L’hôpital qui se fout de la charité

Quand je parle souvent d’une diaspora inutile et nuisible, certains pensent que je suis seulement jaloux d’eux parce que je n’ai pas réussi comme eux en Occident. Ou bien ils appellent quoi réussir oh? Bref !

Aujourd’hui, j’aimerais soulever le sujet de ces personnes de la diaspora qui nous narguent tous les jours alors que ce sont leurs parents qui ont tué le pays. Toutes ces personnes dont les parents sont les détourneurs de fonds publics et abuseurs de biens sociaux. Parce que, comme on ne parle pas, vous pensez qu’on ne voit pas.

Je ne peux pas compter le nombre d’enfants de fonctionnaires, étudiants, que j’ai rencontrés en Europe. Et quand tu discutes avec eux, ils te parlent de leurs grandes demeures construites à Douala ou à Yaoundé et de la maison du village. Quand nous connaissons le salaire d’un fonctionnaire, on se demande comment ces derniers ont fait pour épargner autant d’argent pour réussir à construire ces luxueuses demeures et envoyer les enfants étudier en Occident quand on sait ce que ça coûte.

Aujourd’hui, le quartier Denver à Bonamoussadi est presque vide. La plupart des enfants étant allés étudier en Occident et jamais revenus. Mais je me rappelle que plus jeune, Denver était le quartier qui avait été pris d’assaut par les douaniers. De simples employés de la douane camerounaise, avec les petits salaires de fonctionnaire que nous leur connaissons, ont construit des grandes villas dans l’un des quartiers les plus chers de la ville. Et ce sont leurs enfants qui ont profité du vol sans vergogne de leurs parents qui aujourd’hui veulent nous donner des leçons et nous faire comprendre que le pays est pourri. Eh ah !

Il y a quelques semaines, un ami était invité à une fête d’anniversaire où se trouvait un mbenguiste fraîchement débarqué de Harvard pour les vacances. Quand mon ami lui a demandé s’il comptait rentrer s’installer au pays, le mbenguiste a dit que le pays est bancal et qu’il n’y a pas d’opportunités. Rappelons que c’est avec leurs salaires de fonctionnaire (père et mère) que ses parents ont pu lui payer une éducation dans la plus prestigieuse université des États-Unis. Arrêtez les gars !

Il y a quelques années, j’appelle ma mère pour avoir de ses nouvelles. À l’époque où moi-même j’étais encore un mbenguiste (juste pas aussi con que les autres). Elle me dit qu’elle revient du village pour un deuil. Je lui demande si tout s’est bien passé et elle me répond que oui. Que tout s’est très bien passé, juste une mauvaise nouvelle qu’ils ont apprise sur le chemin du retour. Tu me connais, je suis curieux. Je lui demande quelle mauvaise nouvelle, m’attendant à ce qu’elle me parle d’un nouveau deuil. Elle me dit que son beau-frère, qu’elles étaient allées soutenir pour le deuil de sa mère, avait été affecté. Un colonel de l’armée qui aurait apparemment été responsable d’un régiment sur le front venait d’être affecté dans les bureaux à Yaoundé. Et moi naïvement de lui dire : “Mais c’est une bonne nouvelle plutôt. Il quitte le front où il pouvait mourir à tout moment pour une zone un peu plus sûre. Pourquoi dites-vous que c’est une mauvaise nouvelle ?” Et elle de me dire que tu sais que quand il est commandant sur le front comme ça, c’est lui qui gère le budget du régiment. Je comprends alors qu’en fait ils sont tristes parce qu’on vient de le retirer de la mangeoire (comme on aime le dire au pays) ou plus précisément on vient de diminuer sa capacité de détournement de fonds (au profit d’un autre certainement).

J’ai d’abord vectorisé ma mère. Et je lui ai dit de ne plus jamais me raconter des bêtises comme ça. Comment toi, une personne aussi honnête et intègre, arrives à te mêler à des conneries pareilles ? Je lui ai rappelé que c’est à cause des comportements comme celui de son beau-frère et du fait qu’ils (les pauvres comme elles) cautionnent des bêtises pareilles que le pays n’avance pas, que nous faisons du surplace depuis des années. Et je te laisse deviner où sont les enfants de cet oncle à l’heure où je fais ce texte. Oui, oui, exactement là où tu penses. En train de dire comment ce pays tue les jeunes.

En parlant de colonel, ça me rappelle ce colonel à la retraite de l’armée de l’air camerounaise que j’ai croisé à Abidjan en début d’année pendant la CAN. Comme je ne peux pas m’en empêcher, je l’ai embarqué dans une discussion sur le Cameroun et sur le fait que nous devrions nous battre pour relever notre pays. Et le colonel de me dire qu’il ne comprend pas ce pays et qu’il ne conseillerait pas à sa fille qu’il a envoyée étudier au Canada de retourner au Cameroun. C’est sûr qu’elle a même déjà son passeport canadien au calme. Ça laisse qui ?

Un jour, il faudra qu’on m’explique comment des fonctionnaires et militaires de carrière réussissent à payer des études à leurs enfants à l’étranger. Quand même les fonctionnaires et les militaires de ces pays étrangers n’y arrivent pas. Et parallèlement il faudra aussi peut-être qu’on m’explique comment un militaire qui est censé défendre un pays avec sa vie, demande à ses enfants de prendre les nationalités de pays étrangers. Il faudra qu’on m’explique tout ça un jour.

Mais en attendant, sachez que si on ne parle pas, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas ou bien qu’on ne sait pas parler. Comme vous avez décidé de donner la décence aux chiens là !


Bafoussam 🇨🇲 

Reconnaissance et Responsabilité envers notre Communauté

“Je cultive peu d'aliments que je mange, et pour le peu que je cultive, je n'ai pas sélectionné ou perfectionné les semences.
Je ne fabrique aucun de mes vêtements.
Je parle une langue que je n'ai ni inventée ni perfectionnée. Je n'ai pas découvert les mathématiques que j'utilise.
Je suis protégé par des libertés et des lois que je n'ai pas conçues ni légiférées, et que je n'applique ni ne juge.
Je suis ému par une musique que je n'ai pas créée moi-même.
Lorsque j'ai eu besoin de soins médicaux, je n'ai pas pu m'aider à survivre.
Je n'ai pas inventé le transistor, le microprocesseur, la programmation orientée objet, ni la plupart des technologies avec lesquelles je travaille.
J'aime et j'admire mon espèce, vivante ou morte, et je suis totalement dépendant d'elle pour ma vie et mon bien-être.”

Ceci est un mail que Steve Jobs s’est envoyé à lui-même 11 mois avant sa mort. “Je suis totalement dépendant de mon espèce pour ma vie et mon bien-être.” C’est avec cette phrase qu'il a conclu ce texte, qui était certainement pour lui une réflexion sur la beauté du système que les hommes ont construit sur Terre et à quel point nous sommes tous petits face à ce système.

Tu te demandes peut-être pourquoi je te parle de ça aujourd’hui. C’est pour te rappeler tout ce que tu dois à l’espèce humaine, tout ce que tu dois à ton pays, tout ce que tu dois à ta tribu, tout ce que tu dois à ta famille.

De temps en temps, j’entends des idiots dans la diaspora dire que le Cameroun ne leur a jamais rien donné. Certains vont jusqu’à dire que le Cameroun n’est pas prêt à les accueillir. Si tu n’as pas été dévoré par un lion dès ta naissance, c’est grâce au système de communauté que le Cameroun a mis en place. Si tes parents ont pu s’occuper de toi dans ta jeunesse, c’est parce qu’ils n’étaient pas plus occupés à leur propre survie. Le Cameroun n’a peut-être pas encore mis en place un système aussi efficace que d’autres pays, mais c’est grâce au peu que nous avons pu faire que tu es devenu qui tu es. Tu ne l’es peut-être plus aujourd’hui, mais pendant de longues années, tu as été totalement dépendant du Cameroun pour ta vie et ton bien-être. Et personne ne te respectera jamais dans le monde, quel que soit ton passeport, parce que tu es un ingrat. Un idiot qui ne cesse de cracher dans la première main qui l’a nourri.

Il y a quelques jours, je discutais avec un ami sur le problème de l’immigration. Du fait que toutes les ressources humaines, une fois arrivées à un âge où elles sont censées contribuer à améliorer le système, décident de partir. De partir afin de profiter d’autres systèmes. Je lui disais que ce n’était pas normal et qu’il fallait qu’on fasse quelque chose pour stopper ça. Et lui de me dire que ça ne le dérangeait pas plus que ça. Qu’il y aurait toujours des Camerounais sur place et que personne n’était indispensable.

Autant je suis d’accord que personne n’est indispensable, autant je pense qu’on ne peut pas faire comme si de rien n’était devant un phénomène pareil. Nous sommes bien contents d’envoyer nos enfants à l’école et qu’il y ait des personnes pour les enseigner. Au rythme où les enseignants vont au Canada, qui sera encore là pour enseigner nos enfants ? Nous sommes bien contents d’aller au marché et d’acheter des aliments que nous n’avons pas cultivés. Nous sommes bien contents de pouvoir donner nos habits à coudre chez notre tailleur préféré. Nous sommes bien contents de savoir qu’il y a une police qui veille et qui limite les crimes. Nous sommes contents de savoir que nous pouvons emmener nos différends au tribunal afin qu’un juge tranche dans une affaire qui nous lie à notre voisin ou notre ex-mari.

Toutes ces petites choses que nous prenons pour acquises disparaîtront si tout le monde s’en va. Si personne ne veut plus rester et entretenir le système mis en place par nos parents.

Ce système n’est pas optimal, je te l’accorde. Mais si nous ne l’améliorons pas, qui le fera à notre place ? Il est facile de se plaindre de ce qui ne marche pas. Mais qu’avons-nous mis sur pied ? Aussi défaillant qu’il puisse être, le système en place est meilleur que pas de système. Au lieu de cracher dessus et de fuir comme des lâches, nous devrions nous retrousser les manches et nous mettre au travail. Avec toute la technologie et l’accès à la connaissance disponibles de nos jours, ça ne devrait pas être si difficile. Non?


Bafoussam 🇨🇲 

Ne te plains pas, travaille juste plus dur

Laisse-moi te partager une petite citation, une citation que j’affectionne particulièrement. Très courte mais pleine d’enseignements. Il s’agit d’une leçon que nous a laissée le professeur d’informatique Randy Pausch dans son “Last Lecture” :

“Ne te plains pas. Travaille juste plus dur.”

Nous dépensons souvent beaucoup trop d’énergie à nous plaindre au lieu d’investir cette énergie dans la résolution de nos problèmes. Et c’est tellement dommage !

Je voudrais te rappeler que la solution à la plupart de tes problèmes réside dans tes efforts. Juste un peu plus d’efforts. Il ne sert à rien de se plaindre.

Nul besoin de se plaindre de l’état actuel de notre pays ou de le fuir, nous devons juste redoubler d’efforts pour l’emmener à son plein potentiel.

Si c’est toi qu’on envoie acheter la bière pendant la réunion familiale, ne te plains pas. Travaille juste plus dur et bientôt la réunion ne pourra pas commencer en ton absence.

Tu n’es pas satisfait de la vie que tu mènes ? Travaille plus dur sur ta discipline.

Ta femme t’a quitté ? Aucun homme ne veut de toi ? Travaille plus dur sur toi !

La solution est dans le travail, dans un peu plus d’efforts.


Bafoussam 🇨🇲 

Les Mariages au Cameroun : Fêtes Importées pour Économies Étrangères

Hier soir, j’étais à une soirée de mariage. Comme je ne connais pas rester tranquille, ma tête a commencé à tourner. À un moment, je me suis demandé quel était le pourcentage de choses importées pour cette cérémonie. On avoisinait les 90%.

La salle était plutôt pas mal, avec une architecture occidentale et des piliers romains, presque toute la décoration venant de Chine. Des lustres aux chaises, en passant par les jeux de lumières, les assiettes et couverts dans lesquels nous avons mangé. Tout venait de Chine. J’ai même dû retirer quelques dernières étiquettes en chinois sur mon verre.

Les robes de la mariée ainsi que les costumes de son mari étaient aussi importés. Du tissu à la couture. Il en était de même pour la plupart des invités, dont la quasi-totalité des tenues venaient de l’étranger. Y compris moi!

Le pire, c’était que même jusqu’aux cheveux des femmes, tout était importé. Comme il est désormais de coutume dans ce genre d’événements, presque toutes les femmes arboraient une perruque. Certaines étaient même carrément blondes.

Heureusement, de temps en temps, à travers la sono importée, on pouvait écouter de la musique locale entre deux sons tout aussi importés. Je me demande quel est le pourcentage de musique africaine qu’on met dans les mariages non africains. Parce que chez nous, le ratio n’est pas bon du tout.

Tout était importé, jusqu’à la voix de l’imprésario, qui, comme ses collègues du milieu, est persuadé qu’il faut imiter un accent français, "whitiser" comme on dit chez nous, pour faire du bon boulot.

Qu’est-ce qui n’était pas importé? Pas grand-chose, en fait. Même si le poulet a été élevé localement, les poussins, eux, sont importés. Et une bonne partie de la nourriture, bien que cultivée localement, provient de semences modifiées ailleurs.

Juste au moment où je commençais à perdre espoir, une surprise a été réservée aux mariés par leurs parents. La légende camerounaise de la musique, Talla André Marie, est venue nous faire un show de plus d’une quinzaine de minutes. Il a réussi, pendant un court moment, à me faire oublier le sort triste qui est le nôtre avec sa sublime voix et son immense talent, qui eux sont bel et bien camerounais. Mais il a fallu qu’une des cordes de sa guitare importée lâche aussi pour nous rappeler à quel point nous étions dépendants des autres.

J’en parlais avec Flavien, et je lui demandais si on se marierait même encore dans ce pays si nous étions sous embargo. Lui de me rappeler que les fêtes ont été popularisées dans le monde pour booster l’économie. Que ce soit les mariages, la Saint-Valentin, Noël ou tout autre type de fête, ce sont d’abord des prétextes pour pousser à la consommation et faire vibrer l’économie d’un pays ou d’une région. Sauf que chez nous, chaque fête est un boost pour les économies de tout le monde sauf la nôtre. Chaque mariage chez nous est une fête pour les Chinois, les Français, les Italiens, les Américains. Tout le monde sauf les Camerounais.

Et si tu me dis : "Mais ce sont des Camerounais qui importent ces produits et qu’ils se font quand même du bénéfice", je te dirais oui. Mais ce bénéfice est rapidement dépensé ailleurs, dans l’achat de gros cylindrés à l’étranger ou dans l’entretien du rythme de vie de leurs enfants de la diaspora, qui ne nous serviront jamais à rien ici. Et là, je sais que tu sais de quoi je parle.


Bafoussam 🇨🇲 

Lever le Niveau de Service dans nos Hôtels : Le Cas des Sandales Dépareillées

Je ne sais pas si tu as déjà séjourné dans certains hôtels au Cameroun, surtout ceux en zone rurale. Je viens de faire le check-in dans mon deuxième hôtel cette semaine, à Bafoussam, après avoir séjourné dans un autre à Bafang il y a deux jours. Depuis le début de l'année, j'ai séjourné dans plusieurs hôtels, que ce soit au Cameroun (Bafoussam, Douala), en Côte d’Ivoire, au Congo, en Allemagne ou encore en Italie. Donc je peux te dire deux ou trois choses sur le sujet.

Mais aujourd'hui, je ne vais pas te parler des différences entre ces hôtels ou de la qualité de service. On va laisser ce sujet pour un autre jour. Peut-être qu'on en parlera juste un peu avant d'annoncer le lancement de notre chaîne hôtelière locale. Comme apparemment, on doit tout refaire dans ce pays.

Aujourd'hui, je vais te parler d'un petit truc que j'ai constaté dans les hôtels du Cameroun il y a quelques années déjà. Une pratique dont je pensais tout le monde au courant de l'origine, jusqu'à ce que Flavien me dise il y a deux jours qu'il n'en avait aucune idée. Et sur les sujets des séjours en hôtels, il en sait un PAQUET!

Il s'agit de cette fâcheuse habitude que nous avons dans nos hôtels de mettre des sandales dépareillées. La raison serait que les clients les emporteraient. Du coup, pour limiter le vol, nous avons fait ce que nous savons faire de mieux : la course vers le bas. Dégrader le service pour tout le monde à cause d'une poignée de mauvaises personnes.

Le problème, c'est que ces sandales en gros ne coûtent même pas 500 FCFA. Vous louez des chambres à partir de 15 000 FCFA la nuit et vous n'avez tellement pas confiance aux clients que vous leur mettez des sandales dépareillées. Les gens vous font confiance avec leurs vies en dormant sous vos toits, ils vous font confiance quant au fait que vous nettoyez régulièrement vos chambres et la literie, mais vous n'êtes pas capables de leur faire confiance avec des sandales de 500 FCFA.

Je ne suis pas “encore” dans le business de l'hôtellerie et je n'aimerais pas me poser en donneur de leçons. J'imagine que ces 500 FCFA représentent un manque à gagner pour les hôteliers. Mais la solution trouvée, selon moi, est très mauvaise. Nous ne pouvons pas être dans le business de l’hospitalité et envoyer comme premier message au client qui entre dans sa chambre : “Je me méfie de toi.” Il y a tellement de façons de régler ce problème.

On peut, par exemple, ne pas mettre de sandales du tout dans les chambres et laisser un mot pour que chaque client en fasse la demande à la réception s'il en a besoin. La plupart des clients ne les utilisent d’ailleurs pas. Pourquoi risquer de leur manquer de respect pour un produit qu'ils n'utiliseront pas? Et pour les rares comme moi qui les utilisent, le fait de devoir les demander à la réception réduit drastiquement la probabilité qu'ils les emportent. C’est de la psychologie.

Et au pire, si quelques clients les emportent, ce n’est pas grave. On peut répercuter les coûts sur les chambres à l'année, et je parie que cela ne reviendrait même pas à une perte de 25 FCFA par nuitée. Pourquoi se faire autant de mal?

Bref, c’était mon petit coup de gueule sur le sujet. Nous avons un pays à construire et se plaindre ou fuir ne le fera pas avancer. Je n’ai donné ici qu’un début de solution à ce type de problème. Et j'espère que tu as compris qu'il ne s'agit pas seulement d'hôtels, mais surtout de service client. Si toi aussi, dans ton business, tu recours à des solutions aussi faciles et réductrices, je t’invite à pousser la réflexion un peu plus. Si tu as un business au Cameroun, tu fais partie des ambassadeurs du pays. Et ta mission est de faire rêver tous tes clients, car c’est exactement le rêve qu’on vend à la diaspora qui les retient prisonniers là-bas.

Quand je suis rentré dans l'hôtel tout à l’heure, la première chose que je me suis dite était : “Mince, comment je peux convaincre mes enfants que leur place est ici si nous séjournons dans cet hôtel après avoir séjourné dans ceux d’Europe, comme nous le faisons souvent?” Il faut vraiment qu’on élève le niveau. Chacun dans son domaine.


Bafoussam 🇨🇲 

Un Coup Dur pour le Combat : L’Ordre de la Valeur à Joel Embiid

Il y a quelques jours, j’ai parlé du cas Joel Embiid. Ici et ici!

J’ai appris hier qu’il serait venu au Cameroun après les JO et que le ministre des Sports, sur instruction du Président de la République, lui aurait fait Commandeur de l’Ordre de la Valeur.

Cette information m’a totalement brisé le moral. Comment peut-on faire ça? Comment peut-on récompenser de la sorte une personne qui a clairement choisi tous les camps sauf le nôtre? Quel est le message qu’on envoie à la jeunesse? Serait-ce un moyen de légitimer ce genre de comportements dorénavant? Celui de ne penser qu’à sa petite gueule sans se soucier de toutes les personnes du pays qui ont contribué à faire de nous ce que nous sommes.

J’étais tellement triste, car c’était un coup dur pour mon combat. Celui de voir les jeunes de ce pays prendre en main les responsabilités de notre développement. Celui de faire comprendre aux plus jeunes comme aux plus vieux qu’on n’a pas forcément besoin de partir pour s’en sortir. Celui de faire comprendre à la diaspora que tout n’est pas perdu, qu’ils peuvent retourner à la maison et contribuer au renouveau.

Mais bon, ce n’est qu’une bataille de perdue. On ne lâche rien. On va continuer de se battre jusqu’au bout.

Il fallait néanmoins que je te transmette cette information dans un souci de transparence. Dans les bonnes comme dans les mauvaises actions, le Cameroun reste notre pays. Et nous le prenons avec tout ce qui va avec, même son gouvernement actuel.


Bangang-Fondji 🇨🇲 

Quand les mots et les actions se heurtent : Une réflexion sur l'incohérence humaine

"Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.”
C’est un extrait du passage de la déclaration d’indépendance des États-Unis rédigé principalement par Thomas Jefferson et approuvé le 4 juillet 1776. Il y a presque 250 ans aujourd’hui.

Pendant que le Congrès américain votait leur indépendance de la Grande-Bretagne en pleine guerre d’indépendance et qu’il ratifiait ce texte, presque tous ses membres possédaient des esclaves noirs. Si tu ne vois pas l’incongruité, je te laisse aller relire le passage. Ou bien, peut-être que c’est mieux que je le mette dans sa version originale en anglais.
"We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness.”

Ils réclamaient leur liberté, estimant qu’ils étaient les égaux des Anglais devant le Créateur. Entre-temps, les Noirs… Bref!

Mais bon, il y avait certainement déjà quelques-uns parmi eux qui voyaient des incohérences dans ce texte, puisque 85 ans plus tard, en 1860, l’élection à la présidence d’Abraham Lincoln (un vrai héros), anti-esclavagiste, a déclenché la guerre de Sécession dont l’esclavage était la cause fondamentale. Le pays qui venait de se battre moins d’un siècle plus tôt pour réclamer sa liberté se battait parce qu’une partie de sa population ne voulait pas rendre sa liberté à une catégorie de citoyens.

Tu pourrais te dire qu’ils avaient enfin compris leur leçon. Mais non, une autre catégorie de personnes a ouvertement été marginalisée jusqu’en 1969 avec les émeutes de Stonewall à New York, date à laquelle la communauté LGBTQ a décidé que trop c’était trop. Qu’eux aussi avaient été dotés par le Créateur de droits inaliénables, dont la recherche du bonheur.

J’ai pris l’exemple des Etats-Unis, mais en réalité, c’est l’histoire du Monde. On passe notre temps à réclamer aux plus forts ce que nous n’arrivons pas à offrir aux plus faibles que nous. On dit des choses sans en comprendre la profondeur. On agit sans réfléchir. On se plaint des injustices du passé pendant que nous faisons les mêmes erreurs à notre époque. On fuit son pays en se plaignant que la génération précédente ne nous a pas facilité la tâche, oubliant que c’est à nous de faciliter la tâche à la suivante.

Et si nous avions tout autant tort? Et si, comme les pères de l’indépendance américaine, nous n’arrivions pas à voir l’incohérence dans nos actes? Et si, comme l’Union, nous n’allions pas plus loin dans notre réflexion? Et si priver son pays de la ressource que le Créateur lui avait apportée en notre personne était le geste de trahison ultime?

Bref…


Douala 🇨🇲 

Claude, l'Alternative à ChatGPT

Je me rends compte qu’il y a de plus en plus de personnes qui écoutent mes conseils et essaient de se familiariser un peu plus avec l’IA, notamment avec ChatGPT. Comme quoi, je ne prêche pas complètement dans le désert.

Aujourd’hui, j’aimerais te parler d’un autre concurrent de ChatGPT. Il s’agit de Claude. C’est une IA dans le même genre que ChatGPT, mais je ne vais pas trop entrer dans les détails techniques.

Claude est l’IA d’Anthropic, une startup américaine fondée par d’anciens employés d’OpenAI, la même entreprise qui a créé ChatGPT. Ces experts n’étaient pas d’accord avec la direction que Sam Altman (PDG d’OpenAI) et l’entreprise prenaient, alors ils ont décidé de créer leur propre IA. Et crois-moi, ce sont des pointures dans le domaine.

Si je t’en parle aujourd’hui, c’est pour quelques raisons :

  1. Une alternative utile : La première raison est de te donner une alternative pour poser tes questions les jours où tu auras atteint ton quota sur ChatGPT. Je ne vais pas aller jusqu’à espérer que tu prennes un abonnement payant, on se connait.
  2. Découvrir le paysage de l’IA : La deuxième raison est de continuer à te faire découvrir le paysage de l’Intelligence artificielle. Je refuse de faire comme tous mes amis informaticiens qui ne le sont que pour le salaire. Si je ne peux pas susciter quelques passions, éveiller quelques consciences, je sers donc à quoi ?
  3. Un fait insolite : La troisième raison, et pas des moindres, est un événement récent. Un des cofondateurs d’OpenAI a quitté l’entreprise pour aller rejoindre Anthropic. Quand le cofondateur de l’une des plus grosses startups du monde quitte pour aller travailler chez un petit concurrent, il faut se poser des questions. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit ce genre de mouvement.

Peut-être que ChatGPT ne réussira finalement pas à dominer l’IA comme Google l’a fait avec les moteurs de recherche. Et ce n’est pas plus mal. Tous ces gros monopoles n’ont pas toujours été bénéfiques en termes d’innovation et de pouvoir d’achat. Si nous avons le pouvoir d’empêcher que cela n’arrive encore une fois, ne nous privons pas. Je t’invite donc, comme moi, à commencer à répartir tes recherches entre ChatGPT, Claude, et Meta AI en attendant.

Cela fait quelques mois déjà que j’utilise Claude et je le trouve assez pertinent. Tout aussi pertinent que ChatGPT. À vrai dire, c’est vers lui que je me tourne dorénavant quand je veux poser une question rapide, comme si je discutais avec mon pote le plus intelligent. Je trouve que dans ses réponses, il en fait toujours un peu plus. Le fameux extra-mile auquel je n’aurais pas forcément pensé.

Il est disponible sur Claude.ai et sur les différents stores.


Douala 🇨🇲 

Le Respect et la Loyauté : Une Leçon à Tirer de l'Affaire Joel Embiid

Hier, je t’ai parlé de l’affaire Jojo, ce gars qui pourrait bien demander la nationalité brésilienne s’il se convertit au foot après sa carrière de basket. Après tout, pourquoi miser sur les USA pour gagner la Coupe du Monde si tu peux être brésilien et jouer pour La Seleção ?

Ce que je ne t’ai pas dit, c’est l’accueil que Joël a reçu en France. Dès son arrivée, le comité d’accueil était là pour le siffler correctement. C’était à base de “Rends ton passeport Joël”. Et à tous les matchs de la Team USA, il prenait cher, avec des huées et des sifflets à gogo.

Bon, le gars s’en foutait un peu. Ce n’est pas à une professionnelle du Moulin Rouge qu’on va demander d’avoir honte. Être sans vergogne fait partie du métier. Et il faut croire qu’à ce jeu, Jojo est aussi bon qu’il ne l’est au basket.

Mais comme je disais hier, ici il ne s’agit pas du genre de sifflets qu’ont pu recevoir certains joueurs de foot qui ont signé plus tard chez l’ennemi juré. On parle ici d’un gars qui a écrit un courrier à un président de la République pour qu’on lui donne une partie du trésor national de tout un peuple, de plus de 60 millions de personnes. On parle d’un gars qui croit bêtement que parce qu’il a le passeport américain, il peut se foutre de la gueule de toute la France. Un gars qui ne lit certainement pas les livres de Robert Greene.

Ce week-end encore, je suis tombé sur une scène d’un dessin animé. Le fils d’une méchante a trahi sa mère au profit de son concurrent, le parrain de la mafia locale. Et quand la mère s’en est rendu compte, le fils est allé demander de l’aide au parrain de la mafia. Et ce dernier lui a dit qu’il ne pensait pas sérieusement qu’il allait prendre dans ses rangs une personne qui a trahi sa propre mère. Mince, c’est comme si c’est moi qui avais écrit cette partie du dessin animé, tellement j’ai passé mon temps à le répéter autour de moi depuis des années.

Quand je vois certaines personnes qui pensent que la confiance ou la protection se gagne en trahissant son camp pour avoir les faveurs de l’autre, je me demande toujours ce qui leur passe par la tête. Le respect se gagne. Les gens ne respectent que les personnes d’honneur. Les gens respectent plus les personnes d’honneur du camp adverse que les putes de leurs propres camps. Et ce n’est même pas quelque chose qu’on a besoin d’apprendre dans un livre. Il suffit juste de te poser la question à toi-même : "Pour qui est-ce que j’ai plus de respect, pour mon adversaire ou pour celui qui me vend ses secrets depuis son camp ?" Pose-toi juste la question et tu verras.

Il y a quelques mois déjà, j’ai fait un texte où j’expliquais que les gens qui se faisaient le plus arnaquer étaient en gros ceux qui avaient les gros yeux et se croyaient plus malins que les autres. Les gens qui ne veulent pas payer le juste prix de ce qu’ils désirent. Les gens qui pensent qu’ils pourront développer l’Afrique depuis l’étranger quoi. Pourquoi travailler dur si on peut éviter de travailler et espérer avoir ce qu’on veut?

Avant d’essayer de rouler dans la farine un pays qui a réussi à coloniser des dizaines d’autres, qui a la bombe nucléaire, qui a ses territoires sur tous les continents et tous les océans de la Terre, réfléchis par deux fois. On n’arrive pas là en étant dupe. Ça demande beaucoup de matière grise. Mais bon, comme disait Descartes, "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont."

Les plus stupides, ceux qui pensent qu’ils sont en train de bénéficier de ceux que les autres ont construit, ceux qui pensent qu’ils sont en train de tromper des peuples qui font des stratégies de guerre depuis plus de 2000 ans, ceux qui pensent qu’on ne les voit pas venir dans la Méditerranée alors qu’on est capable de distinguer la forme d’un caillou sur la Lune, ceux qui font croire qu’ils ont seize ans pour avoir le refuge en tant que mineur alors que leurs enfants au pays ont déjà dix ans, ceux qui changent de passeport plus vite qu’une prostituée ne change de partenaire un soir de carnaval, ceux qui avaient juré que si on leur donnait la nationalité française ils seraient reconnaissants toute leur vie, ces mêmes gens qui avaient confié leur dossier de nationalité à leurs dieux et qui aujourd’hui cherchent les nationalités canadienne, suisse ou américaine, sont en fait les vrais dindons de la farce. Au lieu de se demander qu’est-ce qu’un bout de fromage fait sur un morceau de bois bizarre par terre au milieu de la cuisine et non au frigo, comme la souris, ils se disent : “Les gens là sont bêtes hein, ils ont laissé un bout de fromage par terre sans surveillance. Je vais manger ça et ils n’auront que leurs yeux pour pleurer.” Quoique même les souris ne tombent plus dans ce genre de piège.


Douala 🇨🇲 

La Question de la Loyauté et des Choix : L’Affaire Joel Embiid

Je ne sais même pas comment je vais commencer ce texte. Je vais seulement donner 2-3 faits, et chacun va se faire son idée. Parce que quand je parle souvent, on dit que j’exagère.

Il s’agit de Joel Embiid ! Un gars qui est né au Cameroun et qui aurait été détecté par un ancien basketteur camerounais de NBA. Il a rejoint les USA et, plus tard, la NBA à son tour. Comme la plupart des Camerounais vivant en Occident, il s’est empressé de prendre la nationalité américaine.

Sauf que le basket aux USA, ce n’est pas le foot en Europe. Pour faire partie de l’équipe nationale, il faut se lever tôt le matin. Voyant les JO 2024 approcher, Joël écrit un courrier au président français Emmanuel Macron pour demander la nationalité française. Son argument ? Bien que n’ayant jamais résidé en France, il dit avoir de la famille qui y vit. Et dans son courrier, il jure ne pouvoir jouer pour aucune équipe nationale à part celle de France.

Joel obtient sa nationalité. Un document (ou diplôme) que j’ai vu des amis renier leurs propres enfants pour avoir. Ça fait un peu de bruit en France, car certains basketteurs voient une place qui vient d’être menacée en équipe nationale. Et qui plus est par une personne qui n’a rien à voir avec la France. Mais bon, petit Jojo est tranquille, il a son ticket pour les JO.

Sauf que la même année, Joel obtient le titre de MVP (meilleur joueur) de NBA. Et il commence à intéresser l’équipe nationale américaine dont il a aussi la nationalité. L’année suivante, à la veille des JO, la Team USA annonce l’arrivée d’un nouveau joueur dans son effectif : il s’agit de Jojo. Je ne te dis pas comment toute une nation l’a senti passer. La pauvre France !

Joel était effectivement aux JO 2024 avec la Team USA, et il a gagné sa médaille d’or devant l’équipe de France, histoire d’enfoncer le clou (ou autre chose).

La plupart des gens me diront, "Ah, il a bien joué son coup. Chacun devrait défendre ses intérêts. Il ne serait même pas allé aux JO s’il avait joué pour l’équipe du Cameroun. Et il n’aurait pas eu la médaille d’or s’il avait joué pour la France." Sauf que les gens sont tellement stupides qu’ils pensent qu’un affront comme celui-là peut rester impuni. Que certains actes n’ont pas de conséquences. Le pire, c’est que ce sont les personnes qui sont en train de le défendre aujourd’hui qui paieront les pots cassés de son acte demain.

J’aime à dire que les Camerounais (surtout ceux de la diaspora) sont très envieux et égoïstes. Qu’ils ne pensent qu’à leurs petites gueules, et que c’est l’une des raisons principales pour lesquelles nous n’arrivons pas à nous développer malgré tous nos talents. Joel ne pouvait pas me donner une meilleure illustration pour mon propos.

Même les putes ont un peu plus de respect que ça !


Douala 🇨🇲