L’histoire se répète : De la traite négrière à l’exode moderne

Des facteurs avancés pour expliquer le retard de développement de l’Afrique sur le reste du monde, les historiens s’accordent pour dire que la traite négrière a joué un certain rôle.

Quelques exemples d’impacts de la traite négrière sur l’Afrique :

  • Entre 10 et 28 millions d'Africains déportés.
  • Perte non seulement des individus, mais aussi de leurs descendants potentiels.
  • Perte de main-d'œuvre productive, surtout jeune et en bonne santé.
  • Perturbation des systèmes économiques locaux.
  • Déstabilisation des structures sociales.
  • Conflits internes pour capturer des esclaves.

Pour ne citer que ceux-là.

Quand je lis ces exemples, je me demande si on parle de l’histoire ou du présent. Parce que c’est exactement ce que nous vivons aujourd’hui avec le phénomène d’immigration massive.

Des centaines de milliers de jeunes quittent l’Afrique chaque année pour l’Occident. Un aller qui se fait souvent sans retour, emportant avec eux leur future descendance, ce qui représente un manque à gagner conséquent pour l’Afrique. La plupart de ces jeunes sont parmi les plus intelligents, les plus forts et les plus en forme du continent. Il n’y a qu’à voir les pré-requis pour obtenir un visa ou encore la force qu’il faut pour traverser la Méditerranée.

Ces départs perturbent fortement les petites économies locales qui commençaient à se mettre en place. Aujourd’hui, plus aucune industrie n’est épargnée. Comment pouvons-nous être compétitifs dans quoi que ce soit s’il n’existe pas de main-d'œuvre locale ? Comment pourrons-nous soigner ceux qui sont restés et ont choisi de se retrousser les manches si tous les médecins et infirmiers formés par nos gouvernements se retrouvent au Canada ou en Allemagne ?

Les familles sont totalement disloquées. Des parents qui ont des enfants éparpillés à travers le monde, qui ne se rencontrent presque jamais, et dont les petits-enfants ne connaîtront leurs grands-parents qu’à travers Whatsapp. Comment est-il possible de s’assurer de faire perdurer la tradition quand même les chefs de village vont à l’étranger pour assister à des festivals qui avaient l’habitude de se dérouler au village ?

Sans parler de ceux qui font semblant de travailler pour piller les caisses des entreprises qui les emploient afin de pouvoir se payer le fameux ticket pour la traversée. Les employés qui prennent des crédits aux banques locales avant de partir, créant un état délétère pour ceux qui restent. Et un accès au crédit de plus en plus difficile.

La traite négrière nous est tombée dessus. Nous n’avons pas vraiment eu le choix. Elle a apporté son lot de malheurs et de conséquences dont nous continuons de payer le prix. Mais ce qui se passe aujourd’hui est totalement de notre faute. Nous en sommes les seuls responsables. Aveuglés par l’envie et une bêtise infinie, nous sommes en train de détruire la seule terre qui est vraiment la nôtre.

Peut-être pensons-nous naïvement que le sort de nos descendants, une fois partis, sera différent de celui des descendants de la Traite Négrière. Mais j’en doute fort !


Douala 🇨🇲 

Renégats vs premiers de la classe : quel type de leader es-tu ?

Hier, je discutais avec un bon ami et je lui expliquais un concept auquel je crois et que j’utilise pour naviguer dans l’océan de la vie. Je me suis dit que je pourrais peut-être le partager avec toi aujourd’hui.

Il y a tellement d’éléments qui entrent en jeu quand on veut réussir à atteindre un objectif, et il est quasi impossible de contrôler tous ces éléments. Du coup, parmi les personnes qui réussissent à grande échelle, je distingue deux grands groupes. Le groupe des premiers de la classe, ceux qui savent jouer selon les règles du jeu, faire ce qu’on attend d’eux, qui savent toujours se montrer sous leur meilleur jour et gravissent les échelons pas à pas jusqu’au sommet. Et le groupe des renégats, ceux qui cassent tous les codes, brisent les barrières, se font mettre des bâtons dans les roues à maintes reprises, mais qui réussissent parce qu’ils sont tellement bons dans ce qu’ils font qu’on a du mal à se passer d’eux ou tout simplement parce qu’ils ont mis en place une stratégie que les autres n’ont pas vue venir.

Il est très important pour chacun de savoir de quel groupe on fait partie, si on veut atteindre le sommet. Être un premier de la classe ne t’empêche pas de casser des barrières, de même que certains renégats, à certains niveaux, jouent selon les règles du jeu. Mais tu ne peux pas aller contre ta nature tout le temps, tu dépenseras beaucoup trop d’énergie inutilement. La règle de Pareto s’applique aussi ici. Tu devras être toi-même 80 % du temps, et le reste du temps, tu pourras te comporter comme les membres de l’autre groupe. C’est une question d’équilibre.

Je pense qu’à partir d’un certain âge, on sait à peu près de quel groupe on fait partie. Pour certains, c’est très clair dès la naissance, et pour d’autres, ça prend un peu de temps à se développer. Mais à un moment, on sait à peu près qui on est, le plus souvent en entrant dans l’âge adulte.

La plupart des grands politiciens sont des premiers de la classe. Ils maîtrisent les lois du pouvoir. Ils savent faire ce qu’il faut pour obtenir ce qu’ils veulent, souvent sans jamais faire de vagues. C’est le groupe qui renferme souvent le plus de protagonistes, car c’est celui où on évite le plus de confrontations, du moins les confrontations directes.

Chez les renégats, on retrouve beaucoup de visionnaires, de grands entrepreneurs et scientifiques. Des personnes qui n’ont pas peur de questionner le statu quo et de le faire en public. Des personnes prêtes à se faire lyncher, décapiter, “blacklister” ou même perdre tout ce qu’elles ont parce qu’elles défendent une cause. Je sais qu’à ce moment, certains noms te viennent en tête. Eh oui, tu vois de quoi je parle.

La société a besoin de ces deux groupes de leaders pour avancer. Des renégats qui vont nous emmener vers de nouvelles frontières et des premiers de la classe qui vont s’assurer que les acquis précédents soient solidifiés pendant le voyage. La plupart du temps, les deux groupes sont en conflit, mais ce conflit est nécessaire pour éviter que nous ne sombrions profondément d’un côté ou de l’autre. Autant nous avons besoin d’explorer, de découvrir de nouvelles façons de faire les choses, autant nous avons besoin de protéger nos cultures et nos coutumes, ce qui fait de nous ce que nous sommes, au risque de nous perdre.

Le réel problème surgit lorsque cet équilibre est fragilisé. Quand le rapport de force penche beaucoup plus d’un côté que de l’autre. Quand un groupe compte beaucoup plus de membres qu’il ne devrait. Dans ce cas, la société court à la faillite. Soit elle va stagner jusqu’à disparaître si ce sont les premiers de la classe qui sont en supériorité, soit elle va aller trop vite et se brûler les ailes si ce sont les renégats qui dominent.

Je pense qu’aujourd’hui au Cameroun, et dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, il y a de moins en moins de renégats. De moins en moins de personnes prêtes à briser le statu quo, de moins en moins de visionnaires, de moins en moins de personnes prêtes à tout perdre pour nous emmener vers de nouvelles frontières. Et ça, c’est un véritable drame !

Je reviendrai certainement plus en détail sur ce concept, mais en attendant, je t’invite à faire ton introspection et à découvrir de quel groupe tu fais partie si tu te considères comme un leader. Si, comme moi, tu es un renégat, il est temps d’arrêter de te cacher et de prendre tes responsabilités. Si tu es un premier de la classe, il est urgent que tu comprennes que nous avons besoin des deux groupes pour maintenir un équilibre et continuer à avancer. Tu ne comprends peut-être pas et n’es peut-être pas d’accord avec l’autre groupe, mais tu n’es pas obligé de leur mettre des bâtons dans les roues. Comme certains Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, tu peux penser faire partie de la race supérieure mais ne pas participer au massacre des Juifs. Tu peux même aller jusqu’à les protéger de la police. Car s’ils sont sur Terre, c’est qu’il y a forcément une raison.


Douala 🇨🇲 

Malchance ou bénédiction ? Tout dépend de toi

Dans la célèbre pièce de Shakespeare, Hamlet, lors de la scène 2 de l’Acte II, il dit : "Il n'y a rien de bon ou de mauvais en soi, tout dépend de ce qu'on en pense.”

Une phrase puissante qui renferme de précieux enseignements sur la vie, sur les jugements hâtifs et sur les supposés enfers que nous vivons. Des enseignements que moi-même j’ai souvent du mal à percuter.

Si pour toi c’est encore vague, laisse-moi te partager cette parabole chinoise qui en fait une illustration plus claire.

Un vieil homme vivait dans un village avec son fils. Ils possédaient un cheval, qui était leur bien le plus précieux. Un jour, le cheval s'échappa.

Les voisins vinrent consoler le vieil homme, disant : "Quelle malchance !”

Le vieil homme répondit simplement : “Peut-être."

Quelques jours plus tard, le cheval revint, accompagné de plusieurs chevaux sauvages. Les voisins s'exclamèrent : "Quelle chance !" Le vieil homme répondit à nouveau : “Peut-être."

Le fils du vieil homme commença à dresser les chevaux sauvages, mais il tomba et se cassa la jambe. Les voisins dirent : "Quelle malchance !" Le vieil homme répondit : “Peut-être."

Peu après, l'armée vint au village pour recruter des jeunes hommes pour la guerre. Le fils du vieil homme ne fut pas pris à cause de sa jambe cassée. Les voisins s'exclamèrent : "Quelle chance !" Et le vieil homme répondit une fois de plus : "Peut-être."

Ce qui nous arrive de mal ou de bien est tout simplement l’interprétation que nous en faisons. La vie, elle, ne fait que suivre son cours. Des causes produisent des effets. Et ni les unes ni les autres n’ont de réelles intentions. C’est nous qui leur en prêtons.

Ce que tu qualifies de malchance, quelqu’un d’autre le qualifierait de bénédiction. Pas parce que l’événement en lui-même est différent, mais uniquement parce que chacun de vous a décidé de lui attribuer le label qu’il a choisi.

Et si tu décidais dès aujourd'hui de voir le côté positif dans tout ce qui t’arrive ? Penses-tu qu’il existerait quelqu’un de plus heureux que toi ? J’en doute !


Douala 🇨🇲 

Le Stoïcisme : une philosophie pour une vie juste et libre

Certains jours, je me demande ce qu'aurait été l'Afrique si, à la place du Christianisme, les colons nous avaient apporté une autre philosophie. Le Stoïcisme, par exemple. On ne le saura peut-être jamais !

Moi, en tout cas, j'ai décidé de me défaire des chaînes du Christianisme pour explorer tout ce que la Terre a pu concevoir de bon comme philosophies. Du Confucianisme au Bouddhisme, en passant par toutes les philosophies antiques, religieuses, et même la philosophie africaine. Et depuis un certain temps, je suis sous le charme du Stoïcisme.

Aujourd'hui, j'aimerais partager avec toi un passage tiré des enseignements d'Épictète que je me relis chaque matin.

"Le travail propre de l'esprit est l'exercice du choix, du refus, du désir, de la répulsion, de la préparation, de l'intention et de l'assentiment. Qu'est-ce qui peut alors polluer et entraver le bon fonctionnement de l'esprit ? Rien d'autre que ses propres décisions corrompues.
Quand nous mangeons, nous faisons le travail propre de l'estomac ; en raisonnant, nous faisons le travail propre de l'esprit.
Le travail propre de l'esprit est :

  • Le choix de bien faire et de bien penser
  • Le refus de la tentation
  • Le désir de comprendre davantage
  • Le rejet de la peur, la préparation à tout ce qui nous attend
  • L'assentiment aux impressions mesurées
  • Le rejet du faux
  • La reconnaissance de ce qui est réellement
  • Le refus d'être trompé et enivré par les apparences
  • La préparation à tout ce que la vie met sur notre chemin
  • L'assentiment à être libre de toute illusion sur ce qui est à l'intérieur et à l'extérieur de notre contrôle (et être prêt à accepter ce dernier)"

Je te laisse méditer sur ces mots. Des mots dont j'essaie de m'inspirer chaque jour pour être quelqu'un de juste et de bon.


Douala 🇨🇲 

Élève ton prix et change le regard des autres

“La façon dont vous vous comportez déterminera souvent la manière dont vous êtes traité : à long terme, paraître vulgaire ou ordinaire amènera les gens à vous manquer de respect. Car un roi se respecte lui-même et inspire le même sentiment chez les autres. C'est à vous de fixer votre propre prix. Demandez moins, et c'est exactement ce que vous obtiendrez. Demandez plus, cependant, et vous envoyez le signal que vous valez une fortune royale. Même ceux qui vous refusent vous respectent pour votre confiance, et ce respect finira par payer de manières que vous ne pouvez imaginer.” - Robert Greene

Comme je le dis souvent, “personne ne te donnera plus que ce que tu demandes.” Il est important de savoir bien se vendre, de savoir se vendre à sa juste valeur.

La plupart du temps, le comportement des autres à ton égard est le reflet du prix que tu as annoncé de ta personne. Il ne sert à rien de se plaindre que les autres ne nous respectent pas à notre juste valeur. Posons-nous la question : quel est le prix que nous avons affiché ?”

Je vois des noirs se plaindre du racisme en Occident. Pourquoi veux-tu qu’on te respecte plus que ça si le message que tu envoies tous les jours c’est “ça craint dans mon pays, raison pour laquelle je suis venu me réfugier chez vous.” Pourquoi s’étonner qu’on te traite d’attardé si même les problèmes les plus basiques dans ton pays, tu n’arrives pas à les résoudre ? T’es-tu déjà posé la question de savoir pourquoi tu admires des personnes comme Steve Jobs ou Elon Musk alors que tu ne les connais pas vraiment ?

Élève ton prix et le regard des autres changera à ton égard. Et cela passe par ta façon de t’exprimer, par ta façon de t’habiller, par tes habitudes au quotidien, par tes accomplissements, par ta valeur dans la société. Et si tu n’es pas capable de le faire, accepte en silence le prix que l’on te proposera. Tu n’en vaux pas plus.


Douala 🇨🇲 

La Grandeur ne Dépend Pas du Poste, Mais des Actions

“La grandeur ne consiste pas à occuper un futur poste important, mais consiste réellement à accomplir de grandes actions avec peu de moyens et à réaliser de vastes objectifs depuis les rangs privés de la vie. Pour être grand, il faut d'abord être grand ici, maintenant, à Philadelphie. Celui qui peut donner à cette ville de meilleures rues et de meilleurs trottoirs, de meilleures écoles et plus d'universités, plus de bonheur et plus de civilisation, plus de Dieu, celui-là sera grand n'importe où. Que chaque homme ou femme ici présent, si vous ne m'entendez plus jamais, se souvienne de ceci : si vous souhaitez être grand, vous devez commencer là où vous êtes et tel que vous êtes, à Philadelphie, maintenant. Celui qui peut apporter une quelconque bénédiction à sa ville, celui qui peut être un bon citoyen pendant qu'il vit ici, celui qui peut créer de meilleurs foyers, celui qui peut être une bénédiction qu'il travaille à l'atelier, qu'il soit derrière un comptoir ou qu'il tienne sa maison, quelle que soit sa vie, celui qui voudrait être grand n'importe où doit d'abord être grand dans sa propre Philadelphie.”

Ceci est un extrait de “Acres of Diamond”, le célèbre discours de Russell Conwell, écrit et récité plus d’une centaine de fois il y a plus d’un siècle, dans une Philadelphie qui n’a rien à voir avec la ville d’aujourd'hui et qui, à cette époque, était beaucoup moins développée que la plupart des cités africaines de nos jours.

Tu peux remplacer Philadelphie par Douala, Yaoundé, Bafoussam, Abidjan ou même Lagos, le message reste le même. Si tu veux être un grand homme (ou une grande femme d’ailleurs), commence où tu es avec ce que tu as. La grandeur commence ici et maintenant. Pas là-bas (suis mon regard) ou bien quand tu auras ceci ou cela. Pas même quand tu seras en poste. Ce futur poste important pour lequel certains iront se battre demain. Non ! Si tu n’es pas grand ici et maintenant, avec ce que tu as, tu ne le seras jamais.

Et toi qui seras à un moment ou un autre emmené à choisir ton leader, rappelle-toi toujours de ces mots. Et demande-toi de toutes ces personnes devant toi, quelles sont celles qui sont déjà des grandes personnes et quelles sont celles qui te promettent de le devenir après que tu les auras choisies. Parce que comme le disait Russell, “la grandeur consiste à accomplir de grandes actions avec peu de moyens et à réaliser de vastes objectifs depuis les rangs privés de la vie.”


Douala (Nouvelle Philadelphie) 🇨🇲 

Ne Laisse Pas Ton Talent se Perdre

“Beaucoup de talent se perd faute d’un peu de courage.” - Sydney Smith

Au vu de cette semaine assez mouvementée, j’aimerais partager avec toi un passage du livre de George Lois, Sacrés Bon Conseils. Le conseil 119 :

Dans les dictionnaires, l’une des entrées les plus réjouissantes est celle consacrée au mot “courage” : “fermeté devant le danger, la souffrance physique ou morale… ardeur, zèle pour entreprendre quelque chose… aptitude à résister et à se battre pour ses principes.”

Un créatif talentueux mais soumis n’entrera jamais au panthéon de la profession, car la timidité engendre la médiocrité. “Beaucoup de talent se perd” par peur d’en découdre.

Le courage de ne créer que de grandes œuvres, contre vents et marées, et de lutter pour les protéger à tout prix ne vient pas de l’intellect…

Il vient du plus profond du cœur et de l’âme.

Sois courageux ! Ne laisse pas ton talent se perdre.


Douala 🇨🇲 

Thanks for the noise: la suite

"La véritable force de caractère est la capacité à faire la prochaine bonne chose encore et encore."
C’est par cette puissante phrase du psychologue de sport et coach Bill Beswick que je veux commencer ce texte.

Il risque d’être long, de partir dans tous les sens, de manquer certains éléments, mais il sera le plus sincère et le plus honnête possible. Fidèle à mes principes d’éthique et d’intégrité.

Et avant que tu ne te poses la question, sache que je n’ai reçu aucune pression quelconque pour faire ce texte ou pour son contenu. Je le fais parce que c’est une suite logique de l’action que j’ai commencée il y a 2 jours. Dans laquelle je demandais à savoir ce qui s’était passé avec ma candidature. Je cherchais des réponses et je t'en ai parlé. Et il est normal que je t’en reparle après avoir trouvé quelques réponses.
Si tu es passé à côté, je t’invite à aller relire le texte.

Les faits

Il y a 2 jours, j’ai fait un texte pour dénoncer quelque chose que je trouvais anormal. Le fait que mon nom ait disparu d’une liste de sélection sans explication.

Mazars

Dans les minutes qui ont suivi la publication de mon texte et son partage par des connaissances, il est arrivé à la connaissance du DG du cabinet Forvis Mazars (la branche locale). Il a directement organisé un rendez-vous le lendemain à midi dans son bureau avec les parties concernées. Cette réunion a duré plus d’une heure où, après avoir à maintes reprises réitéré l’engagement d’intégrité du groupe Mazars, le DG m’a fait comprendre qu’il comprenait ma frustration, qu’il comprenait le fait que je me sois exprimé publiquement même s’il aurait préféré que je le fasse autrement. Il m’a rassuré sur le fait qu’il n’y avait pas eu de vice de procédure dans la sélection et que tout ceci n’était qu’un grand malentendu suite à une erreur de communication.

Je salue encore la promptitude de Mazars par le biais de son DG qui a tenu à battre le fer quand il était encore chaud. Qui n’a pas sous-estimé l’affaire et qui s’est rendu disponible pour que nous puissions ensemble régler ce différend.

Les Bâtisseurs Africains

L’association des bâtisseurs, représentée par sa coordinatrice locale, était elle aussi présente à cette réunion. Elle a tenu à me dire qu’elle comprenait ma frustration. Elle m’a expliqué ce qui s’était passé, mais je n’ai pas trouvé cela normal parce que ce n’était pas en phase avec la communication d’origine. J’aurais aimé qu’ils l’expliquent plus en détail en amont du programme ou même dans un communiqué plus tard. Mais apparemment, il s’agit d’un sujet sensible qui touche d’autres entités que ni eux ni moi ne voulons mêler à l’affaire à ce niveau. Pas parce que nous avons peur, mais parce que ça touche au financement du programme tout entier.

Comme me l’a rappelé le président du Club des Bâtisseurs, qui a tenu à échanger avec moi, ce programme n’est peut-être pas l’opportunité du siècle pour certains, mais il est salutaire pour d’autres. Et ça, je respecte. Si le problème ne repose que sur un élément de communication, ce n’est pas moi qui viendrai gâcher les chances des autres.

La démarche

Pendant cette réunion, le DG a souligné que j’aurais pu utiliser une autre démarche. J’ai d’ailleurs entendu cette remarque à plusieurs reprises. Je tiens à souligner que j’ai essayé de comprendre à plusieurs reprises. J’ai utilisé les canaux de communication à ma disposition pour avoir des réponses, mais je n’ai pas eu de vraies explications. Je voulais même passer sur l’affaire avant de me rappeler que le plus grand avantage du mal n’était pas les mauvaises personnes, mais les bonnes qui ne font rien. Il fallait que je reste cohérent avec mes principes. Et je ne pense pas que la réunion aurait eu lieu, ou du moins aussi vite, si mon texte n’avait pas été publié.

Le prix

À la réaction de certains candidats, on aurait dit que je faisais tout ça pour un voyage de 2 semaines à Bordeaux. C’est peut-être la raison pour laquelle ils se sont inscrits au programme et je leur souhaite bonne chance pour la suite de leur aventure entrepreneuriale. Mais si ce n’était que pour passer 2 semaines à Bordeaux, je ne serais pas ici au Cameroun, en train de me battre avec les fournisseurs, les employés, la fumée et les pluies diluviennes. Je serais tout simplement resté en France ou même au fameux Canada qui est devenu le paradis de certaines personnes.

Non, si j’ai participé à ce programme, après une forte insistance d’un bon ami, c’était d’abord et avant tout pour me permettre de me soumettre à cet exercice de revue du business. Souvent, nous avons tellement la tête dans le guidon que nous oublions notre direction d’origine. Et même avant que les résultats ne soient donnés, j’avais déjà atteint mon objectif. Et j’encourage les entrepreneurs qui en ont le temps, à se plier à cet exercice de temps en temps pour faire le point sur leur business et se confronter à un jury externe.

Si j’ai dénoncé, ce n’était pas pour le prix, mais pour la forme. C’est tombé sur moi, c’était ma responsabilité et j’ai répondu à l’appel. Aussi simple que ça !

Le fair-play

Souvent, les personnes pour lesquelles on se bat sont celles qui vont être les plus farouches en notre égard. J’ai lu des commentaires parmi les candidats sur le fair-play et tout. Peut-être que certains sont à leurs premiers concours, peut-être que certains pensent que j’en suis à mon premier. L’année dernière, avec un autre projet, j’ai été sélectionné au premier tour du Programme Fighters à Station F. J’ai payé mon billet d’avion et j’ai fait un mois à Paris pour le programme. Je n’ai pas été sélectionné pour la phase 2. Je suis rentré tout doucement. Aucun texte, rien. Ça fait partie de la vie. Le processus était clair. Pas d’ambiguïté sur la com’, pourquoi me plaindre ? Surtout qu’il y avait toujours quelqu’un pour répondre à toutes nos questions.

Comme je l’expliquais à la réunion d’hier, m’exprimer est aussi une façon de faire avancer les choses. Pourquoi accepterions-nous moins si nous pouvons faire plus ? Il y a d’ailleurs certains candidats qui ont fini par dire que même pour eux, le processus n’était pas assez clair. Espérons que ce sera une occasion pour tout le monde de faire mieux la prochaine fois.

La Blacklist

Certaines personnes ont voulu me dissuader de m’exprimer, car je courais le risque d’être blacklisté à l’avenir. J’avoue que c’est un risque réel, même si je dois noter que le DG m’a rassuré que tant qu’ils assureront l’intégrité de ce concours et des autres (Le Prix Pierre Castel entre autres), ma candidature sera toujours traitée comme toutes les autres. Mais bon, il m’a aussi beaucoup conseillé de faire avec le contexte. Donc nous sommes au pays, et le risque est réel. Peut-être pas de leur côté, mais il existe.

Ce risque, je le savais avant de publier mon texte. Mais si, comme moi, tu prends la moto tous les jours à Douala, avoir peur de ce genre de chose n’a juste pas de sens. Le risque de mourir d’un accident de moto est beaucoup plus important que celui de subir les conséquences d’une blacklist. Et comme je l’ai expliqué en réunion, être blacklisté, c’est l’histoire de ma vie. Je ne m’arrêterais jamais de faire ce que je pense être juste à cause d’une peur quelconque. Si c’est le cas, qu’est-ce que je fais encore ici ?

Faire profil bas

Des amis bienveillants m’ont dit : “Ronel, quand c’est comme ça, tu laisses et tu continues de travailler. Tu es encore tout petit, on peut te nuire à l’extrême dans ce pays. Eto’o se bat parce qu’il est déjà arrivé.” Autant je comprends ce discours, autant je ne suis pas totalement d’accord. Il faut certes faire attention avant de se lancer dans certains combats, mais il n’y a pas de moment idéal pour dénoncer une injustice. Nous sommes ce que nous faisons. Si on ne le fait pas maintenant, ce n’est pas quand nous serons plus gros que nous le ferons. C’est comme la générosité. Les plus généreux donnent et c’est tout. Qu’ils soient riches ou pauvres, ils donnent. Ce sont les chiches qui veulent nous faire croire qu’ils ne donnent pas encore parce qu’ils n’en ont pas assez. Et je sais que les combats d’Eto’o ne datent pas d’hier. Mais ça, c’est le sujet d’un autre jour.

Et si c’était à refaire ?

Je le referais tous les jours de l’année. Avec les informations en ma possession, je réécrirais le même texte que je publierais. On m’a fait passer un message, comme quoi le business ne marche pas avec l’activisme. Peut-être qu’il va falloir que je m’attelle à prouver le contraire.

C’est dommage que nous en soyons arrivés là. Mais j’espère que ça nous servira à tous de leçon pour faire mieux la prochaine fois. Ce n’est certainement pas encore fini, mais pour moi, ça a déjà été une belle aventure. J’ai pu rencontrer de nouvelles personnes, des personnes très intéressantes. J’ai pu constater une fois de plus que nous avions des grands patrons disponibles et soucieux de faire du bon travail. J’espère avoir pu inspirer quelques-uns à prendre leur courage à deux mains et à dire ce qu’ils pensent quand ça ne va pas. Et je me suis aussi certainement fait quelques ennemis dans l’ombre. Mais que serait la vie sans obstacles ?

Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Il s’est passé qu’il y a eu un problème de communication en amont du concours. Quelques problèmes de communication pendant et à la fin, et un généreux acteur qui n’avait pas été pris en compte. Je préfère laisser le Club des Bâtisseurs en parler s’ils le veulent. Ce sont eux qui se battent pour financer ce programme, et comme je l’ai mentionné plus haut, je n’aimerais pas être celui qui va faire perdre certaines opportunités à la communauté.

Peut-être qu’ils expliqueront en détail ce qui s’est passé aux autres candidats, parce que je pense qu’ils méritent de le savoir. Surtout que certains ont fait beaucoup de trajet pour pouvoir y participer. Mais j’espère surtout que le tir sera rectifié pour les prochaines éditions.

Le Rasoir de Hanlon

J’en ai déjà parlé plusieurs fois dans mes textes, mais je crois que là, nous en avons un parfait exemple. Le rasoir de Hanlon est une règle de raisonnement proposée par le programmeur Robert Hanlon et très reprise par Charlie Munger. La règle est simple : “Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer.” J’essaie de me rappeler cette règle chaque fois que je fais face à un problème. Mais je crois que cette fois-ci, j’aurais pu faire mieux. Et si même moi je tombe dans le piège de ce rasoir alors que je le connais parfaitement, je n’imagine pas ce que ce serait pour toi si tu n’en connais toujours pas l’existence.

La communauté

Certaines personnes de ma communauté ont relayé haut et fort le message, et je leur en suis reconnaissant. Nous sommes une force quasi invincible si nous réussissons à nous mettre ensemble pour une cause. C’est dommage que certains ne voient que leurs intérêts et passent toujours comme un taxi plein en se disant “à quoi bon”. Je voudrais te rappeler que le mal ne tire pas sa force de ses muscles mais de notre peur. Si nous voulons que les choses changent, nous devons arrêter d’alimenter le mal avec nos peurs.

J’espère que tu porteras le problème de la même façon pour une autre personne ou une autre cause. Par contre, j’ai été déçu par les réactions de beaucoup d’autres pour qui j’avais de la considération. Des gens qui ne veulent jamais se mouiller, qui veulent manger à tous les râteliers mais qui, lorsque ce sera leur tour, seront les premiers à appeler au secours. C’est dans ce genre de moments qu’on sait avec qui on peut aller au front ou pas. Et heureusement que ces moments comme celui-ci existent. Comme a dit une fois Warren Buffett : “C’est seulement quand la marée se retire que vous découvrez qui nageait nu.” Souvent tu crois que tu es bien entouré parce que tout va bien. C’est dans ces moments comme celui-ci, que la marée se retire, que tu vois qu’en fait c’était un entourage en plastique.

Conclusion

  • Le cabinet Forvis Mazars a bien géré.
  • La communication peut être mieux faite autour du programme.
  • Il ne faut pas avoir peur de s’exprimer.
  • On m’a promis qu’il n’y aurait pas de représailles, mais je te tiendrai au courant.
  • Il n’y a pas d’âge ni de bon moment pour dénoncer.
  • Souvent le point faible est plus proche que tu ne l’imagines. Crois-moi!
  • Ne fais aucun concours ou programme pour ce que tu vas y gagner après, mais d’abord pour ce que tu vas apprendre pendant le processus.

PS : Rien de tout ceci n’aurait été possible si je ne tenais pas un blog sur lequel j’écris tous les jours. Dénoncer, c’est bien, mais pour cela tu as besoin d’une plateforme et surtout de savoir bien écrire. Et savoir bien écrire ne s’apprend qu’en écrivant. Écrire est l’arme la plus puissante et la plus disponible de la Terre, ne t’en prive pas. Saisis-la et fais-en bon usage ! Et en tout temps, rappelle-toi de ces mots d'Edward Bulwer-Lytton : “La plume est plus forte que l’épée.”


Douala (Gotham City) 🇨🇲 

Patience, la Suite Arrive Demain !

Hier, j’ai lancé un pavé dans la mare, et je te dois la suite de l’histoire. Et tu sais que je ne manque pas à mes rendez-vous !

Cependant, aujourd’hui a été une très longue journée. Entre le rendez-vous avec les parties prenantes, les problèmes d’entreprise, le tournage d’un épisode du podcast et un autre rendez-vous avec un collègue nigérian venu ouvrir la branche camerounaise de sa startup ici à Douala, je n’ai pas eu beaucoup de temps.

Je fais ce texte depuis mon rendez-vous pour te tenir informé.

Mais je te promets de te donner la suite de l’histoire dès demain. Tout ce que je peux te dire pour l’instant, c’est qu’il ne faut jamais avoir peur de dire ce que tu penses. Que tu aies raison ou pas, c’est ton droit absolu de demander des éclaircissements quand tu as l’impression de faire face à une boîte noire. Comme le message de ce fameux texte que j’ai lu pour la première fois il y a quelques jours dans les locaux de Mazars à Douala le dit si bien : "Fais-le quand même !"


Douala 🇨🇲 

Le Porc Braisé : Sélectionné, puis écarté, que s’est-il passé ?

Accroche-toi ! Parce qu’aujourd’hui, je vais te raconter une histoire rocambolesque. Une histoire digne de Hollywood. Mais une histoire vraie !

Tu te rappelles, il y a quelques jours, j’ai fait un texte dans lequel je te parlais des commandements paradoxaux : Une leçon de persévérance et d’intégrité. Je te parlais d’un texte qui avait attiré mon attention pendant que j’étais dans une salle d’attente. Cette salle d’attente, en fait, était celle du Cabinet Mazars Forvis, leur branche du Cameroun.

J’y étais pour passer devant le grand jury d’un concours organisé par la CCIMA (Chambre de Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat du Cameroun) et l’association des Bâtisseurs Africains. C’était à l’occasion de la finale du Programme de Résidence Entrepreneuriale de Bordeaux, la 7e édition. J’y avais postulé avec Le Porc Braisé (toi-même tu sais quelle est notre ambition).

J’ai dû faire bonne impression, vu que sur la vingtaine de candidats ce jour-là, j’ai été retenu parmi les 5 sélectionnés pour participer au programme. Il ne manquait plus qu’une visite d’entreprise, et le tour était joué.

Mais bon, à ma grande surprise, on publie la liste finale des vainqueurs, et comme par magie, mon nom a sauté de la liste. J’ai été remplacé par quelqu’un d’autre. Quelqu’un chez qui on n’a même pas pris la peine de faire la visite d’entreprise.

“Les choses du pays”, comme on dit souvent !

Mais, j’ai ma petite idée de ce qui s’est passé. Et contrairement à ce que tu pourrais penser, le gouvernement n’est pas en cause ici. Je t’en dirais plus le moment venu.

Pour le moment, j’ai besoin de toi. Que tu te saisisses de cette injustice et que tu en fasses la tienne. Car il ne s’agit pas de moi ici. Je savais ce qui m’attendait en rentrant au pays. Ici, il s’agit de nous. De ce que nous sommes prêts à laisser passer ou non. Du monde que nous voulons léguer à nos enfants. De l’avenir de nos entreprises, de notre économie en général.

Rappelle-toi de ce poème de Martin Niemöller que je t’ai partagé dans mon texte De l’inaction à l’injustice : pourquoi nous devons tous agir :

Quand ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour protester.

Aujourd’hui, c’est moi qu’ils viennent chercher. Vas-tu te taire ou vas-tu “Make Some Noise” ?

Rappelle-toi que nous sommes à la veille d’une élection et que si tu n’arrives pas à marquer des buts à l’entrainement, ce n’est pas pendant le match que tu le feras.

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Douala 🇨🇲