Onomo : L’illusion de l’afrocentrisme à la sauce occidentale

Hier, à la réception de l’hôtel Onomo de Lomé, j’ai décidé de discuter un peu avec le réceptionniste. Je me suis rappelé que je n’avais jamais vu un Onomo en Occident, mais que j’en avais déjà croisé un à Kigali l’année dernière et un autre dans ma ville natale, Douala. La décoration afrocentrée de l’hôtel m’a directement ramené à celle de Douala, avec cette touche culturelle bien assumée.

Je lui ai donc demandé si c’était une chaîne africaine. Il m’a répondu que oui, que la marque était présente dans plusieurs grandes capitales africaines et qu’elle ne comptait aucun établissement hors du continent. Tu me connais, il ne m’en fallait pas plus pour passer en mode panafricain.

Alors, je lui ai demandé s’il savait qui en était le propriétaire. Il m’a répondu que c’était un ensemble d’hommes d’affaires africains. Et là, je me suis dit : “Enfin, on commence à faire les choses bien. Créer des choses pour nous, par nous.”

Mais cette fierté a été rapidement douchée. En faisant quelques recherches, je me suis rendu compte que non seulement cette chaîne avait été créée en 2009 par deux Européens, mais qu’elle est aujourd’hui détenue à 80% par le groupe Batipart, une holding fondée par l’homme d’affaires français Charles Ruggieri.

Tranquillement, les gars ont compris qu’il y avait une nouvelle classe moyenne émergente en Afrique, avide de consommer des produits et services valorisant leur propre culture. Et ils se sont engouffrés dans la brèche. Ils ont créé une chaîne hôtelière afrocentrée, où la clientèle est à 70% africaine et seulement 30% occidentale.

On se fait avoir sur notre propre terrain. Pendant qu’on court après des rêves d’ailleurs, persuadés que la solution se trouve toujours là-bas, même chez nous, on se fait damer le pion. Ça a commencé avec l’agriculture, puis l’industrie où la plupart des grands groupes industriels sont étrangers. Maintenant, c’est partout : les chaînes de supermarchés, les stations-services, la restauration, les hôtels…

Et après, on ose encore espérer du respect ?

Qu’est-ce qu’il y a de sorcier dans l’hôtellerie pour que ce soient les autres qui deviennent les porte-étendards de l’hospitalité à l’africaine ? Quand est-ce qu’on va enfin se mettre au travail ? Ou bien... c’est en quémandant des passeports bordeaux qu’on compte résoudre le problème ?


Lomé 🇹🇬 

Passeports bordeaux : le signe silencieux de notre résignation

Il y a des sujets que j’aborde souvent, et je te vois passer, toi et tes semblables, comme un taxi plein. Parfois, avec un peu de courage, tu viens me dire que je dérange avec ces sujets. Que ce sont des choses sans incidence, que je devrais arrêter de voir le mal partout. Mais tu me connais, je ne lâche jamais rien. Un peu, un peu, je vais finir par tout dire. Et aujourd’hui, c’est le cas.

Chaque fois que je voyage dans un pays africain, il y a un phénomène qui me pince le cœur. Le nombre de Noirs avec des passeports européens, américains ou canadiens. Et la plupart du temps, ils brandissent ce passeport comme s’ils avaient passé un concours d’agrégation.

Et en parlant d’agrégation… Souvent, dans nos aéroports, tu verras un employé de surface, un gars qui fait de la mise en rayon en Occident, bomber le torse devant un docteur ou un professeur agrégé. Simplement parce que notre mbenguiste a un passeport bordeaux.

Quand je soulève ce sujet, les concernés s’empressent de dire que c’est un non-débat. Que leur nouveau passeport n’a rien à voir avec leur amour pour le pays ou leur appartenance. Mais la vraie question est : si ce n’est pas si important que ça, pourquoi se presser d’aller quémander ces passeports chez les autres ?

J’ai l’impression que nous, les Africains, nous ne comprenons rien aux jeux de pouvoir. Je vois des Africains sur-diplômés convaincus que prendre un passeport d’un autre pays leur permettra d’être mieux outillés pour aider l’Afrique à se développer. Pourtant, le message qu’ils envoient est beaucoup plus bruyant que ce qu’ils imaginent : "Je ne crois pas en mon pays. Je prends un passeport occidental pour avancer."

Et un message comme celui-là est bien plus destructeur que n’importe quel coup que nos ennemis auraient pu nous porter. Nous avons toujours le choix. Le choix de nous battre pour rendre nos passeports puissants, ou de nous résigner à quémander celui de pays déjà puissants. Et ce choix en dit long sur qui nous sommes vraiment. Ne nous étonnons pas que les autres nous traitent en sous-hommes. Nous leur prouvons tous les jours que nous en sommes convaincus nous-mêmes.

Mais bon, je sais qu’un Africain est peut-être en train de lire ces lignes, quelque part, son passeport bordeaux en main. Et plutôt que de se remettre en question, il cherche déjà à se justifier. Au lieu de simplement se demander : "Quelles autres incongruités font partie de mon quotidien ? Moi qui me dis enfant d’Afrique, panafricain, prêt à me battre pour l’émergence de mon continent."


Lomé 🇹🇬 

Sado Emmanuel : l’art oublié de façonner des hommes

Je parle souvent de nos traditions qui se perdent, de nos cultures qui se font phagocyter par les cultures venues d'ailleurs. Je dénonce le fait que nos parents n'ont pas assez fait le travail de transmission qui était le leur. Et j'exhorte tous les jeunes de notre génération à faire le travail d'anthropologie nécessaire pour renouer avec nos cultures afin de s'assurer qu'elles ne meurent pas et que nous puissions les transmettre à nos descendants.

Aujourd'hui, je vais te parler d'une facette de notre culture africaine. Elle n'est pas écrite dans des livres comme c'est le cas sous d'autres cieux. Mais je crois qu'à la fin de mon propos, tu sauras exactement de quoi je parle. Je l'ai appelée les "faiseurs d'hommes". Je n'ai pas encore fait le tour de l'Afrique mais dans la plupart des cultures africaines auxquelles j'ai pu me frotter, j'ai observé une version ou une autre de cette pratique.

Si tu as grandi en Afrique comme moi, même si tu as grandi en Occident d'ailleurs et que tu fais partie de ma génération, tu as certainement vécu dans une maison avec tes parents, tes frères et sœurs et un ou plusieurs tontons ou tatas. Ces grands frères beaucoup plus âgés que vous étaient souvent les petits frères de tes parents, des cousins ou même des frères du village de tes parents.

Ce sont des personnes qui sont allées vivre avec tes parents, souvent le papa, dès que celui-ci est rentré dans la vie active. Ce tonton était comme le premier enfant de ton papa. Ton papa s'est occupé de lui, il lui a souvent payé son école. Souvent c'était le travail qu'il lui enseignait. Mais dans tous les cas, ton papa était responsable de son avenir, de faire de lui un homme. C'est souvent sur lui, ou sur eux, que nos parents ont appris avant nos naissances à être des parents responsables.

Dans cette configuration, ton jeune parent qui rentrait dans la vie active se voyait directement confronté à ce qui l'attendrait plus tard dans son foyer. En devenant des faiseurs d'hommes, nos parents ont appris la discipline, la responsabilité et le sens de la famille. Et ce n'était pas qu'une question d'hommes. Plusieurs femmes, dont ma maman, ont aussi joué ce rôle, que ce soit avant ou pendant le mariage.

Des faiseurs d'hommes, nous en avons rencontré des centaines tout au long de nos vies, en commençant par nos parents. Mais il y en a un que j'admire particulièrement. Il n'est pas de ma famille. Je l'ai rencontré quand j'étais au Gabon il y a plus de quinze ans de cela et c'est lui qui m'a permis de réellement mettre le doigt sur ce pan important de notre culture. Je doute que lui-même puisse mettre un nom dessus. Si je lui en parle, il me dira qu'il n'a fait que son travail d'aîné. Mais des aînés comme lui, si nous en avions plus, je me ferais moins de souci pour le sort de notre continent. Il s'appelle Sado Emmanuel.

Premier-né de sa famille, il est parti de sa ville d'Ebolowa où il a grandi avec ses parents pour aller faire fortune à Libreville. Et Dieu sait qu'il a fait fortune, grandement fortune. Mais ce n'est pas le sujet du jour. Quand je l'ai rencontré à Libreville, il y était déjà depuis au moins une décennie et y avait fait venir toute sa fratrie. Et la plupart des cousins et frères du village. Il leur a tous appris le travail, la discipline, tout en les hébergeant sous son toit. J'ai vu tous ces jeunes, devenir des hommes accomplis, réussir dans les affaires, se marier et construire des maisons et immeubles à Libreville. Sado, comme nous l'appelons affectueusement, est certainement l'aîné le plus discipliné que j'ai rencontré dans ma vie. Tu ne le verras jamais dans une histoire tordue, tu ne le verras jamais hausser la voix sur qui que ce soit, tu ne le prendras jamais à manquer de respect à qui que ce soit. Et jamais tu n'entendras dire qu'il a exploité un de ses petits. Le fléau qui a justement détruit cette tradition de faiseur d'hommes qui est la nôtre.

Précis comme un horloger suisse, il a tenu la main d'au moins une cinquantaine de personnes, ses petits frères y compris, les conduisant vers un avenir beaucoup plus radieux qu'ils ne l'auraient espéré. Et malgré ça, son humilité n'a pas pris une ride.

En juillet dernier, je l'ai croisé à Bandjoun par hasard, au mariage d'un de ces jeunes de sa tribu. J'ai d'abord croisé par hasard son petit frère Benjamin qui m'a dit qu'il était venu pour le mariage du petit. Naturellement, je lui ai demandé si Victor était là, il m'a dit que oui et m'a indiqué la salle. Ils venaient de finir le vin d'honneur il y avait quelques heures et préparaient la salle pour la soirée. Je me suis précipité pour saluer Victor, un des hommes que Sado a fabriqué et qui est aussi un de mes grands amis. Un ami au cœur d'or en réalité. Mais ça, c'est le sujet d'un autre jour.

Une fois avec Victor, nous avons rapidement rattrapé les quelque deux ans qui s'étaient passés depuis notre dernière rencontre et je lui ai demandé si le Grand (Sado) était aussi venu pour le mariage. En réalité, c'était une question rhétorique, le genre de question qu'on lance pour meubler la conversation. Car je me disais que le petit qui se mariait n'était peut-être pas assez important pour que le grand fasse le déplacement depuis Libreville. Surtout avec sa nouvelle position de milliardaire (Bon, pour le milliard c'est moi qui dis, hein. Quoique...). Mais à ma grande surprise, il m'a répondu que le grand était là et m'a conduit vers lui pour que je le salue.

Discipliné comme un militaire, il était parmi les seuls encore assis là où tout se passait. Au premier rang, en train de regarder son petit prendre des photos de mariage avec les invités. Et il n'était pas seul. Il avait fait le déplacement avec sa femme. Comme le grand faiseur d'hommes et chef de tribu qu'il est, il a fait le déplacement pour le dernier petit comme si c'était son petit frère direct qui se mariait. Je ne dis pas la claque que j'ai reçue. J'ai été submergé d'une fierté incommensurable. Et ce moment a certainement fait partie de mes plus beaux moments de l'année 2024.

Avec son humilité légendaire, il m'a salué avec un grand sourire et a pris de mes nouvelles, du business, de ma nouvelle vie au pays, tout en me donnant ses encouragements les plus sincères. Quel homme !

Ce serait injuste pour moi de dire que j'aurais aimé avoir un aîné comme lui dans ma vie. Ce serait ne pas rendre justice à tous mes aînés qui, à leur manière, ont essayé de faire de moi l'homme que je suis. Néanmoins, s'il fallait remettre des médailles, ce serait être malhonnête que de ne pas remettre la médaille d'or à Sado. Je ne connais pas un faiseur d'hommes qui la mérite mieux que lui.

Dans ton entourage, tu connais certainement des Sado. Je t'invite après ce texte à leur passer un coup de fil, leur envoyer un message pour leur dire merci pour leur existence. Et si tu es en âge de fabriquer des hommes, en hommage à nos parents, à tous les "Tonton Sado" de l'Afrique, sois le meilleur faiseur d'hommes qui soit. Que tu sois célibataire ou marié, choisis dans ton entourage une ou plusieurs personnes que tu vas accompagner jusqu'au sommet. Et même après avoir eu tes enfants, ne t'arrête pas là. Nous avons toujours besoin de faiseurs d'hommes qui tendront la main à la nouvelle génération afin de leur apprendre ce que c'est qu'être africain.

Merci pour ton exemple "Le Grand". Que nos ancêtres te prêtent longue vie afin que tu continues cette belle œuvre qui est la tienne sur notre beau continent.


✈️ En vol entre Paris et Lomé 🇫🇷-🇹🇬 

La dernière frontière : défendre ta liberté de penser

Ce soir, avec Tim, nous discutions des incongruités observées pendant la période du Covid. De ces décisions bancales prises par les gouvernements, mais surtout de la docilité effarante des populations prêtes à abandonner en un clin d’œil les libertés qu’elles chérissent tant.

En France, par exemple, il fallait, à un moment donné, remplir une auto-attestation pour pouvoir sortir. Imagine un peu : tu vas sur un site internet, tu télécharges un document, tu le remplis, tu le signes… et voilà, tu es autorisé à sortir. Personne pour vérifier, personne pour authentifier ce bout de papier. Moi-même, je l'ai fait à plusieurs reprises juste pour aller courir.

Avec du recul aujourd'hui, je me demande comment personne ne s'est sérieusement insurgé contre cette absurdité. Et le pire ? Si cette mesure revenait demain, elle passerait encore comme une lettre à la poste.

Ta liberté de penser est ton bien le plus précieux. C’est un trésor pour lequel tant de forces cherchent à t’asservir. Les gouvernements, les religions, les gourous de tout bord… Tous veulent influencer, orienter, manipuler ta pensée. Et qui sait ? C’est peut-être même ce que j’essaie de faire ici, à travers ce blog. En te convainquant que la cause africaine est noble, une cause pour laquelle tu devrais te battre.

Mais cette liberté, tu dois la chérir comme la prunelle de tes yeux. Car malgré tous les assauts qu’elle subit de la part de ces vautours, au final, il n’y a que toi qui peux l’abandonner. C’est ta dernière frontière. Ce qu’aucune force extérieure ne peut t’enlever. Pas même la violence. Fais-en bon usage.


Barberaz 🇫🇷 

Nos rituels nous définissent : et si on en créait aussi en Afrique ?

Ce soir, avec mon pote Tim, on se fait notre traditionnelle soirée raclette. Ok, avec les enfants aussi. Autant profiter de chaque moment passé ensemble.

Tim, c’est mon témoin de mariage. On se connaît depuis au moins 13 ans, et c’est l’une des personnes les plus extraordinaires que je connaisse. Je souhaite à chacun d’avoir un Tim dans sa vie. Pour ceux qui m’ont déjà, la question est réglée. 😏 Mais pour les autres, franchement, trouvez-vous un Tim.

Depuis des années, nous avons ce rituel d’hiver : notre soirée raclette. Plat mythique des montagnes suisses et savoyardes, cuisiné depuis le 12 siècle, la raclette est presque une religion pour quiconque vit à Chambéry, en Savoie. Alors, de passage en France cet hiver, il était hors de question d’y déroger.

Et ça m’a fait réfléchir… Des rituels comme celui-ci, j’en ai créés plusieurs en Occident. Et comme la plupart des Africains de la diaspora, j’ai vite adopté ceux des pays où j’ai vécu. Les vacances en camping, les pauses café, les soirées raclette… Mais curieusement, nous avons du mal à faire pareil chez nous. Pas parce que nous n’avons pas de rituels, mais parce que nous ne leur donnons pas assez d’importance. Souvent trop complexés par ce qui vient de chez nous.

Si tu vis en Afrique ou que tu y retournes régulièrement, crée tes propres rituels.
Ce sont eux qui donnent une âme à un lieu et qui renforcent ton attachement émotionnel. Comme quand nous allions aux champs avec grand-mère quand on était petits.

Si nous voulons que l’Afrique reprenne la place qu’elle mérite dans nos cœurs,
c’est à nous de créer ces rituels. Qu’ils soient grands, à l’échelle d’un pays ou d’un continent, ou tout petits, comme une raclette avec un pote un soir d’hiver.


Chambéry 🇫🇷 

Mon fils a 10 ans. Moi ? Je prends du galon

Il y a 10 ans jour pour jour, je franchissais un cap décisif. J’intégrais l’un des clubs les plus prestigieux : celui des papas.

Avec la naissance de mon fils Zowa, je devenais père pour la première fois. Et aujourd’hui, dix ans plus tard, je suis immensément fier.
Fier de ce qu’il m’a apporté,
Fier d’avoir pris cette décision,
Fier d’avoir embrassé cette responsabilité.

Bref, juste pour te dire que je suis un papa comblé. Que désormais, j’appartiens au club des pères avec des enfants dont l’âge a deux chiffres.
Et que, oui, il y a des niveaux dans la vie. On ne joue pas dans la même cour. 😏


Barberaz 🇫🇷 

Louis Vuitton : l’héritage se construit, pas la fortune immédiate

Il y a quelques jours, j’ai écouté le livre de Caroline Bongrand, Louis Vuitton, l’Audacieux. Une biographie retraçant les grands moments de la vie du plus célèbre malletier au monde, de sa naissance dans le Jura jusqu’à sa mort à Asnières-sur-Seine.

Oui, ça fait longtemps que je n’ai pas fait de note de lecture. Et je t’avoue que j’en ai un peu honte. Mais bon, la discipline ne laisse personne. On s’accroche comme on peut.

Je ne vais pas (pour l’instant) te faire une note de lecture de ce livre — que je t’invite à lire. Mais j’aimerais partager avec toi quelques points fascinants qui, je pense, pourraient nous servir de guide. À nous, cette génération qui devrait construire l’avenir de l’Afrique.

L’histoire de Louis Vuitton

Louis est né dans le Jura, une région montagneuse de l’Est de la France.
Sa mère décède après avoir donné naissance à cinq enfants.
Son père se remarie. Mais après quelques tragédies familiales, sa belle-mère devient très dure avec les enfants. Son père, lui, reste silencieux.

À 16 ans, Louis prend une décision radicale : Il s’enfuit de chez lui et part à pied pour Paris. Nous sommes dans les années 1830. La France d’alors n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui.

Le voyage est éprouvant. Sans argent, il frôle plusieurs fois la mort. Mais une fois arrivé à Paris, il se bat. Il finit par trouver un apprentissage chez un emballeur. Il y reste des années, vivant dans une chambre de bonne au-dessus de la boutique. Chambre qu’il n’a quittée que 16 ans plus tard, après s’être marié et avoir décidé d’ouvrir sa propre boutique.

Leçon 1 : L’excellence comme signature

Louis devient un maître emballeur. Il apprend l’art de fabriquer des malles et n’arrête pas d’innover. Son sens du service et de la discrétion lui permet de se lier d’amitié avec l’impératrice Eugénie avant même que celle-ci ne rencontre et n’épouse Louis-Napoléon Bonaparte qui fut le premier président et dernier monarque de France.. Une relation qui lui ouvre de nombreuses portes, et qui lui donne le courage de se lancer à son compte.

Leçon 2 : Le succès prend du temps

Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est que Louis Vuitton, le créateur de la marque de luxe la plus célèbre au monde, a vécu une vie modeste. Bien qu’il ait commencé à voir les fruits de son travail avant sa mort, ce n’est qu’après son décès que la marque a atteint les sommets que nous lui connaissons aujourd’hui. Notamment grâce au travail acharné de son fils Georges Vuitton, qui a ouvert la première boutique à Londres et a imposé la marque à l’international.

Leçon 3 : Construire un héritage, pas une vie d’apparences

Et ce schéma se répète dans l’histoire de presque toutes les grandes marques et empires industriels. Des entrepreneurs visionnaires qui, au lieu de chercher la gratification immédiate, ont posé des bases solides pour que leurs descendants puissent les hisser encore plus haut.

Sauf que nous, Africains, nous sommes pressés. Nous ne voulons pas bâtir les fondations. Nous voulons être les valets des autres, profiter du confort immédiat et briller pour nous-mêmes, sans penser à ceux qui viendront après nous. Nous sommes en train de condamner nos enfants à une éternelle servitude, pendant que d’autres construisent des empires.

Et toi, veux-tu faire partie de ceux qui bâtissent, ou de ceux qui servent ?


Barberaz 🇫🇷 

Nous n’avons pas besoin de tous les soldats… Mais d’un minimum

Ce soir, à Lyon, j’ai eu une belle discussion avec mon frangin Georges et son pote Charles. Deux jeunes Camerounais ayant étudié en Occident, qui, comme beaucoup d’autres, contemplent très sérieusement l’option du retour au pays.

Comme eux, ils sont nombreux à vouloir sauter le pas. Certains l’ont déjà fait. Mais la grande majorité est encore ici, paralysée par la peur. Attendant que tout soit déjà bien en place au pays avant de bouger le petit doigt.

Cette grande majorité sera pourtant la première à nous juger dans 20 ou 30 ans, si nous ne réussissons pas le pari de redresser la barre. Car, que nous le voulions ou non, cette lourde tâche reviendra à notre génération. À toute cette jeunesse du pays et de la diaspora qui, aujourd’hui, est dans la trentaine.

J’aimerais juste rappeler une chose : nous n’avons pas besoin de tous les soldats pour gagner ce combat. Mais nous avons besoin d’un minimum. Et il est de notre devoir à tous de nous assurer que ce minimum soit atteint.

Alors, si tu fais partie de ceux qui veulent voir cette mission menée à bien,
rejoins nos rangs. Car ce combat ne se fera pas tout seul.


Barberaz 🇫🇷 

Nous sommes en train de disparaître, et on ne le voit même pas

Ce matin, j’ai eu une discussion intéressante avec mes nièces. La plus jeune, 8 ans, est venue me voir et m’a demandé quel était mon pays préféré. Ah, tu me connais. Le genre de questions que j’aime. Je lui ai répondu : "Le Cameroun, bien évidemment", avec mon plus grand sourire. Et là, elle enchaîne : "Et ton équipe de foot préférée ?” Et moi: ”Le Cameroun, bien sûr."

Et moi, je lui retourne la question. À elle, petite Camerounaise née ici, en Occident. "Et toi, c’est quelle équipe ton équipe préférée ?” Et elle me répond, sans hésiter : "La France, le Portugal et l’Allemagne."

Bon. Là, je commence à me poser des questions. Je sens qu’en fait, depuis le début, elle voulait surtout parler des pays où elle est née. Je suis un peu perplexe. Elle me demande ensuite quels sont mes footballeurs préférés. Ah ! Il ne m’en fallait pas plus pour mettre tous nos héros en perspective. Je lui dis : Samuel Eto’o, Roger Milla, Djonkep Bonaventure.

Elle me regarde, un peu choquée. Ces noms ne lui disent absolument rien.
Bon, je veux bien que les deux derniers soient d’une époque très ancienne. Elle a le droit de ne pas les connaître. Mais Eto’o ? Elle ne connaît pas Samuel Eto’o ? Je répète : "Tu ne connais pas Samuel Eto’o ?” Et là, le choc. Elle me regarde et me demande : "C’est qui ?"

Je n’en reviens pas. Je vais voir sa grande sœur, 10 ans. "Toi, tu connais Samuel Eto’o, au moins ?” Et elle me sort, tout naturellement : "Non, c’est qui ?” Je suis sous le choc. Je n’avais jamais rencontré un Camerounais qui ne connaissait pas Eto’o. Au Cameroun, même les nouveaux-nés connaissent le Ngambeh. Comment c’est possible ?

Alors je leur demande : "Quels sont les footballeurs camerounais que vous connaissez ?” Réponse : “Aucun." Je relance: ”Bon, alors, citez-moi juste des footballeurs que vous connaissez.” Et elles me sortent Kylian Mbappé, Jude Bellingham et toute la clique du Real de Madrid. Là, je comprends. La chanson de Bad Nova est passée par là.

Souvent, quand je parle, on me dit que j’exagère. Quand je dis que nous sommes en train de disparaître, on me dit que ce n’est pas possible. Et pourtant. Deux jeunes enfants, vivant avec leurs parents camerounais, qui préfèrent la France, l’Allemagne et le Portugal au Cameroun. Qui ne connaissent aucun footballeur camerounais. Qui n’ont jamais regardé aucun de leurs matchs. Mais qui sont des fans absolues du Real Madrid.

Encouragées par un autre Camerounais, qui au lieu de chanter la gloire de son pays, a décidé de chanter celle d’un club à des milliers de kilomètres.
Un club appartenant à un pays qui, il y a quelques siècles, organisait le commerce de ses ancêtres vers les Amériques.

Si tu as un enfant en Occident, commence à lui poser les bonnes questions.
Parce que si ça se trouve, tu es en train d’élever l’ennemi dans ta propre maison.

Je dis ça…


Vaires-sur-Marne 🇫🇷 

Leçon de persévérance : ce que la musique m’a rappelé sur le progrès

Aujourd’hui, j’ai assisté à un petit récital de mes nièces au conservatoire de Vaires-sur-Marne. Des petits jeunes du primaire et du collège qui, chacun à leur tour, venaient faire une prestation avec leurs instruments : violon, saxophone, piano, clarinette...

Et là, quelque chose m’a frappé. La sophistication de tous ces instruments de musique. Ils existent depuis des siècles et pourtant, ils n’arrêtent pas d’être améliorés. La clarinette, par exemple, a aujourd’hui une allure presque high-tech, avec des matériaux qui n’existaient pas il y a encore quelques décennies. Tout ceci m’a rappelé la puissance du temps.

Toutes ces belles choses que nous admirons aujourd’hui en Occident sont le fruit d’un long travail. Elles ont commencé comme de simples idées dans la tête d’une ou plusieurs personnes. Puis ces personnes s’y sont accrochées, ont continué à travailler, génération après génération. 

Et c’est ce que nous, Africains, refusons souvent de comprendre. Nous sommes trop pressés. À peine nous commençons quelque chose, nous voulons déjà le succès immédiat. Nous avons l’impression que si ça ne marche pas tout de suite, ça ne marchera jamais.

Et aujourd’hui, c’est pire qu’avant. Nous vivons une époque où presque tous les Africains abandonnent les projets sur lesquels nos parents et ancêtres ont travaillé depuis des années… pour se tourner vers tout ce qui vient d’ailleurs.

Si tu travailles sur quelque chose qui te tient à cœur, tiens bon. Tu n’as pas besoin de connaître le succès tout de suite. Tu n’as pas besoin d’avoir un produit parfait aujourd’hui. Continue simplement d’y travailler et fais confiance au temps. C’est l’intensité que tu y mettras aujourd’hui qui permettra à tes enfants et petits-enfants de parfaire ton œuvre. Et dans quelques années, qui sait ? Ce produit sur lequel tu transpires aujourd’hui sera peut-être admiré dans le monde entier.


Vaires-sur-Marne 🇫🇷