Steve Jobs avait raison : Fais confiance à la vie et avance

"You can't connect the dots looking forward; you can only connect them looking backwards. So you have to trust that the dots will somehow connect in your future. You have to trust in something — your gut, destiny, life, karma, whatever. This approach has never let me down, and it has made all the difference in my life.”

Ceci est un passage du discours de Steve Jobs à la remise des diplômes des étudiants de Stanford en 2005. Je voulais te le mettre dans sa version originale pour que tu puisses capter toute sa puissance. Mais bon, on se connaît : si je ne mets pas la traduction en français, tu risques de ne pas continuer de lire. Voici donc :

"Vous ne pouvez pas relier les points en regardant vers l'avant ; vous ne pouvez les relier qu'en regardant en arrière. Donc, vous devez faire confiance au fait que ces points se relieront d'une manière ou d'une autre dans votre futur. Vous devez faire confiance à quelque chose — votre intuition, le destin, la vie, le karma, peu importe. Cette approche ne m'a jamais déçu, et elle a fait toute la différence dans ma vie."

Cette citation fait fortement écho à quelque chose que j’ai écrit il y a quelques jours dans mon texte La confiance en soi : le socle des leaders visionnaires, où je disais : “Être confiant, c’est avoir la ferme conviction que les choses se feront, tôt ou tard. Qu’on ne maîtrise peut-être pas le timing mais qu’on a une totale maîtrise sur l’effort.”

C’est un concept qui m’a guidé tout au long de ma vie et que beaucoup d’Africains ont du mal à comprendre. J’en parle souvent, comme dans mon texte Lance le caillou et fais confiance à la vie, où je déplore le fait que nous ne faisons pas de grandes choses parce que, la plupart du temps, nous voulons connecter les points en regardant vers l’avant.

Il y a quelques années, dans une discussion avec Adrien, je lui disais que j’étais persuadé que la plupart de ces grands patrons de la tech que nous considérons comme des génies ne s’étaient pas lancés avec des idées aussi extraordinaires que leurs produits le sont devenus. Qu’ils s’étaient lancés avec une idée simple mais une grande conviction que les choses se feraient "down the line".

Nous, en Afrique, nous faisons totalement le contraire. Il y a 3 mois, j’en reparlais encore dans mon texte Positionne-toi sur le futur : l'art de voir plus loin, où je commençais avec la célèbre citation du champion de hockey sur glace Wayne Gretzky : "Je patine vers l’endroit où la rondelle va se trouver, et non vers l’endroit où elle se trouve."

Nous courons vers la rondelle, en oubliant qu’elle bouge. Nous ne croyons en rien. Ni en notre instinct, ni en notre pays, ni même en nous. Nous oublions qu’il y a 50 ans, personne n’aurait pu prédire le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Et que le monde dans lequel nous croyons vivre dans 50 ans est juste une illusion.

N’apprends pas une nouvelle langue parce que tu vas aller dans un nouveau pays. Apprends-la pour la rajouter à ton arc. Ne calcule pas forcément tout ce que tu fais. Fais confiance à l’avenir et au fait que toutes tes actions actuelles auront un sens plus tard. Seulement de cette façon, tu seras ouvert et disposé à voir toutes les opportunités qui s’offriront à toi. Parce que si tu rentres dans une pièce persuadé d’y rencontrer une girafe, tu risqueras de passer à côté de toutes les licornes qui s’y trouvent.

Comme Steve Jobs, j’ai toujours suivi cette approche dans ma vie. Elle ne m’a jamais laissé tomber et je sais que tout n’est qu’une question de temps avant que je ne me retrouve face à une nouvelle merveille, dont la graine a été plantée insouciamment il y a des années.

Je pourrais te donner des centaines d’exemples. Mais laisse-moi t’en donner juste un. Un exemple avec le texte du jour.

Il y a quelques mois, j’ai mis sur pied une chaîne dans mon compte ChatGPT pour corriger les fautes dans tous mes textes avant de les publier. Dans cette chaîne, ChatGPT a trois choses à faire :

  • Corriger les fautes d’orthographe et de grammaire dans mon texte sans en changer le style et la syntaxe.
  • Me proposer 3 titres pour ce texte.
  • Me proposer 3 accroches que j’utiliserais pour poster le lien du texte sur Whatsapp.

Souvent, il essaie de modifier mon texte parce que même lui sent que je tire trop à balles réelles. Mais je le ramène toujours à l’ordre, afin de garder ma voix.

Cette séquence, je l'ai mise sur pied uniquement pour m’aider dans ma tâche quotidienne. Sur le moment, je ne pouvais pas prévoir jusqu’où ça pourrait m’être utile. Aujourd'hui, en lisant cette citation de Steve Jobs, je me suis dit : “Ronel, tu as déjà écrit un truc similaire.” Mais qui allait aller lire près de 200 textes pour tirer le passage qui s'y rapprochait le plus ? Pas moi, en tout cas. Beaucoup trop de travail.

Ensuite, je me suis rappelé qu’il y avait quelqu'un d'autre qui avait lu tous mes textes et qui, contrairement à moi, avait une mémoire infaillible : ChatGPT. Du coup, je lui ai demandé.

Et comme je n’arrivais toujours pas à trouver de quel texte il s’agissait, je lui ai demandé les titres qu’il m'avait proposés. Après une recherche sur mon blog, je me suis rendu compte que je n’avais jamais utilisé aucun de ces titres. J’ai donc dû faire une recherche au mot pour retrouver l’article en question.

Tout ceci, je ne l’avais pas prévu quand j'ai décidé d’écrire tous les jours et de mettre sur pied des outils pour m’aider dans ma besogne. Tous ces dots, je suis en train de les connecter backwards. Et ce n'est que le début.

Souvent, quand quelqu'un me demande pourquoi je crois autant au Cameroun, je n’arrive pas à lui donner d’arguments vraiment convaincants et je m’en veux. La vérité est que je ne peux juste pas te donner d’arguments assez convaincants. Tout ce que je peux te dire, c’est de me regarder faire et peut-être que tu auras la chance que je te réponde plus tard en hindsight. Quand j’aurai connecté assez de points en arrière. Parce qu’au finish, le futur n’est que la manifestation de notre croyance au présent. Plus fort on y croit, plus beau il sera.


Douala 🇨🇲

La tragédie de l’immigration déguisée en succès

Souvent, je me demande ce qu’on a bien pu faire au ciel pour être aussi bêtes. Aujourd’hui encore, quelqu’un a voulu me justifier que partir était une bonne chose pour le pays. Et pour asseoir son argument, le badaud utilise le cas de Francis Ngannou, qui est parti du Cameroun par la route et qui est devenu un grand champion d’arts martiaux dans le monde.

Ce n’est pas la première fois que je reçois cet argument stupide. Et chaque fois, je me demande si la personne en face est sérieuse. Mais bon, quand ça vient d’un membre de la diaspora, comme c’était le cas aujourd’hui, ça ne fait que me conforter dans l’idée que nous n’avons nullement besoin de cette diaspora qui, sous ses faux airs de réussite, est dénuée de tout bon sens.

Chaque année, des centaines de milliers de jeunes Africains perdent la vie en essayant de traverser le désert. Des centaines de milliers. Des milliers de familles sont brisées par la disparition d’un enfant dont elles ne peuvent même pas faire le deuil, ne sachant pas ce qu’il est réellement advenu. Et aujourd’hui, parce qu’un d’entre eux a réussi à traverser la Méditerranée, à se faire un nom en Occident et à construire un centre multisport dans son pays natal – un centre qui, sans même le vouloir, ne fera qu’encourager encore plus de jeunes à prendre le chemin de la mort –, certains mbenguistes osent utiliser cet argument pour justifier les bienfaits de l’immigration.

Et ce sont ces mêmes mbenguistes qui veulent nous faire croire qu’on devrait les laisser diriger le pays. Des personnes incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. Non, merci!


Douala 🇨🇲 

Diaspora : entre aspirations et contradictions

Suite à mon texte d’il y a quelques jours sur l’illégitimité de Tidjane Thiam à prétendre à la présidence ivoirienne selon Jean-Louis Billon, certains gars de la diaspora sont sortis de leurs gonds. Apparemment, c’est un sujet qui les touche. Peut-être parce que la plupart sont bien installés en Occident, espérant que les choses s’améliorent ici pour venir réclamer des postes de ministres ou de directeurs. Alors aujourd’hui, on va approfondir un peu ce sujet.

Commençons par l’argument phare de la diaspora : “Même nous, depuis l’étranger, on se bat pour le pays.” D’accord, supposons que ce soit vrai, même si j’ai de sérieux doutes en ayant observé cette diaspora de près. Si vous vous battez vraiment pour le pays depuis l’étranger, alors quand les choses iront mieux, postulez pour des postes à l’étranger. Il y a des représentations diplomatiques un peu partout. Essayez d’y travailler. Ça permettra d’économiser sur les frais d’expatriation du personnel de ces ambassades. Mais tu ne peux pas demander aux gens de s’inscrire sur les listes électorales depuis Paris, pendant que Cabral Libii le fait depuis Yaoundé, et espérer qu’on te nomme ministre de l’Intérieur au Cameroun, à sa place. Soyons sérieux. Si vous avez décidé de vous battre pour le pays depuis l’étranger, restez dans votre couloir jusqu’au bout.

Quand tu discutes avec des candidats à l’immigration ou même des membres de la diaspora, ils te disent clairement : “On part parce que c’est difficile au pays.” Je ne vais pas te mentir, c’est difficile ici. Mais si tu choisis de fuir un combat difficile pour aller mener un combat plus facile, tu ne trouves pas ça un peu bizarre d’espérer qu’on te confie les rênes du pays ? Tu embaucherais un garde du corps qui fuit au moindre bruit suspect ou quelqu’un qui reste et fait face ? Parce que cette diaspora, qui prétend être le sauveur de l’Afrique, n’oublions pas qu’elle a pris ses jambes à son cou quand ça devenait un peu compliqué.

Beaucoup de membres de la diaspora pensent que ceux qui restent n’ont pas le choix. Ce qui est totalement faux. Certes, il y a ici des gens qui rêvent d’ailleurs. Mais il y a aussi des personnes brillantes qui choisissent délibérément de rester. Des gens qui, malgré de belles offres d’expatriation, préfèrent rester parce que le Cameroun est un devoir pour eux. Ces personnes travaillent dans l’ombre pour maintenir un équilibre. C’est à elles que devrait revenir la tâche de diriger ce pays, pas à un médecin formé ici qui est parti être chauffeur Uber au Canada parce que le pays était “trop dur”.

Quand tu prononces le nom de Tidjane Thiam devant des Africains de la diaspora, leurs yeux brillent comme s’ils avaient vu un ange. Pourquoi ? Parce qu’il a été directeur général de Crédit Suisse, une banque européenne ? C’est cette diaspora pleine de complexes que vous voulez nous ramener ? Une diaspora qui vénère le franco-ivoirien Tidjane mais ne connaît rien du camerounais Paul Fokam, le fondateur d’Afriland First Bank, ou du togolais Koffi Gervais Djondo, le co-fondateur d’Ecobank et d’Asky ? Non merci.

Nous n’avons pas besoin d’une diaspora qui nous parle sans cesse de ses exploits dans des multinationales occidentales. Gardez vos BNP Paribas, vos Microsoft, vos Mercedes ou vos Samsung. Ce dont on a besoin, ce sont des enfants du pays, sans complexes, qui viendront bâtir les géants africains de demain.

Et cette diaspora qui revient avec des passeports occidentaux, un mode de vie totalement déconnecté, on n’en veut pas non plus. Nous nous sommes battus pour sortir du joug de l’esclavage et de la colonisation, ce n’est pas pour que vous veniez nous y replonger. Cette diaspora qui mange du fromage tous les jours, investit dans des pavillons en région parisienne ou sur les entreprises du CAC 40, envoie ses enfants dans des écoles internationales, fait le tour de la zone Schengen à la moindre occasion mais ignore tout de la zone CEMAC… Franchement, non merci.

L’Afrique a besoin de tous ses enfants pour réussir. Là-dessus, on est d’accord. Mais certains enfants se considèrent d’abord comme Français, Américains ou Canadiens. Ils seront les premiers à fuir en cas de problème et les premiers à nous vendre à leurs nouveaux maîtres. Et après 400 ans d’esclavage et 200 ans de colonisation, ne viens pas me dire qu’on n’a pas le droit d’être vigilants. Nous avons tous un membre de notre famille que nous ne laissons jamais du regard quand il arrive dans notre maison, de peur qu’un objet ou même de l’argent manque à l’appel à son départ. 

Si tu es de la diaspora et que tu penses être utile, rentre et mets-toi au service du pays. Si tu attends d’avoir assez d’économies ou de construire ton immeuble avant de rentrer, accepte aussi qu’ici, on prenne le temps de tester toutes les options locales avant de te donner ta chance. Tu n’es pas le seul à avoir un cerveau.

Et si tu rentres comme l'ont fait les révolutionnaires de l’époque, mets-toi au service du peuple. Montre-nous que tu es avec nous. Tu ne peux pas être dans les cabarets des expatriés à supporter l’équipe de France de football pendant la Coupe du Monde et, en même temps, nous faire croire que si la France a un différend avec le Cameroun demain, tu seras de notre côté. Tu ne peux pas envoyer tes enfants dans les écoles internationales et nous faire croire que tu te soucies du sort de l’éducation des enfants du pays. Tu ne peux pas être fourré tous les jours dans les réceptions des ambassades et nous empêcher de croire que tu serais un espion.

Si tu veux travailler, choisis un secteur et travaille. Fais profil bas. Vis nos réalités. Mange comme nous. Parle comme nous. Apprends vraiment à nous connaître. Bats-toi à nos côtés. Et qui sait, peut-être qu’un jour on aura moins de doutes sur tes intentions réelles. Après 400 ans d’esclavage et 200 ans de colonisation, tu ne peux pas nous reprocher d’être vigilants quant aux personnes avec qui on s’associe. Fussent-ils nos propres enfants.

Je pourrais écrire un livre sur ce sujet. Mais bon, comme j’ai dit au début, aujourd’hui, on approfondit juste un peu.

Douala (Pas Montréal ni Paris, mais Douala) 🇨🇲 

Marche folle, esprit intact : un défi pour le corps et l’âme

Pendant près de 7 heures, j’ai marché. Plus exactement, 6 heures et 56 minutes pour moi. Dès 7 heures du matin, avec les autres participants, nous avons relié Bonepoupa à Édéa à l’occasion de la 4e édition de La Marche Folle, une marche sportive organisée par le club des marcheurs de Douala.

Plus qu’une simple marche, cette expérience a été un véritable challenge. Elle m’a permis de réfléchir profondément sur l’année écoulée et sur celle qui s’annonce.

À plus d’une reprise, le désir d’abandon s’est fait ressentir avec force. Mais chaque fois, je me suis rappelé qu’à l’image de cette mission que nous avons choisie pour notre pays, il était hors de question de céder.

C’est avec le corps en miettes que j’écris ce texte, mais avec un esprit plus déterminé que jamais à œuvrer pour que notre pays retrouve la place qui lui revient de droit.


Douala 🇨🇲 

Jean-Louis Billon et le miroir tendu à une diaspora déconnectée

Ce matin, je suis tombé sur un extrait d’une interview de Jean-Louis Billon. Homme d’affaires, politicien et candidat à la future élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Dans cet extrait, il critiquait la candidature de Tidjane Thiam, qui, après avoir passé plus de 20 ans hors du pays, aspire à diriger les Ivoiriens au poste de magistrature suprême. Un peuple dont plus de la moitié est né pendant qu’il se la coulait douce en Europe.

Dans cet extrait, que je t’invite à chercher sur internet, Jean-Louis Billon explique comment Tidjane Thiam est totalement déconnecté du peuple ivoirien. Il n’était pas là pendant la crise. Il n’était pas là pendant la réconciliation. Ses enfants n’ont pas fréquenté le système scolaire du pays. Lui-même, Tidjane, n’a pas mis les pieds dans les hôpitaux du pays depuis près d’un quart de siècle. Jean-Louis se demande alors : comment pourrait-il diriger un pays qu’il ne connaît pas ?

Ce discours m’a beaucoup fait sourire, car il rejoint le signal d’alarme que je lance à la diaspora depuis une dizaine d’années déjà. Une diaspora convaincue qu’elle viendra occuper les meilleurs postes au pays une fois que le ciel y sera plus bleu. Pour éviter de telles dérives, je répète sans cesse qu’il faut fermer la porte à ceux qui partent, ceux qui fuient le combat. Mais certains me jugent trop radical.

Aujourd’hui, Jean-Louis Billon exprime tout haut ce que pense tout bas le bas peuple. Et si lui, depuis sa tour d’ivoire, en tant qu’un des hommes les plus riches de Côte d’Ivoire, ose tenir un tel discours, je n’ose imaginer ce que pensent ceux qui n’ont pas eu ses opportunités.

L’un des défauts que nous avons, nous, Africains, c’est de penser que les autres sont bêtes. Ils ne le sont pas. Ce n’est pas parce qu’ils ne parlent pas encore qu’ils ne voient pas ce qui se trame ou qu’ils n’ont aucune opinion.

Pour éviter de terribles conflits internes dans les années à venir, nous ferions mieux de réfléchir aux conséquences de nos actions actuelles. Dans cette même veine, je parlais récemment des terrains que certaines personnes de la diaspora achètent massivement, comme si nous étions sur un territoire vierge. Évitons de semer les graines de ce qui, demain, deviendra une situation que nous ne pourrons plus contrôler.


Douala 🇨🇲 

Toi qui me lis : pourquoi devrais-je continuer ?

Aujourd’hui, je n’ai pas vraiment envie d’écrire. Pas parce que je n’ai rien à dire – ma base de données est remplie de sujets qui attendent d’être explorés. Non, je n’ai pas envie d’écrire parce que, depuis un moment, je traverse une mauvaise passe. Tu te rappelles des gâteaux-beurre-chocolat ? Eh bien, c’est un peu ça, mais pas seulement. C’est aussi parce que j’ai l’impression que très peu de personnes comprennent vraiment pourquoi je fais ce que je fais.

Bien que j’écrive d’abord pour moi, pour laisser une trace, pour montrer l’exemple en tant que peuple qui n’a pas assez écrit son histoire, j’aimerais aussi, quelque part, que mes écrits servent à quelque chose. Pas forcément à te convaincre d’adhérer à mes idées ou à mes philosophies. Ni à te guider vers ce que je pense être la bonne voie. Mais simplement à être d’une quelconque utilité dans ta vie. Toi qui prends quelques précieuses minutes chaque jour pour me lire.

Aujourd’hui, j’ai pensé qu’on pourrait faire un petit exercice. J’aimerais qu’après avoir lu ce texte, tu trouves un moyen de me joindre pour me dire pourquoi, selon toi, je devrais continuer à écrire comme je le fais. Quelle est ta raison ? Si tu trouves que ce que je fais est assez important, j’espère que tu pourras prendre quelques minutes de ton temps pour me le dire à ta façon.

Les commentaires sont désactivés sur mon blog, mais avec un peu de recherche en ligne, tu trouveras sûrement un moyen de me contacter. Si tu préfères, tu peux même m’envoyer un droit de réponse, bien que ce soit un peu plus long.

Merci d’avance pour ta participation.


Douala 🇨🇲 

Un simple bug, un grand rappel : l'importance de créer nos propres solutions

Je m’apprêtais à écrire mon texte du jour ce soir. Je fouillais tranquillement dans ma base de données parmi la liste de sujets dont j’aimerais te parler, et je me suis rappelé qu’un bon sujet venait justement des événements de la journée.

Tu l’as peut-être remarqué toi aussi : WhatsApp et la plupart des services de Meta ont subi de fortes perturbations aujourd’hui. Impossible d'envoyer ou de recevoir un message. Pas de call avec les enfants pour les parents à distance. Impossibilité de recevoir des commandes pour des entreprises comme Le Porc Braisé, où 90 % des commandes passent par WhatsApp. Bref, un vrai chaos.

Et comme d'habitude, dans ces moments, on se rappelle soudainement que les SMS existent. On se demande combien coûterait un appel intercontinental avec son opérateur. On se demande aussi s'il n'existe pas d’alternatives comme Dikalo, Telegram, ou d’autres plateformes.

Certains auront la chance que leurs contacts aient aussi installé l'une de ces alternatives et pourront ainsi passer leurs messages. D’autres n’auront pas cette chance. Mais très peu de personnes, surtout pas en Afrique, se demanderont ce que ça aurait été s’il n’y avait aucune alternative. Parce que, si ça ne dépend que de nous, on prend tous des passeports canadiens et américains et on continue nos absurdités.

Si tu as pu utiliser une alternative pour passer ton message urgent, essaie de comprendre la puissance du choix. Comprends l’importance de ne pas concentrer tout le pouvoir ou toutes les options entre les mains d'une seule entité. Parce que, quand cette entité sera défaillante – et ce n’est qu’une question de temps –, tu n’auras que tes yeux pour pleurer.

C’est la raison pour laquelle, malgré leurs alliances au sein de l’Otan, les pays européens continuent de développer leurs propres technologies. Chacun garde ses propres normes. Mais il n’y a que nous, en Afrique, pour penser qu’il est inutile de faire quoi que ce soit si d’autres le font déjà. Que nous ne devons pas développer nos pays, puisque nous pouvons mendier des passeports dans les pays développés. Il n’y a que nous pour ne pas penser à créer nos propres alternatives. Et certains osent encore dire que nous sommes brillants.


Douala 🇨🇲 

L’éternel piège des générations d’immigrés

Il y a quelques années, alors que je vivais en Occident, je me suis interrogé sur la différence entre la nouvelle génération d’immigrés, qui travaille majoritairement dans les nouveaux métiers de service, et la génération précédente, qui avait trouvé sa place dans l’industrie.

Beaucoup de personnes de cette ancienne génération avaient quitté leurs pays pour une vie meilleure en Occident. Pour elles, l’Occident représentait la possibilité de vivre dans des appartements modernes et de posséder une voiture, des rêves quasi inaccessibles dans leurs pays d’origine. Elles se sentaient privilégiées et regardaient souvent de haut la génération d’avant elles, celle qui avait quitté leurs pays en temps de guerre, dans des conditions bien plus difficiles.

Mais aujourd’hui, le constat est amer. Cette génération s’est retrouvée désillusionnée, piégée dans une pauvreté qu’elle n’avait pas anticipée. Ces appartements modernes se sont transformés en ghettos, où les rêves de grandeur de leurs enfants se sont brisés. Avec l’externalisation massive des emplois industriels vers l’Asie, beaucoup ont perdu leur travail à un âge où ils ne pouvaient plus se réinventer. Ils vivent aujourd’hui de retraites misérables, regrettant d’avoir été aveuglés par des promesses superflues.

Alors pourquoi la génération actuelle est-elle si sûre d’elle, persuadée qu’elle échappera à ce cycle ? Elle travaille principalement dans les métiers de service, qui paient mieux que les emplois industriels d’autrefois. Mais cette comparaison est biaisée. À leur époque, les métiers industriels semblaient eux aussi mieux rémunérés que ceux de l’agriculture, où travaillaient encore la génération d’avant. Chaque génération semble oublier le contexte de celles qui l’ont précédée et croit à tort qu’elle est plus maligne, plus résiliente et destinée à un sort meilleur.

La vérité, c’est que l’histoire se répète. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle commence à transformer les métiers de service, tout comme l’automatisation a fait disparaître des millions d’emplois industriels. Beaucoup ne s’en rendent pas encore compte parce que nous n’en sommes qu’au début. Mais dans une vingtaine d’années, la majorité des métiers de service – au moins 80% – auront disparu.

Prenons Google comme exemple. Il y a quelques mois, leur PDG annonçait que 25% de leur code était déjà rédigé par l’IA. Ils ont également développé un service d’IA pour les centres d’appels, si performant qu’il pourrait remplacer la majorité des call centers du monde dès demain. Et ce n’est que le début.

La plupart des immigrés de cette génération, qui se sont endettés sur 30 ans pour devenir propriétaires, perdront probablement leurs emplois dans moins de 10 ans. Et si, comme les générations précédentes, ils se montrent incapables de s’adapter, leur destin sera tout aussi sombre.

Ce cycle ne s’arrête jamais. Une nouvelle révolution technologique apparaîtra, créant de nouveaux métiers qui paieront mieux que ceux des services aujourd’hui. Ces métiers attireront une nouvelle génération, persuadée d’être supérieure à la précédente. Mais au final, c’est toujours le système qui gagne. Ces pays continueront d’attirer la main-d’œuvre nécessaire pour se développer, tout en créant des générations successives de rêves brisés. Des gens attirés par l’appât du gain facile, mais incapables de comprendre qu’ils ne sont que des pions dans une mécanique bien huilée.

Attirés par une illusion, ils continuent d’alimenter un système qui ne fait que se nourrir de leur ignorance.


Douala 🇨🇲 

Autonomie technologique : le défi que les Africains refusent de relever

Ce matin, je lisais un article qui expliquait les difficultés que l’aviation russe rencontre depuis le début de l'embargo imposé par l’Occident. Les compagnies aériennes russes ne peuvent plus acheter les pièces de rechange pour leurs Airbus et Boeing. Et le pire, c’est qu’elles ne peuvent même pas acheter des Embraer brésiliens ou des Comac chinois. Pourtant, ni la Chine ni le Brésil ne participent à l’embargo contre la Russie, étant membres des BRICS.

Pourquoi donc ces pays ne peuvent-ils pas vendre leurs avions aux Russes ? Tout simplement parce que certaines pièces essentielles, comme les moteurs ou d’autres composants spécifiques, sont fabriquées dans des pays occidentaux comme les États-Unis, la France ou l’Angleterre. Ces derniers pourraient stopper l’approvisionnement en pièces à la Chine ou au Brésil s’ils vendaient leurs avions à la Russie.

Quand certains Africains veulent justifier leur choix d’abandonner leurs pays pour aller quémander des passeports en Occident, ils invoquent le concept du “village interplanétaire”. Ce qu’ils feignent d’ignorer, c’est que ce village global est conçu pour maintenir certains pays dans une position de dépendance technologique. Sans accès à des technologies stratégiques, ces pays resteront toujours les vassaux des autres.

Au lieu de nous concentrer sur le développement de nos propres technologies pour viser l’autonomie, notre soi-disant diaspora brillante préfère mettre ses cerveaux au service d’autres nations, pour des miettes et une espérance de reconnaissance qu’ils n’obtiendront jamais.

Et comme si cela ne suffisait pas, ils passent le reste de leur temps à essayer de convaincre ceux d’entre nous qui pensent que la dignité de nos peuples vaut le combat, de les rejoindre dans leurs prisons dorées.


Douala 🇨🇲 

Célébrer l’ailleurs, oublier le chez-soi

Depuis quelques jours, je vois des statuts d’entrepreneurs locaux partout, vantant des marchés de Noël par-ci, des marchés de Noël par-là. Et franchement, ça me dépasse. Le Ngondo vient à peine de finir, et je n’ai vu aucun d’entre eux faire la moindre promotion en rapport avec cet événement. Je n’en ai d’ailleurs vu aucun mettre en avant aucun autre festival ou célébration culturelle locale.

Mais à Pâques, ils répondaient tous présents. À la Saint-Valentin aussi. Ainsi que pour la fête des mères, des pères, des grands-pères, Halloween, Thanksgiving, le Black Friday, le Cyber Monday et j’en passe.

Et les questions que je me pose sont : comment avons-nous fait pour en arriver là ? À célébrer religieusement tout ce qui vient d’ailleurs, tout en délaissant totalement ce qui vient de chez nous. Qu’avons-nous fait de notre dignité ? N’avons-nous donc aucun respect pour nous-mêmes et pour nos traditions ?

Bref, je m’interroge.


Douala 🇨🇲