La Diaspora : Assurer les Arrières ou Tourner le Dos ?

Ce matin, je discutais avec une très bonne amie à moi, et je lui disais que je ne savais pas comment ils faisaient (les gens de la diaspora) pour ne pas avoir honte en restant en Occident. J’ai essayé, mais franchement, je n’y arrive plus. Il y a tellement à faire ici chez nous que le fait de me tourner les pouces en Occident est juste inconcevable pour moi. J’aurais beaucoup trop honte. Honte de ne pas être en train de travailler activement à changer les choses ici sur le terrain. Honte de me cacher à l’ombre quand mon peuple souffre sous le soleil.

Si tu es toi aussi dans ce cas, il faut que tu me dises comment tu fais. Comment tu arrives à te regarder dans la glace chaque matin. Qu’est-ce que tu te dis pour te convaincre que tu es dans le bon ? Parce que j’ai beau cherché, je ne trouve pas.

Je sais que certains diront, “Nous aussi, on est dans le combat, même si nous sommes loin.” Un peu comme ce que quelqu’un a dit à Flavien le mois passé : “Nous assurons vos arrières en étant ici en Occident.”

Vous assurez nos arrières avec vos passeports européens ? Avec vos maisons et appartements achetés en Occident ? Avec vos enfants qui parlent italien, néerlandais, allemand, et pas un seul mot d’un dialecte camerounais ? Avec vos enfants qui ne mangent pas de koki ? Qui préfèrent les pâtes bolognaises au Eru ?

Comment est-ce que vous participez au combat ? En allant manifester place Trocadéro ? En vociférant comme des jeunes pubères sur les réseaux sociaux ? Ou en racontant à qui veut l’entendre que nos pays sont des pays de merde ? Je cherche à comprendre !

Nous faisons tous des erreurs. Souvent attirés par les sirènes de l’envie, nous nous éloignons du droit chemin. Mais nous ne sommes pas obligés de mourir dans l’erreur. Chaque jour est une nouvelle occasion de rectifier le tir.

J’espère que ce texte pourra sonner comme une alarme pour toi. Et si ce n’est pas le cas, c’est que ce n’est certainement pas pour toi qu’il était destiné, mais pour cette personne juste à côté de toi. Cette personne plus courageuse que tu ne le seras sans doute jamais.


Douala 🇨🇲 

Pourquoi l'Épargne de la Diaspora Africaine Devrait Être Réinvestie en Afrique

En début de mois, je discutais avec un pote de la diaspora. Je lui proposais de racheter des parts dans mon entreprise au pays. Oui, oui, ce n’est pas facile et mon devoir est de faire rentrer le cash nécessaire pour nous permettre de continuer le combat.

Je lui ai partagé tout un tas de documents sur notre état d’avancement, sur ce que nous faisions déjà (comme les grands), sur les problèmes que nous rencontrons, et surtout sur notre vision. Il m’avait l’air assez impressionné par tout le travail abattu et était plus ou moins d’accord sur l’idée d’investir. Sauf qu’il me disait qu’il ne pouvait pas le faire avant le début d’année prochaine. Que malgré le fait qu’il gagnait très bien sa vie aux USA (salaire à 6 chiffres), il n’était pas assez liquide. Une bonne partie de son argent allant dans des placements bancaires, en actions en bourse et autres. Bref, en épargne, quoi !

Et c’est exactement le sujet de mon texte du jour. Il va être un peu (beaucoup) controversé, mais tu me connais, je dis ce que je pense. On va parler de l’épargne de la diaspora africaine.

J’ai l’impression vraiment qu’il faut qu’on nous donne, à nous Africains, des cours d’économie. Même à ceux qui ont étudié et travaillent dans le domaine. C’est peut-être quelque chose que je vais commencer à faire sur ma chaîne YouTube prochainement. Il y a tellement de concepts simples que nous ne comprenons pas.

Prenons le cas de l’épargne. À quoi sert-elle ? Quand nous gardons notre argent dans des institutions financières, il permet de financer les prêts bancaires et les investissements dans la société dans laquelle nous vivons. C’est avec notre argent qu’on va faire un prêt à l’entrepreneur local pour financer l’achat de sa nouvelle machine. C’est cet argent qui sera utilisé pour financer la nouvelle autoroute ou la nouvelle ligne de métro. En gros, notre argent est réinvesti dans le développement.

En somme, c’est une très bonne chose. Mais quand je vois la diaspora africaine crier sur tous les toits qu’ils sont une réelle chance pour l’Afrique et en même temps laisser leurs épargnes dans les économies occidentales, je me demande s’ils sont normaux. Le risque de le perdre est peut-être plus grand en Afrique, mais ne pas l’investir en Afrique, c’est tout simplement envoyer le message clair que tu ne veux pas que l’Afrique se développe. Et le pire, c’est que tu continues par ton épargne à financer les économies des pays en concurrence directe avec l’Afrique.

Je n’ai pas les statistiques, mais je parie que si on cumule les épargnes de la diaspora dans leurs comptes à l’étranger, on obtiendrait des sommes faramineuses. Assez pour construire tous les hôpitaux, toutes les autoroutes, tous les métros qu’ils aimeraient tellement voir en Afrique avant de revenir.

En même temps, je t’avoue que mutualiser ces épargnes ne serait pas une mince affaire. Un problème sur lequel je travaille aussi. Je t’en parlerai au moment opportun. Mais en attendant, chacun à son niveau peut faire quelque chose. Pas besoin d’attendre une politique commune pour commencer à agir. Moi, par exemple, ce que je faisais à mon époque, c’était de rediriger tout mon superflu vers l’Afrique, d’une manière ou d’une autre. Toi, à ton niveau, qu’est-ce que tu peux faire ? Tu peux décider d’investir des tickets de 1000€ à 10.000€ dans tous les projets que tu trouves intéressants en Afrique. Le but n’étant pas forcément de gagner de l’argent, mais de l’injecter dans l’économie du pays africain que tu auras choisi.

Il est fort probable que tu perdes 100% de tes 10 premiers investissements, mais c’est le prix à payer si nous voulons nous développer. Tu ne t’en rappelles peut-être plus, mais pour pouvoir marcher aussi bien que tu le fais aujourd’hui, tu t’es cassé la gueule plusieurs fois. Mais tu savais instinctivement que c’était le prix à payer pour y arriver, et tu l’as fait. C’est exactement pareil ici.

De plus, cet argent ne sera pas perdu. Il ne te donnera peut-être pas le retour sur investissement que tu souhaitais, mais il aura été injecté dans l’économie locale. Et d’une manière ou d’une autre, il améliorera un secteur. Il pourra, par exemple, payer les salaires d’un papa qui pourra, grâce à ce travail, financer la dernière année d’études de médecine de son enfant qui sera, dans quelques années, le médecin principal de ton village. Celui qui sauvera la vie de ton fils après une chute dans la piscine, quand tu auras enfin décidé de rentrer t’installer à l’Ouest du Cameroun comme moi. C’est la vraie puissance de l’argent.

Malheureusement, nous, Africains, sommes tellement concentrés sur nos nombrils, à penser à nous et rien qu’à nous, à vouloir être les plus riches du cimetière, sans se demander l’impact que notre argent a dans notre communauté, parmi nos proches.

Si tu te sens allemand, français, canadien ou américain désormais, je comprends. Continue d’investir ton épargne dans ton nouveau pays. Mais si tu parles de développer l’Afrique, de rentrer t’y installer un jour, la meilleure chose que tu puisses faire, c’est de commencer à investir tout ou une grande partie de ton épargne sur le continent. Et ici, je ne parle pas de construire des meublés ou de mettre des Yango dehors hein. On se connait ! Je parle de vrais business qui font tourner l’économie et qui ont le potentiel de développer des pans entiers de l’économie. Je parle d’innovation, d’agriculture, de technologie, de restauration, d’industrie. Tout ce qu’il te reste à faire, c'est de trouver les bons entrepreneurs sur qui miser. Pas ceux qui veulent faire comme toi et se retrouver en Mbeng.

Et pendant qu’on y est, laisse-moi te présenter une opportunité qui pourrait t’intéresser. Il s’agit du nouveau projet agritech, Agrifrika, sur lequel je travaille avec Flavien. Nous essayons de créer le plus grand comptoir unique d’agriculture d’Afrique. Afin de pouvoir donner les moyens à nos agriculteurs d’enfin entrer dans la cour des grands et de permettre aux grands acheteurs de pouvoir avoir une plateforme unique sur laquelle ils pourront trouver toutes les références qu’ils recherchent, dans les quantités qu’ils veulent et qui respectent leurs cahiers des charges.

Nous sommes dans notre première phase de levée de fonds. En Love Money. Réservée à la famille et aux amis. Raison pour laquelle je t’en parle. Nous cherchons 50.000$ pour cette première phase. Et nous avons déjà pu sécuriser 20.000$. Donc si tu veux faire partie de l’aventure, c’est maintenant ou jamais. À moins que tu préfères que ton argent soit encore utilisé pour financer la recherche sur le prochain pesticide qui sera utilisé sur les fruits que tu achèteras dans ton pays de résidence d’ici quelques années. Pesticide qui sera certainement à l’origine de ton cancer. Cancer sur lequel tu dépenseras entièrement les maigres gains que tu auras fait sur ton épargne.

Bref, je te laisse le lien du pitchdeck pour que tu jettes un coup d’œil, et l’adresse email pour signaler ton intérêt ou demander plus d’informations.


Douala 🇨🇲 

Quand Même : Une Leçon de Persévérance et d'Intégrité

J’étais dans une salle d’attente ce matin, et sur un placard était collé un texte. Depuis ma position, je ne pouvais pas bien le lire, mais je pouvais clairement distinguer le titre, “Quand Même”, et son auteur, Mère Teresa. Il n’en fallait pas plus pour que j’aille faire mes recherches sur Internet. On vit à une merveilleuse époque, mon ami.

Il s’agissait d’une prière de Mère Teresa sur la nécessité de faire le bien, de faire ce qu’il faut malgré tout ce que les autres peuvent dire et faire autour de toi. Un sujet que je traite constamment sur mon blog, dont le fameux texte “Fais-le quand même”. Comme quoi, les grands esprits se rencontrent.

Si mon texte n’avait pas réussi à te convaincre, peut-être que celui de “La Sainte de Calcutta” y parviendra :

Quand Même

Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes,
Pardonne-les quand même.

Si tu es gentil, les gens peuvent t'accuser d'avoir des motifs égoïstes,
Sois gentil quand même.

Si tu réussis, tu gagneras de faux amis et de vrais ennemis,
Réussis quand même.

Le bien que tu fais aujourd'hui sera souvent oublié demain,
Fais le bien quand même.

L'honnêteté et la franchise te rendent vulnérable,
Sois honnête et franc quand même.

Ce que tu as mis des années à construire peut être détruit en une nuit,
Construis quand même.

Les gens qui ont vraiment besoin d'aide peuvent t'attaquer s'ils se sentent menacés par ton aide,
Aide-les quand même.

Donne au monde le meilleur que tu as et tu seras peut-être frappé en plein visage,
Donne au monde le meilleur que tu as quand même.

Tu vois, en fin de compte, c'est une histoire entre toi et Dieu,
Cela n'a jamais été entre eux et toi.

Comme je t’invite à faire souvent, j’ai poussé un peu plus mes recherches et je me suis rendu compte qu’un poème presque identique avait été écrit en 1968 par le Dr Kent M. Keith alors il n’avait que 19 ans. Il s’agit de The Paradoxical Commandments" (Les Commandements Paradoxaux), dont Mère Teresa se serait certainement inspirée. Ce poème véhicule un message de persévérance : continuer à faire le bien pour l’humanité, agir avec intégrité, et être la meilleure version de soi-même, même sans rien recevoir en retour ou même en perdant tout. L’histoire de ma vie, quoi ! Voici le texte :

Les Commandements Paradoxaux

    1. Les gens sont illogiques, déraisonnables et égocentriques. Aimez-les quand même.
    2. Si vous faites le bien, on vous accusera d'avoir des motifs égoïstes inavoués. Faites le bien quand même.
    3. Si vous réussissez, vous gagnerez de faux amis et de vrais ennemis. Réussissez quand même.
    4. Le bien que vous faites aujourd'hui sera oublié demain. Faites le bien quand même.
    5. L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérable. Soyez honnête et franc quand même.
    6. Les plus grands hommes et femmes aux plus grandes idées peuvent être abattus par les plus petits hommes et femmes aux plus petits esprits. Pensez grand quand même.
    7. Les gens sont en faveur des défavorisés mais ne suivent que les gagnants. Battez-vous pour quelques défavorisés quand même.
    8. Ce que vous passez des années à construire peut être détruit du jour au lendemain. Construisez quand même.
    9. Les gens ont vraiment besoin d'aide mais peuvent vous attaquer si vous les aidez. Aidez les gens quand même.
    10. Donnez au monde le meilleur de vous-même et vous recevrez un coup de pied dans les dents. Donnez au monde le meilleur de vous-même quand même.

Je ne sais pas pour toi, mais je crois que ce texte mérite une place sur les murs des chambres de nos enfants, ainsi que dans leurs salles de classe.


Douala 🇨🇲 

Fais de ton Sommeil ta Priorité Absolue !

Je sais que ce n’est pas facile à faire. Le sommeil est souvent la première chose que nous sacrifions quand notre emploi du temps se complique, quand nous sommes en retard sur un travail, ou même quand nous voulons nous amuser. Pourtant, c’est la pire des habitudes que l’on puisse développer. Moi-même, je dois me battre contre cela tous les jours.

Le sommeil est important. Bien plus important que tu ne le penses. C’est ton tout premier médicament. Quel que soit le problème que tu traverses, commence par améliorer ton hygiène de sommeil avant de faire quoi que ce soit. La plupart du temps, en améliorant simplement ton sommeil, ton problème se résout de lui-même. Quel qu’il soit !

Sur ce, je crois que je vais aller me coucher !


Douala 🇨🇲 

3 Minutes pour transformer ta vie

En début d’année, j’ai décidé d’offrir un cadeau à chaque Camerounais à travers le monde. J’ai créé une chaîne WhatsApp, Challenge 366 Fitness, où je publie un exercice physique différent chaque jour avant 6h du matin (heure de Maroua). L’idée est simple : donner à chacun l’opportunité de faire au moins un exercice physique par jour, même si ce n’est que pendant trois minutes. C’est ma façon de contribuer à la productivité de notre peuple.

Pratiquer du sport quotidiennement est l’une des meilleures habitudes que nous puissions adopter. Non seulement cela nous aide à rester en forme, mais c’est aussi excellent pour le cerveau et l’un des meilleurs moyens de développer plus de discipline dans nos vies.

Tous les jours, je tourne, monte et partage ces vidéos. Cela me demande beaucoup d’organisation, d’imagination dans mes déplacements et, surtout, d’être debout et connecté avant 5h du matin. Le deal est simple est pour toi : il suffit de faire l’exercice et de laisser un petit emoji après l’effort. Mais il semble que ce soit trop demander à certains, car seulement deux personnes laissent régulièrement cet emoji.

Heureusement, je ne fais pas cela pour recevoir quelque chose en retour, mais parce que je pense que c’est la bonne chose à faire. Sinon, j’aurais arrêté depuis longtemps. Pourtant, huit mois plus tard, je suis toujours là, n’ayant manqué aucun jour jusqu’à présent.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est pour illustrer notre état d’esprit. Nous ne savons pas être fidèles dans les petites choses, nous ne savons pas être reconnaissants pour ce qu’on nous offre gracieusement, et nous ne savons pas nous positionner en amont. Tout ce qui nous intéresse, c’est profiter et courir après ce qui brille. Quel dommage !

Demain, quand ce cadeau deviendra un programme national adopté par tous, ceux qui ont été les premiers à en entendre parler finiront par y trouver un intérêt à la dernière minute. Souvent, ta vie est misérable simplement parce que tu minimises les petits commencements. Parce que tu es trop occupé à envier ce que les autres ont, au lieu de te contenter du peu que tu as.

Huit mois plus tard, j’ai encore des proches qui me disent vouloir être en forme alors qu’ils n’ont jamais commencé ce programme de moins de trois minutes par jour que je leur ai gracieusement offert.

Bref, si c’est la première fois que tu entends parler de cette initiative, voici le lien de la chaîne WhatsApp pour t’inscrire. C’est gratuit ! Et on ne sait jamais, souvent le peu que tu minimises est tout ce dont quelqu’un d’autre a besoin. N’hésite pas à partager le lien autour de toi. C’est peut-être tout ce dont ton voisin avait besoin pour commencer son voyage vers la discipline.


Douala 🇨🇲 

À la recherche de nos racines : Le mystère des crevettes du Cameroun

Il y a quelques semaines, j’ai publié plusieurs textes où je parlais de ces crevettes qui ont donné son nom au Cameroun. [Ici], [ici] et [ici]. J’ai voulu creuser un peu plus le sujet avec une amie Douala, qui m’a dit qu’elle en parlerait dans sa communauté pour en savoir davantage. L’objectif est de nous rapprocher de notre culture et de la valoriser au mieux. Après tout, ailleurs, certains ont réussi à nous convaincre que les œufs de poisson étaient une délicatesse. Pourquoi ne pas faire de même avec des espèces uniques à notre territoire ?

Aujourd’hui, nous avons un peu avancé dans les recherches. Enfin, surtout elle. Elle m’a transmis un texte qui en dit un peu plus sur Biantou “Mbeatoè”. Je te le partage en avant-première.

SUR LE CRUSTACÉ AUQUEL LE CAMEROUN DOIT SON NOM (CALLIANASSA TURNERANA WHITE) MBEATOÈ HU-HU MBEATOÈ SANJA !

Cette année encore, le phénomène extraordinaire qui est très certainement à l'origine du nom Cameroun (Riv. Camerones, Camaroes, River Cameroons, Kamerun, Cameroun) s'est produit.

On assiste en effet, dans la baie de Douala, à l'apparition saisonnière de quantités prodigieuses de ces "prétendues" crevettes, qui pourtant sont des Callianasses. La pêche des "Mbea Toe" (Callianasses) est une réjouissance pour le peuple Douala. Elle a lieu en pleine saison des pluies, au mois de septembre. "Le mbeatoè" est censé amener la pluie "mbua mbeatoè ni".

Toute la migration de ces Callianasses se passe en eau douce. Celle-ci commence, disent les anciens, à Djebalè, où se trouve la maison des “mbeatoè”. Elles passent vers la Dibamba, en particulier par la crique Pisu'a Loba après Yapoma. D’autres "mbeatoè" iraient dans le delta du Mongo, vers Bojongo et Bwadibo. La route continue sur le Wuri, et ainsi de suite. Le phénomène dure, semble-t-il, de trois jours à une semaine.

La pêche de cette manne venue de l'au-delà est une fête importante. À marée montante ou descendante, les mbeatoè se ramassent à la main. On n’utilise pas le filet à crevette "Ngolo" pour cette pêche, et seuls les hommes y sont admis. Elle n’a lieu que le soir et la nuit. S'il n'y a pas de pleine lune, on emporte des flambeaux. Il est coutume de faire du bruit, de pousser des cris et d’agiter les flambeaux durant cette pêche miraculeuse. "HU - HU ! HU - HU ! A MBEATOÈ HU-HU ! A MITOKÈ MI MIKAMBA HU - HU ! A MBEATOÈ SANJA !"

À partir de ce moment et pour toute la durée de la pêche, une trêve tacite, consacrée par la coutume, s'établit entre les pêcheurs. Les distinctions sociales sont abolies pour un moment, et le moindre habitant du village peut impunément insulter le chef et les notables à haute voix.

Les anciens pensent que ces mbeatoè (Callianasses) sont envoyés par "l'homme d'eau" (Le Jengu) : BUSA ! BUSA ! BUSA ! BUSA ! Cette formule est indispensable à la réussite de la pêche. Paniers pleins, la foule grouillante des pêcheurs regagne les villages : Djebalè, Deido, Akwa, BonaBedi, Youpwè, etc.

Au rivage, les femmes les attendent avec joie et se chargent des paniers. N'importe qui peut se présenter à l'arrivée des pirogues et obtenir sa part du festin.

Le mbeatoè (Callianasse) mâle n'est jamais consommé seul, contrairement à la femelle. Il contient un principe irritant qui pique la gorge (Ekedikedi). Cependant, son huile est bonne et vertueuse (Mula ma mbeatoè).

M. Th. MONOD
Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle.

Les investigations se poursuivent. 


Douala 🇨🇲 

L'illusion du succès : une histoire de simplicité et de bonheur

Laisse-moi te raconter une petite histoire.

Un riche homme d'affaires américain était en vacances dans un petit village côtier mexicain. Un matin, alors qu'il se promenait sur le port, il vit un petit bateau avec un seul pêcheur qui accostait. À l'intérieur du bateau se trouvaient plusieurs gros thons de belle qualité. L'Américain complimenta le Mexicain sur la qualité de ses poissons.

"Combien de temps vous a-t-il fallu pour les attraper ?" demanda l'Américain.

"Seulement un peu de temps," répondit le pêcheur mexicain.

"Pourquoi ne restez-vous pas plus longtemps en mer pour en attraper plus ?" demanda l'Américain.

Le Mexicain répondit que ces quelques poissons suffisaient à subvenir aux besoins de sa famille.

L'Américain demanda alors : "Mais que faites-vous du reste de votre temps ?"

"Je dors tard, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme, Maria. Le soir, je vais au village, je bois du vin et je joue de la guitare avec mes amis. J'ai une vie bien remplie et occupée, señor," répondit le pêcheur.

L'Américain ricana : "Je suis diplômé de Harvard et je pourrais vous aider. Vous devriez passer plus de temps à pêcher et, avec les bénéfices, vous acheter un plus grand bateau. Avec les bénéfices du plus grand bateau, vous pourriez acheter plusieurs bateaux. Éventuellement, vous auriez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre votre poisson à un intermédiaire, vous vendriez directement aux consommateurs, et vous finiriez par ouvrir votre propre conserverie. Vous contrôleriez la production, la transformation et la distribution. Vous devriez quitter ce petit village côtier et déménager à Mexico City, puis à Los Angeles, et éventuellement à New York, d'où vous dirigeriez votre entreprise en expansion."

Le pêcheur mexicain demanda : "Mais, señor, combien de temps cela prendrait-il ?"

"15 à 20 ans," répondit l'Américain.

"Et après, señor ?"

L'Américain rit et dit : "C'est là que ça devient intéressant. Quand le moment sera venu, vous pourriez introduire votre société en bourse et vous feriez des millions !"

"Des millions, señor ? Et après ?"

L'Américain répondit : "Après, vous prendriez votre retraite. Vous déménageriez dans un petit village côtier où vous dormiriez tard, pêcheriez un peu, joueriez avec vos petits-enfants, feriez la sieste avec votre femme, et passeriez vos soirées à boire du vin et à jouer de la guitare avec vos amis."

Le pêcheur mexicain, souriant, regarda l'Américain et dit : "N'est-ce pas exactement ce que je fais maintenant ?”

Cette histoire doit te faire sourire. Et tu ne penses certainement pas qu’elle s’applique à toi. Ou bien, si tu es bien pris dans les cordes du filet de l’envie et du capitalisme, tu te dis que la place de l’Américain est la meilleure. Mais je t’invite à y réfléchir.

Je t’en parle aujourd’hui parce qu’après mon texte sur la valeur d’un endroit par les relations qu’on y a, je me suis rappelé de tous mes amis qui se sont battus bec et ongles pour que leurs parents aillent les retrouver en Occident. Toutes ces personnes qui, en Occident, ne vivent qu’en communauté. Les communautés constituées des personnes de leurs pays d’origine. Pourquoi quitter le Cameroun pour aller vivre avec d’autres Camerounais aux États-Unis ? Pourquoi se donner tant de mal ? Pourquoi vouloir faire venir ton père ou ta mère auprès de toi si tu pouvais juste rester près d’eux dès le départ ? Si tu peux juste rentrer les retrouver quand tu t’es rendu compte de ta bêtise ? Pourquoi demander à ce qu’on rapatrie ton corps au pays pour reposer auprès de tes ancêtres si tu aurais pu y rester et communier avec eux de ton vivant ? Parce que tu as fait Harvard et te crois plus malin que les autres ?

C’est un problème contre lequel moi-même je lutte énormément actuellement. Chaque fois que j’essaie de prendre une décision qui semble tellement intelligente, une décision d’un gars de Harvard, je me demande quel est l’objectif final. J’essaie de comprendre où est-ce que ça va me mener. Car si c’est pour arriver au même point de départ, pourquoi se donner autant de mal ?

C’est l’une des raisons pour lesquelles je milite pour que nous réfléchissions à une autre forme de développement. Le développement à l’occidentale n’est pas forcément le meilleur. Il a prouvé ses limites. Faire des OGM, de l’agriculture intensive, de l’élevage avec antibiotiques pour que les plus riches retournent au bio comme c’était le cas avant pour tout le monde ? Pourquoi s’être donné autant de mal ? Et ça, ce n’est qu’un exemple.

Vu sous le prisme occidental, on peut avoir l’impression que la situation de l’Américain est meilleure que celle du Mexicain. Mais est-ce vraiment le cas ? Je n’en suis plus si sûr. Et je pense que les taux de suicide dans ces pays en disent long sur la chose.

Je t’invite à bien y réfléchir pendant qu’il est encore temps. Parce que tu n’auras pas forcément ces 15-20 ans nécessaires pour revenir au point de départ. Tu te seras peut-être perdu en route.


Douala 🇨🇲 

La qualité d'un lieu : ce ne sont pas les infrastructures, mais les relations

Souvent, quand je discute avec des personnes, j’ai l’impression que dans leur tête, le meilleur endroit où vivre est l’endroit où il y a le plus d’infrastructures, le plus de développement, le plus de bling-bling.

C’est vrai que vivre avec toutes les commodités est un luxe sur lequel on ne peut pas cracher. Mais je suis de plus en plus convaincu que ce n’est pas cela qui fait le charme du lieu dans lequel on vit. Pour moi, l’élément qui détermine le mieux la qualité de vie d’un endroit, ce sont les personnes qui nous y entourent.

J’ai vécu dans plusieurs villes et pays à travers le monde. Chacun avait son charme et sa particularité. Mais dans tous ces lieux, la qualité du temps que j’y ai passé était déterminée par les personnes avec qui je partageais mes journées.

Le Cameroun a toujours eu un goût spécial pour moi, pas seulement parce que j’y suis né, mais aussi parce que c’est ici que j’ai fait mes premières rencontres dès ma naissance. C’est l’endroit où j’ai été le plus entouré de personnes que j’aime et qui m’aiment. C’est l’endroit où je connais le plus de personnes intéressantes. Des personnes en dehors de ma famille que j’ai rencontrées avant mon départ comme Adrien, et d’autres que j’ai appris à connaître après mon retour, comme Flavien et Lionel.

Bana occupe certainement cette place spéciale dans mon cœur pour tous ces bons moments que j’y ai vécus plus jeune avec ma grand-mère.

Libreville fut une très belle expérience, pas à cause de ses belles plages, mais surtout grâce à tous ces merveilleux moments passés avec Boris, Ulrich, et Victor.

La France ne serait pas la même sans Chambéry et toutes les personnes que j’y ai rencontrées, sans Ayélé que j’ai épousée, sans mes enfants qui y sont nés, sans Tim.

Du Canada, je ne retiens que nos tournées des restaurants avec Ayélé, nos virées avec Lyse.

Cette semaine passée à Bafoussam n’aurait certainement pas eu le même goût sans Flavien.

Nous passons notre temps à courir après des artifices ailleurs, alors que ce sont les personnes qui nous entourent qui donnent la saveur à un endroit. Au lieu de laisser derrière soi sa famille et toutes les personnes qui nous aiment pour un prétendu paradis ailleurs, nous ferions mieux d’essayer d’améliorer cet endroit magique que nous partageons avec nos proches.

Comme le dit le dicton, “Ta maison est là où est ton cœur.”


Nationale 5 (Bafang - Douala) 🇨🇲 

Retrouver nos racines : le retour au Fipangrass

Ce matin au petit-déjeuner à l’hôtel, j’ai demandé du Fipangrass (La citronnelle ou Verveine des Indes), ou de la tisane, comme me l’a redemandé la dame à l’accueil.

Tu te demandes peut-être pourquoi je te parle de ça et quel rapport cela pourrait avoir avec la diaspora inutile (il fallait bien trouver un moyen d’envoyer une balle perdue). Laisse-moi t’expliquer.

Toute la semaine, je l’ai passée à Bafoussam pour travailler avec mon associé sur un nouveau projet. Nous voulions nous isoler pour mieux nous concentrer. Nous avons choisi Bafoussam parce que c’est la capitale de l’Ouest, la région où nous prévoyons de nous installer d’ici quelques années.

Chaque matin, après notre séance de sport et juste avant de commencer notre séance de travail, nous prenons un petit-déjeuner à l’hôtel. En général, il est composé d’œufs, de pain, de lait, et de chocolat en poudre (on va éviter de citer les marques non locales).

Tu me connais, au bout du deuxième jour, ça commençait à me faire chier de consommer uniquement des produits importés. J’ai demandé qu’on remplace le pain par de la banane tapée. Je ne sais pas si tu connais, mais c’est une recette faite avec une variété de banane que nous avons chez nous ici au Cameroun, la banane cochon comme nous l’appelons affectueusement. Une variété qui, je suppose, était très prisée par nos ancêtres jusqu’à ce que les industriels (suis mon regard) n’introduisent la banane Cavendish sur notre territoire. Donc depuis quelques jours, plus de pain pour nous, uniquement de la banane tapée. Mais il restait encore ces laits et chocolats en poudre.

Ce matin, j’ai demandé s’il était possible de nous faire du Fipangrass. Cette tisane qui a bercé nos enfances au pays. Je me rappelle une période où c’était la reine des petits-déjeuners, surtout pendant cette période de vacances scolaires qui coïncide avec la saison des pluies. Du Fipangrass, tu en trouvais planté dans presque toutes les maisons.

Aujourd’hui, c’est à peine si nos jeunes savent à quoi ça ressemble. Moi-même qui écris ces lignes, je n’en ai pas vu en nature depuis des mois. J’espère seulement que c’est bien cela qui nous a été servi ce matin. Car bien que l’odeur y était, je n’ai pas vraiment retrouvé ce goût de mon enfance.

Pourquoi tout ce texte autour du Fipangrass? Si tu te poses la question, il faut croire que tu n’as pas encore vraiment cerné le personnage.

Nous nous plaignons de notre pays qui n’avance pas, des choses qui vont mal. Nous pensons que la solution est ailleurs, même si cela signifie devenir esclaves chez les autres. Alors qu’en réalité, nous sommes tous responsables. Pourquoi avons-nous laissé mourir nos cultures, nos aliments locaux? Aujourd’hui, la banane cochon est presque introuvable sur les marchés, même dans son fief de l’Ouest du Cameroun. Nous nous précipitons sur les cultures de la Cavendish, du cacao, du café, que nous ne consommons pas, au détriment des aliments que notre Terre riche nous a gracieusement offerts. Qu’avons-nous fait du Fipangrass, qui était un préventif transmis dans nos familles de génération en génération? Non, nous préférons consommer les déchets déshydratés de lait de vaches que nous n’avons jamais vues (je t’invite, si tu ne l’as pas encore fait, à faire une recherche sur la fabrication de lait en poudre).

Nous nous plaignons alors que nous sommes le problème. Si tu ne réclames pas les produits locaux à consommer, comment penses-tu que ceux qui les cultivaient continueront à le faire? Si tu passes ton temps à consommer des produits dont les semences sont importées, comment penses-tu obtenir ton indépendance un jour?

Il y a quelques jours, je parlais du fait que presque tout était importé dans nos mariages, jusqu’à la nourriture. Ce n’est pas que dans nos mariages, c’est toute notre vie qui est importée. Et vu que certains se croient tellement malins, ils ont décidé de vivre directement à la source de l’importation au lieu de se battre pour leur souveraineté. C’est tellement dommage!

Que tu vives en appartement ou en maison, je t’invite à planter ton Fipangrass et à recommencer à le consommer quotidiennement. Et si tu veux savoir pourquoi, sacrifie une soirée Netflix pour te renseigner sur tous ses bienfaits. Qui sait, peut-être qu’après ça tu m’inviteras à partager une tasse avec toi comme le faisaient nos parents. Enfin, tu ne le fais que si tu te sens Camerounais comme moi!



Bafoussam 🇨🇲 

Un joyau à Bafoussam : Quand l’excellence locale prend le dessus

De temps en temps au pays, il y a des choses qui te redonnent le sourire et te poussent à continuer le combat.

Aujourd’hui, le directeur de l’hôtel Zingana à Bafoussam, M. Nicolas Kamaha Kameni, nous a accordé une visite en détail des lieux. Des chambres d’hôtels en passant par tous les locaux techniques, rien n’a été laissé au hasard. Ceci après nous avoir entretenus pendant quelques minutes sur la philosophie de l’hôtel et du rôle qu’il joue dans l’écosystème local. Plus de 90 % de ce qui y est consommé vient du Cameroun et souvent même de la région de l’Ouest, que ce soit la nourriture, la décoration, ou la main-d’œuvre artisanale.

J’en ai eu plein les yeux. Des hôtels, j’en ai visité des centaines dans le monde, mais celui-ci a un charme particulier. Le moindre petit détail est empreint d’une finesse qu’on ne retrouve que dans le grand luxe.

Passer un week-end dans un lieu pareil serait une expérience hors du commun. Surtout que la ville de Bafoussam est desservie par Camairco. Partant de Douala ou de Yaoundé, tu prendrais un vol avec ta partenaire. Arrivés à l’aéroport de Bafoussam, vous profiteriez de la navette gratuite de l’hôtel. Et à vous un week-end paradisiaque dans un lieu de rêve.

Des joyaux comme celui-ci, il nous en faut beaucoup plus. Que toutes ces personnes de la diaspora qui ne donnent pas cher de notre peau sachent que les jeux ne sont pas encore faits et que le Cameroun n’a pas encore dit son dernier mot.

C’est vrai que les prix ne sont pas à la porté de tout le monde, mais pour le standing que c’est je pense que chaque camerounais peut se permettre ce caprice au moins une fois dans sa vie, pour ne pas dire une fois par an.

http://hotelzingana.com/


Bafoussam 🇨🇲