Les mains coupées : Une métaphore pour nos choix collectifs

En lisant mes textes, certaines personnes peuvent penser que je n’ai jamais été dans le faux ou n’ai jamais commis d’erreurs. Parce que je fustige certains comportements avec la plus grande force aujourd’hui, elles se disent que je ne suis jamais passé par là. Et d’autres petits sournois vont fouiller dans mon passé pour me rappeler que, moi aussi, j’ai fait certaines erreurs.

Bien sûr que des erreurs, j’en ai faites. Des bêtises, j’en ai commises par centaines. Mais ce n’est pas parce qu’un parent demande à son enfant de ne pas être têtu qu’il ne l’a jamais été lui-même. C’est souvent parce qu’il sait à quel point certains comportements sont destructeurs qu’il essaie avec force d’en détourner son enfant. La connaissance prend toute sa puissance quand elle est partagée. Ne pas dénoncer une atrocité parce qu’on l’a soi-même commise avant de se repentir, c’est laisser ce poison continuer à détruire notre société. Un peu comme le bizutage.

J’ai souvent l’habitude de dire qu’en Afrique, nous sommes les champions dans ce type de comportement. Et l’exemple que je prends souvent pour l’illustrer est une histoire d’un groupe d’amis qu’on nous racontait quand nous étions plus jeunes.

Ce sont trois amis qui vont un soir voler des graines sous la barrière d’un riche fermier. Mais ce dernier, ayant eu vent de l’entreprise des voleurs, les attend derrière la barrière avec une machette. Une fois sur place, le premier passe sa main sous la barrière pour vérifier que les graines sont bien là. Le fermier, avec sa machette, tranche d’un coup la main du voleur. Celui-ci retire sa main et se rend compte qu’elle a été tranchée. Mais au lieu de prévenir ses deux compères, il s’écrie dans le noir : “Wow, c’est notre jour de chance. Il y a plus de graines qu’on ne l’aurait imaginé !” et demande au second d’aller constater par lui-même. Celui-ci passe aussi sa main sous la barrière et, d’un coup de machette, se fait trancher la main. Une fois qu’il la sort, au lieu de dire la vérité, il s’empresse de dire au troisième qu’il doit aller voir ça, que c’est leur jour de chance. Tout en cachant dans le noir sa main tranchée. Et c’est ainsi que les trois malheureux se retrouvent avec une main tranchée et retournent pleurer leur sort en silence.

Tout petit, je ne comprenais pas vraiment comment le premier avait pu laisser qu’on tranche la main de ses deux autres amis. Certainement parce que je me focalisais sur le coup de machette, qui en lui-même est assez brutal. C’est avec le temps que j’ai compris que ce coup de machette pouvait être quelque chose d’aussi banal que de ne pas signaler à son voisin qu’il a un robinet ouvert, sachant que la dernière fois que tu as laissé un robinet ouvert chez toi, ta maison a été inondée.

Cette main tranchée, ce sont tous ces Africains qui souffrent de la perte de leur identité en Occident, qui n’arrivent plus à contrôler leurs enfants dès qu’ils entrent dans l’adolescence, qui vivent au jour le jour toujours dans la peur du lendemain, mais qui continuent de faire croire aux autres restés en Afrique que l’Occident est le paradis.

Si mes textes sont souvent très dénonciateurs, ce n’est pas parce que je suis un saint ou que je l’ai toujours été. C’est pour essayer de donner un autre aperçu, un aperçu réel des choses à toutes ces personnes qui n’ont aucune idée de ce qui se passe, et aussi rassurer toutes ces autres personnes qui ont des doutes mais qui, accablées par la norme sociale, n’arrivent pas à se décider à faire ce que leur cœur leur demande de faire.

Pendant mon séjour en France, à deux reprises au moins, j’ai rempli mon dossier de naturalisation. Poussé par une pression énorme qui me faisait croire que c’était la chose à faire, la chose la plus importante à faire. Et à chaque fois, je me suis demandé si c’était vraiment la raison pour laquelle j’avais décidé de voyager. N’avais-je pas décidé de voyager pour rencontrer les différents peuples dans leurs habitats respectifs et en apprendre assez pour pouvoir venir aider le mien à se développer ? Pourquoi devrais-je me réduire à faire une demande de nationalité étrangère ? N’était-ce pas incongru ? Et pendant toutes ces années de réflexion et de tourment, je n’avais aucune personne comme le moi  d’aujourd’hui pour me rassurer dans mon choix de rester Camerounais et de garder ma dignité.

Aujourd’hui, j’aimerais être cette personne pour tous les anciens moi tapis dans l’ombre et pressés par les mensonges de toutes ces personnes aux mains coupées, qui auraient certainement fait les choses différemment si on leur donnait une nouvelle chance. J’aimerais que toutes ces personnes sachent qu’il existe une alternative. Une alternative peut-être pas plus populaire, mais plus digne. Une alternative qui te laisse tes deux mains, afin que tu puisses faire tout ce que tu veux plus tard.

Comme je disais dans un texte précédent, si tu as l’impression que mes textes te piquent, bois de l’eau. Tu n’es pas la cible. La cible la reçoit tranquillement et est en train, sagement, de préparer le grand retour des Africains sur la scène internationale. Par contre, même avec une main coupée, tu peux décider de mettre tes anciens démons derrière toi et enfin te mettre en ordre de bataille.


Douala 🇨🇲 

Ambassades, double nationalité et Françafrique : une tragédie africaine

Aujourd’hui, je vais te partager un texte que j’ai envie d’écrire depuis des mois déjà. Le sujet était bien posé dans ma base de données en attendant le bon moment. J’espère que tu es bien assis, parce qu’à la fin, tu vas certainement te poser quelques questions. Enfin, si tu n’as pas encore éteint ton cerveau comme beaucoup de nos amis de là-bas dont on taira le lieu.

Tout commence par une vidéo TikTok dont Flavien m’avait parlé. Une vidéo Brut de l’ambassadrice du Bénin en France, Corinne Amori Brunet. Oui oui, tu l’auras remarqué, le nom sonne plus français que béninois. C’est parce qu’en fait, elle est métisse, de père français et de mère béninoise. Elle est née à Abidjan en 1984 et a été nommée ambassadrice du Bénin en France en 2023 après des études et une carrière en Occident.

Parmi les questions dans la vidéo, on lui demandait si un ambassadeur pouvait avoir la double nationalité. Elle a répondu que oui. Normal, elle est franco-béninoise. Mais ce qui est plus intéressant, c’est qu’elle a dit qu’elle n’était pas 50 % française ou 50 % béninoise, mais 100 % des deux. Bon, pour moi, ça fait 200/100, mon esprit mathématique a un peu de mal, mais bon.

Et là, je me suis posé une question. Si elle se dit 100 % française et 100 % béninoise et qu’elle est censée défendre les intérêts du Bénin en France, il n’y a pas un petit problème ? Parce que si demain le Bénin rentre en conflit avec la France, il faudra bien que son ambassadeur à Paris prenne position. Comme nous l’avons vu avec les ambassadeurs russes dans la plupart des pays de l’OTAN. Mais bon, comme je sais que si c’est moi qui parle, tu vas encore me traiter de complotiste, j’ai posé la question suivante à ChatGPT : “Quelles sont les obligations morales d’un ambassadeur, s’il te plaît ?”

Et voici sa réponse :

Les obligations morales d'un ambassadeur, en complément de ses responsabilités diplomatiques officielles, reposent sur des principes éthiques et des comportements exemplaires. Voici les principales obligations morales :

  1. Représentation honorable :
  • Incarnation des valeurs de son pays : Un ambassadeur doit refléter l'intégrité, la dignité et les idéaux de son pays dans ses interactions.
  • Respect des traditions locales : Il doit s'adapter aux coutumes et aux normes culturelles du pays hôte pour éviter les malentendus ou les offenses.
  • Loyauté 
    • Fidélité à son pays : Il doit toujours agir dans l’intérêt de sa nation, sans être influencé par des intérêts personnels ou étrangers.
    • Adhésion aux directives : Bien qu’il puisse avoir une certaine marge de manœuvre, il doit suivre les orientations politiques fixées par son gouvernement.
  • Neutralité et impartialité :
    • Éviter les biais : Un ambassadeur doit maintenir une posture neutre et respectueuse dans ses relations avec les différents acteurs politiques, sociaux et économiques du pays hôte.
    • Équité : Il doit promouvoir des relations équilibrées et justes entre son pays et le pays hôte.
    • Confidentialité :
      • Protection des informations sensibles : Il doit veiller à ne jamais divulguer d’informations stratégiques ou confidentielles.
      • Discrétion : Ses propos doivent toujours être mesurés, qu’ils soient publics ou privés.
      • Intégrité personnelle :
        • Honnêteté : Il doit agir sans corruption ni abus de pouvoir.
        • Responsabilité : Un ambassadeur doit assumer les conséquences de ses actions et de celles de son équipe.
        • Diplomatie respectueuse :
          • Promotion de la paix et du dialogue : Il doit chercher à résoudre les conflits par des moyens pacifiques.
          • Respect des droits humains : Ses actions doivent refléter un engagement envers la dignité humaine et l’équité.
          • Engagement pour le développement mutuel :
              • Promotion de la coopération : Encourager les échanges culturels, économiques et sociaux entre les deux pays.
              • Favoriser les opportunités : Il doit identifier et promouvoir des projets ou initiatives bénéfiques pour les deux nations.

              En résumé, les obligations morales d’un ambassadeur vont au-delà de ses fonctions officielles. Il doit être un modèle d’éthique, d’intégrité et de respect, tout en favorisant la compréhension mutuelle et la coopération entre les nations.

              Je ne sais pas pour toi, mais je me demande bien comment on peut toujours agir dans les intérêts de son pays quand on dit qu’on est 100 % du pays dans lequel on est censé représenter son pays. Et je ne veux même pas parler de la protection des informations sensibles. Bref, je te laisse te faire ton idée parce que l’histoire ne s’arrête pas là.

              Son Excellence Corinne Amori Brunet n’est pas la première ambassadrice à avoir la double nationalité. Non ! Elle n’est même pas la première ambassadrice béninoise à avoir la double nationalité. Ni la première ambassadrice du Bénin en France à avoir la nationalité franco-béninoise. Nos amis du Vodou ne sont pas à leur coup d’essai. De 2013 à 2017, Jules-Armand Aniambossou a été ambassadeur du Bénin en France, en Espagne et en Grande-Bretagne. Et aujourd’hui, il est ambassadeur de la France au Ghana depuis octobre 2022, et juste avant, il a été ambassadeur de la France en Ouganda de 2019 à 2022. Oui oui, tu lis très bien.

              Né à Cotonou en 1962 de parents béninois, il est allé faire ses études supérieures en France, notamment à l’École des Mines de Douai et à l’ENA. Oui oui, la fameuse École Nationale d’Administration française. Donc, je suppose que comme un bon diasporien qui se respecte, il avait obtenu son plus précieux diplôme entre-temps : la nationalité française. Vu qu’à sa sortie de l’ENA, où il a fait ses classes avec un certain Emmanuel Macron, il a été affecté à la préfecture du Nord à Lille. Ainsi commença sa carrière de fonctionnaire français.

              Comment diable, sur les 13 millions de Béninois vivants, c’est lui qui a été choisi pour représenter les intérêts du Bénin en France ? Il faut demander ça à tous nos amis de là-bas qui disent qu’un pays n’est rien sans sa diaspora. Qu’à cela ne tienne, pendant exactement 3 ans, 7 mois et 12 jours, il a été l’ambassadeur du Bénin en France. Servant soit les intérêts du Bénin en tant qu’ambassadeur, soit les intérêts de la France en tant que fonctionnaire français. Il n’y a que lui qui sait.

              Selon un kongossa, après quelques tensions entre la France et le Bénin, où le président Patice Talon commençait à sortir les yeux à son ancien maître, le président s’est rappelé que son ambassadeur était le grand ami de son nouveau adversaire et qu’il n’était peut-être pas dans son camp. Il l’a donc relevé de ses fonctions. Et qu’est-ce qui s’est passé juste après ? Accroche-toi bien.

              Pour bons services rendus à la France — oups, au Bénin en France — il a été nommé directeur général Afrique Outre-Mer du Groupe Duval (je te laisse toi-même aller faire tes recherches) en 2017 et a été le premier coordinateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), visage du renouveau de la relation entre l’Afrique et la France, que le président Emmanuel Macron a créé en août 2017. Outil de concertation et d’aide à la décision, le CPA, qui rapporte directement au Président de la République, contribue à transmettre une vision de la relation entre la France et le continent africain, tournée notamment vers l’avenir et vers les attentes des jeunesses et sociétés civiles, africaine et française. Ah, que c’est beau la Françafrique !

              Je suppose qu’il n’a pas encore été nommé ambassadeur de France au Bénin parce que le président Talon encore en poste refuserait son agrément à coup sûr. Mais wait and see ! L’humiliation ne serait pas totale sans ce dernier acte !

              Nous sommes vraiment les bouffons de ce monde. Je dis souvent que je suis persuadé que quand les grands de ce monde se réunissent pour parler des sujets sérieux, ils doivent certainement prendre même 10 minutes en début de réunion pour rire des Noirs. Car notre bêtise n’a pas de limites. Et il ne sert à rien de vouloir changer de camp, comme je vois certains Noirs vouloir à tout prix devenir Canadiens, Américains ou Français. Les camps sont assignés à la naissance. Aucun passeport ne te retirera l’étiquette de Noir. Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous mettre au travail pour monter en gamme, afin que cette étiquette soit un peu plus respectée. Un peu comme certains de nos amis asiatiques ont réussi à faire.

              J’espère que tu as aimé l’histoire. Si oui, partage au max. Notre salut passera par la connaissance, et je parie que, comme toi, presque personne de ton entourage ne connaît cette histoire. Partage même si tu as déjà ton autre passeport dans la poche, mon frère. On peut faire une erreur une fois, mais on n’est pas obligé de rester éternellement dans l’erreur pour justifier sa première erreur.
              Partage !


              Douala 🇨🇲 

              Pourquoi confions-nous nos enfants à ceux qui ne veulent pas notre progrès ?

              Je me rappelle il y a quelques années quand je devais revenir au Cameroun avec mon fils Zowa. J’ai passé l’année précédente à chercher de bonnes écoles à Douala. Et naturellement, comme Zowa avait commencé son cycle en France, je me suis tourné vers Dominique Savio, l’école française de Douala. Je suis même allé jusqu’à prendre des renseignements à l’école américaine et toutes les écoles étrangères de la ville. Et à Douala, il y en a. Des écoles anglaises aux écoles turques, il y en a pour tous les goûts.

              Au final, j’ai inscrit Zowa dans une école camerounaise à Bonapriso. Une école suivant le système scolaire local. Quelles en étaient les raisons ? Premièrement, les écoles étrangères étaient au moins deux fois plus chères que celle où j’ai inscrit Zowa, qui elle-même était déjà au moins huit fois plus chère que les écoles privées de classe moyenne. Mais la deuxième raison, la plus importante, et pourquoi je fais ce texte aujourd’hui, c’était une question de sa maman. Elle m’a dit : “Pourquoi retourner au Cameroun si c’est pour inscrire les enfants dans les écoles françaises ?”

              Je peux te dire que cette question a été une belle gifle. Tu dois déjà savoir que ça fait des décennies que je suis engagé dans ce combat pour notre identité. Mais même à moi, certains détails m’échappent encore. Nous sommes dans une toile tellement complexe que pour nous libérer, il faudra faire preuve de beaucoup de réflexion et surtout avoir l’esprit ouvert. Je parle d’esprit ouvert parce que, quand je soulève un point important qui contribue à notre asservissement, beaucoup de personnes qui n’y avaient jamais pensé se précipitent pour me jeter des pierres. Au lieu d’analyser calmement ce nouveau point, ils mettent toute leur énergie à le démonter. Un point dont ils n’avaient pas conscience il y a encore quelques jours.

              Quand Ayélé m’a fait cette remarque, j’ai fait exactement ça. J’ai commencé à analyser la situation calmement. Et je me suis rendu compte d’une incongruité monumentale. C’était devant mes yeux depuis le début. De l’Italie à la France, en passant par le Canada, dans tous les pays où j’ai vécu en Occident et même les pays que j’ai pu visiter, j’ai vu des écoles juives dans les grandes villes. Elles étaient faciles à reconnaître parce que, la plupart du temps, gardées par des militaires. Terrorisme oblige. En France, j’ai vu des centaines d’écoles coraniques, et au Cameroun aussi d’ailleurs. Dans quasiment tous les pays du monde où la France a une forte présence, tu y verras des écoles françaises. Même au Kenya, pays anglophone, j’en ai vu une cette année.

              Qu’est-ce que cela veut dire ? La plupart des pays conscients savent que tout se fait à la base. Et aucun de ces pays ne laisse d’autres personnes éduquer leurs enfants. Et pourtant, c’est quelque chose que je disais tous les jours dans mon entourage. Un enfant a 24 heures par jour. Il est censé dormir entre 8 et 10 heures et passer 8 heures par jour à l’école. Il ne lui reste plus que 6 à 8 heures par jour, dont il passe maximum 4 avec toi, le parent. Comment penses-tu pouvoir lui insuffler une éducation différente de celle qu’il reçoit dans un environnement fait pour influencer le petit être fragile qu’il est et qui dispose des moyens (via l’État) pour mettre en place toutes sortes de stratégies de manipulation sur lui ? C’est juste impossible !

              Et pourtant, nous Africains envoyons nos enfants tous les jours dans les écoles des autres. Des écoles dont les programmes sont développés par des pays qui n’ont pas forcément les mêmes centres d’intérêt que nous. Même en Afrique où nous sommes chez nous, dès qu’une personne a un peu de moyens, elle envoie son enfant dans une école étrangère. Hormis la question d’idéologie, est-ce que tu penses vraiment qu’une école étrangère va former des enfants pour résoudre des problèmes d’autrui ? Non, ils vont se concentrer sur la résolution de leurs problèmes à eux. Après, on s’étonne que tous ces enfants, après obtention de leurs diplômes, ne rêvent que d’aller vivre à l’étranger, dans les pays qui ont façonné leurs éducations. Je ne sais pas pour les peuples d’Asie (il faut vraiment que j’aille y vivre au moins un an pour compléter ma formation sur les peuples du monde), mais de tous les peuples que j’ai pu rencontrer jusqu’ici, les Africains sont les seuls à confier l’éducation de leurs enfants à d’autres personnes. Dans ma tête, c’est l’équivalent de faire enfanter ta femme par le voisin, le voisin qui ne veut pas voir ton progrès.

              Le problème est tellement grave en Afrique que la grande partie de nos programmes scolaires publics sont financés et élaborés à l’étranger. Tu te rappelles certainement des éditions Nathan. Parce que nous ne savons pas dire non à une aide étrangère malveillante, nous laissons d’autres personnes s’immiscer dans le processus de formation de nos jeunes. Après, on s’étonne des taux de chômage délirants et d’une population qui croit que partir est la solution à tous nos problèmes. Mais bon, il y a un ancien Camerounais assis en Suisse ou au Canada qui est en train de lire ce texte et de tirer sur le messager que je suis, au lieu de se concentrer sur le message.

              Il est temps que nous prenions conscience. Quand je vois toutes ces écoles étrangères au Cameroun, jusqu’au cycle supérieur, des écoles qui promettent des diplômes français, je me demande vraiment si tous ces soi-disant diplômés derrière ces écoles réfléchissent à la portée de leurs actes. Nous, les parents qui envoyons les enfants dans ces écoles, qu’est-ce qui nous arrive ? Nous sommes censés former nos enfants pour continuer les actions que nous avons commencées dans notre environnement, et non pour aller être des pions dans le système d’un autre. Réveillons-nous !

              J’en parlais une fois avec une bonne amie qui a ses enfants dans une école au programme anglais, et elle m’a dit que les écoles publiques locales n’avaient pas une bonne formation. Après lui avoir fait remarquer qu’au lieu de reprendre les rênes de l’empire entrepreneurial qu’elle est en train de mettre sur pied actuellement, ces enfants seront en train de travailler pour les Anglais ou des Américains dans quelques années. Et la graine qu’elle est en train de semer mourra en terre. Je lui ai dit quelque chose que je dis à tous ceux qui veulent l’entendre, toi y compris. Si le système ne marche pas, la solution n’est pas de fuir, mais de le réparer. Ça coûte cher de faire un bon programme scolaire et de s’assurer qu’il est bien respecté, mais nous ne sommes pas obligés de tout faire d’un coup. On peut commencer par petits morceaux. Tu peux, par exemple, comme je l’ai conseillé à une amie qui veut rentrer au pays avec ses enfants, commencer par créer une école pour tes enfants et, au fur et à mesure, l’améliorer et faire des propositions aux services compétents. Même en Occident, les institutions fortunées qui savent que le système public ne sert pas leurs intérêts ont lancé leurs propres écoles. L’Église catholique ou les ultra-riches, par exemple. Même Elon Musk, n’étant pas satisfait du système, a créé une école pour ses enfants et ceux de ses amis visionnaires et milliardaires.

              L’Afrique ne pourra pas se réveiller si nous ne faisons pas attention à nos graines. Souvent, le meilleur moyen de faire disparaître une espèce est de castrer tous les mâles, de les emprisonner ou tout simplement de récupérer tous leurs enfants à la naissance. Car l’enfant que tu n’as pas éduqué pour te ressembler n’est plus ton enfant.


              Douala 🇨🇲 

              Apprendre nos langues : un acte de résistance culturelle

              Hier, j’étais dans un salon de coiffure. Pas pour me raser, hein, comme tu l’imagines déjà. Non, j’y étais pour une autre raison : rencontrer une amie pour discuter d’une collaboration.

              Pendant que nous discutions, elle coiffait une cliente tout en nous faisant découvrir des musiques d’artistes camerounais émergents. Franchement, je ne savais pas qu’il y avait encore autant de talents dans notre pays ! Mais bon, c’est un sujet pour un autre jour.

              Alors qu’elle parlait d’un artiste qui chante en langue Duala, elle a demandé à sa cliente si elle parlait cette langue, celle de son futur mari. La cliente a répondu qu’elle était 100 % Bamiléké et qu’elle ne parlait pas le Duala.

              Tu me connais, tu devines déjà ce que j’ai ressenti à ce moment-là. J’ai interpellé la cliente pour lui rappeler l’importance d’apprendre nos langues, car elles font partie de notre culture. Nous nous plaignons souvent que certaines langues sont difficiles à apprendre, mais beaucoup de jeunes ici apprennent le chinois pour travailler comme traducteurs, sans même avoir jamais mis les pieds en Chine. Pourtant, ces mêmes jeunes trouvent que le Duala est trop compliqué à maîtriser.

              La cliente a rétorqué qu’il faut aussi penser aux raisons financières, car on apprend des langues qui permettent de gagner de l’argent. Et c’est là qu’est le problème : nous tombons systématiquement dans le piège de faire de l’argent notre boussole. Nous faisons tout pour de l’argent. Nous quittons nos pays pour de l’argent. Nous renions nos cultures pour de l’argent. Certains vont même jusqu’à vendre père et mère pour de l’argent. C’est peut-être l’un des plus grands fléaux hérités de la colonisation occidentale : nous avons abandonné nos systèmes de valeurs et les avons remplacés par la quête du profit.

              Aujourd’hui, nous laissons nos langues mourir au profit d’autres, simplement pour des gains financiers à court terme. Sans réaliser que des artistes comme Dadju, TayC, et d’autres francophones que nous admirons tant, réussissent aussi bien parce qu’ils chantent dans une langue parlée dans des centaines de pays. C’est parce que les Français ont propagé leur langue à travers le monde que le marché culturel en France est bien plus grand que celui de pays comme l’Italie, pourtant de taille similaire. En délaissant nos langues pour d’autres, nous nous enfermons dans un rôle de consommateurs perpétuels, dépendants des propriétaires de ces langues.

              Ce n’est pas un hasard si des petits pays comme l’Islande, avec moins de 500 000 habitants, continuent d’utiliser leurs langues. Ils préservent ainsi un marché culturel local, au lieu d’être totalement soumis à l’importation, comme nous le sommes ici.

              Tu me diras : "Oui, mais au Cameroun, nous avons des centaines de langues différentes." Et je te répondrai que la plupart des langues que tu connais sont en réalité le regroupement de plusieurs dialectes. C’est un passage naturel lorsqu’on décide de vivre ensemble sous une même nation. Mais chez nous, au lieu de faire cet effort de rassemblement, nous préférons importer des langues étrangères avec toutes les chaînes qu’elles apportent.

              Ne t’es-tu jamais demandé si notre génération devait être celle qui propulse nos nations parmi les plus grandes du monde ? Ou préfères-tu troquer ton identité pour une nationalité canadienne et tout ce qui va avec ? Si tel est le cas, que dire de nos ancêtres qui ont tout sacrifié pour que nous en soyons là aujourd’hui ?

              La plupart des Camerounais que je connais parlent au moins deux langues étrangères, le français et l’anglais y compris. Mais très peu parlent plus d’une langue camerounaise. Trouves-tu cela normal ? Comment peux-tu vivre des années à Douala, comme moi, sans apprendre le Duala ? C’est tout simplement honteux. Pendant ce temps, les enfants de la diaspora parlent couramment néerlandais, allemand ou italien.

              Et si nous décidions, chacun d’entre nous, d’apprendre une langue locale chaque année ? Nous nous rapprocherions davantage les uns des autres et, par la même occasion, nous mettrions à mal les plans de ceux qui cherchent à nous diviser pour mieux nous contrôler. Car, au cas où tu ne le saurais pas, nos ancêtres ne parlaient pas qu’une seule langue. Ils avaient déjà commencé à développer des systèmes de langues universelles avant que tout cela ne soit détruit par l’oppresseur.

              Et aujourd’hui, voilà qu’une femme ose dire qu’elle ne voit pas l’intérêt d’apprendre la langue de son mari. Bravo, vraiment !


              Douala 🇨🇲 

              Décide de réussir, quoi qu’il en coûte

              “Il est difficile de battre un homme quand il a décidé dans sa tête qu’il va gagner.”

              En ce début d’année, j’aimerais partager avec toi cette citation de Mohamed Ali afin de te rappeler que tout ne dépend que de toi. Tu as certainement de grands projets pour cette année. Des objectifs après lesquels tu cours depuis des années. Des objectifs avec lesquels tu as eu beaucoup de mal jusqu’à présent. J’aimerais te rappeler que la plus grande décision que tu as à prendre, c’est de décider que tu vas les atteindre quoi qu’il en coûte.

              La plupart du temps, on n’échoue pas parce qu’on n’a pas ce qu’il faut, mais parce qu’on a décidé d’abandonner en cours de route. Et abandonner peut venir sous plusieurs formes. La forme la plus insidieuse et la plus dangereuse étant de décider de s’écarter de cette discipline nécessaire pour réussir.

              Rappelle-toi que même les circonstances ne peuvent pas battre une personne qui a décidé qu’elle allait réussir. Rappelle-toi de ça chaque matin et fais ce qu’il faut jour après jour.

              Parce qu’au final, nous savons tous un peu ce qu’il faut pour réussir. Nous savons quel est le prix à payer. Et tout ce qu’il nous reste à faire, c’est accepter de payer ce prix.

              Je te souhaite tout le courage dont tu auras besoin dans cette bataille. Et surtout, de ne pas céder au découragement quand viendra l’orage.


              Douala 🇨🇲 

              Pourquoi nous agissons toujours selon ce que nous savons

              Tout à l’heure, j’ai eu une discussion intéressante avec mon prof de menuiserie. Et là, je me rappelle que j’ai oublié de mentionner hier tous les progrès que j’ai faits en menuiserie en 2024. J’avais prévu de faire un article sur mon premier jeu de meubles que j’ai construit de mes mains. Mais bon, ça aussi, c’est passé à la trappe. On y reviendra !

              Alors, nous discutions, et il m’a dit une chose qu’il m’avait déjà dite une fois. Une chose qui s’assimile à ce que je pense, mais avec des mots plus simples. Il m’a dit qu’il ne se plaint jamais du gouvernement parce qu’ils ne font que ce qu’ils connaissent. Qu’ils agissent à leur niveau d’entendement. Que s’ils avaient la vérité, ils feraient beaucoup mieux. Et cette fois-ci, ça m’a interpellé, car c’est plein de sens.

              Il est impossible de connaître la vérité et d’aller à son encontre. C’est la raison pour laquelle certains grands leaders dans l’histoire ont tout laissé pour suivre leur intuition, convaincus que c’était la bonne chose à faire. Je ne peux compter le nombre de fois où j’ai argumenté avec des personnes pendant des heures, essayant de les convaincre d’abandonner la voie sur laquelle ils étaient engagés. Ou les fois où c’était moi qui étais sur la mauvaise voie. Je n’avais juste pas la vérité.

              Souvent, je me plains dans mes textes de toutes ces actions stupides de la diaspora. Des actions qui condamnent leurs futurs, le futur de leurs enfants et menacent la survie du peuple africain. Mais je ne pense pas qu’ils continueraient de poser ces actes s’ils connaissaient la vérité. S’ils avaient un niveau d’entendement supérieur.

              Et qui sait, peut-être que c’est moi qui suis dans le faux. Mais je voudrais qu’en ce début d’année, tu te rappelles, chaque fois que tu seras en désaccord avec quelqu’un par rapport à un acte qu’il aurait commis, qu’il n’a fait qu’agir à son niveau d’entendement. Il ne l’aurait certainement pas fait ou ne penserait certainement pas de la même façon s’il connaissait la vérité. Et au lieu de lui en vouloir, tu ferais mieux de la vulgariser, cette vérité, cette vérité en laquelle tu crois. Car il est juste difficile de faire autrement quand on connaît la vérité. Exactement comme il est difficile de retourner dans son restaurant favori quand on connaît finalement toutes les mauvaises pratiques qui sont coutume dans leurs cuisines.


              Douala 🇨🇲 

              50.000 pompes et bien plus : le bilan de 2024

              50.000 pompes. Comme prévu, j’ai atteint mon objectif de 50.000 pompes cette année. 50.000 pompes en une année, en réalité, ce n’est pas grand-chose. Ce n’est qu’une moyenne de 136 pompes par jour. Et pour une personne qui en faisait 300 par jour ces derniers jours, c’est rien. Mais pour une personne qui avait du mal à en faire 100 par jour en début d’année, c’est quelque chose. Mais bon, la vraie difficulté n’est pas dans le nombre, mais dans la constance. Si j’ai dû en faire 300 par jour pour pouvoir atteindre mon objectif, tu comprends qu’il y a eu beaucoup de jours sans. Je n’ai peut-être pas gagné le concours de la constance, mais mon objectif, je l’ai atteint, et j’en suis plutôt fier. Va pour 75.000 l’année prochaine.

              Une autre chose dont je peux être fier cette année, c’est ce voyage avec maman. Je ne savais pas très bien comment j’allais m’y prendre, mais au final, j’y suis parvenu. Et au lieu d’un pays, nous en avons fait deux. Vivement qu’on remette les couverts l’année prochaine.

              Je m’étais dit qu’il fallait que je visite 5 nouveaux pays cette année. Ça avait bien commencé en début d’année avec le voyage en Côte d’Ivoire et un petit détour par le Togo et le Bénin. Ensuite, le BILYF m’a invité au Congo en avril. C’était vraiment bien lancé, mais après, ça s’est hyper compliqué. J’ai même voulu compléter avec de nouveaux pays de Schengen que je n’avais pas encore faits. Le road trip France - Belgique - Allemagne - Italie - France me donnait la possibilité de faire une escale en Autriche et au Liechtenstein, mais ça aurait été de la triche. Finalement, j’ai pu programmer un voyage en fin d’année entre le Kenya et le Rwanda, ce qui a fermé ma liste. Je n’aurais jamais pu deviner que les 5 nouveaux pays auraient été des pays africains que j’aurais visités depuis l’Afrique. Mais bon, je suppose que ça fait partie de toutes ces merveilles que je n’aurais jamais pu imaginer m’arriver en rentrant au pays.

              Beaucoup d’objectifs n’ont pas été atteints cette année, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Est-ce que ça fait de 2024 un mauvais cru ? Je ne pense pas. Beaucoup d’autres choses ont été faites et des graines semées. Il faudra juste continuer sur le même chemin. Je n’avais par exemple pas commencé l’année en pensant que j’allais écrire un texte par jour. Mais me voici, six mois plus tard, en train de le faire avec autant de plaisir que le premier jour. Et je ne parle même pas de la petite révolution que j’ai enclenchée. Toutes ces petites mains en train de laisser des traces NOIRES dans un monde qui refuse de considérer notre existence en tant qu’africains ? C’est beaucoup plus que ce que j’aurais espéré cette année.

              Cette année, je parie qu’il y a eu des jours où je n’ai pas pris ma douche. Mais s’il y a une chose que j’ai faite tous les jours, une chose à laquelle je n’ai jamais dérogé, c’est d’envoyer un exercice physique chaque matin à toute personne qui serait intéressée. C’était mon don à l’humanité pour 2024. Et j’ai tenu ma promesse durant les 366 jours de l’année. J’ai tenu ma promesse malgré le fait que très peu de personnes s’y intéressaient. J’ai tenu ma promesse pour la poignée de personnes pour qui cet exercice faisait partie de leur routine matinale. Et pour toutes ces personnes, et les autres qui n’ont pas eu la chance d’entendre parler du programme, je vais remettre les couverts en 2025, en améliorant un peu plus les choses. Stay tuned !

              J’espère que ton année a été aussi intéressante que la mienne. Même si tu n’as pas pu atteindre tous tes objectifs. Je suppose que tu attends énormément de la prochaine année. Mais as-tu pensé à ce que tu donnerais pendant cette année ? Si nous nous attendons tous à recevoir sans que personne ne donne jamais, tu te dis bien qu’il y aura un déséquilibre à un moment donné. As-tu pensé à ton cadeau au monde en 2025 ?

              Laisse-moi te parler du mien pour 2025. Je mettrai à disposition 1h gratuite de consulting par semaine. Si tu as un projet, un problème, ou bien si tu veux juste des conseils pour organiser ton retour au pays (je m’adresse à toi, la diaspora), tu pourras réserver un créneau, et j’essaierai de t’aider au mieux de mes capacités. Si tout se passe bien, j’aurai conseillé gratuitement une cinquantaine de personnes cette année, et j’espère que mes conseils pourront aider quelques-uns d’entre eux. Et qui sait ? Peut-être que tu en feras partie.

              Tu te demandes certainement : c’est quoi ce texte ? Eh bien, c’est ma façon à moi de te dire que tu ne dois un style à personne, que tu n’as pas besoin d’être Hemingway pour te lancer. Qu’en tant qu’être humain, tu es une machine unique de créativité dont le monde a besoin pour tourner. Ne nous en prive pas !

              Je te souhaite le courage nécessaire pour réveiller en cette nouvelle année le génie qui sommeille en toi.


              Douala (Une poignée de minutes avant 2025) 🇨🇲 

              L'illusion de la dinde : une leçon pour la diaspora

              Il y a quelques jours, je discutais avec Adrien, et il m’a rappelé une métaphore de Nassim Nicolas Taleb, “l’illusion de la dinde”. L'idée principale est la suivante : imagine une dinde qui est nourrie tous les jours par un fermier. Chaque jour qui passe renforce sa conviction que le fermier est bienveillant et que sa vie est stable et prévisible. Sa confiance augmente de jour en jour... jusqu'au jour de Thanksgiving ou de Noël, où tout change brutalement. Le fermier attrape la dinde, l’égorge et en fait son repas.

              Depuis ce jour, chaque fois que je vois nos amis de la diaspora se pavaner sur leurs statuts, je ne peux m’empêcher de penser à cette métaphore. La dinde, elle aussi, pensait que le fermier lui voulait du bien. Exactement comme tous ces noirs qui ont trouvé un semblant de meilleure condition en Occident sont persuadés que l’Occident leur veut du bien.

              Personne ne te nourrira gratuitement s’il n’a pas une idée derrière la tête. Je ne le répéterai jamais assez : “there is nothing like a free lunch.”


              Douala 🇨🇲 

              Tendre la main : une résolution pour 2025

              Ce matin, j’ai été interpellé par le gardien de mon immeuble, Loïc. En réalité, il remplace le gardien titulaire qui est allé passer quelques semaines avec sa famille au Nord du pays.

              Loïc m’a demandé si je n’avais pas des tâches à lui confier. Du ménage ou tout autre travail. N’importe quel emploi qui pourrait être rémunéré. Il m’a expliqué qu’il faisait juste un remplacement pour son voisin et qu’avant cela, il était au chômage.

              Je lui ai demandé quel âge il avait et ce qu’il savait faire. Il m’a dit qu’il aurait 22 ans dans quelques jours, en janvier, et qu’il avait dû arrêter l’école en classe de 3e, car après la mort de sa mère, son père ne pouvait plus payer ses études ni celles de ses frères. Je suppose que tout n’est pas forcément vrai dans son histoire. Mais ça m’a rappelé à quel point j’avais de la chance. À quel point toi qui me lis, tu as de la chance. De la chance d’être né dans une famille à peu près fonctionnelle. De la chance d’avoir eu quelqu’un pour payer tes études le plus loin possible. De la chance de pouvoir te plaindre de ta vie qui ne ressemble pas à celle d’un Canadien.

              Car dans ce pays, il y a des centaines de milliers de Loïc. Des centaines de milliers de jeunes qui ne demandent qu’à ce qu’on leur donne une chance. Des centaines de milliers de jeunes qui, comme Loïc, rêvent de devenir des hommes d’affaires et sont prêts à commencer tout en bas de l’échelle si on leur donne leur chance.

              Et si tu décidais de tenir la main d’un d’entre eux l’année prochaine ? Si tu décidais de payer les études d’un jeune ? Si tu décidais de sponsoriser la formation d’un jeune ? Si tu décidais de devenir le mentor d’un d’entre eux afin de le mener sur un meilleur chemin ? Ce serait peut-être la meilleure chose que tu auras faite en 2025. Penses-y !

              Pour ma part, j’ai demandé à Loïc de me faire un CV et une lettre de motivation manuscrite pour la semaine prochaine, histoire de jauger sa motivation. On verra bien ce qu’on pourra faire ensemble dès que son remplacement sera terminé.


              Douala 🇨🇲 

              Ces personnes qui ont illuminé mon année 2024

              Ça fait des jours que je me dis que je dois faire ce texte. Il fait partie de la série de textes que je m’étais dit que j’allais faire en fin d’année pour faire le bilan de l’année. Nous voici à 3 jours de la fin de l’année, et je n’en ai encore fait aucun. Shame on me!

              Cependant, c’est aussi la période de l’année où les entrepreneurs que je suis, dans leurs newsletters, font le bilan de leur année et les plans pour l’année prochaine. J’ai reçu une de ces newsletters aujourd’hui. Elle venait de Noah Kagan. Tu te rappelles peut-être de lui. J’ai fait une note de lecture cette année sur son livre Million Dollar Weekend (les notes de lecture qu’il faudra peut-être que je reprenne l’année prochaine).

              Dans son mail, Noah parlait des leçons qu’il a apprises cette année. Une des leçons était, je cite : “Who you know WELL > What you know”. En gros, ton cercle proche d’amis a plus de valeur que tout ce que tu connais. Il a pris l’exemple de cette histoire d’Elon Musk au moment d’acheter Twitter. En quelques messages, Larry Ellison acceptait de mettre 2 milliards de dollars dans le deal. Et quand je dis quelques, c’est 2 ou 3 très courts messages.
              La plupart du temps, on court après les mauvaises choses dans la vie. Alors que tout ce que nous avons à faire, c’est de travailler sur la qualité de notre réseau. La qualité des personnes qui nous entourent. Et souvent, on se plaint de ce qu’on n’a pas et on oublie d’être reconnaissant pour les belles personnes qui nous entourent.

              Ce texte est l’occasion pour moi de remercier les personnes que je crois “know WELL” et qui ont été d’un soutien inconditionnel toute cette année pour moi. Il s’agit de :

              Maman, oui, on va commencer par elle. Dans une année agitée où rien ne s’est passé comme prévu, elle a été mon bras droit dans l’ombre. Son expertise, sa dévotion et son intégrité hors normes sont certainement la raison pour laquelle Le Porc Braisé a pu traverser cette nouvelle année. Nos moments de travail et d’échange ont été un exutoire pour moi. Sans s’en rendre compte, elle m’a rappelé qu’il n’était pas trop tard pour faire revivre nos cultures africaines et que c’était à notre génération de faire le travail d’anthropologie nécessaire pour les faire renaître de leurs cendres.

              Ensuite, sans surprise, il y a Flavien. Si tu es assidu avec mes textes, tu as dû lire son nom plus d’une fois ici. Il est certainement la personne avec qui j’ai le plus échangé et passé de temps cette année. Entre nos réunions hebdomadaires, nos rencontres fortuites et les retraites à l’Ouest, on en a eu des échanges. Et ces échanges ont énormément contribué à me maintenir debout toute cette année. Je me demande souvent comment aurait été mon retour au pays sans lui dans les parages. Je ne saurais jamais être assez reconnaissant pour sa présence dans ma vie et toute son intelligence.

              Et on va compléter le podium avec Madelle. C’est peut-être la première fois que tu lis son nom ici (shame on me) et pourtant, elle fait partie des personnes avec qui j’ai échangé au moins une fois chaque semaine cette année. Même pendant les 4 mois où j’étais déconnecté de WhatsApp. C’est la seule qui ne vit pas au pays (pour l’instant) mais dont l’apport dans ma vie cette année a juste été incroyable. Elle fait partie de ces rares personnes qui vont toujours me rappeler que j’ai quelque chose de spécial, un génie qui ne demande qu’à être découvert par plus de personnes. C’est ma personne personnelle. Un concentré de douceur et de tempérance. Mais si vous lui demandez, elle vous dira certainement que je lui apporte bien plus dans sa vie qu’elle n’en apporte dans la mienne. Elle est comme ça. L’humilité l’appelle “Tata Madelle”.

              S’il fallait se limiter à un podium de 3, ces 3 personnes seraient celles qui l’occuperaient cette année. Mais s’arrêter à ces 3 serait faire une énorme injustice à 2 autres personnes qui ont tout autant participé à faire de cette année une réussite pour moi. 2 personnes très chères à mon cœur et dont tu as certainement déjà lu les noms ici. Il s’agit de :

              Lionel, le fameux charismatique patron du Njiksons. Le meilleur restaurant de salade du pays. Si tu ne connais pas le Njiksons, je ne sais pas si tu me connais vraiment. Hier encore, je discutais avec Madelle et elle m’a dit : “Comment va Flavien ?” et “Njiksons, comment il va ?” C’est te dire. Lionel, c’est ma personne. Un vrai défenseur du pays. Un homme aux principes tellement forts qu’ils inspirent le respect. J’aime souvent me vanter d’être l’ambassadeur du pays. Uniquement parce que Lionel n’a jamais réclamé le titre. Je ne peux pas le lui disputer. Pas parce qu’il va se battre comme un fou avec tout le monde comme je le fais. Non ! Parce que dans ses actions, toi-même tu vas confirmer qu’on doit lui remettre le drapeau là.

              Et on va finir par Adrien. Comme j’ai commencé avec la personne que je connais depuis que je suis né, il était normal que je termine avec la personne qui me connaît depuis que j’ai décidé de prendre au sérieux ce combat pour un Cameroun meilleur, un jour de 10 septembre 2023. C’était d’ailleurs dans sa chambre à Nyalla. Ce jour-là, nous avons décidé que nous devions faire quelque chose, quelque chose de mieux pour notre pays et pour tous ceux qui viendraient après nous. Pendant un moment, j’ai cru qu’il avait perdu la flamme. Mais cette année de 2024, il m’a rappelé qu’elle ne s’était même jamais affaiblie. Adrien, c’est mon bestie depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Et cette année, il m’a rappelé à sa manière qu’il pouvait être mon Larry Ellison. Prêt à m’accompagner sur tous mes projets les plus fous et ambitieux. Je ne le remercierai jamais assez pour son intelligence et son amour pour le pays.

              Voilà, c’est fait ! Certaines personnes vont certainement se sentir laissées pour compte. Mais hey, vous avez certainement été beaucoup plus importantes dans la vie d’autres personnes cette année. Je pense par exemple à Ayélé, qui a été un Maestro dans la vie des garçons cette année. Tout ça pour que, dans quelques années, ils lui disent qu’ils veulent aller se battre avec leur père au Cameroun. Je pense aussi à Euphrasie, ma dame de ménage, qui m’a cuisiné du haricot au moins 50 fois cette année. Mais bon, je suppose qu’elle a été plus importante dans la vie de sa fille pendant ses crises. Je pense à toutes ces personnes qui se sont pliées en deux pour me faire plaisir cette année et dont j’ai déjà oublié les actes de gentillesse, comme le bel ingrat que je suis.

              Ne sois pas un ingrat toi aussi. Identifie les personnes qui ont contribué à faire de cette année une belle année pour toi, et dis-leur merci. Fais-le sur ton blog si tu en as un (si tu n’en as pas, shame on you), écris-leur un courrier si tu veux leur arracher une larme, ou bien passe leur un coup de fil pour leur dire tout le bien qu’ils t’ont fait cette année.

              Et j’ai failli t’oublier. Toi qui lis ce texte. Et qui, de temps en temps, reviens ici pour lire mes textes, me laisser un petit emoji et me donner la force de continuer d’écrire. Tu as été un sauveur pour moi cette année. Tu m’as aidé à tenir quand tout allait mal. Tu es certainement la personne qui contribue le plus à me garder les pieds au sol ces derniers temps. Merci du fond du cœur ! Tout ce qui manque pour te faire pousser quelques ailes comme l’ange que tu es, c’est de… partager un peu plus mes textes dans ton entourage !


              Douala (Décembre 2024) 🇨🇲