Quand la lenteur devient une manie

"Dans toutes les opérations de l'esprit qui dépendent d'un mécanisme, il faudrait, et dès les commencements, donner une prime à la vitesse."

J’ai lu cette citation du philosophe français Émile-Auguste Chartier, dit “Alain,” il y a quelques années dans le Tome 1 du livre Cours de Lecture Rapide. Et je suis tombé sous le charme, tellement j’étais d’accord avec le principe.

J’ai même passé mon temps à rabâcher les oreilles d’Adrien avec cette phrase pendant nos longues conversations les années qui ont suivi. J’essayais de lui faire comprendre l’importance de la vitesse dans la mécanique de la vie.

Pendant toutes ces années, je répétais cette phrase à tout bout de champ à qui voulait l’entendre. Sans jamais vraiment l’avoir intégrée moi-même. Cette année m’a mis à l’épreuve, et j’ai échoué à tous les tests de connaissance qu’elle m’a présentés. Cette leçon, je suis finalement en train de l’apprendre à la dure.

Aujourd’hui, je suis allé chercher le paragraphe contenant cette citation dans l’ouvrage Propos sur l’éducation. Et je ne te dis pas la claque que j’ai reçue en découvrant la suite de la phrase :

"Au reste, dans toutes les opérations de l'esprit qui dépendent d'un mécanisme, il faudrait, et dès les commencements, donner une prime à la vitesse ; car la lenteur, qui nous attarde à des niaiseries, est souvent une coutume et une sorte de manie."

Je pense que j’ai trouvé le thème sous lequel je vais placer 2025 : la vitesse.


Douala 🇨🇲 

L'erreur à éviter avant de rentrer en Afrique

Aujourd’hui, j’ai eu une discussion avec mon oncle. Il me disait qu’il faut bien se préparer avant de rentrer en Afrique, c’est-à-dire amasser assez d’argent. Je lui ai demandé combien, quelle quantité d’argent, et il n’a pas su me répondre.

C’est un thème qui revient souvent dans les conversations avec des personnes vivant à l’étranger, qui te disent qu’elles veulent rentrer plus tard. Et même des personnes encore ici n’ont qu’une seule idée en tête : partir.

Après l’argent, vient l’expérience. On te dira la plupart du temps qu’il te faut de l’argent et de l’expérience pour rentrer en Afrique. Pourtant, tous les étrangers qui viennent y faire fortune n’ont souvent ni l’un ni l’autre.

Selon moi, on n’a besoin que d’une seule chose acquise à l’étranger avant de rentrer : la connaissance. Et vu que cette connaissance peut de plus en plus s’acquérir sans bouger, je pense que même partir n’est plus aussi nécessaire que ça pouvait l’être il y a quelques années.

Un jour, je te dirai pourquoi l’argent et l’expérience sont, au contraire, les deux choses qu’il faut à tout prix éviter de chercher si tu veux réussir ton retour au pays.


Douala 🇨🇲 

L'investissement le plus sûr : Investis en toi !

“Investis en toi !” Dans une interview donnée en 2019, Warren Buffett résumait en trois mots la différence entre ceux qui réussissent et les autres.

Les personnes qui réussissent mieux dans la vie sont celles qui, année après année, investissent en elles-mêmes. Un investissement qui rapportera des dividendes pour le reste de ta vie, sans impôts, sans impact de l’inflation, et que personne ne pourra jamais t’enlever.

Cette année, tu as peut-être acheté de nouveaux vêtements, de nouvelles chaussures, un téléphone, une voiture ou même une maison. Mais quels investissements as-tu faits en toi-même ? Des investissements qui feront de toi une meilleure personne à la fin de l’année que tu ne l’étais au début ?

Pense-y, parce qu’une nouvelle année approche. Et je suppose que tu voudrais faire partie de ceux qui réussissent.


Douala 🇨🇲 

Dernière Ligne Droite de l'Année : Le Moment de Sauver Nos Objectifs Personnels

38 230 !

C’est le nombre inscrit sous le mois d’octobre dans ma fiche récapitulative sportive. Cette année, parmi mes objectifs, je m’étais fixé de faire 50 000 pompes avant la fin de l’année.

Le plan était simple : en faire tous les jours, en commençant l’année avec 120 pompes par jour et en rajoutant 5 de plus chaque mois jusqu’à la fin de l’année. Pour un total d’un peu plus de 54 000 pompes en un an. En anticipant des jours avec et d’autres sans, je m’étais fixé un objectif réaliste de 50 000.

L’année a plutôt bien commencé, comme d’habitude, avec des espoirs pleins les yeux. Puis, comme prévu, les difficultés ont fait surface, et j’ai pris un énorme retard. À tel point que j’ai vite dépassé la marge de 4 000 pompes que je m’étais accordée.

Il y a quelques mois, j’ai décidé de revoir mes objectifs annuels. Je me suis rendu compte que j’en étais très loin et que, sauf miracle, il y en a que je ne pourrais certainement pas atteindre cette année. J’ai donc pris la résolution de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour au moins atteindre ceux qui dépendent entièrement de moi, comme mes 50 000 pompes.

J’ai recalculé combien de pompes je devrais faire chaque jour pour atteindre mon objectif, tout en maintenant ce système d’ajout de 5 pompes par mois. Le mois suivant, j’ai pris un élan de 25 pompes supplémentaires par rapport au programme initial. Ce mois de novembre, je suis à 195 pompes par jour au lieu des 170 prévues, et je n’ai presque plus de marge d’erreur d’ici la fin de l’année. Manquer deux jours signifierait rater mon objectif.

Pourquoi je t’en parle ? Parce que nous sommes dans le dernier virage de l’année. Tu avais peut-être juré que tu serais millionnaire en dollars cette année. Mais tu commences à te rendre compte que ce ne sera peut-être pas encore pour cette année. Qu’en est-il de ces objectifs dans ta liste qui dépendent entièrement de toi ? Atteindre un poids précis ? Te réconcilier avec ce proche ? Lire ces livres ? Courir ce marathon ? Pourquoi ne pas mettre en place un plan d’action pour au moins atteindre ceux-là ? Cela te permettrait de ne pas passer totalement à côté de ton année, et surtout de finir l’année avec le momentum nécessaire pour démarrer la prochaine sur de bonnes bases.

C’est en tout cas ce que j’ai décidé de faire, et j’aimerais te rappeler qu’il n’est pas trop tard pour t’y mettre toi aussi.


Douala 🇨🇲 

Opportunités cachées au Cameroun : Pourquoi fuir quand tout reste à bâtir ?

Tout à l’heure, en marchant, je suis passé devant les immeubles SIC de Kotto. Comme chaque fois que je traverse cette zone, je suis frappé par la vétusté de ces immeubles.

J’ai remarqué cependant qu’ils avaient refait la peinture d’un des bâtiments. J’ai demandé à mon ami avec qui j’étais pourquoi ils n’avaient repeint qu’un seul immeuble. Il m’a dit que chaque année ou tous les deux ans, ils choisissent un immeuble et refont la peinture.

J’ai regardé les autres immeubles et me suis demandé : “Donc parmi ceux que je vois là, certains ont été repeints récemment ?” Car franchement, on n’aurait pas du tout dit.

Cela m’a rappelé un problème récurrent ici au Cameroun. J’ai l’impression que parmi toutes les peintures sur le marché, aucune n’est vraiment adaptée à notre environnement. C’est tellement flagrant qu’à un moment donné, tout le monde a commencé à recouvrir les bâtiments de carreaux au lieu de les peindre. Aujourd’hui, la mode est à l’Alucobond pour les façades. Et aucune de ces solutions ne semble vraiment durable.

À peine quelques années après la construction, un bâtiment paraît si délabré qu’on pourrait penser qu’il a été construit il y a plus de cinquante ans. La question que je me pose sans cesse est : où sont nos ingénieurs dans tout ça ?

N’y a-t-il pas un jeune chimiste qui pourrait s’attaquer à ce problème et formuler une peinture mieux adaptée à notre climat ? Pourquoi tout le monde pense-t-il qu’il suffit de finir ses études et d’aller travailler pour une grande multinationale ? Qui prendra en charge nos problèmes si ce n’est nous ? Les Italiens n’ont aucun intérêt à développer une peinture pour notre climat tropical, surtout si nous achetons sans broncher tout ce qu’ils nous vendent, adéquat ou non.

Ce phénomène est présent dans tous les domaines ici au Cameroun. Il y a tellement de problèmes spécifiques à notre environnement que je ne passe pas une journée sans avoir une idée de produit ou de solution. Mais en parallèle, beaucoup de gens n’arrêtent pas de répéter qu’il n’y a rien à faire ici et qu’il faut partir. Ça me dépasse !

Parmi les pays que j’ai visités, les pays africains sont ceux où j’ai vu le plus d’opportunités. Des opportunités pour résoudre des problèmes locaux – et nous en avons par milliers. Des opportunités pour ouvrir la voie dans des domaines encore inexplorés. Mais beaucoup d’Africains préfèrent aller travailler comme infirmiers au Canada.

Quand je parle d’intelligence, certains disent que je suis arrogant. Mais comment respecter un ingénieur ou un chimiste qui remplit des fiches Excel en Occident, alors que tout est à construire dans son propre pays ? Pour moi, ce type de personne ne représente pas l’intelligence. Ailleurs, leurs homologues travaillent à rendre possible la vie sur Mars, à produire assez d’énergie pour soutenir l’intelligence artificielle, à éradiquer des maladies et à doubler l’espérance de vie. Leur seule préoccupation à nos ingénieurs, c’est de savoir ce qu’ils vont manger ce soir. Franchement, qu’est-ce qui les différencie d’une souris ?


Douala 🇨🇲 (Terre d’opportunités)

Investir au pays, mais pour qui ? Le paradoxe de la diaspora camerounaise

Tout à l’heure, j’étais dans une réunion avec Flavien, et il nous a raconté une histoire intéressante. J’aimerais la partager avec toi.

Plus tôt dans la journée, il avait une rencontre avec une personne que nous envisageons de recruter plus tard. Et comme d’habitude, le gars a dû passer par la phase des questions des “Canadiens en gestation”. Nous expliquons toujours aux candidats pourquoi nous croyons au pays et la mission qui incombe à notre génération. Nous leur demandons de nous dire s’ils ont un projet de voyage à court ou à long terme.

Pour une fois, le candidat était honnête et a dit qu’il envisageait sérieusement l’immigration canadienne. C’est souvent à ce moment que je m’arrête. Mais Flavien a beaucoup plus de patience que moi.

Il lui a demandé pourquoi il voulait immigrer au Canada. Le gars répond que c’est parce que le pays est dur. Flavien lui demande alors ce qu’il compte faire si, une fois au Canada, les choses ne se passent pas comme prévu. Si là-bas aussi, c’est dur. Le gars répond que, dans ce cas, il rentrera au pays pour se battre, sachant qu’il aura au moins essayé au Canada. Flavien lui demande pourquoi ne pas sauter les deux prochaines étapes et se battre directement ici. Et comme la plupart des gens qui pensent que la solution est ailleurs, il n’avait pas de réponse. D’ailleurs, il n’y avait même jamais pensé.

Mais bon, il faut croire que Flavien était en forme aujourd’hui. Il lui a tendu une perche. Il lui dit : supposons que ça se passe bien au Canada. C’est quoi la prochaine étape pour toi ? Le gars répond qu’il fonderait une famille. Ok, et la prochaine étape ? J’achèterai une maison. Ok, et la prochaine ? J’investirai. Et Flavien lui demande : tu investiras où ? Le gars répond, au Cameroun. Et Flavien de lui dire qu’il investira pour que qui travaille, quand tout le monde sera parti au Canada comme lui.

Car, il faut bien comprendre que comme toi, tous ceux qui pensent que le pays est dur et qui ont un peu de compétences veulent partir au Canada. Donc, quand tu investiras ici, ce sera pour ceux qui n’ont pas été assez intelligents comme toi pour fuir. Il faut bien prendre cela en compte.

Cela m’a tellement rappelé des incongruités que je vois tous les jours. Des mbenguistes qui construisent des meublés ici tout en conseillant à tout le monde de partir. Ou bien, ils pensent que qui va dormir dans ces meublés, oh ? Il y a quelques mois, j’ai même vu un autre qui était tellement fier d’avoir fait venir en Allemagne son petit de confiance qui gérait son business au pays. Ou bien, il pense que qui va encore gérer ce business-là, oh ? Et le pire, c’est qu’il vend des formations en entrepreneuriat. Quelqu’un qui sabote sa propre ressource humaine, qui veut apprendre à ses amis de la diaspora comment élever des porcs à Yaoundé depuis l’Europe. Ah, les camers !


Douala 🇨🇲 

Le citoyen du monde: Une vision à géométrie variable?

Laisse-moi te faire part de quelques petites remarques que j’ai faites.

Citoyen du monde
Quand un blanc dit qu’il est citoyen du monde, la plupart du temps, il vit en Occident. Mais quand un noir dit qu’il est citoyen du monde, lui aussi, la plupart du temps, il vit en Occident.
Je ne sais pas, mais apparemment, le monde se limite à l’Occident.

Le passeport est un faux débat
Quand un noir veut avoir plus de privilèges en Occident, il prend la nationalité du pays. Le passeport compte. Mais quand, une fois revenu au pays, on lui rappelle que les soi-disant Africains avec des passeports occidentaux ne peuvent pas prétendre à certains privilèges, la question du passeport devient un faux débat.

Des petites incongruités comme celles-ci, j’en ai répertorié un tas. Peut-être qu’avec le temps, je les partagerai avec toi au fur et à mesure.


Douala 🇨🇲 

Comment la gratitude et l’effort quotidien éloignent le poison de l’entitlement

Dans le texte précédent, je parlais de cette fâcheuse habitude que nous avons de prendre les choses pour acquises, d’être “entitled.” J’espère que tu as compris à quel point c’était mal de le faire et que ce phénomène n’épargne personne. Tu te rappelles du test de l’oxygène ?

Aujourd’hui, j’aimerais te donner deux méthodes que tu pourrais appliquer chaque jour pour éloigner de toi cette mauvaise habitude. Il s’agit de la gratitude et de l’effort de mériter tout ce que tu as.

Prends l’habitude d’être reconnaissant pour toutes les petites et grandes choses présentes dans ta vie. L’oxygène que tu respires. Ta vie. Tes parents. Ta santé. Leur santé. Tes enfants. Ton boulot, même si tu aimerais en avoir un meilleur. Tes amis. Et même le fait d’être né au Cameroun. Tout cela représente des bénédictions, et tu devrais en être reconnaissant chaque jour.

Ensuite, fais un effort quotidien pour mériter toutes ces choses. Accomplis quelque chose d’important dans ta vie pour mériter chaque souffle que tu prends. Sois un bon parent, un bon enfant, un bon ami, pour mériter ces personnes extraordinaires qui font partie de ta vie. Même si tu espères un meilleur emploi, sois le meilleur possible dans ton poste actuel. Séduis ton partenaire chaque jour pour continuer de mériter la place qu’il occupe dans ta vie. Rends ton pays fier.

En pratiquant ces deux petites habitudes chaque jour, tu pourras éloigner de toi ce sentiment d’entitlement qui empoisonne nos relations. Aussi simple que ça !


Douala 🇨🇲 

Être 'entitled' : cette attitude qui ruine nos relations

Les anglophones ont un mot que j’aime bien et qui n’a pas vraiment d’équivalent en français dans un des contextes où il est utilisé. Il s’agit de “entitled.”

Je pourrais essayer de le traduire avec d’autres mots proches, mais je préfère te donner quelques exemples pour que tu comprennes son sens profond. Le prince héritier d’un trône, par exemple, est “entitled” par rapport à ce trône. C’est le sien, il n’a rien à faire pour le mériter, et personne ne peut le lui enlever. C’est un peu comme le cas du roi Charles en Angleterre ou la position actuelle du prince William.

Les bébés qui pleurent tout le temps le font aussi parce qu’ils sont “entitled.” Ils savent que tout le monde se pliera en quatre pour satisfaire leurs moindres désirs. Mais en grandissant, ils perdent cette attitude, car ils comprennent qu’ils ne sont pas seuls au monde et qu’on ne peut pas être “entitled” de l’attention d’une personne : il faut la mériter.

Pourquoi je te parle de ça ? Parce que, bien qu’il n’y ait que très peu de choses sur cette Terre auxquelles on puisse être véritablement "entitled" (oui, je préfère l'utiliser dans sa forme anglaise), beaucoup de gens peinent à se débarrasser de cette mauvaise habitude. Tu pries matin et soir pour avoir un travail parce que tu n’arrives plus à joindre les deux bouts. Mais six mois après avoir trouvé ce travail, c’est toi qui arrives en retard, qui piques dans la caisse, qui boude les retards de paiement et qui parles mal à ton patron. Tu as déjà oublié qu'il y a six mois, tu étais au bord du gouffre, et aujourd’hui, tu minimises la valeur de ce travail.

Quand tu voyais passer cette jeune fille, tu rêvais qu’elle te dise bonjour. Avoir une interaction régulière avec elle, c’était déjà un bonheur. Avec le temps, elle a fini par accepter d'être en couple avec toi. Tu étais l’homme le plus heureux du monde. Mais un an de relation plus tard, c’est toi qui la bats, qui la traites sans respect. Ta valeur n’a pas augmenté, la sienne n’a pas baissé. Tu es juste devenu "entitled." Tu l’as prise pour acquise.

Et c’est peut-être la meilleure traduction que je puisse donner à ce mot : “prendre pour acquis.”

Nous le faisons souvent. Nous prenons des choses et des gens pour acquis. C’est un défaut naturel du cerveau, mais, comme la plupart des biais cognitifs, nous devons apprendre à le connaître pour mieux l’apprivoiser. Cela nous arrive tous, toi qui me lis et même moi qui écris. Comment je peux en être aussi sûr ? Faisons un test !

J’aimerais que tu t’arrêtes un instant, où que tu sois (en espérant que tu ne lises pas mes textes en conduisant). Demande-toi quelle est la chose qui a le plus de valeur pour toi, là, tout de suite. Je te laisse réfléchir.

Je suppose que tu penses à tes enfants, à ta partenaire ou à tes parents. Ou alors, tu penses à ton excellent boulot, à tes objets de valeur, ou encore à ta santé, car tu sens qu’il y a un piège dans ma question.

Si c’est le cas, félicitations. Oui, toutes ces choses ont de l’importance, et tu ne devrais jamais les prendre pour acquises, car elles peuvent disparaître du jour au lendemain.

Mais tu es peut-être passé à côté de la chose la plus importante de ta vie. Parce que c’est aussi la plus abondante. La seule chose que tu n'as jamais eu à payer et dont tu n'as jamais manqué. Elle est tellement présente que toi aussi, tu la prends pour acquise. Il s’agit de l’oxygène que tu respires. Si cet oxygène te manquait ne serait-ce qu’une poignée de minutes, toutes les autres choses auxquelles tu as pensé plus haut n’auraient plus aucune importance. Et pourtant, tu n’y penses jamais. Tu ne prends même pas une minute par jour pour remercier la nature, les plantes, de te l’offrir, à toi et à tous ceux que tu aimes, en quantité abondante.

C’est cela, être “entitled.”

Nous le sommes un peu trop, tous autant que nous sommes. Et le défi, c’est de l’être le moins possible. Souvent, ton mari ne cherche pas à se remettre avec toi parce que tu es exceptionnelle, mais simplement parce qu’il se rappelle qu’à un moment, tu avais beaucoup de valeur à ses yeux et que cette valeur est toujours là. C’est juste lui qui a commencé à la prendre pour acquise et à la minimiser. La plupart du temps, quand tu te fâches contre une personne qui t’a été très proche, quand tu dénigres le poste que tu convoitais, quand tu laisses tomber ton pays pour obtenir la nationalité d’un autre, ce n’est pas que ces personnes sont subitement devenues mauvaises, que ce poste a perdu sa valeur, ou que ton pays n’en vaut plus la peine : c’est toi qui les as pris pour acquis. Et c’est une erreur.

Aujourd’hui, tu as la chance d’être parmi les premiers à lire mes textes chaque jour. Tu as la possibilité de les partager, de montrer au monde que tu fais partie de ceux qui étaient là au début. Mais tu prends même ça pour acquis. Un jour, j’arrêterai peut-être d’écrire. Un jour, des milliers de personnes partageront mes textes dans le monde avant toi. Un jour, tu n’auras peut-être plus l’occasion de me côtoyer pour me dire à quel point tu appréciais mes textes. Ne prends pas pour acquis la chance que tu as aujourd’hui. Car elle aussi, elle peut disparaître du jour au lendemain.


Douala 🇨🇲 

Maîtrise les Secrets de l'Ingéniosité

Ce que tu gagneras tout au long de ta vie aura une certaine corrélation avec les connaissances que tu auras accumulées. Apprendre de nouvelles choses, de nouvelles compétences, demande la plupart du temps juste de la volonté et un certain investissement en temps et en argent. En effet, il existe un cours pour à peu près tout.

Cependant, certaines choses ne s'apprennent pas dans un livre, sur des bancs d’école, ni même dans un cours en ligne. Il te reviendra de faire preuve d'ingéniosité pour les apprendre. Certains recourent à l'espionnage industriel, mais à ton niveau, tu peux faire du reverse engineering.

Le reverse engineering (ou rétro-ingénierie en français) est l'art de partir du résultat final pour comprendre comment il a été atteint. Comme démonter une machine pour comprendre son fonctionnement.

C’est un procédé très utilisé dans la technologie et l’industrie, mais il peut aussi s'appliquer aux services et même aux systèmes de pensée. C'est, en tout cas, une technique que j'applique depuis des années pour agrandir mon cercle de compétences.

Je vais acheter un produit intrigant pour essayer de comprendre comment il fonctionne. Je vais payer pour des services, uniquement pour étudier leurs processus : les séquences de mail qu’ils envoient, les tons utilisés dans leurs communications, la pile des outils technologiques qu'ils utilisent pour faire tourner leurs entreprises.

Si je trouve qu'une personne a une façon particulière de réfléchir ou de résoudre des problèmes, je vais essayer de lire sa biographie pour identifier les éléments marquants de sa vie. Je vais noter tous les livres qu'elle a adorés et qui, selon elle, lui ont offert de nouvelles perspectives, et j’ajouterai ces livres à ma liste de lecture. Tu n’auras jamais un cours qui t'apprendra exactement à penser comme Thomas Edison, Nelson Mandela ou Martin Luther King, mais tu peux le construire toi-même en pratiquant la rétro-ingénierie.

Depuis une trentaine d’années, presque tous les peuples du monde bénéficient de la révolution internet, sauf les Noirs. Pourtant, nous avons des jeunes talentueux, souvent parmi les meilleurs de leurs écoles, qui travaillent dans les plus grandes entreprises de la planète. Mais jusqu’à présent, nous n'avons créé aucun produit mainstream, un produit utilisé par le reste du monde. Je ne parle même pas du très petit nombre de licornes cofondées par des Africains, vivant ou pas sur le continent. D’après mon observation, cela vient du fait que nous savons apprendre ce qui est dans un livre, dicté par un professeur, mais nous avons encore beaucoup de mal avec la rétro-ingénierie.

Ce n’est pas l’argent pour acheter un téléphone, un avion, ou une voiture afin de les démonter et de comprendre leurs mécanismes qui nous manque. Mais l'idée même de dépenser de l'argent pour acheter un produit et ne pas l'utiliser est au-dessus de notre entendement. Déjà qu’on a encore beaucoup de mal à payer pour les services et produits que nous utilisons ! Du coup, sans nous en rendre compte, nous nous sommes fermés à l'un des concepts d'apprentissage les plus puissants.

Certaines choses ne s'apprendront qu'en pratiquant la rétro-ingénierie. Et cela vaut dans tous les domaines de la vie. C'est ce qui constitue l'avantage concurrentiel de celui qui est devant. Il n’a aucun intérêt à retranscrire ses méthodes dans un livre. Et quand il le fait, c'est qu'il a trouvé quelque chose de nouveau. En se contentant des livres et des cours, on restera toujours derrière.


Douala 🇨🇲