Un retour au pays qui redonne espoir

Cette semaine, j’ai reçu un mail qui m’a énormément ému. Une bonne amie à moi m’annonçait qu’elle avait finalement décidé de rentrer s’installer au pays dans 18 mois avec ses enfants. Contrairement à son souhait, il y a quelques temps encore, de revenir dans une dizaine d’années.

18 mois, c’est encore loin et beaucoup de choses peuvent se passer entre-temps. Mais l’idée à elle seule est suffisante pour me donner du baume au cœur et me faire finir l’année sur une note positive. Je ne suis peut-être pas la raison principale pour laquelle elle a pris cette décision, mais j’aime à croire que j’y ai contribué pour beaucoup.

Une personne qui rentre sur des milliers qui veulent partir, ce n’est peut-être pas grand-chose. Mais n’oublions pas qu’il a juste fallu un seul lancement réussi pour faire de SpaceX le patron incontesté du spatial quelques années plus tard.

Quel que soit le travail que tu fais, quelle que soit l’immensité du combat que tu mènes, ne perds jamais espoir. Va-y un pas après l’autre, une journée après l’autre et fais confiance à la nature et au tipping point.


Douala 🇨🇲 

L’effet domino de nos décisions invisibles

J’ai reçu des plombiers chez moi aujourd’hui. Ils ont fait une intervention sur de la robinetterie qui s’était percée dans mes salles de bain. C’est la deuxième fois en l’espace d’un an que je fais appel à des plombiers pour le même problème. Ils m’ont expliqué que l’eau du forage de l’immeuble contenait beaucoup de calcaire. Apparemment, le calcaire aurait même bouché la pompe totalement. Raison pour laquelle ils étaient de passage dans l’immeuble.

C’est vrai qu’après avoir remplacé un robinet la semaine passée, j’ai fait le constat que l’eau contenait beaucoup trop d’éléments solides qui venaient boucher les mitigeurs, créant ainsi une pression retour à ce niveau qui fragilise la tuyauterie.

Après le départ des plombiers, j’ai attentivement examiné l’intérieur de la robinetterie endommagée. On aurait dit qu’elle avait été attaquée par de l’acide. Difficile de croire que c’est du calcaire invisible à l’œil nu qui ait pu causer autant de dégâts.

Avant que les plombiers n’arrivent ce matin, je discutais au téléphone avec Flavien qui, dans un commentaire, me disait qu’il avait vu un thread de footballeurs qui fêtaient Noël en famille. Et que presque tous les footballeurs noirs avaient une femme blanche et aucun footballeur blanc n’avait une femme noire. Ça m’a fait sourire. Ça m’a rappelé le texte d’un pote hier qui défendait son choix de rester en Occident et qui m’a envoyé un petit tacle à la gorge subtil. Mais bon, fair-play. Si j’ai réussi à inspirer certains Africains (ou anciens Africains) à commencer à écrire, ce n’est pas moi qui vais venir les censurer.

On s’éloigne du sujet !

Alors, la plupart des sportifs noirs ont une femme blanche. Ce n’est pas un sujet d’aujourd’hui. Chacun se marie avec qui il veut, un peu comme chacun vit là où il veut. Mais quand un schéma persistant commence à se dessiner, il y a forcément une raison derrière. Le hasard n’a d’habitude pas de schémas aussi réguliers.

Il y a certainement plusieurs facteurs qui pourraient expliquer ce phénomène. Et comme d’habitude, j’ai ma petite théorie. Quand on demande aux femmes noires d’arrêter de se décaper la peau et surtout d’arrêter avec les perruques, elles disent que c’est un faux débat. Qu’il y a des sujets plus sérieux à traiter. Elles ne se rendent pas compte que la télévision et les médias, nous vendent à grands coups de com, un idéal de beauté féminin. Et cet idéal est souvent une femme blanche, aux courbes fines et aux cheveux raides.

Que font les femmes noires ? Elles adhèrent complètement à cet idéal. Certaines en essayant de se décaper la peau et la grande majorité en arborant des perruques aux cheveux raides. Cet idéal de beauté féminin est ainsi renforcé dans les esprits non plus seulement des femmes, mais aussi des hommes. Du coup, qu’est-ce qui attire la plupart de ces hommes ? Des femmes à la peau claire et aux cheveux raides. Le problème, c’est que quand tu es pauvre, tu peux te contenter d’une pâle photocopie. Mais quand tu es un sportif qui touche des millions d’euros et qui fait les courses dans les plus grandes marques de luxe, tu ne veux plus que l’original. Et l’original, c’est quoi ? Une femme blanche caucasienne avec ses vrais cheveux raides et qui ne fait pas plus de 65 kg. Bête, mais aussi simple que ça !

Comme ce calcaire que tu n’arrives pas à voir à l’œil nu quand tu ouvres ton robinet mais qui agit comme de l’acide sur celui-ci, c’est de la même manière que nos petits actes à l’air anodin ont un pouvoir dévastateur sur nos communautés.

Et ça, c’est quelque chose qui est propre à notre communauté, nous les noirs. Nous ne savons pas mesurer les effets à long terme de nos actions. Si la cause à effet n’est pas immédiate, nous sommes complètement largués. Nous ne sommes pas différents de ce fumeur qui n’arrive pas à comprendre comment cette bouffée de fumée d’apparence inoffensive peut complètement détruire son poumon. Nous n’arrivons pas à comprendre comment une immigration massive peut détruire tout un pays. Nous n’arrivons pas à comprendre à quel point l’environnement joue un rôle important sur le développement d’un enfant, du coup nous continuons à entasser les nôtres dans les ghettos en Occident en espérant leur donner un meilleur avenir. Nous n’arrivons pas à comprendre que chaque chose a un prix et que ce n’est pas parce que tu ne connais pas le prix à payer qu’il n’existe pas.

Dans un monde où chaque peuple essaie d’être un grand maître à cette partie d’échecs qu’est la vie, nous sommes encore à nous demander pourquoi certaines cases de l’échiquier sont noires et d’autres blanches.


Douala 🇨🇲 

Phagocytés par des traditions qui ne sont pas les nôtres

J’ai passé ma journée à regarder les statuts. Surtout ceux de nos amis de la diaspora. J’ai vu des tables et des couverts façon hôtel 5 étoiles. J’ai vu des complets pyjamas blanc et rouge en veux-tu-en-voilà. J’ai vu des pulls de Noël par centaines. J’ai vu des bûches et des buffets gigantesques. J’ai vu des sapins de toutes les tailles. J’ai vu des cadeaux de tous les côtés. Je fredonne encore Merry Christmas tellement j’ai entendu du Mariah Carey.

Je me demande juste ce que l’Afrique serait si nous mettions autant d’énergie pour développer notre continent que nous en mettons à singer les cultures des autres. Je me pose juste la question. Parce que le déploiement d’énergie que j’ai vu aujourd’hui sur ces statuts dépasse largement ce que les premiers colons avaient espéré en mettant les pieds sur notre beau continent pour la première fois.

On ne disparaît pas quand on cesse d’exister. On disparaît quand on commence à remplacer ce qu’on a toujours fait par ce que l’autre a toujours fait. On se fait phagocyter. Comme un tour de magie, ça se passe en temps réel devant tes yeux. Juste que tu es distrait par autre chose.


Douala (quelques jours après le Ngondo) 🇨🇲 

Le plus beau cadeau : celui que tu offres au monde

Nous sommes la veille de Noël. Beaucoup d’entre vous vont déposer et récupérer des cadeaux sous le sapin demain matin. J’aimerais profiter de cette période de partage pour te rappeler que la meilleure chose que tu puisses faire sur cette Terre, c’est donner. Donner sans rien attendre en retour. Donner parce que ça te fait plaisir. Donner parce que c’est ça même la définition de l’amour. Donner parce que c’est le carburant de la vie sur Terre.

Tu te rappelles certainement que cette année, j’ai décidé de faire un don tout au long de l’année : partager gratuitement, sur une chaîne dédiée, un exercice physique par jour. Histoire de t’accompagner au quotidien dans l’entretien de ta santé. Je compte récidiver l’année prochaine. Cette fois-ci avec un autre don tout au long de l’année. Et toujours ouvert à tous. Je finalise encore les derniers détails mais tu en sauras plus très rapidement.

J’aimerais t’inviter à me rejoindre dans cette merveilleuse aventure. J’aimerais que tu prennes ces derniers jours de 2024 pour réfléchir à un cadeau que tu pourrais faire au monde en 2025. Nous avons tous quelque chose à offrir. Il suffit d’ouvrir nos cœurs. Ce que j’espère tu feras.

J’ai hâte de voir quel est le don que tu auras décidé de faire au monde en 2025.


Douala 🇨🇲 

Entre culture empruntée et identité effacée : Noël à l’africaine

Demain, c’est le 24 décembre. Et peut-être que toi aussi tu as déjà adopté cette tradition du réveillon de Noël. Avant de partager des photos de pyjamas de Noël sur les réseaux après ce réveillon, j’aimerais que tu te poses la question de savoir si tes ancêtres avaient vraiment la gueule de Vercingétorix, comme l’a rappé Youssoupha dans “Espérance de vie”.

C’est bien beau de s’intégrer, de faire nôtres les cultures des autres. Mais qu’en est-il des nôtres ? À force de vouloir ressembler aux autres, de singer leurs moindres faits et gestes, on finit par ne plus avoir de personnalité.


Douala 🇨🇲 

Éducation ou conditionnement ? Le poids des symboles sur nos enfants

Hier, je parlais de petites décisions anodines que nous prenons tous les jours, qui contribuent à maintenir l’Afrique dans cette situation que nous connaissons tous et qui pousse tout le monde à vouloir partir. Tu te demandes peut-être de quoi il s’agit.
C’était la remise de bulletins du premier trimestre pour la plupart des enfants de maternelle et du primaire cette semaine. Et comme à l’accoutumée, les écoles ont organisé des séries de spectacles pour l’occasion. Et comme d’habitude, le clou de la cérémonie, c’est le Père Noël. Le Père Noël qui remet les cadeaux aux enfants, le Père Noël qui danse pour la foule. Et qui dit Père Noël dit déguisement qui va avec. Les plus zélés vont même jusqu’à se mettre de la craie sur la peau pour une apparence blanche.

Quand on fait vivre ce genre d’expériences à nos enfants, dont le cerveau n’est qu’au début de son développement, on s’attend à quoi ? Quand on fait croire à nos enfants que c’est un vieux père blanc qui leur donne des cadeaux, quand on leur fait comprendre que pour s’amuser, c’est un vieux père blanc qui doit danser dans la foule, à quoi est-ce qu’on s’attend en réalité ? Pourquoi, quelques années plus tard, ces enfants n’auraient-ils pas l’impression que la vraie vie se passe chez les blancs ?

N’avons-nous vraiment aucune culture que nous pouvons utiliser pendant ces cérémonies ? Ne pouvons-nous pas utiliser ces occasions pour rappeler à nos enfants la mémoire de nos héros qui sont morts pour que nous puissions être libres et avoir une terre que nous appelons la nôtre ? Est-ce que dans les écoles en Asie, ce Père Noël a autant la côte ? Pourquoi ne pouvons-nous pas, une fois pour toutes, briser ces chaînes de l’esclavage ? Qu’est-ce que nos enfants ont fait pour que nous les y plongions à un si jeune âge ?

Mais bon, peut-être que c’est moi qui réfléchis encore trop. C’est sûr que nos génies de la diaspora ont une solution pour nous tirer d’affaire.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi Nous Ne Laissons Aucune Trace : Réflexion sur Nos Valeurs

Ce matin, pendant ma séance de sport, ma playlist a passé la chanson d’un pote à moi. Une très belle chanson. Ça m’a rappelé les bons moments. Je me suis empressé d’aller écouter tout l’EP dont est tiré l’album. Un EP juste magnifique. Le gars rappe dans un mélange de Medumba (langue Bagangté), de français et d’anglais. C’est tellement original et tellement camerounais.
Je t’aurais mis le lien vers Spotify, mais moi-même ça fait des années que je lui dis de réactualiser son compte artiste sur Spotify. Sa musique n’y est plus listée malheureusement. J’ai l'avantage d’avoir les fichiers dans mon téléphone que j’ai pu lier à mon compte Spotify.

Tchanou Bianda (si tu veux chercher sur YouTube) est un artiste vraiment talentueux. Moi qui suis un grand amateur de musique, je peux te dire qu’il a ce qu’il faut pour toucher les âmes de millions de personnes avec sa musique s’il s’y met à fond. Mais aujourd’hui, il est aux USA, en train de travailler en tant que DevOps dans l’informatique. Il se fait certainement BEAUCOUP plus d’argent qu’il ne se faisait avec sa musique.

Je connais un autre jeune dans la même situation. Un artiste que je trouve assez talentueux qui, aujourd’hui, travaille en France dans l’informatique où il se fait aussi beaucoup plus d’argent qu’il ne l’aurait jamais imaginé. Il s’agit de 3soro. Je me rappelle, il y a 5 ou 6 ans, il a pris son train pour venir me voir à Chambéry pour que je lui donne des conseils sur la suite de son aventure entre l’Italie et la France. Je lui ai dit qu’il avait quelque chose de spécial comme artiste. Qu’il fallait continuer de l’explorer. Que le chemin allait sûrement être plus long et plus difficile. Que les chances d’atteindre le sommet seraient minces, mais que c’est le vrai challenge auquel il devait se mesurer. Mais bon, je suppose que les conseils des parents et des amis sont aussi passés par là.

Sa musique est encore disponible sur Spotify. Je te laisse écouter une de ses chansons que je continue d’aimer jusqu’à aujourd’hui.

Tu me diras certainement qu’ils ont fait le bon choix. Aujourd’hui, ils ne sont pas à plaindre. Et contrairement à moi, ils ne réfléchissent pas à ce qu’ils vont manger demain. Et c’est exactement le problème que nous avons en Afrique. L’argent est le critère absolu et souvent le seul critère dans nos prises de décisions. Nous sommes tellement aveuglés par une vie meilleure que nous oublions que la plupart des personnes qui ont la vie après laquelle nous courons l'ont obtenue en suivant leur cœur.

L’Occident, qui est devenu notre paradis sur Terre, ne s’est pas développé parce que ses habitants couraient après l’argent. L’objectif de Thomas Edison n'a jamais été de créer la plus grande entreprise du monde. Il était d’abord un inventeur qui aimait ça. Il l’aurait fait avec ou sans succès. Elon Musk, qui est aujourd’hui l’homme le plus riche au monde, ne l’a pas vraiment calculé. Il a juste suivi son cœur et ça l’a mené au sommet du monde.

Le temps que j’ai passé en Occident m’a fait comprendre le sens du mot passion. La plupart des gens y font d’abord les choses avec le cœur. Et ça se voit sur leurs réalisations. Ils réussissent à avoir autant d'impact sur leur environnement parce qu’ils y mettent du cœur. Même quand ils veulent gagner beaucoup d'argent, ils décident de le faire dans leur discipline de cœur.

Contrairement à nous, qui sommes obnubilés par l’argent. Il n’y a qu’à voir les études que nous faisons, que ce soit au pays ou à l’étranger. Ça n'a souvent jamais rien à voir avec nos passions ou les besoins du pays. Ce sont les études ayant de meilleurs débouchés financiers. Et on s'étonne que malgré nos gros diplômes, nous n'arrivons jamais à laisser de trace dans nos différents domaines.

Nous avons complètement oublié le côté communautaire de la société. Chacun ne pense qu’à lui. Tout le monde veut être docteur, ingénieur et s’attend à écouter de la musique quand il allume son poste radio. Et personne ne se demande ce qui se serait passé si tous ces artistes qui ont composé les musiques que nous aimons tant avaient, eux aussi, décidé de courir après l’argent au lieu de se donner à fond à leurs passions.

Je sais que quand je pointe du doigt la lune, les gens ont toujours tendance à se focaliser sur mon doigt. Je ne dis pas que nous devrions forcément tous suivre nos passions même si elles ne mènent nulle part. Je ne suis pas en train de dire que l'argent n’est pas important ou qu’on ne devrait pas chercher à en gagner plus que son voisin. Non ! Tout ce que je dis, c’est que quand tout un peuple oublie tout ce qui est important et prend toutes ses décisions en ne se basant que sur l’argent, il y a un gros problème.

Et c’est ce problème que nous voyons actuellement au Cameroun. Où les gens convertissent leurs salaires en dollars ou en euros et estiment qu'ils devraient partir. Où les gens ne considèrent pas un travail si l’employeur n'est pas une multinationale. Où la diaspora passe son temps à construire des meublés en disant qu'ils investissent. Où les gens achètent des hectares de terrain qui resteront inexploités pendant des dizaines d’années alors que nous avons un besoin criant de machines pour développer notre industrie. Où les fonctionnaires, pour se mesurer aux hommes d'affaires, n’hésitent pas à détourner des milliards. Où un employé est prêt à abandonner un poste s'il n'y a aucun moyen de voler. Ce qu’ils appellent souvent les avantages de service.

On se demande souvent quel est le problème de l’Afrique sans se rendre compte qu'il se trouve dans nos petites décisions de tous les jours. Dans les nouvelles valeurs que nous avons décidé de suivre sans en comprendre le sens.


Douala 🇨🇲

L’hypocrisie de ceux qui critiquent un système qu’ils exploitent

Aujourd’hui, j’étais à Bonamoussadi, au carrefour de la mairie. Je voulais faire des photocopies. Et je suis allé dans une des librairies-papeteries qui jonchent la route en allant vers fin goudron. Si tu connais l’endroit, tu sais qu’on est à une des entrées de Denver, l'un des quartiers avec les plus hauts revenus de la ville.

Pendant que j’attendais ma photocopie, dans cette librairie qui est l’équivalent de 2 containers de 20 pieds mis ensemble, en tapant mes commentaires avec Flavien, je constate une chose. Comme le demande la loi, la fiche de paiement des impôts est affichée à l’entrée. Et tu me connais, je suis très curieux.

Je me mets donc à lire cette fiche et je me rends compte que ce commerce paie un impôt annuel de 176.000 FCFA. Je connais très bien ce montant. C’est le montant que moi-même je paie avec un de mes établissements, c’est un impôt libératoire. Tu vas te dire, rien de plus normal, un citoyen honnête. Sauf que, j’ai travaillé 3 ans dans le secteur de la librairie-papeterie et je sais un peu ce que c’est comme business.

Une librairie comme celle-là, en plein Bonamoussadi, juste en face de Denver, est capable de générer un chiffre d’affaires annuel compris entre 80 et 100 millions. Mais les gars sont tranquillement enregistrés sous le régime d’établissement et paient un impôt de 176.000 FCFA. Je te laisse faire le calcul de ce que ça représente sur le chiffre d’affaires.

Des business comme ça au Cameroun, il y en a des milliers. Ils sont nombreux au marché Mboppi à faire des chiffres d’affaires de 500 millions par an sous le régime de l’établissement. D’ailleurs, dernièrement, quand je traversais La Douche à Akwa, le nouveau China Town de la ville, je voyais tous ces magasins chinois fièrement arborer leurs noms, Ets Lee, Ets Xinji et j’en passe. Je pense n’avoir vu qu’un seul qui était constitué en SARL.

Peut-être pour toi, tout ça c’est du charabia. Mais c’est très important pour moi. Nous nous plaignons tous les jours que les choses vont mal. Mais ce sont encore nous qui conseillons les étrangers de venir ouvrir des commerces qui font le milliard de chiffre d’affaires sous le régime d’établissement pour ne payer que l’impôt libératoire. Parce que ces boutiques chinoises, oui, sont capables de faire le milliard de chiffre d’affaires annuel.

Mais bon, laissons même les Chinois tranquilles. Ils jouent juste notre jeu. Ce qui me choque le plus, c’est que le propriétaire de cette librairie est certainement une personne très riche qui a envoyé tous ses enfants étudier à l’étranger. Et ce sont ces mêmes connards qui nous chantaient dans les oreilles tous les jours que les impôts peuvent tuer quelqu’un au Cameroun. C’est avec une partie de l’argent des impôts détournés que leurs parents ont pu payer leurs écoles en Occident et aujourd’hui ils osent nous dire que le pays tue les jeunes et n’offre pas d’opportunités.

Toi qui souris, ne te sentant pas concerné parce que tes parents n’étaient pas commerçants mais fonctionnaires. N’oublie pas que nous savons tous quels sont les salaires officiels des fonctionnaires au Cameroun. Et que la plupart de ces salaires ne peuvent pas payer des études à l’étranger. Ne te réjouis pas trop, on ne t’a pas oublié.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi l'Afrique a besoin de vrais bâtisseurs, pas de consommateurs

Je pense qu’ouvrir ce débat sur l’immigration et la diaspora africaine (la camerounaise, en particulier) était une très bonne idée. Certains membres de cette diaspora, en voulant se défendre, prouvent mon point tous les jours : mon argument selon lequel cette diaspora est loin d’être aussi brillante qu’elle le laisse entendre. Elle a de gros diplômes, elle sait être un bon automate, ça c’est sûr. Mais quand il s’agit de réfléchir, de faire preuve de réflexion critique, elle est aussi nulle qu’un robot qui essaie de danser le mbolé.

Je pourrais te faire un morceau choisi de raisonnements absurdes que j’ai déjà entendus venant de cette diaspora. Peut-être que je le ferai plus tard d’ailleurs. Note to myself. Aujourd’hui, je vais juste te raconter la dernière des histoires que j’ai reçues. Ce n’est pas la première fois que je reçois une version ou une autre de cette histoire. Mais je me suis dit qu’il était temps que je la partage avec toi.

Un diaspoRIEN qui explique comment son pote, qui est un génie des télécoms, après avoir passé son diplôme d’ingénieur au Cameroun, ne trouvait pas de travail. Faute d’avoir envoyé des centaines de CV. Ce dernier a finalement immigré en France où il a trouvé un salaire et maintenant il peut manger à sa faim et payer la scolarité de ses frères et sœurs.

Oui, c’est une histoire que toi aussi tu as déjà entendue certainement des dizaines de fois. Peut-être que toi-même tu l'as déjà racontée plusieurs fois. Mais avant de te demander pourquoi je la trouve absurde, je te demande de prendre quelques secondes et d’essayer de réfléchir. De te poser les bonnes questions. De faire un essai de réflexion critique. Je t’attends…

Ça y est ? Ok, allons-y !

Déjà, si tu es un génie tout court, pourquoi étudier les télécoms si tu sais qu’il n’y a pas de débouchés dans ton pays ? Et si tu es un vrai génie, même s’il n’y avait qu'une place dans le milieu des télécoms, elle te serait réservée. À moins que tu ne nous sortes une autre version d’histoire selon laquelle, pour être recruté, il faut se compromettre. Et si c'est le cas, tu es en train de dire que tous ceux qui travaillent dans ce domaine se sont compromis. Un peu facile, tu ne trouves pas ?

Un génie, c’est quelqu’un qui met son intelligence au service des autres. Un automate, c’est quelqu’un qui met la compétence qu'on lui a apprise au service de son maître. Le génie saura lire son environnement et savoir quoi faire. L'automate ne saura rien faire d'autre si personne n’a besoin de la compétence pour laquelle il a été formé.

Un génie trouvera un moyen de tirer son épingle du jeu, quel que soit le terrain de jeu. Il n’a pas besoin de circonstances particulières pour briller. Que ce soit sur terre battue ou sur gazon, il reste un génie. Certes, il sera plus confortable sur certains terrains que d’autres, mais quel que soit le terrain, il fera toujours partie du top.

Le génie des télécoms, c’est celui qui, en France, a réussi à vulgariser les télécoms au point où ils soient obligés de chercher la main-d’œuvre hors de leurs frontières. Ce n'est en aucun cas celui qui, dans son pays, n'a même pas pu trouver une place sur le petit marché local et qui a dû aller être un automate ailleurs.

Je suis fatigué d’entendre parler des génies quand il s’agit de la diaspora africaine. Combien d’entre eux, en Occident, ont créé des entreprises qui font des centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires ? Combien d’entre eux sont les fondateurs de licornes (Startups valorisées à plus d’un milliard de dollars) ? Combien d'entre eux sont des leaders incontestés dans leurs nouvelles communautés ? N’hésite pas à m’envoyer les noms. Tout ce qu’ils savent faire c’est de venir construire des meublés en Afrique.

Les Tidjane Thiam et consorts ne sont que des bons automates. Non seulement ils n’ont pas ce qu’il faut pour créer des boîtes à la taille de Crédit Suisse, mais en plus ils n'ont même pas ce qu’il faut pour être les vrais actionnaires de ces entreprises.

Elon Musk est un génie. Parti de l’Afrique du Sud, il a su s’asseoir sur le toit du monde en devenant l’homme le plus riche que la Terre n’ait jamais connu, grâce à ses entreprises tout aussi innovantes les unes que les autres. Aller aux États-Unis l’a certainement aidé à atteindre ce statut. Mais même s’il était resté en Afrique du Sud, on aurait entendu parler de lui. Il n’y a qu’à voir ce qu’il a réussi à y faire étant gamin.

Toi, tu es là, dans un pays comme le Cameroun où des personnes qui ne sont pas allées à l’école deviennent milliardaires, tu n’arrives pas à tirer ton épingle du jeu avec un diplôme d'ingénieur en télécoms. Et tes amis t’appellent génie, tu laisses. Je sens qu’on va commencer à taper vos bouches ici dehors.

L’Afrique, le Cameroun, est là où la plupart des pays développés étaient il y a quelques dizaines d’années. Nous avons besoin de travailleurs, de personnes intelligentes, de producteurs, de vrais génies, exactement comme ceux qui ont construit ces pays pour lesquels les membres de la diaspora se sont transformés en mendiants de passeport. Nous n’avons nullement besoin de consommateurs, pleurnichards et automates qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.

Donc de grâce, laissez-nous en paix ! Ici, on travaille.


Douala 🇨🇲 

L’Afrique a-t-elle vraiment besoin de tous ses enfants pour réussir ?

Ça fait un moment que je parle de plus en plus du fléau qu’est l’immigration pour l’Afrique. Au début, les gens me regardaient du coin de l’œil, comme pour dire : "Il va bientôt se fatiguer." Mais avec le temps, ces mêmes personnes se sont rendues compte que j'étais très sérieux sur le sujet et qu’au lieu de me fatiguer, je montais de plus en plus en fréquence. Du coup, comme c’est un sujet qui touche un peu tout le monde — ceux qui sont déjà partis, ceux qui attendent leur tour pour partir, et ceux qui préparent leurs enfants à partir —, je commence à recevoir des flèches de partout.

Ce que très peu de personnes savent, c’est que c’est un sujet sur lequel je travaille activement depuis plus de 10 ans déjà. Ce que beaucoup ignorent, c’est que je ne suis encore qu'au début de ce combat. Certaines vérités sont encore très difficiles à encaisser pour certaines âmes sensibles, du coup je les réserve pour plus tard. Certains pensent que c’est une histoire personnelle, alors que je n’en ai complètement rien à faire de leurs vies.

Cette semaine, j'ai entendu à plusieurs reprises une version de l’argument selon lequel l’Afrique aurait besoin de tous ses enfants pour réussir. Une assertion contre laquelle il est difficile de se positionner. Mais la plupart des personnes qui le disent partent du principe que tous les enfants de l’Afrique ont encore ce qu’il faut pour défendre ses intérêts. Pourtant, il est parfois préférable de réaliser un projet avec trois personnes sur la même longueur d’onde qu’avec une centaine où il faudrait des mois juste pour s’accorder sur l’heure de début.

Beaucoup de personnes de la diaspora pensent que j'ai un problème avec elles. Ce qu’elles ne comprennent pas, c’est qu’elles représentent exactement le plus grand frein actuel au développement du continent. Avec le temps, j’expliquerai beaucoup plus en détail comment le virus de l’immigration est en train de faire beaucoup plus de mal à l’Afrique que ne l'ont fait l’esclavage et la colonisation réunis. J’espère juste que mes occupations me permettront de le faire assez vite.

En attendant, ne m’insulte pas seulement dans ton cœur. Abonne-toi à ma chaîne WhatsApp [Lien] et partage ces textes dans ton entourage. S’il y a un débat auquel nous ne devons pas nous dérober, c’est bien celui-ci. Il en va de la survie du continent tel que nous le connaissons.


Douala 🇨🇲