Prendre des risques : la clé pour accomplir de grandes choses

Aujourd’hui, j’aimerais te partager un passage d’Orison Swett Marden dans Une Volonté de Fer (An Iron Will) :

"Ceux qui ont accompli de grandes choses dans le monde ont été, en règle générale, audacieux, combatifs et sûrs d'eux-mêmes. Ils ont osé se démarquer de la foule et agir de manière originale. Ils n'avaient pas peur d'être des généraux. Il y a peu de place dans cette époque encombrée et compétitive pour le jeune timide et hésitant. Celui qui veut réussir aujourd'hui doit non seulement être courageux, mais aussi oser prendre des risques. Celui qui attend la certitude ne gagne jamais."

Déjà en 1901, date à laquelle le livre a été publié, l’auteur reconnaissait qu’il n’y avait presque plus de place pour le jeune timide et hésitant, et qu’il fallait non seulement être courageux mais aussi oser prendre des risques. Aujourd’hui, il y en a encore moins.

Ces derniers mois, j’ai discuté avec beaucoup trop de personnes qui ont peur de se lancer, qui hésitent, qui ont peur d’échouer, qui ne savent pas s’ils devraient prendre le risque. Si toi aussi, tu fais partie de ces personnes qui se posent toutes ces questions, sache que tu ne pourras rien accomplir de grand si tu ne sautes pas le pas. C’est maintenant ou jamais.


Douala 🇨🇲 

Courage ou opportunisme ? Quand l’Afrique devient un concept de marketing

Ce matin, je suis tombé sur un post LinkedIn. Ou qui m’a même renvoyé sur les réseaux sociaux ces derniers temps, oh ? Bref… Apparemment, il y a quelques jours était organisé à Paris un autre de ces événements où les “anciens” Africains vivant en Occident et coupables d’avoir fui leur mission en Afrique se retrouvent pour se convaincre les uns les autres que l’avenir est sur le continent. La majorité avec leurs passeports occidentaux en poche, se donnant rendez-vous l’année suivante non pas sur le terrain en Afrique, mais au même endroit… à Paris.

Donc, depuis quelques jours sur LinkedIn, on n’a que pour ça. Chacun y va de sa petite histoire. Entre ceux qui ont payé leurs billets à 500 € (le minimum apparemment) en se plaignant que l’accès à certaines masterclass était encore payant à l’intérieur, et ceux qui ont payé leurs stands à 2000 € pour montrer leurs business à l’audience africaine, il y en a pour tous les goûts sur LinkedIn actuellement.

Mais ce matin, je suis tombé sur un post qui m’a particulièrement énervé. Au point où j’ai laissé un commentaire. Sacrilège ! Ronel, où est passé le stoïcisme en toi ? Ah, la chair est faible.

Revenons à ce post. Il s’agissait d’un jeune Camerounais qui nous expliquait qu’il avait quitté le Cameroun en 2022 pour la France. Qu’il a dû se bagarrer comme un beau diable pour pouvoir joindre les deux bouts. Et encore plus pour trouver un boulot après son master. Il a oublié la partie où il a refusé de rentrer au Cameroun après ses études, comme il l’avait certainement annoncé à l’ambassade en demandant son visa. Et là, il invitait les lecteurs à le rejoindre à cet événement pour discuter de l’entreprise qu’il a lancée, pour révolutionner le secteur pharmaceutique depuis, roulement de tambours, la France.

Le post culminait à plus de 1000 likes. Et les commentaires fusaient de toute part pour le féliciter pour sa détermination et son abnégation. Et moi, de me demander si je suis le seul à me rendre compte qu’il y a quelque chose de malsain dans tout ça. S’il était aussi résilient et courageux que cela, pourquoi avoir décidé de fuir vers la France ? Pourquoi avoir décidé d’y rester après ses études pour lancer son projet en direction de l’Afrique ? Pourquoi ne pas avoir fait preuve d’autant de courage dans son pays ? Surtout que j’ai l’impression qu’il est parti en France en ayant déjà un diplôme supérieur et une certaine expérience acquis au Cameroun.

Bref, notre niveau de bêtise ne cessera jamais de m’étonner ! Et merde, pourquoi aller à un évènement qui prône le retour en Afrique 2 ans après être arrivé en France? Tu ne pouvais pas tout simplement rester en Afrique?


Douala (not Paris) 🇨🇲

Le paradoxe africain : plus de moyens, moins de réalisations ?

Depuis quelques jours, je lis un livre assez intéressant sur le nombre d’or. Et cela m’amène à faire des recherches sur tout un tas de personnages qui ont marqué la culture occidentale. De Pythagore (580 avant J.-C.) à Léonard de Vinci (1452), en passant par Platon (428 avant J.-C.) ou Vitruve (80 avant J.-C.). Bref, tout un tas de personnes qui ont marqué le monde par la pertinence de leurs travaux.

Je ne peux cependant pas m’empêcher de penser qu’une ville comme Douala aujourd’hui est nettement plus développée que les villes dans lesquelles la plupart de ces scientifiques ont pu vivre à leurs époques. Et je ne parle même pas des conditions d’hygiène actuelles qui n’ont rien à voir avec celles de ces époques.

Comment se fait-il que malgré cela, nous n’arrivions pas en Afrique à faire mieux qu’eux ? Pourquoi pensons-nous que nous devons forcément partir au Canada ou en Europe pour faire quoi que ce soit, quand Pythagore, Platon ou Vitruve ont pu réaliser autant de choses en vivant dans des pays beaucoup moins développés que les nôtres actuellement ? Ou bien est-ce là notre aveu de faiblesse aux yeux du monde ?

Nous ne sommes peut-être pas encore au même niveau de développement que certains pays, mais que faisons-nous par rapport à notre niveau actuel ?


Douala 🇨🇲 

Pourquoi tout le monde veut partir : une simple vérité

En mai de cette année, j’ai eu une discussion avec un pote vivant en Occident et de passage au Cameroun. Il cherchait à connaître mon avis sur la situation du pays, sur nos problèmes, sur ces petites choses qui nous empêchent d’avancer. Nous avons fini par aborder le fameux sujet, non pas celui du Canada, mais presque : le sujet de tout le monde qui veut partir. Et il m’a posé la question à laquelle je travaille depuis quelques années déjà et dont j’ai tant cherché la réponse.

Il m’a dit en ces termes : “Ronel, toi que je connais, concentré sur le sujet du Cameroun depuis si longtemps. À ton avis, pourquoi tout le monde veut partir ?”

J’ai d’abord souri, car cela m’a renvoyé à mon mot préféré : la sérendipité. Si tu ne sais pas ce que cela signifie, j’ai demandé pour toi à Claude de le définir brièvement et voici ce qu’il a dit : “La sérendipité est la faculté ou le phénomène de faire par hasard une découverte inattendue et heureuse, généralement alors qu’on cherchait autre chose. C’est une forme de chance ou de coïncidence productive qui mène à des trouvailles importantes ou utiles de manière fortuite.”

J’ai souri en pensant à la sérendipité lorsqu’il m’a posé cette question, car il y avait à peine quelques jours que j’avais enfin trouvé moi-même la réponse. Et comme je l’ai dit plus haut, j’avais passé des années à la chercher.

Avant de te donner la réponse que j’ai trouvée, il faut que tu saches que j’ai étudié sous tous les angles toutes les réponses que tu pourrais imaginer actuellement si tu t’es déjà posé cette question, et qu’aucune ne tenait la route mathématiquement parlant. Car, oui, il ne s’agit pas d’une question littéraire, mais bel et bien d’un problème mathématique : quelle est la cause principale d’un phénomène précis observable ? Comment distinguer le signal du bruit ?

Peut-être qu’un jour, je prendrai le temps de faire un long essai sur la méthode que j’ai utilisée et comment je suis arrivé à ma conclusion. Mais pour l’instant, je vais juste te donner la réponse comme je l’ai faite il y a quelques mois à mon pote. Et elle tient en un seul mot : L’ENVIE !

Tu es peut-être surpris, et tu te dis certainement : “Non, les gens partent parce qu’ils ont faim, parce qu’ils veulent un meilleur avenir, parce que le pays est risqué…” Oui, c’est vrai, c’est ce qu’ils disent. Mais comme je te l’ai dit, j’ai examiné toutes ces raisons sous tous les angles, et aucune ne fait l’unanimité. Tu pourrais dire qu’il ne peut pas y avoir une seule raison, que chacun a son histoire et ses particularités. Oui, nous sommes tous différents. Mais les lois de la nature s’appliquent de la même façon à tous. Le reste n’est qu’un narratif, une histoire que l’on se raconte.

L’envie, tout comme l’ego, est un virus très puissant. Il ne se manifeste jamais de la même façon chez les individus qu’il affecte. Chez une personne, l’ego va le pousser à acheter la plus grosse voiture du quartier, chez une autre, il va le pousser à vouloir avoir le plus de partenaires sexuels possible. Les manifestations sont diverses, mais c’est la même cause qui est à l’œuvre.

Encore plus sournoise que l’ego, l’envie est un virus très dangereux. Semblable aux virus sexuellement transmissibles, dont l’un des tours de magie est de pousser la victime à avoir honte de son affection et à n’en parler que quand il est trop tard. C’est une catégorie de virus passé maître dans l’art du syndrome de Stockholm. Comme disait Plutarque il y a presque 2000 ans déjà : “L’envie est le seul vice dont on n’avoue pas la faiblesse.” Un peu comme un virus dont on n’avoue presque jamais la contamination.

Pourquoi tout le monde veut partir ? Parce que nous sommes extrêmement envieux ! Aussi simple que cela. Tout le reste n’est que des histoires que nous nous racontons pour essayer de rationaliser nos comportements.

Mais même l’envie n’est pas incurable. Et comme pour la plupart des problèmes, le plus difficile est de trouver la cause. Une fois cela fait, développer des solutions appropriées n’est plus qu’une question de temps. Et tu dois imaginer que j’y travaille déjà. Peut-être que dans le futur cela fera l’objet de mon discours un 10 décembre à Stockholm ou à Oslo.

Pourquoi je t’en parle aujourd’hui ? Un bon ami à moi m’a fait une confidence ce matin. Il a été contacté pour trouver un billet d’avion pour un vol vers N’Djamena, au Tchad. Apparemment, une de ses clientes doit s’y rendre pour passer le test de langue pour le Canada, le Cameroun n’ayant plus de dates disponibles avant très longtemps. Combien coûte le billet d’avion ? Plus de 600 000 FCFA (1000 €). Mais le plus intéressant, c’est cette cliente. Une jeune dame dans la trentaine, cadre dans une grande multinationale de la place, qui roule dans une voiture (pas une voiture de service, la sienne) de 14 000 000 FCFA (21 000 €) et qui vient de s’acheter un terrain de 20 000 000 FCFA (30 000 €) pour y construire sa maison. Tout cela en ayant fait tout son cursus scolaire au Cameroun et venant d’une famille modeste. Elle aussi se dit que peut-être c’est au Canada qu’il y a la vérité !

Comme disait Napoléon Bonaparte : "L’envie est une déclaration d’infériorité."


Douala 🇨🇲 

Le prix du succès : accepter le sacrifice

J’ai réfléchi pendant plusieurs minutes au meilleur moyen d’écrire ce texte. Je voulais commencer de façon un peu dramatique pour bien introduire le sujet. Mais tous les débuts que j’ai écrits ne me semblaient pas assez bien. Après les avoir tous effacés, je me suis rappelé que l’objectif principal n’était pas d’avoir la meilleure entrée en matière possible, mais de te transmettre mon message.

Et aujourd’hui, j’aimerais simplement te rappeler que “ça va demander un sacrifice.”

Ce nouveau poste que tu convoites, cette idée que tu veux transformer en entreprise, ce mariage que tu souhaites réussir, cet homme que tu veux séduire, ces enfants que tu veux élever en de bonnes personnes, ce physique d’athlète que tu veux retrouver, le développement de ton pays auquel tu veux participer... Ça, et tous les projets qui te tiennent à cœur, ça va demander un sacrifice !

Le sacrifice, c’est le prix à payer, le temps passé dans l’inconfort. C’est tout ce qui te sépare de tes rêves les plus fous. Ce sacrifice, tu sais que tu dois le faire. Arrête de chercher des raccourcis et lance-toi !


Douala 🇨🇲 

Tu n’échoues pas, tu n’en fais juste pas assez!

Volumes negate luck!” Un concept que j’ai entendu pour la première fois chez Alex Hormozi. Une phrase qui, en trois mots, montre la puissance du travail.

Le concept est le suivant : "Plus vous répétez une action ou une expérience, plus les résultats tendront vers la moyenne statistique attendue, réduisant ainsi l'impact de la chance ou de la malchance à court terme.”

En gros, quoi que tu fasses, si tu dis que tu as de la malchance, c’est que tu n’en fais pas assez. Augmente le volume. Tu as lancé 10 projets qui ont échoué ? Il fallait peut-être en lancer 100. Tu n’arrives pas à trouver un boulot ? Multiplie par 10, voire par 100 ta recherche. La chance perd ses effets quand on joue avec de gros volumes.

Ne te décourage surtout pas. Ça ne fait que commencer !


Douala 🇨🇲 

Les 13 vertus de Benjamin Franklin : un guide intemporel vers l’excellence

Aujourd’hui, j’aimerais te partager un texte qui fait partie de ma routine matinale. Un des textes que je lis chaque jour pour me rappeler d’être quelqu’un de bien et de vertueux.

Il s’agit des 13 vertus que Benjamin Franklin, un de mes héros, avait décidé de suivre tout au long de sa vie. Il les avait écrites sur un bout de papier et les portait toujours sur lui. Chaque matin, il les lisait pour s’assurer d’être une meilleure personne ce jour-là. Et chaque soir, au coucher, il les révisait pour évaluer son comportement et identifier les points à améliorer.

Le jeu de la vie ne laisse personne indifférent. Chacun essaie juste de faire de son mieux. Personne n’est parfait. Les problèmes avec lesquels nous nous battons aujourd’hui sont identiques à ceux auxquels ont fait face les pères fondateurs des USA il y a 350 ans, ou encore le grand empereur romain Marc Aurèle il y a 2000 ans.

Les 13 vertus de Benjamin Franklin :

      1. Tempérance : Modération dans le manger et le boire.
      2. Silence : Ne parler que de ce qui peut être utile à soi-même ou aux autres.
      3. Ordre : Que chaque chose ait sa place, chaque partie de vos affaires son temps.
      4. Résolution : Prendre des résolutions et les tenir.
      5. Frugalité : Ne faire de dépenses que pour le bien d’autrui ou pour soi-même ; c’est-à-dire, ne rien gaspiller.
      6. Industrie : Ne pas perdre de temps ; toujours s’occuper à quelque chose d’utile.
      7. Sincérité : Ne recourir à aucune tromperie ; penser innocemment et justement ; et, si vous parlez, parler en conséquence.
      8. Justice : Ne faire de tort à personne, soit en causant des dommages, soit en négligeant de faire le bien que votre devoir vous oblige à faire.
      9. Modération : Éviter les extrêmes ; s’abstenir de ressentir les injures aussi profondément qu’elles le paraissent.
      10. Propreté : Ne souffrir aucune malpropreté sur le corps, les vêtements ou l’habitation.
      11. Tranquillité : Ne pas se laisser troubler par des bagatelles ou par des accidents ordinaires ou inévitables.
      12. Chasteté : Rarement user du sexe, sauf pour la santé ou la procréation ; jamais jusqu’à la faiblesse ou au préjudice de votre paix, de votre réputation ou de celle d’un autre.
      13. Humilité : Imiter Jésus et Socrate.

J’espère que, comme moi, cela pourra t’aider à te rapprocher de la meilleure version de toi-même. Et il n’est jamais trop tôt pour être vertueux. Tu sais quoi faire si, comme moi, tu es parent.


Douala 🇨🇲 

Comment le hasard peut nous tromper : une leçon de Nassim Taleb

Je suis en train de lire, enfin écouter, un livre passionnant : Fooled by Randomness de Nassim Taleb. C’est un de ces livres que je m’étais promis de lire tranquillement plus tard. Mais bon, vu que j’avais déjà écouté (deux fois de suite) le mois dernier son autre livre The Bed of Procrustes, qui fait partie de sa série Incerto (Fooled by Randomness, The Black Swan, Antifragile et The Bed of Procrustes), je me suis dit, pourquoi pas ?

Franchement, c’est un excellent livre. Le genre qui te fait te poser des questions sur ton intelligence. Le genre qui t’amène à vraiment réfléchir. J’espère pouvoir en faire une note de lecture à la fin, même si je pense qu’il faudra le lire au moins deux fois avant de me prêter à l’exercice.

Le livre parle de la chance et du hasard, des éléments avec lesquels nous avons souvent du mal à composer, même les plus intelligents d’entre nous. En fait, surtout les plus intelligents. Bref, je te le recommande vivement.

Mon texte d’aujourd’hui porte sur une escroquerie dont Taleb parle dans le livre. Je me suis dit que t’expliquer ce système serait une bonne façon de te montrer à quel point on peut facilement se faire avoir par de petits détails et de souligner l’importance de réfléchir vraiment. Pas ce mimétisme intellectuel auquel nous sommes souvent habitués. Il s’agit de "l'arnaque du gourou boursier" ou "l'arnaque de la prédiction financière". J’ai demandé à Claude de mieux l’expliquer pour toi.

Voici comment cela fonctionne :

Début :

L'escroc envoie 5000 courriers prédisant une hausse du marché (bull) et 5000 autres courriers prédisant une baisse du marché (bear).

Premier mois :

Supposons que le marché monte. Les 5000 personnes ayant reçu la prédiction "bull" pensent que l'escroc a correctement prédit le marché.

Deuxième mois :

L'escroc se concentre uniquement sur les 5000 personnes qui ont reçu la bonne prédiction. Il divise à nouveau ce groupe en deux : 2500 reçoivent une prédiction "bull", 2500 une prédiction "bear".

Ce processus se répète :

Chaque mois, l'escroc ne garde que le groupe qui a reçu la bonne prédiction et le divise à nouveau.

Après plusieurs mois :

Un petit groupe de personnes aura reçu une série de prédictions correctes. Pour ce groupe, l'escroc semblera avoir des capacités de prédiction extraordinaires.

L'arnaque :

L'escroc peut alors demander de l'argent à ce groupe pour des "conseils d'investissement premium". Les victimes, impressionnées par la série de prédictions correctes, sont plus susceptibles de payer.

Cette escroquerie exploite plusieurs biais cognitifs :

      • Le biais de survie : on ne voit que les "gagnants" du processus.
      • Le biais de confirmation : les gens ont tendance à se souvenir des prédictions correctes.
      • La méconnaissance des probabilités : la chance d'avoir une série de prédictions correctes par hasard n’est pas intuitive pour beaucoup.

Taleb utilise cet exemple pour illustrer comment nous pouvons être trompés par le hasard et l'importance de comprendre les probabilités et les statistiques pour éviter ce type de manipulation.

J’espère que ce petit texte t’aidera à comprendre l’importance des mathématiques et de la réflexion critique (sachant qu’il n’y a pas de réflexion sans écriture). Et j’espère aussi que tu vas voir au-delà de cet exemple. Ici ce n’est que le doigt qui est pointé en direction de la lune. 


Douala 🇨🇲 

Racines et loterie : le miroir de l'histoire à travers la mort de John Amos

Hier, le 1er octobre 2024, la mort de John Amos a été annoncée publiquement. Il serait en réalité décédé depuis le 21 août, de cause naturelle. Il fait partie des milliers de personnes, célèbres ou non, qui meurent chaque jour. Pourquoi en faire un article aujourd’hui ?

John Amos était un célèbre acteur américain que j’ai découvert pour la première fois dans son rôle de Kunta Kinté dans la série Racines. Si tu es africain comme moi, tu associes probablement son visage à celui de Kunta Kinté.

Dans cette série, adaptée du livre éponyme d'Alex Haley que je te recommande vivement de lire, Kunta Kinté est incarné par deux acteurs : John Amos, pour le Kunta Kinté adulte, et LeVar Burton, pour le Kunta Kinté jeune. Bien que l’image de Kunta Kinté que nous retenons le plus soit celle de John Amos, la scène la plus marquante de la série pour moi a été jouée par LeVar Burton. Il s’agit de la fameuse scène du nom, dans laquelle Kunta Kinté refuse d’accepter le nom d’esclave, "Toby", qui lui a été imposé. Malgré les punitions sévères, il persiste à affirmer son véritable nom, Kunta Kinté, comme un acte de résistance et de préservation de son identité et de son héritage culturel.

Cette scène est devenue l’une des plus mémorables de la série, symbolisant la lutte pour l’identité et la dignité face à l’oppression de l’esclavage. Elle illustre la force de caractère du personnage et son refus d’abandonner ses racines, malgré les terribles circonstances auxquelles il est confronté.  

Aujourd’hui, l’esclavage physique a été aboli. Cependant, nous restons prisonniers d’une sorte d’esclavage mental dans lequel nous nous complaisons volontiers. Nous n’avons plus besoin de fouets pour appeler nos enfants Toby, Paul ou Ronel. Nous n’avons plus besoin d’être transportés de force à l’autre bout du monde pour renier notre héritage culturel. Non, nous nous considérons fièrement comme des Bretons, des Savoyards, ou des Canadiens de souche. La lutte pour l’identité et la dignité n’est plus qu’un lointain mirage. Pour une poignée de dollars, nous sommes prêts à nous déguiser en bouffons et à renier tous nos ancêtres.

Peut-être que ce n’est qu’un hasard, et si c’est le cas, le hasard sait si bien faire les choses. Car bien qu’étant décédé il y a plus d’un mois, ce n’est que le 1er octobre que sa mort a été annoncée publiquement. La veille du début officiel de la loterie américaine. Cet événement où les descendants des anciens vendeurs d’esclaves, aujourd’hui, vendent le rêve aux descendants de ceux qui n’ont pas pu être capturés il y a 400 ans. Comme quoi, peut-être que les anciens esclavagistes auraient dû faire un peu de “Behavioral Economics”. Ils n’auraient pas laissé une si mauvaise presse dans l’histoire.


Douala 🇨🇲 (ville jumelée à Juffureh en Gambie 🇬🇲) 

Les dangers cachés de toujours vouloir prendre le chemin le plus court

Les résultats sont sans appel : les textes accompagnés d’images attirent une meilleure audience que ceux qui en sont dépourvus. Il y a certainement plusieurs raisons psychologiques à cela, mais ce n’est pas le sujet du jour.

Aujourd’hui, j’aimerais te parler des effets pervers que peut avoir sur ta vie le fait de vouloir toujours emprunter des raccourcis. Je te vois déjà esquisser un sourire narquois en te disant : “Ronel, pourquoi tu aimes tant quand les choses sont difficiles ?”

Avec la démocratisation d’Internet, de plus en plus de personnes se sont découvert une audience devant laquelle s’exprimer à travers des posts sur les réseaux sociaux, des blogs, des statuts, et j’en passe. On pourrait penser que la qualité d’écriture aurait suivi une évolution à la hausse, mais ce n’est pas du tout le cas. Le problème est que les gens veulent avant tout écrire pour toucher le maximum de personnes. Et pour cela, ils utilisent tous les raccourcis possibles : texte accompagné d’une image, titre alléchant (click-bait) qui souvent n’a rien à voir avec le texte, et d'autres astuces répertoriées. Résultat, au lieu d’apprendre l’art de savoir bien écrire, qui demande du temps et de la pratique, ils passent leur temps à essayer de maîtriser le nouveau raccourci à la mode.

C’est exactement le même phénomène que je vois dans l’entrepreneuriat. Au lieu d’apprendre les bases du business, qui sont d’apporter de la valeur en fournissant un produit ou un service de qualité à un prix raisonnable, on se lance dans des tas de raccourcis qui vont à l’encontre des intérêts des clients que nous voulons servir. Et on s’étonne ensuite de ne pas réussir à construire de grandes entreprises.

Je pourrais accompagner tous mes textes d’une image pour obtenir plus de réactions de mon audience. Je pourrais proposer des titres plus “click-baity" les uns que les autres. Mais je refuse de le faire. Non pas parce que j’aime la difficulté, mais parce que si j’écris, c’est avant tout pour devenir un bon écrivain. Et tricher ne me rapprochera pas de mon objectif, même si, sur le coup, je recevrais une bonne note auprès du public.

Une proche m’a dit un jour : “Je ne suis pas à jour sur tes textes. Maintenant, je lis quand le titre est accrocheur.” Et c’est certainement ce que beaucoup d’autres font aussi. Je pourrais donc me concentrer uniquement sur les titres. Mais est-ce que cela ferait de moi le bon écrivain que je veux être ? J’en doute. Mon énergie serait mieux investie dans le travail difficile d’écrire chaque jour, plutôt que de me concentrer sur les titres de mes textes. Et un jour, quelqu’un qui aimera vraiment ce que je fais le partagera autour de lui. Peut-être qu’il ne sera pas le seul. Et là, j’aurai trouvé mon vrai public, celui qui lit mes textes non pour leurs titres, mais pour leur contenu. Comme le dit souvent Seth Godin : “People like us do things like that.”

Ce jour peut prendre des années à venir, comme il peut arriver demain. C’est la partie de l’équation que je ne contrôle pas. Tout ce que j’ai à faire, c’est me concentrer sur ce que je peux contrôler et continuer de faire mes répétitions. Mais quand ce jour finira par arriver, que ce soit pour toi ou pour moi, nous aurons enfin trouvé notre vraie audience. Pas celle que nous avons manipulée, mais celle qui écoute parce que notre message résonne en elle. C’est cette audience-là dont nous avons besoin.

C’est exactement la même chose en affaires. La durée de vie d’une entreprise est extraordinairement courte : moins de 5 ans pour la grande majorité. Mais celles qui franchissent les 10 ans deviennent particulièrement pérennes. Le problème, selon moi, est que beaucoup d’entreprises, au lieu de se concentrer sur la maîtrise de leur métier, passent leurs premières années à utiliser tous les raccourcis possibles pour atteindre une audience, n’importe laquelle. Et comme les raccourcis sont une forme de tricherie, non seulement ces entreprises n’apprennent rien, mais elles se mettent à dos l’audience qu’elles ont voulu capturer. Pas étonnant qu’à un moment, plus personne ne veuille faire affaire avec elles. Personne n’aime avoir la sensation de s’être fait manipuler ou pigeonner.

Nous vivons dans une société où les raccourcis sont de plus en plus célébrés, où les gens pensent que tout peut s’obtenir en un clic. Une société où quelqu’un veut perdre 10 kg en 4 semaines, où un autre veut être “fort aux fesses” en consommant une pilule ou en buvant une potion. Où tout le monde veut faire du buzz sans jamais avoir investi le temps nécessaire pour développer une expertise – les fameuses 10 000 heures. C’est exactement l’effet pervers des raccourcis : nous finissons par penser que tout peut s’obtenir facilement et nous détestons de plus en plus le travail, surtout celui qui demande un effort, qu’il soit physique ou intellectuel.

Il existe certainement des moyens plus simples de faire certaines choses. Mais la plupart du temps, l’expertise demande du temps et des efforts. Choisir systématiquement le raccourci, c’est envoyer un mauvais message à ton cerveau : celui que tu n’es pas capable d’y arriver autrement. Et c’est un message que je ne veux surtout pas envoyer au mien.

Nous ne nous rendons pas compte des ravages que l’addiction aux raccourcis peut causer dans nos vies. Peut-être parce que nous sommes trop concentrés à chercher le prochain raccourci. Construire un système éducatif ou de santé solide demande beaucoup de temps et d’efforts, alors on choisit le raccourci et on s’installe en Occident ou bien on y envoie ses enfants étudier et on y va se soigner. Rentrer en Afrique après ses études en Occident nécessite un certain effort de réadaptation, alors on choisit le raccourci en restant en Europe et en se plaignant sur les réseaux sociaux du manque d’infrastructures. Autant d’exemples qui semblent anodins mais qui sont bel et bien des raccourcis, auxquels nos esprits ont fini par s’habituer.

Tout le monde aimerait avoir une vie facile, et je ne dirai pas le contraire. Mais n’oublions pas la Loi de Lavoisier : “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.” Si c’est facile aujourd’hui grâce à un raccourci, ce sera difficile demain. Il n’y a qu’à regarder la deuxième génération d’immigrés dont les parents ont fui la difficulté de l’Afrique pour le confort de l’Occident, et la comparer à la nouvelle génération de Chinois dont les parents ont suivi Mao dans la difficile refonte de la société chinoise. Soit c’est facile aujourd’hui et difficile plus tard, soit c’est difficile aujourd’hui et facile plus tard. Il faut choisir : tu paies pour tes enfants ou tu les laisses payer pour toi ?

Moi, j’ai fait mon choix : celui du travail dur, de l’expertise, de l’évitement de “l’argent facile” (comme dit souvent mon pote Adrien). Celui de payer le prix dur pour que, des années après moi, les gens puissent venir au Cameroun, précisément à Bana, et dire : “Ici, a vécu un homme qui a payé le prix fort pour ses descendants.” Exactement ce que ton subconscient se dit quand tu te grattes les couilles à table en regardant les JO depuis ton appartement new-yorkais.


Douala 🇨🇲