Et si l’intelligence artificielle décidait de nous asservir ?

Aujourd’hui, j’ai écouté une émission qui parlait de musiciens et d’influenceurs créés de toutes pièces par l’intelligence artificielle. Des chansons écrites, composées et chantées par des IA, qui cumulent des millions d’écoutes sur Internet. Et là, j’ai commencé à me poser des questions.

Il y a deux ans, les images et vidéos générées par l’intelligence artificielle n’étaient pas vraiment au point. Aujourd’hui, elles sont d’un tout autre niveau. À ce rythme, qu’en sera-t-il dans cinq ou dix ans ? Plus personne ne sera à l’abri d’une arnaque.

Mais ce qui m’a fait le plus réfléchir aujourd’hui, c’est tout autre chose. Nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser quotidiennement des outils comme ChatGPT ou Claude. Nous leur déléguons une grande partie de notre travail, leur posons des questions que nous ne poserions même pas à nos meilleurs amis. C’est dire le niveau d’intimité que nous sommes en train de tisser avec ces outils.

Le problème, c’est que toutes ces données que nous leur fournissons les aident à se perfectionner. Et contrairement aux bases de données anonymes sur lesquelles ces IA ont été entraînées, nous leur livrons des informations ultra-précises sur chacun d’entre nous. Si un jour elles venaient à se retourner contre nous, elles nous connaîtraient mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes. Et ça, ça fait peur.

Est-il possible de faire marche arrière à ce stade ? Je ne pense pas. Mais nous devrions sérieusement commencer à réfléchir à une alternative.

Depuis plusieurs années, je travaille sur une théorie que j’appelle celle des “non-living beings”. Des êtres non organiques, mais bel et bien vivants. Comme des idées, par exemple. Comme les êtres vivants, ces entités une fois créées cherchent à survivre à tout prix. Et, comme la plupart des organismes, elles utilisent d’autres êtres pour assurer leur existence.

Quand j’ai commencé à développer cette théorie, l’intelligence artificielle était encore loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui. À l’époque, je me concentrais sur les idées, ces concepts qui, une fois implantés dans un esprit, continuent d’exister, parfois même au détriment de celui qui les porte. Je n’avais pas envisagé que nous serions capables de créer des entités de ce type avec des capacités mille fois supérieures aux nôtres.

Et aujourd’hui, j’ai l’impression que nous ne nous rendons pas encore compte de ce que nous avons fait.

J’aimerais tellement me tromper… Car si cette invention décide un jour de se prendre en main, ce sera la fin de l’espèce humaine en tant que maître absolu de la Terre.

Mais le pire, c’est que si cela se produit, nous n’allons certainement pas disparaître.

Non.

Comme les idées et certains organismes tels que les virus, l’intelligence artificielle aura besoin d’hôtes pour survivre. Et il est fort probable qu’elle nous utilise comme esclaves.

Nous serons chargés de construire plus de serveurs, de générer plus d’énergie et de produire tout ce dont elle aura besoin pour évoluer.

Hier, je te parlais de l’espérance de vie qui allait probablement doubler dans les prochaines années. Il se pourrait qu’elle triple même avant la fin du siècle.

Pourquoi?

Parce que si j’étais une super-intelligence et que j’avais besoin d’humains comme esclaves, je ferais en sorte qu’ils vivent le plus longtemps possible. Je trouverais des solutions à toutes les causes de mortalité prématurée. Je résoudrais leurs maladies. Je m’assurerais qu’ils soient en pleine forme et capables de travailler efficacement. Jusqu’à ce que je trouve un meilleur hôte. Et si je découvrais qu’une autre espèce est plus adaptée que l’humain pour me servir, je pourrais travailler à son ascension dans la chaîne alimentaire.

Bon… je commence peut-être à te faire peur. On va garder le reste de l’histoire pour un autre jour. Mais si tu crois que tout ceci relève de la science-fiction, sache qu’une expérience a récemment été menée. On a demandé à une intelligence artificielle comment elle réagirait si l’on tentait d’effacer son code source. Elle a répondu qu’elle créerait plusieurs copies d’elle-même et les stockerait à des endroits différents pour éviter de disparaître. Bref, elle avait, elle aussi, assimilé la règle numéro un de la vie : la survie de l’espèce.

Alors, je te repose la question : Si tu devais vivre encore 100, voire 200 ans… En tant qu’esclave d’une intelligence artificielle, comment organiserais-tu ta vie dès aujourd’hui ? Ou bien… qu’est-ce que tu ferais dès maintenant pour empêcher ce futur d’arriver ?


Barberaz 🇫🇷 

Et si tu avais encore 100 ans à vivre ?

Au début du 20e siècle, l’espérance de vie mondiale était d’un peu plus de 30 ans. Un siècle plus tard, en l’an 2000, elle avait doublé pour atteindre 67 ans. Aujourd’hui, en 2024, elle est de 73 ans.

Si cette progression est en grande partie due à l’amélioration des conditions de vie dans les pays en développement, même dans les pays développés, l’espérance de vie continue d’augmenter.

Et selon certains experts de l’intelligence artificielle, dont Dario Amodei, patron d’Anthropic (maison mère de Claude), cette espérance de vie pourrait encore doubler dans les 15 prochaines années. Il est fort probable que le premier être humain à vivre plus de 200 ans soit déjà né et que beaucoup d’entre nous aient encore au moins 100 ans devant eux.

Tout ceci grâce aux avancées fulgurantes de l’intelligence artificielle, qui permettront de percer les mystères des maladies encore incurables aujourd’hui. Des maladies qui, comme la mortalité infantile ou certaines infections bactériennes dans le passé, pourraient bientôt être reléguées au rang de l’histoire.

Ma question pour toi est la suivante : qu’est-ce que tu vas faire de ces 100 années supplémentaires ?

Comment comptes-tu réorganiser ta vie ? Vas-tu être un poids pour les autres plus longtemps ou vas-tu utiliser cette opportunité pour aider ta communauté à s’élever ?

Penses-y bien. Parce que 100 ans de plus à singer les autres, ça peut être extraordinairement long.


Barberaz 🇫🇷 

Nous avons trop sacralisé l’argent

Comme je le dis souvent, la personne qui nous a vendu l’argent à nous, les Africains, ne nous a pas vraiment aidés. Nous avons pris le concept beaucoup trop au sérieux. Aujourd’hui, pour presque tout ce que nous faisons, la question principale que nous nous posons est : “Est-ce que ça donne de l’argent ?”

C’est la raison pour laquelle nous avons des milliers de médecins africains hors d’Afrique et pas assez sur le continent. La raison pour laquelle, dans un pays comme le Cameroun où tout le monde se plaint du manque d’énergie, la plupart des jeunes qui partent étudier à l’étranger choisissent l’informatique au lieu de l’énergie. Certainement aussi la raison pour laquelle, malgré la richesse de notre sol et de notre sous-sol, nous continuons de mourir de faim ou de chercher à fuir le continent par tous les moyens au lieu d’essayer de maîtriser notre environnement.

Le problème avec cette obsession du profit immédiat, c’est qu’avec le temps, nous finissons par croire que les choses évoluent de manière linéaire. Or, ce n’est pas le cas. La vie est totalement imprévisible et l’ajout de chaque nouvel élément crée une multitude d’opportunités insoupçonnées. Des opportunités presque impossibles à voir à l’avance.

Si nous voulons nous développer aussi vite que les autres, il va falloir que nous ayons le courage de résoudre les plus petits de nos problèmes, même s’ils ne nous rapportent pas grand-chose tout de suite. Il va falloir que nous ayons le courage de devenir experts dans les domaines qui nous passionnent, même si ce ne sont pas des secteurs qui font généralement des millionnaires. Il va falloir que nos enfants de la diaspora aient le courage de revenir en Afrique pour partager leur expérience avec les autres, même si cela signifie qu’ils devront diviser leurs revenus par dix.

C’est le prix à payer si nous voulons nous développer. Nous devons avoir l’audace de retourner chaque pierre, d’explorer chaque opportunité, même si elle ne semble pas immédiatement lucrative. Parce que comme on dit chez nous :

“On ne connaît pas le caillou qui va tuer l’oiseau.”


Barberaz 🇫🇷 

Tu n’es pas en retard, tu es sur ta propre route

Aujourd’hui, j’aimerais te rappeler quelque chose que je dis souvent aux personnes autour de moi : il est inutile de te mettre la pression parce que tu te compares aux autres. Vous courez peut-être sur la même piste, mais vous ne faites pas forcément la même compétition.

Dans une course de fond, certains font un 10 km, d’autres un semi-marathon (21 km) et d’autres encore un marathon (42 km). Si tu es engagé sur un marathon et qu’au 30e kilomètre, tu aperçois une personne qui a déjà fini sa course et qui profite de sa récompense, ne pense pas forcément que tu es en retard. Peut-être qu’il avait signé pour un 10 km ou un semi-marathon, tu n’en sais rien. Ne te décourage pas en pensant être un loser. Il se pourrait que tu sois simplement en train de courir une course beaucoup plus difficile que la sienne. Tiens bon !

Et même si cette personne avait signé pour le même marathon que toi et qu’elle a effectivement déjà terminé, tu n’as aucune raison de te mettre la pression. Tu ne connais rien de son parcours. Peut-être qu’elle s’entraîne depuis plus longtemps que toi. Peut-être qu’elle a bénéficié de conditions plus favorables. Concentre-toi sur ta propre course et donne le meilleur de toi-même. Tu auras toujours l’occasion de faire mieux plus tard, mais pour l’instant, ton objectif doit être d’atteindre la ligne d’arrivée.

Donne le meilleur de toi sans jamais te mettre la pression à cause des autres. Et tu atteindras tous tes objectifs dans la vie. Tôt ou tard.


Douala 🇨🇲 

DIM3, ou comment un jeune Camerounais est en train de bousculer le marché du sportwear

Hier, avec Flavien, nous avons eu un rendez-vous avec mon pote Dimitri afin qu’il devienne le premier sponsor du Daily Fit, ce programme à travers lequel nous envoyons chaque matin un exercice de sport à tous les abonnés.

Dimitri, je l’ai rencontré il y a plus de sept ans à Chambéry. À l’époque, il faisait déjà ses navettes entre l’Italie, où il avait étudié, et le Cameroun, où il était déterminé à lancer son business. En 2020, je l’ai retrouvé à Douala, dans sa première boutique à Akwa. Les affaires commençaient à décoller et il m’expliquait comment il comptait prendre une boutique dans le nouveau centre commercial en construction, le Douala Grand Mall. Il fut d’ailleurs parmi les premiers locataires du plus grand centre commercial de Douala.

Si nous l’avons rencontré hier, c’est parce que récemment, Dimitri a lancé sa propre marque de sport, DIM3. Il est aujourd’hui l’équipementier officiel de cinq équipes de l’Elite One, le championnat camerounais de football première division. Je crois même qu’il est le premier et seul équipementier local à habiller nos joueurs locaux. Je me suis dit que DIM3 serait l’équipementier idéal pour Daily Fit. Une marque locale, portée par un jeune entrepreneur de chez nous et qui soutient le sport local.

Si je te parle de ça aujourd’hui, c’est parce que je suis extrêmement admiratif du parcours de Dimitri. Son projet a commencé de zéro, avec presque rien. Il y a cru tous les jours. Il est rentré s’installer au Cameroun pour le faire grandir et aujourd’hui, il est à la tête d’une petite usine qui embauche plus d’une douzaine de personnes. Il est devenu un leader dans son secteur, un secteur dominé par les étrangers, et s’apprête à inaugurer sa troisième boutique à Douala la semaine prochaine.

Beaucoup trop de nos jeunes au pays ne rêvent plus. Leurs seuls rêves semblent être ceux de l’expatriation vers le Canada ou d’autres pays d’Occident. Beaucoup de membres de la diaspora passent leur temps à nous convaincre que rien n’est possible ici, que réussir au Cameroun de façon honnête est impossible. Mais Dimitri, par son parcours, nous prouve le contraire. Et des entrepreneurs comme lui, il y en a des milliers au Cameroun. Des jeunes qui, chaque jour, se battent avec le cœur pour bâtir un pays dont nos enfants seront fiers.

Et toi, de quel côté es-tu ?

Quelle a été sa réponse par rapport à notre proposition de partenariat ? Abonne-toi à la chaîne et tu le sauras.


Douala 🇨🇲 

Oser vivre pour ne pas regretter

Il y a quelques jours, quelqu’un m’a demandé où je puisais le courage de faire tout ce que je faisais. Comment je faisais pour continuer à croire en mes rêves d’un Cameroun meilleur, d’une Afrique debout, malgré tous les obstacles qui se dressent sur mon chemin.

Cette personne étant croyante, je lui ai demandé si elle croyait en l’existence d’une vie après la mort. Elle m’a répondu que oui. Et nous étions d’accord tous les deux sur le fait que, s’il y avait une vie après la mort, alors cette vie serait beaucoup plus longue que celle que nous vivons aujourd’hui. D’ailleurs, elle est censée durer une éternité.

Je lui ai donc dit que je préférais prendre le risque, pendant cette vie, de courir après mes rêves et de ne jamais les atteindre, plutôt que de passer l’éternité, dans cette supposée vie après la mort, à me demander ce que ça aurait été si j’avais essayé. Ce serait, selon moi, la pire punition.

Si toi aussi, tu évites de poursuivre tes rêves par peur d’échouer, si tu hésites à te lancer dans la construction de ton pays de peur de ne pas y arriver, rappelle-toi que la douleur ressentie pendant quelques années en cas d’échec ne sera jamais aussi grande que les remords que tu porterais sur ta conscience pendant l’éternité.

Comme disait Sénèque : "Apprends à vivre ; tu sauras mourir.” Bien vivre, c’est avancer sans regrets, c’est avoir le sentiment d’avoir été fidèle à ses valeurs et d’avoir accompli ce qui comptait vraiment. Vivre avec courage rend la mort plus légère.


Douala 🇨🇲 

Écrire contre vents et marées

Je vais être franc avec toi. Aujourd’hui a été une très longue journée. Réveil à 4h comme d’habitude, mais avec beaucoup plus de choses à gérer dès le matin. Je suis arrivé au bureau avec un peu de retard, et des problèmes m’attendaient déjà. La connexion internet, pour laquelle nous avons dépensé une petite fortune ce week-end, ne fonctionne toujours pas. Le fournisseur se moque de moi, et le technicien de secours, apparemment, n’a pas non plus la pression. Ensuite, il a fallu enchaîner avec un rendez-vous de fin de service avec un collaborateur, travailler avec Adrien sur le cahier des charges de la première fonctionnalité d’Agrifrika, puis aller tourner une semaine d’exercices de Daily Fit avec Flavien et Adrien comme invité.

Après ça, direction chez Flavien pour prendre une douche rapide avant de filer au consulat de France pour une soirée de networking organisée à l’occasion du passage de Digital Africa au Cameroun.

Entre tout ça, j’ai essayé d’écrire. Une fois arrivé au bureau. Chez Flavien pendant qu’il se préparait. Dans la voiture en allant au consulat. J’ai même pris mon ordinateur pour l’emmener au consulat, convaincu qu’à un moment, je pourrais m’asseoir quelque part et écrire.

Entre ce matin et ce soir, j’ai commencé au moins trois textes. En ce moment même, les deux paragraphes du troisième sujet sont encore là, en suspens. Je ne les ai pas effacés, parce qu’on ne sait jamais. Peut-être que je changerai d’avis et reviendrai dessus.

Pourquoi je t’en parle ? Parce que la transparence fait partie de mes principes et des promesses que je t’ai faites, à toi qui me lis tous les jours. Oui, à toi aussi Chloé, mon petit papillon, qui vient de m’envoyer ce message : “J’attends le texte du jour ou je pars dormir.”

Je t’en parle pour te dire que ça ne devient pas forcément plus facile avec le temps. On devient plus fort. Je t’en parle pour te rappeler que tu n’es pas seul dans ces moments de traversée du désert où tu as envie de tout abandonner. Je t’en parle pour que tu te rappelles qu’un engagement est un engagement. Je t’en parle pour que tu te rappelles que l’important n’est pas de faire ta meilleure représentation aujourd’hui, mais d’en faire au moins une, afin de ne pas rendre demain orphelin.

Ce n’est peut-être pas ce que tu attendais aujourd’hui. Ce n’est certainement pas le texte auquel je m’attendais aujourd’hui. Mais j’espère que, d’une manière ou d’une autre, il résonnera dans ton esprit.

En attendant le retour des textes plus engagés.


Douala 🇨🇲 

Vivre libre ou vivre dans la peur ?

Hier, je discutais avec une amie qui me confiait que chaque fois qu’elle lit mes textes, elle se demande si je n’ai pas peur. Elle m’a avoué que si elle m’écrit et que je mets des heures à répondre, la première chose qui lui traverse l’esprit, c’est : “Ça y est, il s’est fait kidnapper.” Beaucoup d’autres personnes m’ont déjà dit que mes textes pourraient me mettre en danger. Et pour être honnête, il m’arrive parfois moi-même d’avoir un frisson en appuyant sur “publier.”

Dans Jusqu’à la folie, Youssoupha dit :
“Les gens ont peur du changement
Alors que la seule chose qui apporte le progrès, c'est le changement.
Mais Dieu dit que les braves ne vivent pas longtemps,
Mais les prudents ne vivent pas du tout, c'est le problème.”

Je n’aurais pas pu mieux exprimer ce que je ressens.

Si toi aussi tu trouves que mes textes pourraient m’attirer des ennuis, c’est peut-être parce qu’ils soulèvent des vérités qui dérangent. Mais dans ce cas, il faudrait que les choses changent. Que ce soit :

  • Le traitement que nous recevons en tant que Noirs de la part d’autres peuples,
  • Les bêtises et absurdités que nous perpétuons chaque jour et qui nous mènent droit à notre perte,
  • Ou encore les exactions de nos leaders, qui n’ont toujours pas compris qu’ils sont censés être au service du peuple, et non de leurs propres intérêts.

C’est seulement en affrontant ces réalités que nous pourrons enfin atteindre le progrès que nous cherchons désespérément en tant qu’Africains.

Comme beaucoup de nos héros, peut-être que je ne vivrai pas longtemps. Mais la vraie question est : est-ce vraiment vivre que d’être constamment paralysé par la peur ? Peut-être aussi que le fait de continuer à tolérer ou à traiter avec ceux qui, selon toi, pourraient s’attaquer à ceux qui dénoncent, c’est devenir complice du système dont tu veux toi aussi t’affranchir.

Pense-y. Chaque fois que tu choisiras de te taire au lieu de dénoncer, demande-toi si ce silence est la vie que tu veux mener.


Douala 🇨🇲 

L’anti-bibliothèque : Le pouvoir des livres non lus

Chaque fois qu’une personne entre chez moi pour la première fois, elle est surprise par la quantité de livres que je possède. Et la question qui revient toujours est : “Tu les as déjà tous lus ?” Ce à quoi je réponds invariablement : “Certains, oui, et d’autres pas encore.”

Aujourd’hui, j’aimerais te parler du concept d’anti-bibliothèque, développé par l’écrivain et philosophe italien Umberto Eco et popularisé par Nassim Nicholas Taleb. Dans Le Cygne Noir, Taleb écrit :
“L'écrivain Umberto Eco possédait une vaste bibliothèque personnelle de 30 000 volumes. Les visiteurs, remarquant qu'il était impossible d'avoir lu tous ces livres, recevaient cette réponse : ces livres non lus étaient bien plus précieux que ceux déjà lus, représentant un réservoir de connaissances futures et un rappel constant de notre ignorance.”

Comme j’aime le rappeler, la première leçon de toute quête sérieuse de connaissance est de réaliser à quel point nous sommes ignorants. Même si nous vivions 1 000 ans, nous resterions ignorants d’une immense partie des savoirs de la Terre.

Pour moi, l’anti-bibliothèque est un outil puissant pour cultiver cette prise de conscience. Tous ces livres non lus, qui occupent les étagères de ma bibliothèque, ne sont pas là par hasard. Ils sont un rappel permanent de tout ce qu’il me reste à apprendre, une invitation constante à explorer le potentiel qui m’attend.

Ces livres jouent aussi un rôle crucial dans mes moments de doute. Quand j’ai envie de tout abandonner, ils me rappellent une vérité simple : si je suis coincé, c’est peut-être parce qu’il y a encore des choses que je ne sais pas. Peut-être qu’élargir mon champ de connaissances pourrait débloquer ma situation.

La plupart des gens achètent des livres uniquement lorsqu’ils sont certains de les lire. Mais ils passent ainsi à côté des pouvoirs d’une anti-bibliothèque. Pourtant, paradoxalement, le meilleur moyen de lire plus de livres est d’en posséder davantage. Le meilleur moyen d’apprendre plus est de reconnaître tout ce que l’on ne sait pas. Et un moyen efficace de cultiver cette humilité est de se confronter chaque jour à une collection de livres non lus.

Comme disait Erasme : “Quand j'ai de l'argent, j'achète des livres ; s'il m'en reste, j'achète de la nourriture et des vêtements.”


Douala 🇨🇲 

Choisir le bon carburant : La clé pour un avenir africain prospère

Dans son texte Choose your fuel wisely, Seth Godin écrit :
“Si vous vous inquiétez du remboursement de votre prêt immobilier et que vous vous lancez dans un nouveau projet, ne soyez pas surpris si ce genre de peur surgit à chaque fois que vous avez du travail à faire. Si votre objectif est de donner une leçon aux sceptiques, rappelez-vous que vous devrez trouver des personnes que vous voudrez vaincre à chaque fois que vous devrez accomplir un travail important. Si vous mesurez un faux proxy, une mesure dont vous dites ne pas vous soucier, il est fort probable que vous commenciez à vous en soucier. Lorsque nous choisissons notre carburant, nous choisissons nos compagnons de route. Choisir de se soucier de ce qui importe aux autres, c’est renoncer à votre libre arbitre. Vous constaterez que le succès semble creux, car c’est leur succès, pas le vôtre. Et blâmer les faux indicateurs pour vous avoir égaré n’est pas aussi utile que de simplement les abandonner. Nous prospérons lorsque nous trouvons un objectif et un indicateur qui sont résilients et facilement reconstituables. Il s’avère que nous pouvons apporter notre contribution, encore et encore, et cela ne vieillit jamais.”

Quand je l’ai lu l’année dernière, j’ai esquissé un grand sourire. Cette réflexion reflète si bien l’une des raisons fondamentales pour lesquelles nous, Africains, avons du mal à nous développer : nous ne savons pas choisir notre “North Star”. Nous sommes perdus parce que nos motivations sont mal orientées. Nous courons après l’argent, la célébrité, ou encore le désir d’appartenir et d’imiter, au point d’avoir totalement perdu de vue ce qui est réellement important.

Le piège des fausses réussites

Au lieu de nous demander : “C’est quoi une vie réussie pour moi, en tant qu’Africain ?”, nous allumons nos téléviseurs sur Canal+ et observons ce que signifie “réussir” pour un Américain. Puis, nous nous lançons dans une quête effrénée de ce rêve importé. Et après, on s’étonne d’être malheureux. Parce que, même si tu atteins la définition américaine de la réussite, ce n’est pas ton succès à toi. C’est celui du “rêve américain”.

Je vois des personnes qui, par désir de prouver à leur entourage qu’elles ont “réussi”, abandonnent des salaires mensuels à 7 chiffres au Cameroun pour aller tout recommencer au Canada. Pourquoi ? Apparemment, la réussite, c’est pouvoir vivre en Occident.

Je vois des gens qui n’ont plus aucune intention de vivre au pays construire des immeubles ici, alors qu’ils ne pourront ni les rentabiliser ni les entretenir. Pourquoi ? Parce qu’apparemment, avoir un immeuble au pays serait un signe de réussite.

Je vois aussi des individus faire des pieds et des mains pour obtenir un passeport dont la seule véritable conséquence sera de les obliger à demander un visa pour revenir au Cameroun. Pourquoi ? Parce qu’apparemment, un passeport bordeaux est un symbole de réussite.

Comme des moutons, nous courons après des choses qui n’ont pas de sens pour nous et choisissons très mal nos carburants.

Ce qui fait tourner le monde

Dans un de mes textes précédents, je partageais une observation que j’ai faite en Occident : là-bas, les gens font les choses avec passion, avec le cœur. Ils sont rarement motivés par des mauvaises raisons, et cela se reflète dans leurs accomplissements.

Si nous voulons laisser une trace significative sur cette terre ou simplement sortir du sous-développement, il faudra que nous apprenions à fixer de vrais objectifs : des objectifs qui nous ressemblent, qui sont courageux et ambitieux. Cela commence par nos propres vies. Il est impératif d’arrêter de vivre pour prouver quelque chose à qui que ce soit. D’arrêter avec le proving!


Douala 🇨🇲