

Moi, naturellement, je l'ai interpellé en disant : "Est-ce que c'est bien ça, mon petit ?" Il a continué son chemin, a hésité un peu, puis a fait demi-tour et est revenu ramasser son verre. Et je lui ai dit qu'il y avait certainement une poubelle pas loin et qu'il pourrait y jeter son déchet.

J'étais tellement fier de cette séquence, car je ne pouvais m'empêcher de penser que j'avais peut-être converti un jeune au fait de ne plus jeter les ordures sur la voie publique. Mais je sais qu'il y a quelqu'un qui viendra me dire que ça ne servira à rien, que ce jeune recommencera avec ses mauvaises habitudes dès demain.

C'est peut-être vrai. Mais là n'est pas le point de mon message. Ce que j'aimerais te faire savoir, c'est que notre problème, c'est souvent juste de l'ignorance. On se plaint des comportements des autres, du pays qui va mal, des gens qui ne font pas ce qu'ils sont censés faire. Mais on se pose rarement la question de savoir s'ils savent même ce qu'il faut faire.

Si, comme moi, tu fais partie des personnes qui ont une petite idée de ce qu'il faut faire, je t'invite à communiquer au maximum autour de toi. À prêcher le changement que tu aimerais voir. Il ne sert à rien de se plaindre et de traiter les autres de tous les noms. La plupart du temps, ils sont juste ignorants.

Rappelle-toi : ne jamais expliquer par la malice ce qui peut s'expliquer simplement par la bêtise.


Douala 🇨🇲 

Memento Mori : Ce que tu dois te rappeler avant d’abandonner

“Memento Mori”
C’est du latin. Littéralement, cela signifie “rappelle-toi que tu vas mourir.” C’est un précepte fondamental dans la philosophie stoïcienne. Certains, comme Ryan Holiday, en ont carrément fait une médaille à porter sur soi. D’autres l’ont tatoué sur leur bras pour ne jamais l’oublier.

Nous allons tous mourir. Et pourtant, nous vivons comme si cela n’allait jamais arriver. Nous nous accrochons à des choses que nous allons laisser sur cette Terre. Nous ne profitons pas assez de ceux que nous aimons, comme s’ils allaient toujours être là. D’ailleurs, nous ne leur disons pas assez à quel point nous les aimons… jusqu’à ce qu’un jour, le destin frappe, sans prévenir.

Souvent, les gens me prennent pour un fou. Ils ne comprennent pas mes choix. Ils ne comprennent pas pourquoi je me bats pour des combats qu’ils jugent perdus d’avance. Ce qu’ils ne comprennent pas, en réalité, c’est que nous allons tous mourir. Et tant qu’à vivre une vie qui finira forcément, autant qu’elle ait du sens. Autant qu’elle ait été vécue pour un idéal. Plutôt que pour des illusions qu’on finira par nous arracher, tôt ou tard, sans notre avis.

La prochaine fois que tu hésites à te lancer, que tu préfères rester dans ta zone de confort au lieu de te battre pour ce qui compte vraiment, rappelle-toi du Memento Mori.
Rappelle-toi que nous allons tous mourir. Qu’on se cache ou pas.


Douala 🇨🇲 

Le combat pour l'Afrique : Soutiens ceux qui sont déjà dans l'arène

Il y a 2 jours, je te parlais de Michelle et de son blog qu’elle venait de lancer. Aujourd’hui, j’aimerais t’inviter à aller lire son deuxième texte. Une vraie pépite.

Comme je dis souvent, on ne perdra pas cette bataille parce que ceux qui se sont lancés ne sont pas assez forts. Mais parce qu’ils n’auront pas reçu assez de soutien de ceux qui ne se sont pas lancés.

Malgré tous les obstacles mis sur notre chemin par l’ennemi, nous avons une jeunesse qui prend de plus en plus conscience de ce que c’est qu’être africain et de l’importance de préserver notre héritage, notre culture, notre peuple. Si en tant qu’Africain, tu n’as pas encore fait ton éveil de conscience, je t’invite au moins à soutenir tous ceux qui sont déjà dans l’arène en train de mener ce combat pour notre survie.

Tu as peut-être du mal à te le visualiser, mais c’est aussi pour toi et pour ta descendance qu’ils se battent. Ne manque jamais l’occasion de leur laisser un mot d’encouragement, de partager leurs travaux même quand tu n’es pas d’accord ou que tu ne comprends pas vraiment de quoi il s’agit. Et qui sait, un jour, peut-être toi aussi tu rentreras dans l’arène afin de donner à notre camp toutes ses chances de victoire.

En attendant, je t’invite vivement à aller lire ce second texte de Michelle.


Douala 🇨🇲 

Vivre en Occident quand on est Africain : La question qui dérange

Faut-il encore se justifier de vivre en Occident (quand on est Africain) ? C’est la question qu’a traité mon pote Raoul dans son texte du 6 mai 2025.

Comme à son habitude et avec sa plume aussi fine que bienveillante, il a abordé cette question sous un angle de vue assez intéressant. Et comme tout violeur qui ne voterait jamais pour que la peine de mort soit appliquée au crime du viol, il a conclu qu’on ne devait pas forcément en avoir honte. Que chacun devait faire ce qui le rendait heureux, que ce soit vivre en Afrique ou en Occident. Bref, le sempiternel discours de tous les mbenguistes qui ont décidé que l’Afrique était un enfer et que leur place dorénavant était en Occident.

Mes propos sur la question sont souvent très durs, je le reconnais. Mais ne dit-on pas qu’aux grands maux, il faut sortir les grands remèdes ?

Si nous nous posons même cette question, c'est qu’il y a un problème. Je ne pense pas qu’un Africain qui vit en Afrique se pose la question de savoir s’il doit se justifier d’y vivre. Je ne pense pas que les Blancs se justifient de vivre en Occident. Si nous nous posons cette question, c’est parce que nous sommes des poissons qui avons décidé de vivre dans la forêt. Et vu que ce n’est pas notre habitat naturel, il est normal que nous devions nous justifier en longueur de journée.

Après, comme les mbenguistes aiment à le dire, chacun vit là où il trouve son bonheur. Mais la question que je me pose souvent est : qui construit ce bonheur ? Parce que nous ressemblons beaucoup à des parasites. La quasi-totalité de ceux qui nous disent aujourd’hui qu’ils vivent en Occident parce qu’ils sont épanouis et y trouvent leur bonheur, seront les premiers à fuir cette même Occident pour revenir en Afrique si la guerre y éclatait. Et on a pu le constater avec la guerre en Ukraine.

On ne pourra jamais leur retirer le choix de vivre où bon leur semble. De même qu’on ne pourra jamais empêcher un charognard de se nourrir de la carcasse des morts, c’est dans leur nature. Mais il faut aussi qu’ils sachent que se justifier devant nous et surtout devant les peuples chez lesquels ils ont décidé d’être des parasites fait partie du contrat. Et qu’ils le veuillent ou non, eux et toute leur descendance passeront leur temps à se justifier. Il n’y a qu’à demander à tous ces Noirs installés aux États-Unis depuis des siècles malgré qu’ils n’avaient jamais demandé à y être.

Chaque chose a un prix, et le prix du soi-disant bonheur qu’ils ont décidé de profiter maintenant, c’est ça : se poser des questions existentielles qu’ils se transmettront de père en fils. Comme demandait Sefyu, “Trop foncé pour être français ou quoi ?” Oui mon pote, beaucoup trop foncé pour l’être. Beaucoup trop foncé!


Douala 🇨🇲 

La relève est là : Michelle lance sa plume pour l’Afrique

Je ne sais pas si ta vie est aussi intéressante. Mais je peux te dire que depuis que je me suis mis à écrire et à partager le peu de choses que je sais — et surtout mon amour indéfectible pour le Cameroun et notre continent africain — que de belles choses m’arrivent. Et je sais que ce n’est que le début.

Il y a quelques semaines, je te parlais de Michelle, cette jeune Camerounaise vivant en France, qui avait pris sur elle d’écrire une lettre pour répondre à mon texte concernant un de mes héros Ernest Ouandié. Elle avait pris le temps de rédiger une longue réponse de 4 pages, de l’imprimer, d’aller à la poste et de me l’envoyer par courrier recommandé avec accusé de réception jusqu’à Douala. Dépensant plus d’une dizaine d’euros, rien qu’en timbres.

Aujourd’hui, Michelle a franchi un nouveau cap. Ce matin, elle m’a écrit pour m’annoncer qu’elle lançait son propre blog. Elle aussi, pour partager son amour du continent. Mais surtout, pour faire partie de cette nouvelle génération d’Africains qui savent pourquoi ils sont là et quelle est leur mission.

Son premier texte est tout un symbole. Il parle du Burkina Faso et du Capitaine Ibrahim Traoré.

Je t’invite vivement à aller le lire, à t’abonner à sa chaîne WhatsApp pour ne rater aucun de ses prochains articles, et surtout à laisser un cœur violet sur son article pour lui montrer que tu viens de ma part.

À défaut d’être actif dans le combat, apportons tout le soutien nécessaire à ceux qui ont décidé de l’être.

Félicitations Michelle !
Lisette et moi sommes extrêmement fiers de toi !


Douala 🇨🇲 

Quand ta générosité revient frapper à ta porte

J’ai vécu une expérience extraordinaire ce matin.
Une amie de longue date m’a écrit sur WhatsApp pour me saluer. Quand je dis "longue date", c’est vraiment long hein. On s’est rencontrés en 2010 en Italie. Nous étions dans la même résidence universitaire, Lungo Dora.

Elle a pris de mes nouvelles et j’ai pris des siennes. J’étais trop content de lui parler, car ça fait au moins 12 ans qu’on ne s’est pas vus. C’est vrai qu’on avait repris contact il y a quelques mois sur Facebook et qu’on s’était échangé les numéros. Mais plus rien. Toi-même tu sais que je ne suis pas très sociable (il faut que je travaille sur ça d’ailleurs).

Bref, ce matin, pendant nos échanges, elle me rappelle qu’elle me doit 50 €. Et que chaque fois, elle pense à ça, puis elle oublie. Je pense d’abord que c’est une blague, et je lui demande de me rembourser avec les intérêts. Et là, elle me dit que c’est ce qu’elle va faire. Et là je bug. Je lui rappelle que je ne sais pas de quoi elle parle et que si c’est le cas, c’est que j’ai complètement oublié. Ce que je fais tout le temps en fait. Je ne garde que les bonnes choses dans mon coeur, et les réclamations n’en font pas partie.

Et là, elle me raconte que quand elle partait de Turin pour Gênes, je l’avais dépannée avec 50 € et lui avais dit qu’elle me rembourserait quand elle le pourrait, mais qu’il n’y avait aucune pression. Elle m’avait certainement demandé de l’aide.

Wah Ronel ! Souvent moi-même j’oublie que ce n’est pas aujourd’hui que j’ai commencé à être un élément. Comment quelqu’un peut sortir une phrase comme ça aussi jeune ? Surtout que cette période-là norh, 50 €, c’était le wandafout. On parle quand même d’une époque où pendant des mois je mangeais des biscuits et du lait parce que la vie me montrait le voirâtre. Mais je constate que malgré tout ça, ma générosité n’a jamais souffert de rien.

Laure, c’est d’elle qu’il s’agit, m’a demandé mon compte Orange Money et m’a fait un virement de 75 € pour payer sa dette, comme elle l’a si bien dit. Elle est quelqu’un qui paie toujours ses dettes.

Cette histoire m’a réellement secoué. J’étais ravi de voir que, malgré nos périodes de galère, elle avait réussi à avoir une belle position dans la société. Car même en Mbeng, donner 75 € comme ça à quelqu’un, crois-moi, ce n’est pas facile. J’ai été ravi de voir qu’il existait encore des personnes aussi intègres ici dehors. Et surtout, j’ai pu expérimenter la puissance à long terme d’un bienfait rendu. Souvent, on ne fait pas certaines choses parce qu’on cherche à voir quelles seront les retombées immédiates, alors qu’en réalité, dans la vie, les vraies retombées — les plus pérennes — n’apparaissent qu’à long terme.

Des gestes comme celui-ci, j’en ai fait à plusieurs personnes dans ma vie. Mais des retours comme celui de Laure, je n’en ai reçu que très peu. Peut-être que les autres se concentrent pour venir sortir les longs discours à mon deuil. Peut-être que la maturité de leurs retombées à eux prendra plus de temps, je ne sais pas. Mais dans tous les cas, je ne peux que t’inviter, toi qui me lis, à faire partie de ces personnes qui apportent le bonheur aux autres sans chercher à savoir ce que tu y gagnes. Car dans un bienfait, quel qu’il soit, nous gagnons tous.


Douala 🇨🇲 

Ce que le meilleur ndolè de Douala m’a inspiré sur notre génération perdue

Aujourd’hui, c’était notre journée “Street Food Afterwork” avec Lionel. Nous avons décidé de consacrer un afterwork par semaine — quand c’est possible — à aller visiter certains points de street food de la ville. C’est notre façon à nous de les encourager, de rester ancrés dans le territoire, et surtout d’avoir nos fameuses discussions sur le pays. Et ça me permet aussi de sillonner la ville derrière sa grosse moto BMW. Ça me donne l’air d’un boss.

Aujourd’hui, il a décidé de nous emmener manger le meilleur ndolè de la ville. Et crois-moi, le titre n’est pas volé. J’ai confirmé. Il y a ndolè… et il y a ce ndolè. Et ne cherche pas à savoir où c’est, parce que si on ne t’y emmène pas, tu ne pourras juste pas deviner. Ce n’est pas un de ces restaurants avec une belle enseigne en ville. C’est dans un coin bien caché. Rien que pour les connaisseurs. Peut-être que si tu paies une séance de notre “Douala Street Food” (que nous allons bientôt lancer), tu auras l’occasion de découvrir le lieu.

Bref, le ndolè là était la magie. Mais ce que j’ai encore plus aimé, c’est que cette maman ne fait que du ndolè. Là-bas, on ne vend que du ndolè. Comme accompagnement, tu as le choix entre miondos et plantain mûr. Le plat vient avec deux grosses crevettes roses bien fraîches, du poisson frit ou de la viande de bœuf séché. Et c’est tout. Pas besoin d’imprimer le menu.

J’ai beaucoup aimé parce qu’avec Katering, c’est exactement la vision que nous avons : créer des marques mono-produits qui mettent en valeur notre patrimoine culinaire. Et j’ai justement identifié qu’au Cameroun, certains plats comme le Ndolè, le Eru ou le Taro peuvent devenir des chaînes à part entière. Je parie qu’on pourrait avoir une chaîne de restaurants spécialisés dans le ndolè avec 5 points de vente à Douala. De telle sorte que quand quelqu’un arrive au pays et veut manger du bon ndolè, il n’y ait qu’une seule adresse.

Je me disais qu’on allait faire tout ça quand on sera “grands”, mieux capitalisés. Mais en réalité, ce n’est pas seulement un problème de Katering ou de Ronel. Ça nous concerne tous. Comme je disais à Lionel tout à l’heure, cette maman a déjà fait sa part. C’est à notre génération d’emmener le concept plus loin. D’aller la voir et de lui proposer de créer une chaîne de restaurants. Un peu comme Ray Kroc l’a fait avec McDonald’s.

Mais bon… on va laisser le Canada et Mbeng à qui ?

Nous sommes vraiment la pire génération de Noirs dans le monde. Les derniers de la classe. Nos parents se sont battus tant bien que mal pour commencer des choses que nous étions censés terminer. Mais qu’est-ce que nous avons fait ? Nous avons laissé ces business mourir. Nous avons abandonné leurs maisons se détériorer. Normalement, avec toutes les mamans qui ont envoyé les enfants à l’école grâce aux beignets-haricots, on devait aujourd’hui avoir une chaîne de beignets-haricots avec au moins 1 000 points de vente. À la place, on a laissé mourir ce business historique.

Et notre fainéantise se voit même chez nos petits frères. Aujourd’hui, notre jeunesse est la plus perdue au monde. Perdue dans l’alcool, la drogue, les jeux de hasard et les partouzes. Parce que nous, les grands frères, n’avons pas su leur montrer le chemin. Et pourtant, nous avons reçu. Nous avions tout reçu de la génération au-dessus.

Et si moi, avec ma petite intelligence, j’observe ça… crois-moi, les autres peuples le voient aussi. Et c’est bien pour cela que nous tous qui fuyons nos responsabilités pour aller nous réfugier en Occident, nous n’aurons jamais que des rôles de second plan. Car personne ne fait confiance à un traître fainéant.

En tout cas, il n’est pas trop tard pour redresser la barre. Nous avons le travail de nos parents à valoriser et nos jeunes frères à sauver de la débauche. Si nous nous y mettons maintenant, on pourra encore sauver les meubles.

Ou bien… on préfère se saper comme des Congolais et organiser des mariages hors de prix en France, comme j’ai vu aujourd’hui en statut WhatsApp ?


Douala (Ndolè City) 🇨🇲 

Il est temps de bannir les adresses Gmail de nos institutions

Il y a certaines choses qui m’énervent profondément dans nos pays d’Afrique. Et parmi elles, il y a cette manie que nous avons d’utiliser des adresses email commerciales pour nos entreprises.

Tu vas au supermarché acheter un produit dont le marketing a coûté des centaines de millions de FCFA, et dont le chiffre d’affaires de l’entreprise se compte en milliards. Une fois le produit dans les mains, tu regardes l’emballage… et qu’est-ce que tu vois au niveau de l’adresse email ? Une adresse Yahoo ou Gmail.

Mais ce qui peut souvent me tuer, c’est quand même nos institutions publiques utilisent ces adresses. Ce matin encore, je voyais l’affiche d’un événement organisé par un ministère dont je tairai le nom… et l’adresse était en @gmail.com.

Je ne sais pas. C’est moi qui suis trop exigeant ? Ou bien c’est nous qui sommes beaucoup trop en retard ?

Tu me diras qu’ailleurs, certains business font pareil. Je te le concède, oui. Mais est-ce qu’on est obligé d’imiter les derniers de la classe ? Et je ne pense pas que tu puisses prendre la carte de visite de l’assistant d’un ministre dans un pays qui se respecte, et y voir une adresse Yahoo, comme j’en ai fait l’expérience en début d’année.

Il est vraiment temps qu’on se mette à niveau. Nous ne pouvons pas être mauvais sur les grandes choses et l’être aussi sur les petites.

Vivement que la communauté Panjap voit le jour, afin qu’ensemble nous résolvions tous ces petits problèmes de notre pays et que nous le portions enfin à la place qu’il mérite.


Douala 🇨🇲 

Et si on arrêtait de confondre travail et salaire ?

C’est quoi le travail au juste ?

Ce matin, en route pour le bureau, je suis passé devant un carrefour que j’emprunte quotidiennement. Et comme la plupart des matins, il y avait des femmes assises en train de discuter entre elles. Visiblement en train d’attendre. Certainement en train d’attendre qu’un employeur vienne leur proposer du travail pour la journée.

C’est un phénomène dont j’avais entendu parler pour la première fois dans un documentaire en France. Dans certains départements d’Île-de-France, chaque matin, des hommes venaient se poster à certains carrefours en espérant être recrutés pour des tâches journalières. Souvent des hommes immigrés. Et la plupart du temps, ces tâches étaient dans le bâtiment.

Si ces femmes sont postées là chaque matin comme je les vois tous les matins, ça veut certainement dire que de temps en temps, elles réussissent à se faire embaucher pour la journée. Mais si je me fie au regard qu’elles ont toutes sur leur visage quand je passe dans le coin, je dirais que cette façon de faire n’est pas optimale et je parierais qu’elles ont plus de jours sans que des jours avec.

La question qui m’est venue à l’esprit en passant par là aujourd’hui était : “Comment, dans un pays comme le nôtre où tout est à faire, les gens peuvent manquer de travail au point de passer des journées entières à espérer dans des carrefours ?” Et je me suis rappelé d’une phrase que je dis souvent : “Les gens qui nous ont vendu la notion de l’argent ne nous ont pas aidés.”

Le problème que nous avons, je pense, est que nous avons associé le travail à de l’argent, à une rémunération. Chez nous, on ne travaille pas pour fournir un résultat, mais pour avoir de l’argent, parce qu’on en a besoin. Du coup, nous sommes entourés d’opportunités et de problèmes à résoudre, mais vu qu’il n’y a personne qui nous garantit qu’il nous paiera si on résout ces problèmes, on n’y touche pas. On préfère rester au quartier et traiter le gouvernement de tous les noms.

Le travail n’a rien à voir avec l’argent. Le travail, c’est le cœur de la survie de toutes les espèces. Chercher à manger, c’est travailler. Se reproduire, c’est travailler. Savoir reconnaître le bon partenaire pour se reproduire demande du travail. Se protéger des autres et des cataclysmes de la nature, c’est travailler. Travailler, c’est ce que toutes les espèces font tous les jours pour continuer d’exister.

Contrairement aux autres espèces, nous les humains avons complexifié notre mode de vie. Et pour l’entretenir, ça requiert beaucoup plus de travail. L’une des raisons, selon moi, pour lesquelles nous continuons chaque année à creuser l’écart avec les autres espèces en terme de supériorité. Nous travaillons beaucoup plus et de façon beaucoup plus diversifiée.

Cependant, ce travail n’a rien à voir avec une rémunération. La rémunération est l’incentive que nous avons inventé pour pousser les uns et les autres à travailler beaucoup plus. Cette rémunération du travail n’existe que dans des sociétés hautement complexes comme celle des êtres humains — et quelques autres types d’animaux d’ailleurs.

Mais la rémunération ne devrait en aucun cas nous empêcher de travailler. Et c’est le gros problème que je constate dans certains pays d’Afrique — et d’ailleurs en réalité. Sans rémunération, des personnes ne travaillent plus, alors qu’en fait, travailler est vital pour eux.

Si nous prenons le cas de nos sociétés rurales. Dans ces contrées, beaucoup de personnes travaillent encore très dur. Et sans argent. Chaque matin, elles se lèvent tôt et travaillent pour se nourrir, travaillent à se prémunir des dangers de la nature. Et souvent, elles le font pendant plus de 10 heures de leur journée. Sans espérer une rémunération quelconque.

Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas que nous confondions les choses. Nous vivons aujourd’hui dans une société assez complexe en Afrique. Nous pouvons peut-être manquer d’opportunités de travail rémunéré, mais nous ne pouvons en aucun cas manquer d’opportunités de travail. Le travail est venu avant la rémunération, et il serait bête d’arrêter de travailler parce qu’il n’y aurait plus de rémunération.

Et c’est cette mentalité que nous pouvons observer même chez ceux qui ont un travail rémunéré. La plupart pensent que leur travail consiste à se pointer au lieu de service, alors qu’il n’en est rien du tout. Ce qui justifie ton travail, ce n’est pas le temps que tu passes en service, mais le résultat que tu produis.

Et pour produire ce résultat, nous n’avons pas besoin d’attendre à des carrefours que des personnes veuillent bien nous choisir. Il y a tellement de problèmes à résoudre qu’il suffirait juste d’en choisir un et de se concentrer dessus. Si c’est un problème rencontré par un certain nombre de personnes et que tu y apportes une bonne solution, tu ne tarderas pas à avoir une rémunération.

Et si tu n’as pas les outils qu’il faut pour résoudre les problèmes autour de toi, sache que se former, apprendre, c’est aussi travailler. Chaque action que tu mènes pour améliorer tes procédés, ta façon de travailler, c’est du travail. Nous n’avons donc aucune raison de ne pas travailler. Nous pouvons ne pas avoir de travail rémunéré pour le moment parce que la rémunération se fait rare, mais nous ne pouvons pas dire que nous ne trouvons pas de travail. Pas avec tous les problèmes qui persistent dans nos sociétés. Pas avec tout le potentiel d’apprentissage devant nous.

Moi, je fais partie de la catégorie des personnes qui passent leur vie à travailler. Et d’ailleurs, je ne crois pas au concept de la retraite, que je ne prendrai jamais. Je te parlerai peut-être dans un futur texte de ma vision de l’organisation du travail autour de l’âge. Une approche totalement différente de ce que le monde capitalistique nous propose aujourd’hui.

Contrairement à beaucoup de nos frères qui ont décidé de faire des boulots de planque où ils n’ont pas grand-chose à faire et sont fortement rémunérés, moi j’ai toujours fait le choix de travailler beaucoup. De travailler sur nos problèmes à nous, quitte à ne pas être rémunéré. Car comme je te l’ai dit plus tôt, le travail précède la rémunération. Pas le contraire.

Tu me diras : “Mais Ronel, l’homme doit se nourrir.” Et je te dirai : “Oui, mais pas au détriment du travail. Du vrai. De celui qui nous élève dans la société. De celui qui a fait en sorte que pour certains peuples, se nourrir n’est plus un problème du tout.”

Si au moment où tu lis ce texte, tu es au chômage ou bien tu sais que tu ne fais pas assez par rapport au travail, je t’invite à reconsidérer les choses et à te mettre au travail sérieusement. Tu pourrais par exemple écrire un texte par jour comme moi. C’est un travail, certes non rémunéré, mais qui contribue à élever notre société. Et qui sait, tu inspireras peut-être un de tes lecteurs à trouver la solution à notre misère.

See you at work, comme dit souvent mon ami, le fondateur de Dikalo, Alain Ekambi.


Douala 🇨🇲