Hier, je discutais avec un bon ami et je lui expliquais un concept auquel je crois et que j’utilise pour naviguer dans l’océan de la vie. Je me suis dit que je pourrais peut-être le partager avec toi aujourd’hui.
Il y a tellement d’éléments qui entrent en jeu quand on veut réussir à atteindre un objectif, et il est quasi impossible de contrôler tous ces éléments. Du coup, parmi les personnes qui réussissent à grande échelle, je distingue deux grands groupes. Le groupe des premiers de la classe, ceux qui savent jouer selon les règles du jeu, faire ce qu’on attend d’eux, qui savent toujours se montrer sous leur meilleur jour et gravissent les échelons pas à pas jusqu’au sommet. Et le groupe des renégats, ceux qui cassent tous les codes, brisent les barrières, se font mettre des bâtons dans les roues à maintes reprises, mais qui réussissent parce qu’ils sont tellement bons dans ce qu’ils font qu’on a du mal à se passer d’eux ou tout simplement parce qu’ils ont mis en place une stratégie que les autres n’ont pas vue venir.
Il est très important pour chacun de savoir de quel groupe on fait partie, si on veut atteindre le sommet. Être un premier de la classe ne t’empêche pas de casser des barrières, de même que certains renégats, à certains niveaux, jouent selon les règles du jeu. Mais tu ne peux pas aller contre ta nature tout le temps, tu dépenseras beaucoup trop d’énergie inutilement. La règle de Pareto s’applique aussi ici. Tu devras être toi-même 80 % du temps, et le reste du temps, tu pourras te comporter comme les membres de l’autre groupe. C’est une question d’équilibre.
Je pense qu’à partir d’un certain âge, on sait à peu près de quel groupe on fait partie. Pour certains, c’est très clair dès la naissance, et pour d’autres, ça prend un peu de temps à se développer. Mais à un moment, on sait à peu près qui on est, le plus souvent en entrant dans l’âge adulte.
La plupart des grands politiciens sont des premiers de la classe. Ils maîtrisent les lois du pouvoir. Ils savent faire ce qu’il faut pour obtenir ce qu’ils veulent, souvent sans jamais faire de vagues. C’est le groupe qui renferme souvent le plus de protagonistes, car c’est celui où on évite le plus de confrontations, du moins les confrontations directes.
Chez les renégats, on retrouve beaucoup de visionnaires, de grands entrepreneurs et scientifiques. Des personnes qui n’ont pas peur de questionner le statu quo et de le faire en public. Des personnes prêtes à se faire lyncher, décapiter, “blacklister” ou même perdre tout ce qu’elles ont parce qu’elles défendent une cause. Je sais qu’à ce moment, certains noms te viennent en tête. Eh oui, tu vois de quoi je parle.
La société a besoin de ces deux groupes de leaders pour avancer. Des renégats qui vont nous emmener vers de nouvelles frontières et des premiers de la classe qui vont s’assurer que les acquis précédents soient solidifiés pendant le voyage. La plupart du temps, les deux groupes sont en conflit, mais ce conflit est nécessaire pour éviter que nous ne sombrions profondément d’un côté ou de l’autre. Autant nous avons besoin d’explorer, de découvrir de nouvelles façons de faire les choses, autant nous avons besoin de protéger nos cultures et nos coutumes, ce qui fait de nous ce que nous sommes, au risque de nous perdre.
Le réel problème surgit lorsque cet équilibre est fragilisé. Quand le rapport de force penche beaucoup plus d’un côté que de l’autre. Quand un groupe compte beaucoup plus de membres qu’il ne devrait. Dans ce cas, la société court à la faillite. Soit elle va stagner jusqu’à disparaître si ce sont les premiers de la classe qui sont en supériorité, soit elle va aller trop vite et se brûler les ailes si ce sont les renégats qui dominent.
Je pense qu’aujourd’hui au Cameroun, et dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, il y a de moins en moins de renégats. De moins en moins de personnes prêtes à briser le statu quo, de moins en moins de visionnaires, de moins en moins de personnes prêtes à tout perdre pour nous emmener vers de nouvelles frontières. Et ça, c’est un véritable drame !
Je reviendrai certainement plus en détail sur ce concept, mais en attendant, je t’invite à faire ton introspection et à découvrir de quel groupe tu fais partie si tu te considères comme un leader. Si, comme moi, tu es un renégat, il est temps d’arrêter de te cacher et de prendre tes responsabilités. Si tu es un premier de la classe, il est urgent que tu comprennes que nous avons besoin des deux groupes pour maintenir un équilibre et continuer à avancer. Tu ne comprends peut-être pas et n’es peut-être pas d’accord avec l’autre groupe, mais tu n’es pas obligé de leur mettre des bâtons dans les roues. Comme certains Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, tu peux penser faire partie de la race supérieure mais ne pas participer au massacre des Juifs. Tu peux même aller jusqu’à les protéger de la police. Car s’ils sont sur Terre, c’est qu’il y a forcément une raison.
Douala 🇨🇲