De l’inaction à l’Injustice : Pourquoi nous devons tous agir

“Souvent, l'injustice réside dans ce que nous ne faisons pas, pas seulement dans ce que nous faisons.” - Marc Aurèle

J’aime beaucoup cette phrase de Marc Aurèle qui nous encourage à une vie active et vertueuse dans laquelle chacun devrait assumer ses responsabilités envers la société et agir pour le bien commun. Elle rejoint à la perfection une phrase souvent attribuée à Edmund Burke qui dit: "Tout ce dont le mal a besoin pour triompher, c'est que les hommes de bien ne fassent rien.”

Aujourd’hui j’aimerais juste te rappeler que si tu n’es pas en train de contribuer activement à la solution, à combattre le mal, tu es forcément du camp de ceux qui le perpétuent. Car nous avons souvent l’habitude de penser que cela ne nous regarde pas tant que nous ne sommes pas directement touchés ou que nous réussissons à tirer notre épingle du jeu.

Comme j’ai l’habitude de rappeler à ma maman, j’avais réussi à me sortir de ce merdier dans lequel j’ai grandi. J’aurais pu me faire une meilleure vie au soleil (enfin, avec beaucoup de neige aussi). Mais si mes actes ne contribuent pas à réparer la situation dans laquelle j’ai grandi, en quoi suis-je différent de toutes ces personnes qui nous ont plongé dans cette situation et qui entretiennent la misère de tant de peuples. Si je suis revenu c’est parce que ma place est ici, près de mon peuple, à me battre avec eux pour qu’ensemble nous mettions fin à l’injustice et espérons un avenir meilleur pour les futures générations. Peut-être que je ne gagnerais rien à le faire, peut-être que je mourrais sur le champ de bataille, mais au moins j’aurais contribué à entretenir la chaîne de l’espoir. L’espoir que le bien peut triompher du mal. Et surtout je n’aurais pas, par mon inaction, contribué à grossir les rangs du mal.

Tout ceci me fait penser à un célèbre poème de Martin Niemöller, pasteur protestant et opposant au régime nazi:

Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, Je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs, Je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, Je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher, Et il ne restait plus personne pour protester.

Aujourd’hui tu ne dis rien parce que le mal ne te touche pas, parce que tu en bénéficies même peut-être. Mais j’aimerais que tu saches qu’il ne se rassasie pas. Et qu’il se tournera bientôt vers toi quand il n’aura plus rien à manger.

Tu as décidé de faire partir toute ta famille en Occident au lieu de te battre contre le mal qui nous empêche de nous épanouir ici en Afrique?

Tu as décidé de prendre ton passeport bordeaux au lieu de te battre pour que ton passeport ndolè nous donne à tous ces mêmes avantages?

Tu as décidé de boire du champagne avec quelques amis à toi en lieu et place de l’eau potable pour tous?

Tu as décidé de gagner 5 millions de dollars par an au lieu de soigner le maximum de personnes dans ton peuple, y compris tes parents?

Tu as décidé de te taire devant toutes ces injustices quand bien même tu as le pouvoir de faire avancer les choses?

Félicitations! Le mal n’aurait pas trouvé meilleur ambassadeur. Mais sache qu’un jour, il viendra pour toi où que tu sois. Et il n’y aura plus personne pour protester.


Douala 🇨🇲 

L'IA à portée de main avec Meta AI sur WhatsApp

Tu sais qu’un de mes combats avec mes textes est d’inciter le maximum d’entre nous à s’intéresser aux outils qui pourraient nous aider à rattraper notre retard en terme de développement. Et aujourd’hui, l’Intelligence Artificielle (IA) me semble être un outil avec lequel nous devons à tout prix nous familiariser.

Aujourd’hui j’aimerais te parler de Meta AI. Je ne sais pas si tu as la dernière version de WhatsApp installée sur ton téléphone, mais Meta (Facebook) y est en train de déployer sa propre IA. Directement sur WhatsApp. Pas besoin d’installer une application, de créer un compte ou de payer un abonnement quelconque. C’est juste là, dans l’application où tu passes certainement déjà la plupart de ton temps sur ton téléphone.

Je t’invite à en profiter pour lui poser tout un tas de questions. De lui demander de te faire un curriculum personnalisé pour t’aider à acquérir une nouvelle aptitude. Tu peux t’en servir comme ton assistant personnel ou ton professeur particulier. Tu n’as plus aucune raison de ne plus avoir au moins une vague idée sur un sujet quelconque, plus aucune raison d’envoyer des messages truffés de fautes. Tu ne sais pas comment te débarrasser de ces souris chez toi, quoi faire pour calmer le petit dernier qui n’arrive pas à dormir, c’est le moment de mettre Meta AI à contribution.

Pin la conversation avec Meta AI tout en haut et impose-toi une routine de lui poser au moins une question par jour. Il y a encore tellement de choses qu’il ne pourra pas faire, mais rien ne t’empêche de découvrir ses limites et pourquoi pas avoir de nouvelles idées de business.

Il y a quelques jours, j’ai fait un texte où je te disais de faire confiance à la vie car on ne peut pas prédire le futur avec exactitude. Facebook en rachetant WhatsApp ne pouvait pas prévoir tout ceci. Il ne pouvait pas prévoir qu’une dizaine d’années plus tard, cette petite application lui permettrait en un seul clic de mettre son IA sur plus d’un milliard de smartphones à travers le monde. Ce que ses concurrents, qui se sont lancés dans la course bien avant lui, ont fait en dépensant une fortune. Pour ne même pas atteindre le même résultat pour la plupart.

Bref, je te laisse aller jouer avec ton nouveau joujou.


Douala 🇨🇲 

Africa en musica

“Sans musique, la vie serait une erreur.” - Friedrich Nietzsche

Nous sommes à plus de 100 textes déjà et je ne t’ai jamais parlé d’une partie très importante de ma vie, la musique. Avant d’aller plus loin, il va falloir que je me présente de nouveau.

Je suis Ronel Kouakep, père, philomathe et entrepreneur. Et sans la musique, je ne serais rien de tout ça. Je suis un très grand fan de musique. Une chose que j’ai remarqué que partagent les personnes engagées. Je me considère comme un mécène et je travaille d’ailleurs sur un projet afin de démocratiser le mécénat dans la musique, c’est te dire. Je ne compte pas le nombre d’enceintes et de casques que j’ai chez moi. Et j’écoute de la musique quasiment tous les jours. Surtout les jours où ça va mal. Les autres se tournent vers leurs dieux, moi je me tourne vers des sons mélodieux.

De temps en temps, j’aimerais partager avec toi si tu le permets, ma passion pour la musique. Des morceaux que j’aime, des sons qui m’ont marqué, mes musiciens préférés.

Nous allons commencer aujourd’hui par un son qui est dans mon Panthéon Musical (une liste de mes morceaux préférés de tous les temps). Il est en effet le 3e sur la liste et il tient une place spéciale dans mon cœur. Surtout depuis que je me suis donné corps et âme dans mon combat pour une meilleure Afrique (et que je me mets à dos la diaspora inutile et nuisible).

C’est un son qui vient du Gabon. Je l’ai découvert quand j’y vivais il y a plus de 15 ans aujourd’hui. À cette époque, Internet n’était pas encore aussi efficient qu’aujourd’hui. Surtout chez nous en Afrique. Une fois arrivé en Occident, j’ai eu un mal de chien à le retrouver. Pendant plus d’une décennie je l’ai cherché en vain. Je ne te dis donc pas quelle était ma joie quand j’ai enfin pu le trouver sur Spotify il y a 2 ans. Je l’ai écouté en boucle pendant une semaine au moins. Il s’agit de “Africa” de Hermy Mabila. Eh oui, on ne se réinvente pas.

Je t’invite à prendre quelques minutes pour l’écouter et me donner ton avis plus tard. Entre la mélodie, les paroles, le rythme et les références aux ambiances de chez nous, il y a tout pour nous rappeler à quel point l’Afrique est belle et que nous devrions nous battre pour elle.


Douala 🎶 🇨🇲 🌍 

La Guerre des Cultures : Un Combat pour la Survie de Notre Identité

Ce qui fait de nous ce que nous sommes, c'est notre culture. Et si cette dernière meurt, il ne nous reste plus rien. Pis, nous cessons d'exister. Comme je dis souvent, la plus grande guerre qui se fait dans le monde, c'est la guerre des cultures. Tout le reste n'est que diversion. Dans 100 ans, nous ne serons certainement plus là toi et moi. Notre meilleur moyen de continuer à exister, c'est qu'il y ait encore des personnes comme toi et moi. S'il n'y en a plus, nous aurons disparu ou bien nous nous serons transformés en quelque chose d'autre. Ce quelque chose d'autre ne sera plus nous dans tous les cas. Et ce qui nous définit, plus que notre couleur de peau, ce sont nos us et coutumes. Notre culture!

Prenons l'exemple d'un Afro-Américain. Est-il noir ou blanc? Clairement il n'est pas blanc. Il n'a jamais vraiment pu s'intégrer et/ou été accepté. Mais est-il noir? Que lui reste-t-il de noir à part sa couleur de peau? Connaît-il un seul plat africain? Une seule coutume africaine? Que lui reste-t-il vraiment de noir? Pas grand-chose. Sans culture africaine, il n'est plus vraiment africain. Sans colle forte pour le relier à une vraie communauté, il n'ira pas bien loin. Les jeux sont jetés pour lui, il a perdu la guerre. Quand je pense que la plupart des Africains aujourd'hui plongent de leur propre gré dans ce piège, je me demande ce qui n'a pas marché.

Tu me diras peut-être que ce n’est pas plus mal. Que c’est la loi naturelle de l’évolution. Oui, mais il ne faut pas confondre une évolution et une mutation. Quand tu évolues, tu restes le même, souvent avec de meilleures caractéristiques. Quand il y a mutation, il y a création d’une nouvelle espèce. Et nous savons aujourd’hui que la loi universelle que suivent tous les êtres vivants est celle de la survie de l’espèce. Et pour qu’une espèce survive, il faut qu’elle se nourrisse et surtout qu’elle se reproduise. Et deux chiens n’ont aucun intérêt à mettre au monde un chat, car l’espèce des chiens s’arrêterait à eux.

Nous avons intérêt à faire des êtres qui nous ressemblent si nous ne voulons pas disparaître. Certains peuples l’ont compris et d’autres pas. Ceux qui ne l’ont pas compris en ont payé le prix fort.

Il est important en tant qu’Africains que nous comprenions ça. Que nous nous organisions pour ne pas disparaître. Pour ne pas créer une espèce qui à la longue sera tout en bas de l’échelle sociale. Il est important que nous décidions la voie que nous voulons emprunter en tant que peuple si nous ne voulons pas finir comme des chiens de maison ou tout simplement hors du décor.

Je sais que pour toi, tout ça semble impossible sinon très loin dans le temps. Mais n’oublie pas qu’un millier d’années est une goutte d’eau dans l’océan qu’est la vie sur Terre. Si tu te dis de l’espèce intelligente, il est de ton devoir de t’assurer que des comme toi, il y en ait toujours dans 1000 ans, voire 10.000 ans.


Douala 🇨🇲 

La véritable valeur du travail : Ce que l'argent ne peut pas acheter

Aujourd’hui, je suis allé aider une amie à mettre sur pied un programme de vente en DTC (Direct-To-Consumer) pour son produit. Le but étant que ce programme permette d’ici la fin d’année à lui seul de remplacer tous les objectifs de vente fixés pour tous ces autres canaux de distribution actuels.

Et à la fin, il a fallu que je briefe un peu la personne qui allait s’en occuper dans son entreprise. Et comme pour la plupart des personnes que je rencontre au Cameroun, c’était une jeune, 24 ans. Il n’y a vraiment que des enfants dans ce pays. Quand je pense que leurs grands-frères les ont abandonnés à leur sort ici pour aller jouer aux beaux en Occident, j’en ai les larmes aux yeux. Mais bon, ce n’est pas le sujet du jour.

Pendant que je lui expliquais le programme, la stratégie que j’avais mise en place pour booster les ventes et attirer naturellement de nouveaux prospects, j’ai vu une lueur dans ses yeux. Pas à cause de mes beaux yeux, mais parce que là, elle était en train d’apprendre quelque chose de vraiment intéressant. Quelque chose qu’elle n’avait certainement jamais entendu ailleurs.

À la fin de mon speech, j’en ai profité pour lui donner quelques conseils. Toi-même tu sais que je ne rate jamais une occasion. Surtout quand il s’agit des jeunes du pays. Je lui ai dit une chose que je dis de plus en plus aux jeunes depuis un certain temps. Un conseil que je me suis appliqué à moi-même depuis des décennies.

À tout le monde, je ne conseille jamais de choisir un travail pour le salaire, la quantité d’argent que ça paie. Mais d’abord pour la quantité de choses que tu pourrais y apprendre. Pour toutes les choses intangibles que tu pourrais y gagner, les connaissances, les relations, la reconnaissance. L’argent ne devrait venir qu’en dernière position.

Tu peux avoir un travail qui paie 1 million de FCFA par mois et chaque mois après ta paie, tout cet argent est dépensé en 2 jours. Soit parce qu’on t’aurait agressé, soit parce que tu l’aurais perdu, soit parce que tu l’aurais investi dans l’alcool, soit parce qu’un membre de ta famille aurait eu un accident ou pour toute autre raison. Si la seule raison pour laquelle tu avais accepté ce travail c’était ton salaire, à la fin du mois il ne te resterait plus rien.

Si par contre, chaque mois tu apprends quelque chose d’important, qui a de la valeur. Si chaque mois, tu te fais une nouvelle relation importante. Même si l’argent n’y est pas, tu auras gagné quelque chose qu’on ne pourra jamais t’enlever. Quelque chose qui sera à toi pour toujours et sur lequel tu pourras capitaliser indéfiniment.

On se demande souvent pourquoi les gars de la diaspora ne rentrent pas. Et moi, je dis qu’une des raisons, c’est leur incompétence. Beaucoup ne savent rien faire. Ils ont passé leur temps à courir derrière les salaires “minables” en Occident. Que s’ils reviennent ici, sans argent ils ne sont rien, ils sont vides. Si au lieu de vouloir travailler chez Google dans l’état actuel et toucher un gros chèque sans rien faire de particulier, ils avaient plutôt travaillé dans le futur Google pour un salaire moins important, ils auraient appris tellement plus de choses qui auraient eu de la valeur ici. Mais à part organiser des réunions sur Zoom et faire des Powerpoint et fichiers Excel, ils ne savent plus rien faire.

Ils te diront que le gouvernement nous empêche de faire ci ou ça, ils te diront que l’écosystème est défectueux. Mais est-ce qu’Henry Ford ou Thomas Edison en ont eu besoin pour créer les empires que sont devenus Ford Motors ou General Electric ? Ils avaient juste de la compétence, de l’expérience, de l’expertise et zéro diplômes. Ils savaient que la vraie valeur se trouve dans les choses qui ne perdent jamais de valeur. Non dans de l’argent que quelqu’un d’autre peut dévaluer pendant que c’est dans tes mains.

Aujourd’hui, en une heure, Audrey a appris quelque chose qui avait certainement plus de valeur que tout ce qu’elle a pu apprendre en une année d’université. Avec un peu d’ouverture d’esprit, elle peut énormément capitaliser uniquement sur cette nouvelle connaissance. J’espère qu’elle en saura faire bon usage et surtout en demander plus.

Ça fait partie des raisons pour lesquelles je suis ici. Transmettre mon savoir, former la prochaine génération, entretenir la chaîne de l’espoir. Je n’ai peut-être pas d’argent, ne roule peut-être pas dans une grosse voiture, mais je n’ai aucun doute quant à ma valeur et à tout ce que je pourrais en faire.


Douala 🇨🇲 

L'importance de préserver sa routine de sommeil

Je sors d’une semaine assez difficile. Il y a tellement de choses à faire. Tu essaies d’être une bonne personne dans tous les aspects de ta vie : un bon citoyen, un bon père, un bon fils, un bon partenaire, un bon manager, un bon associé. Mais ce n’est pas toujours facile.

Et souvent, quand tu te sens submergé comme c’est le cas en ce moment pour moi, tu commences à prendre de mauvaises décisions. La première et la pire de toutes étant de faire une entorse à ta routine de sommeil.

Et tout d’un coup, tu rentres dans une plus grande spirale où tu es moins bon que tu ne l’étais avant sur tous ces aspects. Tu deviens un moins bon citoyen, un moins bon père, un moins bon fils, un moins bon partenaire, un moins bon manager, un moins bon associé. Et tu commences à perdre toutes ces petites victoires que tu commençais à accumuler. Les victoires sur le contrôle de soi, sur la discipline, sur ton alimentation, sur ta santé, sur ta routine sportive et même les victoires sur tes routines de tous les jours.

Comme je te le disais, la semaine n’a pas été facile. Et je ne l’ai pas améliorée en perturbant ma routine de sommeil.

S’il y a un conseil que je peux te donner, quel que soit le problème auquel tu fais face. Quel qu’il en soit! S’il n’y a qu’une seule solution que tu peux essayer ou implémenter, ce serait de réorganiser ta routine de sommeil. Essaie de dormir au moins 7h par jour, 8h si c’est possible. Couche-toi tous les jours avant 22h et fais-en ta priorité absolue.

Si tu ne fais que ça, tu verras ton problème s’améliorer. Que ce soit un problème d’argent, un problème physique ou un problème émotionnel. Tu verras un début d’amélioration en réparant ta routine de sommeil.

Par contre, ça marche aussi dans l’autre sens. Ne pas avoir une bonne routine de sommeil, c’est comme conduire avec le frein à main levé. Tu devras fournir beaucoup plus d’efforts dans tout ce que tu feras.

Aujourd’hui, je voulais te parler d’autre chose. Mais si jusqu’à cette heure de la journée je ne l’avais pas encore fait et que mes idées n’étaient pas encore claires, c’est parce que j’ai fait le con avec ma routine de sommeil cette semaine. Et autant mieux t’en parler, si ça peut t’éviter de continuer de faire les mêmes erreurs que moi.

J’espère qu’on aura l’occasion de parler plus en profondeur du sommeil dans un autre texte.


Douala 🇨🇲

Les pluies des 9 jours et les Biantou

Il faut croire que cette affaire des pluies des 9 jours va en faire couler de l’encre. Bon, c’est plus de l’encre digitale, mais tu vois ce que je veux dire.

Avant-hier, j’ai commencé à te parler des pluies des 9 jours et de la découverte que c’était pour moi. Hier, mon texte portait sur le même sujet. Aujourd’hui, nous allons aller un peu plus loin.

J’avais une réunion de travail avec maman cet après-midi et je lui ai parlé de ma découverte. Je lui ai demandé si elle en avait déjà entendu parler.

Avant d’aller plus loin, je voudrais que tu saches que ma maman fait partie des personnes que je connais avec une humilité intellectuelle très forte. Elle connaît un tas de trucs mais il faut aller les chercher en elle. Elle viendra rarement te parler d’un sujet si l’occasion ne se présente pas. Mais des fois quand tu lui poses une question, elle se lance dans une histoire tellement intéressante que tu te demandes comment ça se fait qu’elle ne te l’ait jamais racontée plus tôt. Et si tu es un fan de savoir et d’anecdotes comme moi, ces histoires sont capables de t’arracher une larme. Je me demande comment j’ai pu vivre près de 15 ans aussi loin d’elle. Les années de ma vie avec le plus fort potentiel d’apprentissage. Bref, on va essayer de se rattraper du mieux qu’on peut.

Alors, par rapport aux pluies, elle m’a dit que c’était vrai, m’a confirmé le nombre de jours, 9 et non 7. Que ça arrivait chaque année. Et qu’à la fin, ces crevettes dont je te parlais hier sortaient de l’eau. Elle m’a rappelé leurs noms (en langue locale), “les Biantou”. Je vais faire des recherches sur l’orthographe exacte plus tard. Elle était tellement éloquente sur le sujet au point où je me suis demandé comment j’ai pu passer à côté de ça durant toutes ces années.

Je lui ai demandé si on en trouverait donc sur les marchés la semaine prochaine. Elle m’a répondu que certainement. Et que souvent ils en vendent même à côté du pont, le pont du Wouri. Je lui ai demandé si elle en avait déjà mangé et elle m’a répondu que non. Apparemment, il y a plus de 40 ans quand elle travaillait dans un cabinet d’avocats, une de ses collègues Douala avait ramené ça après les pluies justement. Ça ne présentait tellement pas bien que ça l’a dégoûtée et elle n’a jamais essayé. Bon, à ce niveau, il faut que je précise que ma mère est une excellente cuisinière. Et tout comme moi, elle a le palais très capricieux.

Ensuite, elle m’a dit que c’était un poisson de la sorcellerie des Douala. Ah, il ne fallait pas. L’héritage colonial avait pris le dessus dans son argumentaire. Je lui ai dit que c’était dommage de dire et même de penser ça. C’était à mon tour de lui faire la leçon. Et contrairement à elle, quand je connais quelque chose, ça sort vite. Je n’attends pas la permission.

Je lui ai dit que c’est avec ce genre de petites remarques que les colons ont réussi à nous diviser, à nous monter les uns contre les autres. Je lui ai dit que la plupart du temps je vois des noirs dénigrer des plats d’une autre tribu mais presque jamais des plats importés. Je lui ai rappelé l’histoire du Taro, “Achu” pour les connaisseurs, qui n’était mangé avant presque exclusivement que par les Anglophones et les Bamilékés. Je lui ai dit comment la plupart de mes amis qui étaient d’autres tribus parlaient de ce plat avec mépris. Mais aujourd’hui il est devenu un plat national, presqu’au même titre que le Ndolè. Certainement aidé par la crise anglophone qui a vu converger vers la zone francophone la plupart des habitants de la classe moyenne supérieure de la zone anglophone. Et comme tout le monde veut faire comme les riches, le Taro a directement pris de la valeur. Bon après, ça c’est mon analyse.

Néanmoins, je lui ai rappelé que si les Biantou sont chez les Douala, c’est que c’est chez nous, c’est au Cameroun. Et qu’au lieu de les regarder à distance, nous devrions les embrasser. Et si la recette que les Douala proposent n’est pas appétissante, nous pourrions l’améliorer. Histoire de mettre en valeur notre pays.

En tout cas, la semaine prochaine je mange des Biantou. Bon ou pas, je me dois de les goûter. Ça ne peut pas être pire que des mollusques vivants (huîtres) ou des œufs de poisson (caviar) que les autres ont mis sur un piédestal. Le tout c’est comment est-ce qu’on le positionne dans la tête du consommateur.

Ne rate pas les textes de la semaine prochaine pour la chute de notre histoire et peut-être des photos de nos fameux Biantou, poissons ou crevettes. Et qui sait, je pourrais prendre la décision de travailler sur un projet Biantou avec Katering. Un projet qui nous verrait faire un espèce de restaurant éphémère une fois par an juste pour honorer ce fruit de mer de chez nous. Car si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place.


Douala 🇨🇲 (Land of Good Food) 

Les pluies des 9 jours et les crevettes du Wouri

Hier, je te parlais de ces pluies qui s’abattent sur la ville de Douala en cette période, les pluies des 9 jours.

Aujourd’hui encore, il a beaucoup plu et j’ai été obligé de sortir pour des tâches administratives. Et ces derniers temps, quand je sors, je suis assez équipé : coupe-pluie, parapluie, chaussures adaptées. La totale quoi!

À la chambre de commerce, la dame avec qui j’avais rendez-vous a remarqué mon équipement anti-pluie et a fait une blague à ce sujet. J’en ai profité pour lui parler de l’histoire des pluies dont j’avais entendu parler la veille. Elle m’a fait savoir qu’elle avait elle aussi déjà entendu un truc similaire, mais elle ne sait pas si c’est 7 jours ou 9. Cependant, elle a rajouté une nouvelle information.

Apparemment, à la fin de cette série de pluies, les crevettes spéciales du Wouri montent en surface. Et c’est le seul moment où elles montent en abondance. Ce seraient ces crevettes spéciales qu’auraient vues les Portugais pour la première fois avant de nommer le fleuve Wouri “Rio dos Camarões,” d’où serait tiré le nom Cameroun. Elle m’a donné le nom de ces crevettes en Douala, la langue du peuple autochtone de la zone. Mais malheureusement, je n’arrive plus à m’en souvenir. Bref, tout ça devient très intéressant et je vais continuer de fouiller.

N’hésite pas à me rejoindre dans cette aventure si toi aussi tu veux jouer aux anthropologues.


Douala, Rio dos Camarões 🇨🇲 

Les pluies des 9 jours à Douala : une tradition méconnue?

Depuis quelques jours, la pluie veut notre mort à Douala. Un peu, un peu, il pleut. Et c’est le genre de pluie qui tombe toute la journée. Le genre qui te fait regretter d’être célibataire, si tu vois ce que je veux dire.

Façon que je n’aime pas la pluie là, si ce n’était pas tout le travail que quelqu’un doit faire dans ce pays, c’est que je ne sortais plus moi. Déjà que tu laves les habits, ça ne veut même pas sécher.

Ce matin, je m’en plaignais encore à ma femme de ménage et elle m’a dit un truc qui m’a surpris. Le genre de truc que j’aime entendre. Toi-même tu sais que je suis un gars bizarre. Elle a dit que c’était les pluies des 9 jours. Que chaque année à Douala pendant la saison des pluies, il y a une période entre juillet et août où il pleut neuf jours d’affilé. Que ce ne sont pas des grandes pluies. Juste le genre qui est bien nuisible là. Ça ne t’empêche pas de sortir mais ça te mouille correctement (bon, j’avoue que cette partie-ci c’est moi qui le dis). Et qu’en fait, pendant ces 9 jours, il pleut comme ça toute la journée.

Je lui ai demandé combien de fois le phénomène arrivait et elle m’a dit une seule fois par an. J’étais tellement content! C’est le type d’information qui montre que nous ne sommes pas que des êtres passifs. Que nous observons notre environnement. Que nous prenons des notes. Et que nous transmettons les informations d’une génération à une autre. C’était la toute première fois que j’entendais cette théorie. Mais ma femme de ménage était tellement convaincante et étonnée que je ne le sache pas que je pense qu’elle est vraie. En tout cas, j’ai envie de croire que c’est vrai.

C’est juste dommage que je n’ai pas noté le jour exact où les pluies ont commencé pour le vérifier cette année. Mais je vais me mettre un rappel dans mon agenda pour guetter ce phénomène à partir du mois de juillet de l’année prochaine. Et pour toutes les autres années à venir. Même une fois installé à Bana.

Pourquoi Bana? Parce que je pense que même si c’est à l’Ouest du Cameroun, Bana partage le même climat avec Douala. Et je sais qu’il y a quelque chose de similaire en France. Je l’ai entendu d’ailleurs pour la première et la seule fois des bouches des personnes du troisième âge. Les papis et mamies avec qui je faisais du bénévolat à Chambéry. Il s’agit des Cavaliers du Froid et des Saints de Glace. Des périodes aux mois d’avril et de mai où la météo, qui s’était considérablement adoucie en sortie d’hiver, se durcit un peu plus ces jours. Le froid fait son grand retour ces jours et on observe même des gelées dans l’agriculture.

Tu comprends donc pourquoi une information comme celle-ci sur mon pays me fascine tout particulièrement. Si tu en avais déjà entendu parler, si tu as plus d’informations sur le sujet, ou tout simplement d’autres informations de ce type, n’hésite pas à les partager avec moi. Ou à les partager avec ton audience. C’est en vulgarisant ce type de savoir spécifique que nous devenons tous un peu plus intelligents. Si nous en savions un peu plus sur ce phénomène, je pense qu’on ne programmerait pas de réceptions en plein air à ces dates. Et ça, ce n’est qu’un exemple de ce à quoi ce type d’information pourrait servir.

Comme je te disais il y a quelques jours, il y a tellement de choses que je n’aurais pas pu prédire en rentrant au pays. Et je sais que je ne suis qu’au début de l’aventure.


Douala 🇨🇲 

100 articles et ce n'est que le début !

Pour la 100e, je vais essayer de faire mon texte le plus court à ce jour.

Ce texte marque mon 100e post sur mon blog. Et parce que je sais que tu ne vas jamais me féliciter, je tenais à le faire moi-même. Marquer un moment pour savourer cette première victoire. Celle d’avoir atteint les 100 articles.

On ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Prochain objectif, le 1000e article. Ce qui devrait arriver le 28 décembre 2026 si je continue au rythme d’un article par jour comme je le fais depuis plus d’une cinquantaine de jours déjà.

Entre temps, il y aura plein d’autres milestones à franchir. Le lancement de ma newsletter, la publication de ces textes sur mes différents réseaux sociaux et certainement l’écriture d’un ou deux livres.

En attendant, merci de me suivre dans cette aventure et de faire partie de mes fidèles lecteurs. Lecteur un jour, auteur le lendemain.


Douala 🇨🇲