Quand Même : Une Leçon de Persévérance et d'Intégrité

J’étais dans une salle d’attente ce matin, et sur un placard était collé un texte. Depuis ma position, je ne pouvais pas bien le lire, mais je pouvais clairement distinguer le titre, “Quand Même”, et son auteur, Mère Teresa. Il n’en fallait pas plus pour que j’aille faire mes recherches sur Internet. On vit à une merveilleuse époque, mon ami.

Il s’agissait d’une prière de Mère Teresa sur la nécessité de faire le bien, de faire ce qu’il faut malgré tout ce que les autres peuvent dire et faire autour de toi. Un sujet que je traite constamment sur mon blog, dont le fameux texte “Fais-le quand même”. Comme quoi, les grands esprits se rencontrent.

Si mon texte n’avait pas réussi à te convaincre, peut-être que celui de “La Sainte de Calcutta” y parviendra :

Quand Même

Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes,
Pardonne-les quand même.

Si tu es gentil, les gens peuvent t'accuser d'avoir des motifs égoïstes,
Sois gentil quand même.

Si tu réussis, tu gagneras de faux amis et de vrais ennemis,
Réussis quand même.

Le bien que tu fais aujourd'hui sera souvent oublié demain,
Fais le bien quand même.

L'honnêteté et la franchise te rendent vulnérable,
Sois honnête et franc quand même.

Ce que tu as mis des années à construire peut être détruit en une nuit,
Construis quand même.

Les gens qui ont vraiment besoin d'aide peuvent t'attaquer s'ils se sentent menacés par ton aide,
Aide-les quand même.

Donne au monde le meilleur que tu as et tu seras peut-être frappé en plein visage,
Donne au monde le meilleur que tu as quand même.

Tu vois, en fin de compte, c'est une histoire entre toi et Dieu,
Cela n'a jamais été entre eux et toi.

Comme je t’invite à faire souvent, j’ai poussé un peu plus mes recherches et je me suis rendu compte qu’un poème presque identique avait été écrit en 1968 par le Dr Kent M. Keith alors il n’avait que 19 ans. Il s’agit de The Paradoxical Commandments" (Les Commandements Paradoxaux), dont Mère Teresa se serait certainement inspirée. Ce poème véhicule un message de persévérance : continuer à faire le bien pour l’humanité, agir avec intégrité, et être la meilleure version de soi-même, même sans rien recevoir en retour ou même en perdant tout. L’histoire de ma vie, quoi ! Voici le texte :

Les Commandements Paradoxaux

    1. Les gens sont illogiques, déraisonnables et égocentriques. Aimez-les quand même.
    2. Si vous faites le bien, on vous accusera d'avoir des motifs égoïstes inavoués. Faites le bien quand même.
    3. Si vous réussissez, vous gagnerez de faux amis et de vrais ennemis. Réussissez quand même.
    4. Le bien que vous faites aujourd'hui sera oublié demain. Faites le bien quand même.
    5. L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérable. Soyez honnête et franc quand même.
    6. Les plus grands hommes et femmes aux plus grandes idées peuvent être abattus par les plus petits hommes et femmes aux plus petits esprits. Pensez grand quand même.
    7. Les gens sont en faveur des défavorisés mais ne suivent que les gagnants. Battez-vous pour quelques défavorisés quand même.
    8. Ce que vous passez des années à construire peut être détruit du jour au lendemain. Construisez quand même.
    9. Les gens ont vraiment besoin d'aide mais peuvent vous attaquer si vous les aidez. Aidez les gens quand même.
    10. Donnez au monde le meilleur de vous-même et vous recevrez un coup de pied dans les dents. Donnez au monde le meilleur de vous-même quand même.

Je ne sais pas pour toi, mais je crois que ce texte mérite une place sur les murs des chambres de nos enfants, ainsi que dans leurs salles de classe.


Douala 🇨🇲 

Fais de ton Sommeil ta Priorité Absolue !

Je sais que ce n’est pas facile à faire. Le sommeil est souvent la première chose que nous sacrifions quand notre emploi du temps se complique, quand nous sommes en retard sur un travail, ou même quand nous voulons nous amuser. Pourtant, c’est la pire des habitudes que l’on puisse développer. Moi-même, je dois me battre contre cela tous les jours.

Le sommeil est important. Bien plus important que tu ne le penses. C’est ton tout premier médicament. Quel que soit le problème que tu traverses, commence par améliorer ton hygiène de sommeil avant de faire quoi que ce soit. La plupart du temps, en améliorant simplement ton sommeil, ton problème se résout de lui-même. Quel qu’il soit !

Sur ce, je crois que je vais aller me coucher !


Douala 🇨🇲 

3 Minutes pour transformer ta vie

En début d’année, j’ai décidé d’offrir un cadeau à chaque Camerounais à travers le monde. J’ai créé une chaîne WhatsApp, Challenge 366 Fitness, où je publie un exercice physique différent chaque jour avant 6h du matin (heure de Maroua). L’idée est simple : donner à chacun l’opportunité de faire au moins un exercice physique par jour, même si ce n’est que pendant trois minutes. C’est ma façon de contribuer à la productivité de notre peuple.

Pratiquer du sport quotidiennement est l’une des meilleures habitudes que nous puissions adopter. Non seulement cela nous aide à rester en forme, mais c’est aussi excellent pour le cerveau et l’un des meilleurs moyens de développer plus de discipline dans nos vies.

Tous les jours, je tourne, monte et partage ces vidéos. Cela me demande beaucoup d’organisation, d’imagination dans mes déplacements et, surtout, d’être debout et connecté avant 5h du matin. Le deal est simple est pour toi : il suffit de faire l’exercice et de laisser un petit emoji après l’effort. Mais il semble que ce soit trop demander à certains, car seulement deux personnes laissent régulièrement cet emoji.

Heureusement, je ne fais pas cela pour recevoir quelque chose en retour, mais parce que je pense que c’est la bonne chose à faire. Sinon, j’aurais arrêté depuis longtemps. Pourtant, huit mois plus tard, je suis toujours là, n’ayant manqué aucun jour jusqu’à présent.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est pour illustrer notre état d’esprit. Nous ne savons pas être fidèles dans les petites choses, nous ne savons pas être reconnaissants pour ce qu’on nous offre gracieusement, et nous ne savons pas nous positionner en amont. Tout ce qui nous intéresse, c’est profiter et courir après ce qui brille. Quel dommage !

Demain, quand ce cadeau deviendra un programme national adopté par tous, ceux qui ont été les premiers à en entendre parler finiront par y trouver un intérêt à la dernière minute. Souvent, ta vie est misérable simplement parce que tu minimises les petits commencements. Parce que tu es trop occupé à envier ce que les autres ont, au lieu de te contenter du peu que tu as.

Huit mois plus tard, j’ai encore des proches qui me disent vouloir être en forme alors qu’ils n’ont jamais commencé ce programme de moins de trois minutes par jour que je leur ai gracieusement offert.

Bref, si c’est la première fois que tu entends parler de cette initiative, voici le lien de la chaîne WhatsApp pour t’inscrire. C’est gratuit ! Et on ne sait jamais, souvent le peu que tu minimises est tout ce dont quelqu’un d’autre a besoin. N’hésite pas à partager le lien autour de toi. C’est peut-être tout ce dont ton voisin avait besoin pour commencer son voyage vers la discipline.


Douala 🇨🇲 

À la recherche de nos racines : Le mystère des crevettes du Cameroun

Il y a quelques semaines, j’ai publié plusieurs textes où je parlais de ces crevettes qui ont donné son nom au Cameroun. [Ici], [ici] et [ici]. J’ai voulu creuser un peu plus le sujet avec une amie Douala, qui m’a dit qu’elle en parlerait dans sa communauté pour en savoir davantage. L’objectif est de nous rapprocher de notre culture et de la valoriser au mieux. Après tout, ailleurs, certains ont réussi à nous convaincre que les œufs de poisson étaient une délicatesse. Pourquoi ne pas faire de même avec des espèces uniques à notre territoire ?

Aujourd’hui, nous avons un peu avancé dans les recherches. Enfin, surtout elle. Elle m’a transmis un texte qui en dit un peu plus sur Biantou “Mbeatoè”. Je te le partage en avant-première.

SUR LE CRUSTACÉ AUQUEL LE CAMEROUN DOIT SON NOM (CALLIANASSA TURNERANA WHITE) MBEATOÈ HU-HU MBEATOÈ SANJA !

Cette année encore, le phénomène extraordinaire qui est très certainement à l'origine du nom Cameroun (Riv. Camerones, Camaroes, River Cameroons, Kamerun, Cameroun) s'est produit.

On assiste en effet, dans la baie de Douala, à l'apparition saisonnière de quantités prodigieuses de ces "prétendues" crevettes, qui pourtant sont des Callianasses. La pêche des "Mbea Toe" (Callianasses) est une réjouissance pour le peuple Douala. Elle a lieu en pleine saison des pluies, au mois de septembre. "Le mbeatoè" est censé amener la pluie "mbua mbeatoè ni".

Toute la migration de ces Callianasses se passe en eau douce. Celle-ci commence, disent les anciens, à Djebalè, où se trouve la maison des “mbeatoè”. Elles passent vers la Dibamba, en particulier par la crique Pisu'a Loba après Yapoma. D’autres "mbeatoè" iraient dans le delta du Mongo, vers Bojongo et Bwadibo. La route continue sur le Wuri, et ainsi de suite. Le phénomène dure, semble-t-il, de trois jours à une semaine.

La pêche de cette manne venue de l'au-delà est une fête importante. À marée montante ou descendante, les mbeatoè se ramassent à la main. On n’utilise pas le filet à crevette "Ngolo" pour cette pêche, et seuls les hommes y sont admis. Elle n’a lieu que le soir et la nuit. S'il n'y a pas de pleine lune, on emporte des flambeaux. Il est coutume de faire du bruit, de pousser des cris et d’agiter les flambeaux durant cette pêche miraculeuse. "HU - HU ! HU - HU ! A MBEATOÈ HU-HU ! A MITOKÈ MI MIKAMBA HU - HU ! A MBEATOÈ SANJA !"

À partir de ce moment et pour toute la durée de la pêche, une trêve tacite, consacrée par la coutume, s'établit entre les pêcheurs. Les distinctions sociales sont abolies pour un moment, et le moindre habitant du village peut impunément insulter le chef et les notables à haute voix.

Les anciens pensent que ces mbeatoè (Callianasses) sont envoyés par "l'homme d'eau" (Le Jengu) : BUSA ! BUSA ! BUSA ! BUSA ! Cette formule est indispensable à la réussite de la pêche. Paniers pleins, la foule grouillante des pêcheurs regagne les villages : Djebalè, Deido, Akwa, BonaBedi, Youpwè, etc.

Au rivage, les femmes les attendent avec joie et se chargent des paniers. N'importe qui peut se présenter à l'arrivée des pirogues et obtenir sa part du festin.

Le mbeatoè (Callianasse) mâle n'est jamais consommé seul, contrairement à la femelle. Il contient un principe irritant qui pique la gorge (Ekedikedi). Cependant, son huile est bonne et vertueuse (Mula ma mbeatoè).

M. Th. MONOD
Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle.

Les investigations se poursuivent. 


Douala 🇨🇲 

L'illusion du succès : une histoire de simplicité et de bonheur

Laisse-moi te raconter une petite histoire.

Un riche homme d'affaires américain était en vacances dans un petit village côtier mexicain. Un matin, alors qu'il se promenait sur le port, il vit un petit bateau avec un seul pêcheur qui accostait. À l'intérieur du bateau se trouvaient plusieurs gros thons de belle qualité. L'Américain complimenta le Mexicain sur la qualité de ses poissons.

"Combien de temps vous a-t-il fallu pour les attraper ?" demanda l'Américain.

"Seulement un peu de temps," répondit le pêcheur mexicain.

"Pourquoi ne restez-vous pas plus longtemps en mer pour en attraper plus ?" demanda l'Américain.

Le Mexicain répondit que ces quelques poissons suffisaient à subvenir aux besoins de sa famille.

L'Américain demanda alors : "Mais que faites-vous du reste de votre temps ?"

"Je dors tard, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme, Maria. Le soir, je vais au village, je bois du vin et je joue de la guitare avec mes amis. J'ai une vie bien remplie et occupée, señor," répondit le pêcheur.

L'Américain ricana : "Je suis diplômé de Harvard et je pourrais vous aider. Vous devriez passer plus de temps à pêcher et, avec les bénéfices, vous acheter un plus grand bateau. Avec les bénéfices du plus grand bateau, vous pourriez acheter plusieurs bateaux. Éventuellement, vous auriez une flotte de chalutiers. Au lieu de vendre votre poisson à un intermédiaire, vous vendriez directement aux consommateurs, et vous finiriez par ouvrir votre propre conserverie. Vous contrôleriez la production, la transformation et la distribution. Vous devriez quitter ce petit village côtier et déménager à Mexico City, puis à Los Angeles, et éventuellement à New York, d'où vous dirigeriez votre entreprise en expansion."

Le pêcheur mexicain demanda : "Mais, señor, combien de temps cela prendrait-il ?"

"15 à 20 ans," répondit l'Américain.

"Et après, señor ?"

L'Américain rit et dit : "C'est là que ça devient intéressant. Quand le moment sera venu, vous pourriez introduire votre société en bourse et vous feriez des millions !"

"Des millions, señor ? Et après ?"

L'Américain répondit : "Après, vous prendriez votre retraite. Vous déménageriez dans un petit village côtier où vous dormiriez tard, pêcheriez un peu, joueriez avec vos petits-enfants, feriez la sieste avec votre femme, et passeriez vos soirées à boire du vin et à jouer de la guitare avec vos amis."

Le pêcheur mexicain, souriant, regarda l'Américain et dit : "N'est-ce pas exactement ce que je fais maintenant ?”

Cette histoire doit te faire sourire. Et tu ne penses certainement pas qu’elle s’applique à toi. Ou bien, si tu es bien pris dans les cordes du filet de l’envie et du capitalisme, tu te dis que la place de l’Américain est la meilleure. Mais je t’invite à y réfléchir.

Je t’en parle aujourd’hui parce qu’après mon texte sur la valeur d’un endroit par les relations qu’on y a, je me suis rappelé de tous mes amis qui se sont battus bec et ongles pour que leurs parents aillent les retrouver en Occident. Toutes ces personnes qui, en Occident, ne vivent qu’en communauté. Les communautés constituées des personnes de leurs pays d’origine. Pourquoi quitter le Cameroun pour aller vivre avec d’autres Camerounais aux États-Unis ? Pourquoi se donner tant de mal ? Pourquoi vouloir faire venir ton père ou ta mère auprès de toi si tu pouvais juste rester près d’eux dès le départ ? Si tu peux juste rentrer les retrouver quand tu t’es rendu compte de ta bêtise ? Pourquoi demander à ce qu’on rapatrie ton corps au pays pour reposer auprès de tes ancêtres si tu aurais pu y rester et communier avec eux de ton vivant ? Parce que tu as fait Harvard et te crois plus malin que les autres ?

C’est un problème contre lequel moi-même je lutte énormément actuellement. Chaque fois que j’essaie de prendre une décision qui semble tellement intelligente, une décision d’un gars de Harvard, je me demande quel est l’objectif final. J’essaie de comprendre où est-ce que ça va me mener. Car si c’est pour arriver au même point de départ, pourquoi se donner autant de mal ?

C’est l’une des raisons pour lesquelles je milite pour que nous réfléchissions à une autre forme de développement. Le développement à l’occidentale n’est pas forcément le meilleur. Il a prouvé ses limites. Faire des OGM, de l’agriculture intensive, de l’élevage avec antibiotiques pour que les plus riches retournent au bio comme c’était le cas avant pour tout le monde ? Pourquoi s’être donné autant de mal ? Et ça, ce n’est qu’un exemple.

Vu sous le prisme occidental, on peut avoir l’impression que la situation de l’Américain est meilleure que celle du Mexicain. Mais est-ce vraiment le cas ? Je n’en suis plus si sûr. Et je pense que les taux de suicide dans ces pays en disent long sur la chose.

Je t’invite à bien y réfléchir pendant qu’il est encore temps. Parce que tu n’auras pas forcément ces 15-20 ans nécessaires pour revenir au point de départ. Tu te seras peut-être perdu en route.


Douala 🇨🇲 

La qualité d'un lieu : ce ne sont pas les infrastructures, mais les relations

Souvent, quand je discute avec des personnes, j’ai l’impression que dans leur tête, le meilleur endroit où vivre est l’endroit où il y a le plus d’infrastructures, le plus de développement, le plus de bling-bling.

C’est vrai que vivre avec toutes les commodités est un luxe sur lequel on ne peut pas cracher. Mais je suis de plus en plus convaincu que ce n’est pas cela qui fait le charme du lieu dans lequel on vit. Pour moi, l’élément qui détermine le mieux la qualité de vie d’un endroit, ce sont les personnes qui nous y entourent.

J’ai vécu dans plusieurs villes et pays à travers le monde. Chacun avait son charme et sa particularité. Mais dans tous ces lieux, la qualité du temps que j’y ai passé était déterminée par les personnes avec qui je partageais mes journées.

Le Cameroun a toujours eu un goût spécial pour moi, pas seulement parce que j’y suis né, mais aussi parce que c’est ici que j’ai fait mes premières rencontres dès ma naissance. C’est l’endroit où j’ai été le plus entouré de personnes que j’aime et qui m’aiment. C’est l’endroit où je connais le plus de personnes intéressantes. Des personnes en dehors de ma famille que j’ai rencontrées avant mon départ comme Adrien, et d’autres que j’ai appris à connaître après mon retour, comme Flavien et Lionel.

Bana occupe certainement cette place spéciale dans mon cœur pour tous ces bons moments que j’y ai vécus plus jeune avec ma grand-mère.

Libreville fut une très belle expérience, pas à cause de ses belles plages, mais surtout grâce à tous ces merveilleux moments passés avec Boris, Ulrich, et Victor.

La France ne serait pas la même sans Chambéry et toutes les personnes que j’y ai rencontrées, sans Ayélé que j’ai épousée, sans mes enfants qui y sont nés, sans Tim.

Du Canada, je ne retiens que nos tournées des restaurants avec Ayélé, nos virées avec Lyse.

Cette semaine passée à Bafoussam n’aurait certainement pas eu le même goût sans Flavien.

Nous passons notre temps à courir après des artifices ailleurs, alors que ce sont les personnes qui nous entourent qui donnent la saveur à un endroit. Au lieu de laisser derrière soi sa famille et toutes les personnes qui nous aiment pour un prétendu paradis ailleurs, nous ferions mieux d’essayer d’améliorer cet endroit magique que nous partageons avec nos proches.

Comme le dit le dicton, “Ta maison est là où est ton cœur.”


Nationale 5 (Bafang - Douala) 🇨🇲 

Retrouver nos racines : le retour au Fipangrass

Ce matin au petit-déjeuner à l’hôtel, j’ai demandé du Fipangrass (La citronnelle ou Verveine des Indes), ou de la tisane, comme me l’a redemandé la dame à l’accueil.

Tu te demandes peut-être pourquoi je te parle de ça et quel rapport cela pourrait avoir avec la diaspora inutile (il fallait bien trouver un moyen d’envoyer une balle perdue). Laisse-moi t’expliquer.

Toute la semaine, je l’ai passée à Bafoussam pour travailler avec mon associé sur un nouveau projet. Nous voulions nous isoler pour mieux nous concentrer. Nous avons choisi Bafoussam parce que c’est la capitale de l’Ouest, la région où nous prévoyons de nous installer d’ici quelques années.

Chaque matin, après notre séance de sport et juste avant de commencer notre séance de travail, nous prenons un petit-déjeuner à l’hôtel. En général, il est composé d’œufs, de pain, de lait, et de chocolat en poudre (on va éviter de citer les marques non locales).

Tu me connais, au bout du deuxième jour, ça commençait à me faire chier de consommer uniquement des produits importés. J’ai demandé qu’on remplace le pain par de la banane tapée. Je ne sais pas si tu connais, mais c’est une recette faite avec une variété de banane que nous avons chez nous ici au Cameroun, la banane cochon comme nous l’appelons affectueusement. Une variété qui, je suppose, était très prisée par nos ancêtres jusqu’à ce que les industriels (suis mon regard) n’introduisent la banane Cavendish sur notre territoire. Donc depuis quelques jours, plus de pain pour nous, uniquement de la banane tapée. Mais il restait encore ces laits et chocolats en poudre.

Ce matin, j’ai demandé s’il était possible de nous faire du Fipangrass. Cette tisane qui a bercé nos enfances au pays. Je me rappelle une période où c’était la reine des petits-déjeuners, surtout pendant cette période de vacances scolaires qui coïncide avec la saison des pluies. Du Fipangrass, tu en trouvais planté dans presque toutes les maisons.

Aujourd’hui, c’est à peine si nos jeunes savent à quoi ça ressemble. Moi-même qui écris ces lignes, je n’en ai pas vu en nature depuis des mois. J’espère seulement que c’est bien cela qui nous a été servi ce matin. Car bien que l’odeur y était, je n’ai pas vraiment retrouvé ce goût de mon enfance.

Pourquoi tout ce texte autour du Fipangrass? Si tu te poses la question, il faut croire que tu n’as pas encore vraiment cerné le personnage.

Nous nous plaignons de notre pays qui n’avance pas, des choses qui vont mal. Nous pensons que la solution est ailleurs, même si cela signifie devenir esclaves chez les autres. Alors qu’en réalité, nous sommes tous responsables. Pourquoi avons-nous laissé mourir nos cultures, nos aliments locaux? Aujourd’hui, la banane cochon est presque introuvable sur les marchés, même dans son fief de l’Ouest du Cameroun. Nous nous précipitons sur les cultures de la Cavendish, du cacao, du café, que nous ne consommons pas, au détriment des aliments que notre Terre riche nous a gracieusement offerts. Qu’avons-nous fait du Fipangrass, qui était un préventif transmis dans nos familles de génération en génération? Non, nous préférons consommer les déchets déshydratés de lait de vaches que nous n’avons jamais vues (je t’invite, si tu ne l’as pas encore fait, à faire une recherche sur la fabrication de lait en poudre).

Nous nous plaignons alors que nous sommes le problème. Si tu ne réclames pas les produits locaux à consommer, comment penses-tu que ceux qui les cultivaient continueront à le faire? Si tu passes ton temps à consommer des produits dont les semences sont importées, comment penses-tu obtenir ton indépendance un jour?

Il y a quelques jours, je parlais du fait que presque tout était importé dans nos mariages, jusqu’à la nourriture. Ce n’est pas que dans nos mariages, c’est toute notre vie qui est importée. Et vu que certains se croient tellement malins, ils ont décidé de vivre directement à la source de l’importation au lieu de se battre pour leur souveraineté. C’est tellement dommage!

Que tu vives en appartement ou en maison, je t’invite à planter ton Fipangrass et à recommencer à le consommer quotidiennement. Et si tu veux savoir pourquoi, sacrifie une soirée Netflix pour te renseigner sur tous ses bienfaits. Qui sait, peut-être qu’après ça tu m’inviteras à partager une tasse avec toi comme le faisaient nos parents. Enfin, tu ne le fais que si tu te sens Camerounais comme moi!



Bafoussam 🇨🇲 

Un joyau à Bafoussam : Quand l’excellence locale prend le dessus

De temps en temps au pays, il y a des choses qui te redonnent le sourire et te poussent à continuer le combat.

Aujourd’hui, le directeur de l’hôtel Zingana à Bafoussam, M. Nicolas Kamaha Kameni, nous a accordé une visite en détail des lieux. Des chambres d’hôtels en passant par tous les locaux techniques, rien n’a été laissé au hasard. Ceci après nous avoir entretenus pendant quelques minutes sur la philosophie de l’hôtel et du rôle qu’il joue dans l’écosystème local. Plus de 90 % de ce qui y est consommé vient du Cameroun et souvent même de la région de l’Ouest, que ce soit la nourriture, la décoration, ou la main-d’œuvre artisanale.

J’en ai eu plein les yeux. Des hôtels, j’en ai visité des centaines dans le monde, mais celui-ci a un charme particulier. Le moindre petit détail est empreint d’une finesse qu’on ne retrouve que dans le grand luxe.

Passer un week-end dans un lieu pareil serait une expérience hors du commun. Surtout que la ville de Bafoussam est desservie par Camairco. Partant de Douala ou de Yaoundé, tu prendrais un vol avec ta partenaire. Arrivés à l’aéroport de Bafoussam, vous profiteriez de la navette gratuite de l’hôtel. Et à vous un week-end paradisiaque dans un lieu de rêve.

Des joyaux comme celui-ci, il nous en faut beaucoup plus. Que toutes ces personnes de la diaspora qui ne donnent pas cher de notre peau sachent que les jeux ne sont pas encore faits et que le Cameroun n’a pas encore dit son dernier mot.

C’est vrai que les prix ne sont pas à la porté de tout le monde, mais pour le standing que c’est je pense que chaque camerounais peut se permettre ce caprice au moins une fois dans sa vie, pour ne pas dire une fois par an.

http://hotelzingana.com/


Bafoussam 🇨🇲 

L’hôpital qui se fout de la charité

Quand je parle souvent d’une diaspora inutile et nuisible, certains pensent que je suis seulement jaloux d’eux parce que je n’ai pas réussi comme eux en Occident. Ou bien ils appellent quoi réussir oh? Bref !

Aujourd’hui, j’aimerais soulever le sujet de ces personnes de la diaspora qui nous narguent tous les jours alors que ce sont leurs parents qui ont tué le pays. Toutes ces personnes dont les parents sont les détourneurs de fonds publics et abuseurs de biens sociaux. Parce que, comme on ne parle pas, vous pensez qu’on ne voit pas.

Je ne peux pas compter le nombre d’enfants de fonctionnaires, étudiants, que j’ai rencontrés en Europe. Et quand tu discutes avec eux, ils te parlent de leurs grandes demeures construites à Douala ou à Yaoundé et de la maison du village. Quand nous connaissons le salaire d’un fonctionnaire, on se demande comment ces derniers ont fait pour épargner autant d’argent pour réussir à construire ces luxueuses demeures et envoyer les enfants étudier en Occident quand on sait ce que ça coûte.

Aujourd’hui, le quartier Denver à Bonamoussadi est presque vide. La plupart des enfants étant allés étudier en Occident et jamais revenus. Mais je me rappelle que plus jeune, Denver était le quartier qui avait été pris d’assaut par les douaniers. De simples employés de la douane camerounaise, avec les petits salaires de fonctionnaire que nous leur connaissons, ont construit des grandes villas dans l’un des quartiers les plus chers de la ville. Et ce sont leurs enfants qui ont profité du vol sans vergogne de leurs parents qui aujourd’hui veulent nous donner des leçons et nous faire comprendre que le pays est pourri. Eh ah !

Il y a quelques semaines, un ami était invité à une fête d’anniversaire où se trouvait un mbenguiste fraîchement débarqué de Harvard pour les vacances. Quand mon ami lui a demandé s’il comptait rentrer s’installer au pays, le mbenguiste a dit que le pays est bancal et qu’il n’y a pas d’opportunités. Rappelons que c’est avec leurs salaires de fonctionnaire (père et mère) que ses parents ont pu lui payer une éducation dans la plus prestigieuse université des États-Unis. Arrêtez les gars !

Il y a quelques années, j’appelle ma mère pour avoir de ses nouvelles. À l’époque où moi-même j’étais encore un mbenguiste (juste pas aussi con que les autres). Elle me dit qu’elle revient du village pour un deuil. Je lui demande si tout s’est bien passé et elle me répond que oui. Que tout s’est très bien passé, juste une mauvaise nouvelle qu’ils ont apprise sur le chemin du retour. Tu me connais, je suis curieux. Je lui demande quelle mauvaise nouvelle, m’attendant à ce qu’elle me parle d’un nouveau deuil. Elle me dit que son beau-frère, qu’elles étaient allées soutenir pour le deuil de sa mère, avait été affecté. Un colonel de l’armée qui aurait apparemment été responsable d’un régiment sur le front venait d’être affecté dans les bureaux à Yaoundé. Et moi naïvement de lui dire : “Mais c’est une bonne nouvelle plutôt. Il quitte le front où il pouvait mourir à tout moment pour une zone un peu plus sûre. Pourquoi dites-vous que c’est une mauvaise nouvelle ?” Et elle de me dire que tu sais que quand il est commandant sur le front comme ça, c’est lui qui gère le budget du régiment. Je comprends alors qu’en fait ils sont tristes parce qu’on vient de le retirer de la mangeoire (comme on aime le dire au pays) ou plus précisément on vient de diminuer sa capacité de détournement de fonds (au profit d’un autre certainement).

J’ai d’abord vectorisé ma mère. Et je lui ai dit de ne plus jamais me raconter des bêtises comme ça. Comment toi, une personne aussi honnête et intègre, arrives à te mêler à des conneries pareilles ? Je lui ai rappelé que c’est à cause des comportements comme celui de son beau-frère et du fait qu’ils (les pauvres comme elles) cautionnent des bêtises pareilles que le pays n’avance pas, que nous faisons du surplace depuis des années. Et je te laisse deviner où sont les enfants de cet oncle à l’heure où je fais ce texte. Oui, oui, exactement là où tu penses. En train de dire comment ce pays tue les jeunes.

En parlant de colonel, ça me rappelle ce colonel à la retraite de l’armée de l’air camerounaise que j’ai croisé à Abidjan en début d’année pendant la CAN. Comme je ne peux pas m’en empêcher, je l’ai embarqué dans une discussion sur le Cameroun et sur le fait que nous devrions nous battre pour relever notre pays. Et le colonel de me dire qu’il ne comprend pas ce pays et qu’il ne conseillerait pas à sa fille qu’il a envoyée étudier au Canada de retourner au Cameroun. C’est sûr qu’elle a même déjà son passeport canadien au calme. Ça laisse qui ?

Un jour, il faudra qu’on m’explique comment des fonctionnaires et militaires de carrière réussissent à payer des études à leurs enfants à l’étranger. Quand même les fonctionnaires et les militaires de ces pays étrangers n’y arrivent pas. Et parallèlement il faudra aussi peut-être qu’on m’explique comment un militaire qui est censé défendre un pays avec sa vie, demande à ses enfants de prendre les nationalités de pays étrangers. Il faudra qu’on m’explique tout ça un jour.

Mais en attendant, sachez que si on ne parle pas, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas ou bien qu’on ne sait pas parler. Comme vous avez décidé de donner la décence aux chiens là !


Bafoussam 🇨🇲 

Reconnaissance et Responsabilité envers notre Communauté

“Je cultive peu d'aliments que je mange, et pour le peu que je cultive, je n'ai pas sélectionné ou perfectionné les semences.
Je ne fabrique aucun de mes vêtements.
Je parle une langue que je n'ai ni inventée ni perfectionnée. Je n'ai pas découvert les mathématiques que j'utilise.
Je suis protégé par des libertés et des lois que je n'ai pas conçues ni légiférées, et que je n'applique ni ne juge.
Je suis ému par une musique que je n'ai pas créée moi-même.
Lorsque j'ai eu besoin de soins médicaux, je n'ai pas pu m'aider à survivre.
Je n'ai pas inventé le transistor, le microprocesseur, la programmation orientée objet, ni la plupart des technologies avec lesquelles je travaille.
J'aime et j'admire mon espèce, vivante ou morte, et je suis totalement dépendant d'elle pour ma vie et mon bien-être.”

Ceci est un mail que Steve Jobs s’est envoyé à lui-même 11 mois avant sa mort. “Je suis totalement dépendant de mon espèce pour ma vie et mon bien-être.” C’est avec cette phrase qu'il a conclu ce texte, qui était certainement pour lui une réflexion sur la beauté du système que les hommes ont construit sur Terre et à quel point nous sommes tous petits face à ce système.

Tu te demandes peut-être pourquoi je te parle de ça aujourd’hui. C’est pour te rappeler tout ce que tu dois à l’espèce humaine, tout ce que tu dois à ton pays, tout ce que tu dois à ta tribu, tout ce que tu dois à ta famille.

De temps en temps, j’entends des idiots dans la diaspora dire que le Cameroun ne leur a jamais rien donné. Certains vont jusqu’à dire que le Cameroun n’est pas prêt à les accueillir. Si tu n’as pas été dévoré par un lion dès ta naissance, c’est grâce au système de communauté que le Cameroun a mis en place. Si tes parents ont pu s’occuper de toi dans ta jeunesse, c’est parce qu’ils n’étaient pas plus occupés à leur propre survie. Le Cameroun n’a peut-être pas encore mis en place un système aussi efficace que d’autres pays, mais c’est grâce au peu que nous avons pu faire que tu es devenu qui tu es. Tu ne l’es peut-être plus aujourd’hui, mais pendant de longues années, tu as été totalement dépendant du Cameroun pour ta vie et ton bien-être. Et personne ne te respectera jamais dans le monde, quel que soit ton passeport, parce que tu es un ingrat. Un idiot qui ne cesse de cracher dans la première main qui l’a nourri.

Il y a quelques jours, je discutais avec un ami sur le problème de l’immigration. Du fait que toutes les ressources humaines, une fois arrivées à un âge où elles sont censées contribuer à améliorer le système, décident de partir. De partir afin de profiter d’autres systèmes. Je lui disais que ce n’était pas normal et qu’il fallait qu’on fasse quelque chose pour stopper ça. Et lui de me dire que ça ne le dérangeait pas plus que ça. Qu’il y aurait toujours des Camerounais sur place et que personne n’était indispensable.

Autant je suis d’accord que personne n’est indispensable, autant je pense qu’on ne peut pas faire comme si de rien n’était devant un phénomène pareil. Nous sommes bien contents d’envoyer nos enfants à l’école et qu’il y ait des personnes pour les enseigner. Au rythme où les enseignants vont au Canada, qui sera encore là pour enseigner nos enfants ? Nous sommes bien contents d’aller au marché et d’acheter des aliments que nous n’avons pas cultivés. Nous sommes bien contents de pouvoir donner nos habits à coudre chez notre tailleur préféré. Nous sommes bien contents de savoir qu’il y a une police qui veille et qui limite les crimes. Nous sommes contents de savoir que nous pouvons emmener nos différends au tribunal afin qu’un juge tranche dans une affaire qui nous lie à notre voisin ou notre ex-mari.

Toutes ces petites choses que nous prenons pour acquises disparaîtront si tout le monde s’en va. Si personne ne veut plus rester et entretenir le système mis en place par nos parents.

Ce système n’est pas optimal, je te l’accorde. Mais si nous ne l’améliorons pas, qui le fera à notre place ? Il est facile de se plaindre de ce qui ne marche pas. Mais qu’avons-nous mis sur pied ? Aussi défaillant qu’il puisse être, le système en place est meilleur que pas de système. Au lieu de cracher dessus et de fuir comme des lâches, nous devrions nous retrousser les manches et nous mettre au travail. Avec toute la technologie et l’accès à la connaissance disponibles de nos jours, ça ne devrait pas être si difficile. Non?


Bafoussam 🇨🇲